« D’après l’opéra de Verdi », il convient de se
méfier des « d’après », cependant les concepteurs de ce spectacle de
2 h, ne se sont pas fracassés face à un monument patrimonial, grâce à une chanteuse
comédienne Judith Chemla excellente.
Elle joue Marie Duplessis qui s’appelait Alphonsine, devenue
Marguerite Gautier dite « La dame aux camélias » comme l’avait fait
connaître son amant Alexandre Dumas, et enfin Violetta avec Verdi à la baguette.
Du vrai, du romantique, un peu d’opéra dont les musiciens hors
de la fosse, chantent, jouent la comédie et la tragédie.
L’héroïne, femme entretenue, croise les « haschichins », elle
est vêtue de moire de couleur verte qui porte malheur dans les
théâtres : le destin de celle qui a voulu échapper aux conventions
sociales par amour sera tragique.
Pour adapter à
notre époque les paroles forcément démesurées quand s’affrontent l’amour
à la mort, la joie de vivre à la fatalité phtisique augmentées par le genre
lyrique, fallait-il quelques pastilles ironiques genre Tex Avery :
« You know what ? »
Et c’est là justement que le bas résille blesse.
Les morceaux de bravoure semblent entre parenthèses : « Libiamo ! »
appelle le Champomy et le chœur des bohémiennes est escamoté. Est-ce que le
courage aurait consisté en une présentation de l’œuvre de Verdi dans son
intégrité ? Tout le monde ne connaît pas forcément tous les répertoires. Il est difficile de transmettre : un clin d’œil
ne suffit pas entre gens de bonne compagnie pour éviter de ne pas se
laisser aller à l’ivresse, à l’allégresse.
Les procédés de mise en scène sont ceux de
l’année : portiques et autres trucs à roulettes, grand rideau de tulle
pour accrocher les lumières des torches électriques portées par les acteurs. La
production actuelle devient bien misérable, qui réduit les orchestres et aussi
les frais d’éclairage. La troupe s’empêtre dans les bouillonnés et le début
piétine, heureusement que les chanteurs entrent en action, et c’est bon de
fréquenter les sentiments les plus élevés avec des musiques variées qui
conviennent mieux à ce format avec la douceur de cordes pincées que dans l’amplitude inaccessible
d’une époque défunte qui avait du panache dans le désespoir.
« La vie n’est qu’une fièvre violente,
rapide, pénible, qui conduit au tombeau »