jeudi 14 mars 2019

L’héritage de Palladio. Benoît Dusart.

Le facétieux conférencier devant les amis du musée de Grenoble avait mis en évidence le portrait de « Rodolpho Fogolin » par Bruno Croatto, pour ne pas nous en parler, puisqu’en dehors de l’un des ouvrages de Palladio « I quattro libri dell'architettura » posé devant lui, l’influence du vénitien http://blog-de-guy.blogspot.com/2018/12/andrea-palladio-1508-1580-benoit-dusart.html chez l' architecte au centre de la toile fut assez diluée, alors que «  la géométrie parfaite de ses plans, l’équilibre de ses volumes et le rythme savant de ses façades » ont constitué « le palladianisme ( qui) s’est imposé peu à peu comme un style international se jouant du temps et de l’espace ».
Palladio est un monument de l'architecture internationale.

Son contemporain, Scamozzi a réalisé un « théâtre à Sabionetta », un joyau. Ce n’était pas un plagiaire et son influence en France a été assez importante, la disposition  biaise de ses chapiteaux ont pu les faire qualifier de « ionique scamozien ».
La vague palladienne sera importante en Angleterre avec Inigo Jones qui avait fait son tour en Italie, le plafond de « la salle des banquets de White Hall » est peint par Rubens dont l’opulence s’associe parfaitement à la rythmique classique.
Cette influence se renforcera un siècle plus tard avec Christopher Wren connu pour la  « Cathédrale Saint-Paul » de Londres
et Colen Campbell qui se distingue du baroque avec son ouvrage « Vitruvius Britannicus ».
Lord Burlington, a dessiné sa propre maison « Chiswick house » dont le dôme correspond au projet initial de Palladio pour sa  fameuse «  Rotonda » de Vicenze.
William Kent qui a construit « Holkham Hall » était aussi paysagiste, il ponctue ses jardins à l’anglaise de « fabriques »: 
temples, ponts, point de vues pittoresques comme à « Stowe park ».
Alors qu’en France, Poussin tout autant que les architectes de l’époque, Mansart ou Le Vaux, est sur les traces de Palladio si on regarde en détail un «   Paysage orageux avec Pyrame et Thisbé »,  bien
Comme l’anglomanie règne « Le pavillon de musique » de Louveciennes pour Madame Du Barry a bien des caractéristiques de l’architecte… italien.
Les salines d’ « Arc et Senans » aux allures palladiennes, une cité idéale où l’œil de la monarchie veille au fronton de la maison du directeur comporte quelques fameuses colonnes à tambour qui faisaient de cette fabrique, un temple.
Conçue aussi par Ledoux, « La rotonde de la Villette »  se voulait propylée, « accès monumental conduisant à un sanctuaire », pour abriter les fermiers généraux qui percevaient l’octroi, élément d’un « mur murant Paris (qui) rend Paris murmurant ». Elle fut incendiée quelques jours avant la Bastille.
Jean Jacques Lequeu qui est exposé au Petit Palais jusqu’à la fin mars 2019 fut un « architecte de papier » au service de Soufflot, mais comme  dans « Il est libre » certains de ces dessins ont des rondeurs agréables.
Le château Margaux construit par Combes au début du XIX° siècle, domine le domaine viticole. Et bien des palais de justice reprendront des formules simplifiées de Palladio.
Aux Etats-Unis d’Amérique, à Monticello, la villa de Thomas Jefferson, le président architecte est typique du genre, comme la « Maison d’Annapolis » dans le Maryland ou celle de Washington et tant de maisons coloniales.
Du  « Théâtre de l'Ermitage »  à  Saint-Pétersbourg pour la Grande Catherine jusqu’au Prince Charles et ses envies de revenir à une tradition historiciste 
que Carl Laubin met en scène  « Cinquecentenario », la dimension internationale est évidente, mais le kitch menace :
« La  Piazza d Italia » de Charles Moore, date de1978.
Sur les bords du lac Léman le « monument à la poétesse Anna de Noailles » est raffiné comme ses vers :
« Si tu veux nous ferons notre maison si belle
Que nous y resterons les étés et l'hiver !
Nous verrons alentour fluer l'eau qui dégèle,
Et les arbres jaunis y redevenir verts.
Les jours harmonieux et les saisons heureuses
Passeront sur le bord lumineux du chemin»

mercredi 13 mars 2019

Lacs Italiens # 13. Milano.

Nuit beaucoup plus calme, l’Italien est plus raisonnable dans les bistrots le dimanche soir. Vers 9h, nous prenons la route pour MILAN distante d’environ 1h 20.
C’est compter sans un ralentissement du côté de Monza où pour la 1ère fois nous circulons dans le mauvais sens, nous éternisant sous un long tunnel avec quelques automobilistes  ne reculant pas devant un slalom serré et en force. Plus nous nous rapprochons de Milan, plus nous côtoyons de luxueuses voitures : Range Rover décapotable, Rolls d’un noir irréprochable.
Avertis par le Routard et le Géo des problèmes de stationnement dans Milan, nous suivons leurs conseils et cherchons à nous garer vers la gare Garibaldi, centre d’un nouveau quartier où rivalisent les immeubles végétalisés de Boeri et d’autres  architectures  innovantes aux courbes design  élancées et élégantes.
Nous ne  sommes pas loin du cimetière monumental dont voici une image prise sur le web pour se rappeler qu'il y a encore beaucoup à voir dans la deuxième ville d'Italie ; nous parvenons à trouver une place bleue libre (les jaunes sont interdites et les blanches malheureusement peu nombreuses, (gratuites) piazza Alessandro Volta. 
Pour 13 € payables avec la CB, nous bénéficions de l’emplacement  jusqu’à 17h. Toujours  selon les recommandations des guides, nous achetons des tickets de transport en commun dans un tabacchi, renseignés par une buraliste accorte qui articule bien  pour nous indiquer l’arrêt du tram n°2. 
Grâce à une 2ème dame piétonne, nous menant à bon port, nous montons dans un vieux tram à l’ancienne plein de charme qui se faufile en bringuebalant  dans des ruelles plutôt étroites du centre-ville et nous dépose au bout de 5 stations.
Nous voilà devant le Duomo gardé par des carabinieri en voiture et à pied. Sa façade caractéristique se découpe au fond d’un grand parvis pavé noir et blanc dont nous distinguerons mieux  les dessins géométriques vus d’en haut, sur les toits.
Pour l’instant, le Duomo est à l’ombre et il faut se rapprocher pour remarquer que  les sculptures et bas-reliefs qui la décorent ne datent pas forcément de l’époque gothique et que la construction commencée dans les années 1300 s’est prolongée tard jusqu’au XIX°siècle. 
La pierre claire, les flèches élancées et les proportions du bâtiment qu’on remarque en le contournant  contribuent à notre admiration, à l’élégance et à l’originalité du monument.
Il faut acheter des billets dans un édifice à côté soit en prenant un ticket numéroté et attendre d’être appelés à un guichet par ordre d’arrivée, soit affronter les machines électroniques, par CB, option plus rapide que nous adoptons. Pour faciliter l’achat, la version en français évite les hésitations et la peur de se tromper : nous tapons 4 billets pour l’entrée de la cathédrale  plus l’accès aux toits par l’ascenseur (= 16 € par personne). Nous pouvons commencer la queue bien organisée entre un  labyrinthe de barrières jusqu’au contrôle des carabinieri  munis de détecteurs corporels et qui fouillent les sacs.
Puis nous pénétrons dans le lieu saint, véritable forêt de colonnes délimitant  cinq nefs. De 3,5m de diamètre elles s’élancent vers un plafond dentelé, ornées de chapiteaux sculptés jamais vus. Dommage que la pierre si claire à l’extérieur soit si sale et sombre à l’intérieur, mais des échafaudages  nous laissent à penser que des travaux de nettoyage sont en cours.
Nous remontons vers le chœur  et découvrons la statue  bien mise en valeur  du martyr Saint Bartoloméo, écorché vif qui porte sa dépouille avec la dédicace de l’artiste: « Ce n’est pas Praxitèle qui  m’a sculpté mais Marco d’Agrate ».
Les vitraux  sont extraordinaires, le soleil en fait vibrer toutes les couleurs ; ils sont enchâssés dans des ouvertures  vastes et hautes et chaque « fenêtre » décrit une scène biblique.
Dans une sorte de crypte, une chapelle au plafond de métal, recueille les reliques de St Bartoloméo. Lui faisant face,  une autre chapelle surprend par son décor presque théâtral et somptueux.
Au niveau du chœur, encadrée par deux orgues aux peintures encrassées dans les panneaux latéraux, il faut remarquer une croix en or portant un clou provenant, dit-on, de la Sainte Croix ; une petite lanterne rouge signale la présence du sacré, comme cela se pratique pour le tabernacle.
Les travaux nous empêchent d’approcher du chandelier en forme d’arbre, nous l’apercevons de loin.
Le pavement égaye l’intérieur sombre avec sa marqueterie de marbre aux couleurs vives et aux motifs floraux. Enfin, les dimensions sont tellement importantes que la foule s’y fond  et que les gens apparaissent petits.
 
 
Nous ressortons prendre l’ascenseur pour accéder au toit, et là pas de queue !  Par contre à nouveau nous nous prêtons au détecteur et au contrôle des sacs. Un liftier fort civil nous accompagne et nous dépose en nous indiquant la direction à suivre. 
C’est un vrai enchantement de circuler malgré le monde dans les passages et escaliers  étroits, entre les pinacles surmontés de statues, les gargouilles, la dentelle de pierre, les gables, sur les toits dallés de marbre glissant.
Quelle beauté jusqu’à ces endroits peu accessibles pourtant aux yeux des fidèles ou du public !
Sur la plus haute des flèches à 11m, la Madonnina  dorée de neuf, veille sur Milan dont elle est la Sainte patronne.
Mais c’est de là que nous remarquons la pavement géométrique noir et blanc du parvis.
Vraiment, nous ne regrettons pas l’expérience, elle est à recommander à tous.  
Nous avons même entrevu près de l’ascenseur l’intérieur du Duomo à travers des panneaux de vitraux ouverts.

mardi 12 mars 2019

Paroles de taulards.

Malgré une première page assez conventionnelle, et une introduction sans surprise, cette approche de la vie en prison est rendue efficace par la diversité des auteurs de bandes dessinées inspirés par des témoignages de première main.
Les angles sont variés : le parloir, une tentative d’évasion astucieuse, le retour à la vie ordinaire, le moment de l’incarcération ou celui d’un transfert menotté parmi la foule, l’arrestation, la vie en cellule, une journée si douce de la vie d’avant, la veille de la sortie de prison, un séjour à l’hôpital après s’être brulé avec le « toto » (la résistance pour faire chauffer l’eau), le mitard …
Parmi les auteurs qui s’y collent, je connaissais  Baudouin et Davodeau 
Les thèmes sont divers : anecdotes et interrogations existentielles, violence et résilience…
« Pourquoi je recommence?
Parce que je ne suis pas d'accord avec cette société de pauvres et de puissants? Peut-être.
Peut-être aussi que ce n'est qu'une excuse.
Peut-être que je suis né comme ça. Que j'ai été élevé dans ce milieu. Que j'ai ça dans la peau. Toute ma famille est passée par la prison. J'ai appris la vie facile. C'est bien de ne rien faire quand même. Encore une fois, je ne cherche pas d'excuse... »

lundi 11 mars 2019

Arctic. Joe Penna.

L’homme est bien petit, fragile quand il est au pôle, seul. Un pilote d’avion survit après s’être écrasé dans un désert glacé ; l’hélicoptère venant le sauver s’écrase à son tour et il ne peut essayer de sauver qu’une survivante gravement blessée, à convoyer vers d’autres lieux mieux exposés. L’histoire de ce Robinson frigorifié met en scène l’instinct de survie d’un individu se dépouillant jusqu’à sa dernière doudoune avant de mourir ou d’être sauvé in extremis. Le dernier plan laisse chacun libre de son interprétation tant l’issue fatale a pu être repoussée à plusieurs reprises. Fable forte aux cadrages faciles : silhouette perdue sur fond blanc, virgule sur l’infini, et édifiante morale. La force vitale, l’ingéniosité sont capables de vaincre l’hostilité la plus extrême, les pentes les plus vertigineuses, les températures les plus excessives. Forcément il y a  peu de dialogue, mais trop de musique. « Je suis désolé, tout va bien se passer » dit-il à la femme ficelée sur son brancard avec laquelle il entreprend ce voyage périlleux qui l’élève au dessus de lui-même alors qu’elle le ralentit.

dimanche 10 mars 2019

Saint Félix, enquête sur un hameau français. Elise Chatauret.

Après entretiens, la parole de quelques habitants d’un village est restituée.
Saint Félix a perdu sa boulangerie, mais l’église et le cimetière sont toujours là donnant du charme à cette toute petite bourgade tellement française que ce sont les étrangers qui se sont occupés de ses ruines. Ne subsistent plus que trois agriculteurs sur les soixante d'il y a soixante ans.
L’honnête travail d’écriture campe parfaitement, entre deux sourires, le maire, « couteau suisse » partisan de l’intercommunalité, les couples se coupant la parole, les néos, les chiens, les fantômes.
La mise en scène est efficace, originale sans esbroufe comme j’avais pu l’apprécier dans un spectacle précédent.
http://blog-de-guy.blogspot.com/2018/06/ce-qui-demeure-elise-chatauret.html
En introduction, les voix disent dans le noir les raisons de leur attachement au village et nous empoignent, les acteurs sont excellents. Et les maquettes de maison, les marionnettes apportent une distance questionnant le théâtre et les questionneurs. La brume n’est pas un procédé comme il y en a tellement sur les plateaux mais un élément poétique éclairant la réalité tout en jouant de la fiction.

samedi 9 mars 2019

Un temps pour haïr. Marc Weitzman.

Lorsque j’ai entamé la lecture de ce livre au début de la crise sociale des gilets jaunes, je me suis demandé si je n’étais pas en retard d’une guerre, et puis les meurtres de Strasbourg sont survenus, alors le travail de l’ami de Philip Roth m’a semblé plus que jamais nécessaire.
Et puis sont advenus les évènements de Mistral, ça n'arrête pas, la haine est toujours installée aux ronds points de l'actualité.
Le titre pourrait sembler inapproprié puisque l'expression « un temps » appelle à passer à autre chose, bien que surgissent sans cesse de nouveaux crimes perpétrés au cri de « Allahu akbar ». 
Ces 500 pages se lisent facilement, alternant témoignages poignants et réflexions nouvelles qui évitent d’entrer dans un système explicatif figé, mais rappellent des faits historiques masqués par les nouvelles émotions de l’heure.
Ainsi se remémorer tout ce que la guerre civile en Algérie a pu déterminer, remettre en évidence le nombre et la gravité des actes antisémites en France, apprendre quelques accointances étonnantes qui firent qu’un ancien SS devint un conseiller de Nasser, est tout à fait salutaire. L’officier de Franco auteur de la formule : «  Viva la muerte ! » était aussi celui qui disait «  A mort l’intellectualité traîtresse ! »
«  Car lui aussi voulait la peau des « élites », lui aussi cherchait l’imbécillité mystique et joyeuse qui peut tout, l’hilarité courant au dessus de la peur, la vélocité pour sortir de ce monde, se dépêchant de nous laisser aux ingrates politesses du quotidien afin de monter à la lumière en riant, comme l’écrit Genet dans le Dies Irae dans son ode aux palestiniens … »
Depuis que le terme « intello » est devenu une insulte, je me désespère, non pour revêtir l’uniforme, les lacunes de ma culture et les lenteurs de mes synapses m’en gardent, mais je me jette avec encore plus de plaisir dans les approches historiques éclairantes, les citations nourrissantes.
« Dreyfus représentait l’universalisme, ou, pour le dire avec les mots de Maurras, le pays légal- celui d’une caste hypocrite, au fond si peu nationale qu’elle avait besoin pour se légitimer, de la Loi et  des droits. En face, se dressait contre elle, le pays réel, authentique, ancré dans l’honneur, dans la foi et les traditions. A la même époque, quoique sous d’autres latitudes, le wahhabisme et les Frères musulmans, en quête d’un islam authentique contre les influences modernes, formulaient le conflit dans des termes exactement similaires. »
 

vendredi 8 mars 2019

Petit débat local.

Revenant du Grand Débat National qui dans ma commune a rassemblé 80 personnes autour du thème des services publics, j’ai apprécié de participer à une discussion avec des gens de bonne compagnie, après avoir douté que ce fut encore possible dans notre pays où la haine  aurait tendance à faire partie du décor : «  Macron au four ».
L’intelligence et l’honnêteté du rapporteur de notre groupe m’a fait oublier ceux qui refusent tout échange, demandant toujours plus à une démocratie dont ils n’usent guère, l’abimant semaine après semaine. Alors que la courtoisie a été la règle, j'ai particulièrement savouré la contradiction apportée par un gilet jaune au seul intervenant véhément qui protestait contre « l'interdiction de manifester ». Ce GJ atypique qui avait parlé de la dette auparavant, se désolidarisait clairement des casseurs.
Lors de cette soirée, il a été surtout question de « guichet unique » pour faire vivre les services publics dans des zones dont la population diminue, le numérique ne pouvant se substituer à la présence humaine. J’ai retenu aussi l’argument de la vitalité du groupe industriel Michelin, basé en Province, venant à l’appui d’une suggestion de décongestion de Paris de ses administrations, à répartir sur tout le territoire.
Cette richesse des idées, m’a fait croire que le sens des responsabilités n’avait pas fui mes compatriotes, et que les mots d’Emmanuel Macron recommandant des mesures concrètes pour l’Europe, pourraient être compris lorsqu’il dit:
« Nous ne pouvons pas être les somnambules d’une Europe amollie. Nous ne pouvons pas rester dans la routine et l’incantation.»
En trouvant des motifs de reprendre foi en la nature humaine avec des gens bien vivants plutôt qu’avec des émoticônes, je rejoins les évidences de La Palice ou l’expression chilienne : « quand j'ai très soif, je préfère l'eau au pain ».
Alors que l’école parait bien souvent impuissante voire inaudible, je reviens à sa complicité dans la construction de l’idée péjorative que se font les élèves de la société. Ils ne savent la concevoir dans sa diversité, ses institutions et ses contraintes, comme certains de leurs ainés s’estimant être à eux tous seuls « Le peuple ».
Ces adultes en devenir considèrent souvent qu’il n’y a que des « métiers de merde » qui s’offrent à eux, en dehors d’intermittent du spectacle, ou de traider.
L’exacerbation des individualités a mis à mal depuis longtemps la notion de collectif illustrée jusqu’à la caricature par le mouvement de ces derniers mois. La revendication de moins de contribution (taxes) entre en contradiction évidente avec encore plus de services demandés à un état bien peu respecté.   
Outre la paresse de bien des médias, les récriminations incessantes, les surdités, comptent dans l’abaissement du débat dans notre pays. Depuis que les manifestations ne sont plus déclarées et que la violence apparaît comme accoucheuse de légitimité, l'ignorance des règles s’accroit , chacun cherchant à dépasser les limites comme l’éprouvent des enfants sans éducation.
Les parents qui ne jouent pas leur rôle de parents, quand ils n’enfreignent pas eux-mêmes les normes, ont leur part dans le déni du réel. Et ça va jusqu’à l’issue ultime !
En doublant par la droite un car, en vespa volée, sans casque, la mort peut appeler des mômes de 17 ans.
L’expression « faire société » passe pour une incantation dépassée au moment où les communautés se défont. Il devient difficile d’admettre la malhonnêteté, fut-elle intellectuelle, et  d’accepter que la laïcité soit invoquée pour imposer son contraire, de quoi se radicaliser en quelque sorte pour dire : «  faut pas pousser » quand :
« Des djihadistes de France, du Canada et d’ailleurs s’étaient filmés en train de brûler leur passeport. Mais alors que l’EI vit ses derniers instants, eux qui étaient autrefois des extrémistes belliqueux se comportent maintenant comme des touristes en détresse victimes d’un voyage mal organisé. Un Canadien se plaint que son ambassade n’a pas cherché à entrer en contact avec lui. » Courrier international.