Interrompant cette semaine le récit de notre voyage en Equateur,
j’ajoute quelques commentaires autour d’un film consacré au président
équatorien Rafael Corréa, le septième en dix ans.
Je craignais que l’impitoyable documentariste qui en était
arrivé jusqu’à piéger Schneiderman, le roi des donneurs de leçons médiatiques,
ne soit trop dans la critique systématique.
Hé bien pas du tout ! Il s’agit plutôt d’un exercice
d’admiration d’autant plus remarquable que le réalisateur est pugnace en
général. Un des spectateurs à l’issue de la projection lui faisait d'ailleurs
remarquer sa déférence à l’égard de Corréa, lui rappelant celle de Joffrin
envers Chirac qu’il avait pointée dans un de ses films précédents , dénonçant les « nouveaux chiens de garde », pour employer les termes du Monde
diplo
« Depuis
l’arrivée de Correa, les inégalités entre les 10% les plus riches et les 10%
les plus pauvres ont baissé. Des routes ont été construites et réparées. L’État
est relativement présent sur l’ensemble du territoire. Il y a des hôpitaux, des
dispensaires, des écoles gratuites. »
On voit les ajustements d’une équipe au pouvoir lorsqu’au
moment de la venue du pape François, est reportée la proposition de loi devant
taxer fortement les successions des plus riches.
En faisant reconnaître une part illégitime de la dette de
son pays, le président ne se représentant pas en 2017, avait habillement et
courageusement joué pour racheter cette dette aux chinois. Ceux ci avaient
apporté des liquidités au moment où l’Equateur ne pouvait plus emprunter.
Avec la chute des prix du pétrole, dont ils ont été très
dépendants , les progrès remarquables opérés à rebours des règles prônant
l’austérité, ont ralenti, et une politique « extractiviste » ouvrant
de nouvelles mines a été relancée. De nouveaux barrages hydroélectriques
permettront une indépendance énergétique presque totale.
Des points de vue différents sont présentés avec des
entretiens de jeunes ministres rafraîchissants, d’opposants de gauche et de
droite et nous partageons les discussions entre les deux réalisateurs. Alors
que les femmes au foyer pourront bénéficier d’une retraite, et que l’égalité
homme /femme en matière de salaire est assurée, la légalisation de l’avortement
se fait toujours attendre, y compris pour les victimes de viol.
D’avoir été trop bien élu a peut être rendu ce parfait
francophone étudiant en Belgique pas assez attentif aux mouvements sociaux qui par ailleurs ne se sont pas mobilisés au
moment où les mesures concernant les successions n’ont pu passer.
Il est réconfortant de voir qu’une volonté politique peut
modifier le cours des affaires, d’autant plus quand cela est mis en valeur
depuis un bord qui souvent nie et dénigre.
Ni Hollande, ni Maduro :
« Cette
régulation du capitalisme n’a pratiquement pas d’équivalent aujourd’hui dans le
monde »