S’il ne m’avait pas été recommandé je serai passé à côté de
ce livre important qui va bien au-delà de la guerre en Irlande.
L’ancien journaliste de Libération qui revient en romancier
sait de quoi il parle et il nous interroge : depuis le temps des
engagements qu’avons nous laissé en chemin ?
Au pays où il trouve « la
bière amère, noire, lourde comme un repas d’hiver »
A Belfast : « Ici
encore, tout était en dimanche. Avec cet air épais de tourbe et de charbon.
L'odeur de Belfast. En hiver, en automne, en été même, lorsque la pluie glace,
je ferme les yeux et j'écoute l'odeur de cette ville. Un mélange d'âtre
brûlant, de lait pour enfant, de terre, de friture et d'humide. »
Le luthier parisien dont il décrit avec finesse le travail
minutieux découvre l’amitié virile dans les pubs et il apporte son aide à la
cause des opprimés catholiques :
« J’avais un
goût de briques, un goût de guerre, un goût de tristesse et de colère aussi.
J’ai quitté les musiques inutiles pour ne plus jouer que celles de mon nouveau
pays. »
Bien que nous sachions d’emblée de quoi il retourne, nous
allons au bout des 216 pages avec avidité tant la construction simple est
habile et l’écriture acérée sans froideur, délicate et forte.
L’émotion alimente
une réflexion qui ne nous livre pas tous les secrets pour nous laisser face à
des interrogations essentielles sur la culpabilité, le mensonge, l’amitié, l’identité,
la trahison…