jeudi 25 septembre 2008

Emploi du temps ( faire classe 3)

Il faudra désormais enseigner l’histoire de l’art, pratiquer plus de sport, et se baigner dans l’anglais plus tôt : rien que ça ! Darcos en rajoute des couches! Avec deux heures de classe de moins par semaine. Au détriment de quoi ? La question est trop simple face aux émotions d’un jour qui chassent celles de la veille. Nous avons mérité ce président tellement réactif que lorsque son service de com’ a omis de lui signaler une athlète à féliciter, cela prend des allures d’affaire d’état. C’est pas le tout ! Il y a du monde sur la pelouse de Christian Clavier ! Rions ! Les temps d’apprentissage sont réduits, alors vite le service com’ de sortir les blouses grises des placards. C’est bien parce que les élèves les plus en difficulté vont l’être encore plus dans une carte scolaire explosée, des classes surchargées, avec des ambitions amoindries, du temps raboté, que s’affiche : le soutien ! Le soutien ! Les structures spécialisées (psychologues , rééducateurs) diminuent comme peau de chagrin.
Et la colonne vertébrale ? L'emploi du temps.
« Les beaux jours s’en vont
les beaux jours de fête …
Mais toi ma petite
Tu marches tout droit
Vers sque tu vois pas »
R. Queneau
De faux candides arrivent pour travailler dans les écoles en s’étonnant du nombre d’heures à consacrer à la préparation de la classe. Tout en ayant conscience de parler d’un autre temps, je proclame: « ces heures furent du plaisir ». L’époque de la rentrée renouvelait chaque automne les promesses de l’enfance. Les pages blanches. Pour ne pas m’en tenir à une attitude béate, j’ai aussi soupiré quand s’accumulaient les copies ennuyeuses ou celles qui mettaient à mal mes recommandations.
A l’heure où le secondaire se cherche des airs plus maternels, le primaire devient secondaire. L’école, pourtant chargée de toutes les solutions aux déplorations rituelles, est considérée comme une activité entre deux week-end.
A reprendre les mots usuels : « emploi du temps », notre pouvoir pointe puisque nous commandons aux heures ; je suis responsable de mon destin dans la société : façonnier.
Chef, même quand ça déborde les dimanches après-midi. Non pas seul bien sûr.
Chef d’orchestre puisque nous ne jouons pas de tous les instruments ; en milieu urbain des moniteurs d’éducation physique, de musique, apportent leur professionnalisme. Autrefois, j’appelais volontiers des intervenants divers, pour multiplier les angles, les façons de dire. Aujourd’hui je trouve qu’il y a risque de dispersion pour des enfants en manque de structures stables. L’intérêt principal de la profession réside dans la diversité des centres d’intérêt même si l’honnête homme n’égalera pas Stendhal en écriture, Guy Roux pour la capacité d’entraîner, Reeves pour accéder aux étoiles, Cabu pour dessiner avec en outre le doux charisme de Marcello M. J’allais avancer Malraux, pour « entre ici Jean Moulin… » mais il aurait à peine convenu pour une cérémonie de départ à la retraite.
Il faut dire que s’ouvre une grande diversité dans les taches à exercer : réparateur de photocopieuse, chasseur de bugs informatiques, conseiller conjugal, good speaker, animateur de repas d’anniversaire, conducteur de réunion, chauffeur de salle, technicien de surface, spécialiste en assurances, démineur, averti dans le domaine juridique ou en ergonomie, cuisinier, bobologue, maître nageur, secouriste, consolateur, médiateur, gendarme, éducateur, instit’, citoyen, bon père, belle femme...
Le mot projet m’a lassé à entrer dans la composition de toutes les sauces. Il est omniprésent quand l’état abandonne tout investissement à long terme, quand le plan n’est plus une ardente obligation. L’administration accroche « projet » à chaque ligne de ses circulaires et pourvoie généreusement en imprévoyances, elle n’anticipe jamais avec ses ouailles. Le respect proclamé pour les enfants ne convient pas aux administrés avertis à la dernière minute, qui ont à rendre l’imprimé pour le lendemain, impérativement. Le projet de classe de mer doit être envoyé huit semaines (ouvrables) à l’avance, la réponse parviendra, la veille du départ.
Les emplois du temps gigognes matérialisent nos desseins. Oui nos projets.
- Plan large sur la programmation annuelle dans les dossiers personnels avec la ponctuation des vacances, les sorties (une toutes les sept semaines), les dominantes thématiques, les cycles d’éducation physique. Aux grandes vacances j’assemblais les livrets maison de calcul rapide, problèmes, exercices de maths, français, poésies, contes ; la ligne se trace pour l’année.
- Zoom pour les périodes de sept semaines les rendez-vous pour les évaluations à éviter en fin de période scolaire pour ne pas ajouter aux plombages de la fatigue.
- Plan moyen. L’organisation sur deux semaines est affichée dans la classe, les possibilités de l’informatique permettent d’imager les rendez-vous. Elle complète la notification des travaux à prévoir à la maison une semaine à l’avance : autodictée, lecture silencieuse, révisions avant contrôle, dispositif personnalisé pour les contrats poèmes et contes, les travaux supplémentaires personnalisés en math et français aux échéances négociées.
- Gros plan. Une parodie de publicité met en avant « l’affaire de la semaine » : rencontre de hand-ball, la réunion des parents, la fin de la lecture suivie, les mesures du temps… En début de journée je dis où l’on va.
Au cours de l’année trois emplois du temps différents à colorier pour les cahiers de textes.
Il devient difficile d’oublier sa tenue de sport ou le gâteau à préparer pour toute la classe à l’occasion de la sortie piscine. Le métier d’écolier.
- Macro : en début d’année, vérifier les cahiers de textes et que le matériel adéquat est embarqué dans les cartables, le pli sera pris et les oublis oubliés.
Une petite fiche dite navette est signée par les parents tous les quinze jours, elle atteste qu’ils ont pris connaissance des travaux de leur petit. J’ai rapidement sous les yeux les parents oublieux et je gagne du temps sur la vérification des signatures

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