Le seul peintre béatifié (Beato Angelico ou Fra Angelico) 600
ans après par Jean Paul 2, de son nom Guido di Pietro, entre à treize ans dans
les ordres, en 1408, au temps du grand schisme divisant la chrétienté entre
Avignon/ Rome et Pise.
Pour cette naissance au service de Dieu, il s’appellera
désormais Giovanni di Fiesole ; son surnom Angelico vient d’une figure
alors en vogue, Saint Thomas d’Aquin,
surnommé « le docteur angélique ».
Lui ne sera pas « gyrovague », moine itinérant, il suit une éducation
artistique à Florence.
« Ce qu’il sait
peindre et ce qu’il a répété partout, ce sont des visions, les visions d’une
âme innocente et bienheureuse. » Taine
Son premier tableau,
attribué d’abord à un autre, « La
thébaïde » avait été
découpé en plusieurs panneaux. Du côté de Thèbes en Egypte, les premiers moines
se consacrent à la prière et au travail.
Dans ses miniatures emblématiques de l’art médiéval, aux
douces couleurs, aux traits fins et assurés, il célèbre « Saint Dominique en gloire » pour qui « La véritable richesse consiste à se satisfaire de peu ».
Sur fond d’or, inspiré de la tradition byzantine, le « Retable
de Fiesole » destiné à un couvent «observant», qui appelle au respect de l’idéal monastique
des origines, il peint bienheureux dominicains et moniales. La pastorale est
tournée vers tous.
« Saint Jérôme pénitent » devant des rocailles très Giotto, a laissé
l’habit de cardinal, le regard tourné vers l’intérieur, il a consacré sa vie à
la « vulgate », version latine de la bible, qui n’existait alors qu’en
grec.
La « Madonna
con il Bambino e i santi Tommaso d'Aquino, Barnaba, Domenico e Pietro martire »
est peinte sur bois, a tempera, utilisant l’œuf comme liant. La
Vierge et le Christ traités en style gothique,
parmi d’autres personnages inscrits
dans une perspective, ne sont désormais plus hiératiques, leurs visages sont
personnalisés, le paysage amorce ceux de la renaissance. Tout en conservant une
dimension sacrée, il peut être question de « conversation ».
Saint Dominique et Saint thomas d’Aquin, saints de fraiche
date, entourent une « Vierge à l’enfant », fresque exposée à l’Hermitage à Saint Petersburg. Ils s’approchent
d’un réel, qui pour les artistes, toujours fuira.
« Le Jugement dernier » peint en 1431, au
moment où Jeanne d’arc est brûlée à Rouen, sépare les bienheureux en farandole
des damnés dans la confusion, en une perspective spectaculaire. Les diables
punissent ceux qui ont péché par où ils ont péché. Bosch viendra bientôt. Le thème
sera repris dans plusieurs tableaux où les dominicains figurent souvent du
bon côté alors qu’ils furent parmi les inquisiteurs les plus tenaces ;
« Domini canes » : chiens de Dieu. A propos, depuis Vatican 2, la résurrection des
corps ne fait plus partie du dogme catholique.
« Le tabernacle des linaoli » commandé par la corporation des tisseurs de
lin, réalisé avec Ghiberti témoigne de la vitalité de Florence
http://blog-de-guy.blogspot.fr/2015/10/florence.html
dont la production de textiles aux belles couleurs a fait la fortune. Les anges musiciens annoncent la bonne nouvelle sous les
volets où sont représentés
Saint Pierre et Saint Marc, avec des scènes de
leurs vies sur la prédelle qui supporte le polyptique. La vierge devenue « star » sur le
tard dans l’histoire du catholicisme,
comme nous l’a expliqué avec verve le conférencier devant les amis du musée de
Grenoble, va fournir de nombreux sujets de peinture : lors de son mariage,
de sa dormition -elle n’est pas morte-, lors de multiples annonciations. Elle
représente la puissance ecclésiale depuis que Jésus a quitté ce monde.
Une des « Annonciation »
conservée aujourd'hui au couvent San Marco de Florence dont Frère Angelico a
assuré la décoration des cellules monastiques, est remarquable : Eve
chassée du paradis ressemble à la vierge étonnée décidément blonde. Tout
commence.
Le commanditaire ( est-ce Strosi ?) assiste à « la descente de croix »
au décor printanier annonçant renaissance et résurrection, baigné dans une
douce lumière ; la compassion accompagne la beauté.
Comme la vie de Saint Nicolas qui inspira le père Noël, les
vies de Côme patron des chirurgiens et Damien son jumeau, celui des pharmaciens,
furent riches en évènements. Ils travaillaient gratuitement, et les tortures
qu’ils durent subir, furent multiples : avant d’être décapités ils avaient
résisté à la noyade, au feu, aux flèches, à la lapidation. « Le
Martyre des saints Cosme et Damien » appartient au Louvre. Ils
connurent l’enfer sur terre. Ci dessus ce que Wouzit en repris.
Fra:« Ce bon moine a visité le Paradis et il lui a été permis d'y choisir ses
modèles. »