mardi 6 novembre 2012

Les filles électriques. Zep.



Il n’y a pas que Titeuf dans la vie de Zep.
Cette fois c’est Robert, adolescent à la moustache naissante,  à la libido impérieuse, qui cherche à « conclure » page après page avec les filles les plus belles qui ne veulent pas de lui : un grand classique.
Les émotions avec Canal + codé et les posters de bombasses sont  insuffisantes, alors il apprend la guitare mais ce sont les autres qui emballent.
Il met beaucoup de bonne volonté mais ce sont les grossiers qui embrassent férocement les beautés délicates qui ne savent pas reconnaître le poète :
« Je marche seul comme un avion sans ailes qui survole ta maison bleue accrochée à la colline où les perles de pluie puisées à l’encre de tes yeux ne me laissent pas déjeuner en paix, ah ! je ne peux pas avoir de satisfaction. Non non non. »
L’humour c’est simple et quand une fille sourit c’est il va faire beau .

lundi 5 novembre 2012

Skyfall. Sam Mendes.



James Bond a cinquante ans, et avant que le ciel me « tombe  sur la tête », il fallait que je voie mon premier 007 au cinéma, m’étant rabattu sur les livres de Yann Fleming quand un copain de pensionnat avait, lui, la chance de voir Sean Connery et Ursula Andres  en cinémascope.
J’avais par la suite méprisé le genre, mais qui pourrait ignorer les codes et les attraits d’une série mythique qui en est à son 23° numéro ?
C’est vraiment du cinéma pendant deux heures et demie : renouvellement et tradition sont accommodés avec humour.
Le méchant en 2012 est un trader qui vient de chez sa gracieuse majesté.
Le générique est superbe, les poursuites époustouflantes, les décors somptueux, le rythme haletant, et les actrices : de la bombe, en dose homéopathique.
James résiste mieux aux incessants assauts adverses qu’à ceux du temps.
Il n’en est que plus humain, désabusé, amer, mais  il maintient un bon niveau d’activité : courses, plongeons, tirs, apnée, conduites périlleuses, initiation à la pelleteuse et retour vers l’Aston Martin.  

dimanche 4 novembre 2012

El Gusto.



Qui n’a pas évoqué en ce qui concerne ce groupe de 20 musiciens venus d’Alger : Buena vista social club pour l’âge des protagonistes, Benda Billili pour le rôle d’une cinéaste pour reformer un groupe et le relancer ?
Mais les références cubaines ou Congolaises valent surtout pour l’entrain communicatif qu’ils insufflent aux spectateurs : You you !
Les accents sont andalous, arabes,  mélangés, qui a commencé ? Avec des mots de français, à forte connotation nostalgique puisqu’il s’agit de la musique chaâbi ( le son du peuple) qui rassemblait dans la Casbah, arabes et juifs autour des luths, mandolines, bendir, derbouka, violons… avant guerre. Un moment dispersés, ils se sont retrouvés et leur plaisir de jouer est évident.
Comme le dit le morceau « L’oriental », la rime avec sentimental va de soi.
Je reprends sur le net la traduction de la chanson Ya Rayah « Ô voyageur » qui clôt la soirée fraternelle où chaque membre de l’orchestre est mis en valeur et les chants ensemble ont une chaleur qui vous transporte au soleil avec une anisette à portée de main :
« Ya rayah win msafar trouh taaya wa twali
Chhal nadmou laabad el ghaflin qablak ou qabli
Oh voyageur, où pars-tu ? Tu finiras par revenir
Combien de gens peu avisés l'ont regretté avant toi et moi»

mardi 30 octobre 2012

Bitter Komix. Conrad Botes, Joe Dog



Ce recueil de BD sud africaines est  amer et les bites sont en botte dans l’épais volume de la maison d’édition L’Association.
Une ligne claire met en scène des Tintins déjantés revenus de toute prétention coloniale, et des traits charbonneux vont fouiller dans une mémoire afrikaner dégueulant de noirceur.
Anthologie de dessins parus dans les années 90 post apartheid aux connotations très sixties, quand Crumb depuis la Californie tenait le haut du pavé de l’underground mis à la portée de toute une jeunesse à déniaiser.
Eminemment politique, la révision de la bible  par des artistes  désormais reconnus dans l’art contemporain est réjouissante, un récit d’amitié enfantine décapant, la récupération du corps d’un blanc tué dont le squelette était enchevêtré avec celui d’un noir symbolique est terrible.
Une façon stimulante d’aborder des contrées lointaines en révisant des codes d’antan qui conviennent décidément bien aux perturbations.
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Petite pause des posts  jusqu'à dimanche.

lundi 29 octobre 2012

Madagascar. Dream works.



Quel régal de se laisser encore surprendre par la 3D dans un film  d'animation qui rendrait Tex Avery presque plan plan et dévaluerait la magie des Disney historiques !
Epoustouflant : un carrousel d’images magnifiques, nous sommes embarqués dans le manège poétique et dynamisant d’un cinéma d’aujourd’hui  inventif, fidèle au projet des origines : nous émerveiller.
Nous voyageons avec de drôles d’animaux de l’Afrique à New York où ils veulent retourner en passant par Monte Carlo, Rome, la Suisse, Londres dans les wagons d’un cirque à l’ancienne qui  évoluera vers le merveilleux contemporain en rendant hommage au cirque du Soleil. Comme dans d’autres films d’animation une poursuite tend un rythme infernal.
Je n’ai pas perçu le procédé commercial qui adresse des clins d’œil à l’adulte accompagnant de petits consommateurs justes bons à flatter : je suis redevenu enfant  pendant une heure et demie.

dimanche 28 octobre 2012

Dance. Lucinda Childs.



Quand  après avoir vu son spectacle j’ai cherché quelques renseignements sur la chorégraphe, l’étiquette "post moderne" lui était apposée, notion qui m’évoque Coluche dans «  Omo, plus blanc que blanc » : après le moderne qui date de la renaissance, des cubistes, de la mercière qui a fermé sa moderne boutique, c’est encore du moderne.
Bref !
Le spectacle est bref et pour moi il aurait pu durer jusqu’au bout de la nuit ; les musiques répétitives de Phil Glass ne finissent jamais. La danse se fond dans les rythmes lancinants où se découvrent d’infinies variations, les danseurs sont impressionnants et élégants même pendant les rappels. Parfois, j’aime la beauté quand elle est froide.
Je me suis retrouvé dans cette quête élémentaire du bon pas, comme on peut chercher le mot juste, la seconde exacte où la photographie saisira une vérité.
Nous sommes entrainés dans un tourbillon hypnotique d’une énergie sans transpiration, d’une séduction qui donne le vertige. J’ai pensé aux derviches tourneurs.
Si le temps est aboli durant une heure, l’espace est chamboulé lui aussi avec des projections sur un écran de gaze discret d’images de Sol Lewitt qui accompagnent les 12 acteurs impeccables dans leurs déplacements acharnés et légers, insistants, au-delà de nos pesanteurs.
Quand la rigueur la plus impressionnante donne cet air de liberté le plus élevé, nous applaudissons.

samedi 27 octobre 2012

L’art d’être grand père. Victor Hugo.



Le libraire a été avisé en plaçant en bonne vue le dernier recueil de poèmes de celui qui est bien plus qu’une icône de la république quand elle était fière.
Depuis belle lurette je n’avais acheté de la poésie en pack, le titre m’avait plu, et je venais de vérifier :
« Lorsque l'enfant paraît, le cercle de famille
Applaudit à grands cris.
Son doux regard qui brille
Fait briller tous les yeux,
Et les plus tristes fronts, les plus souillés peut-être,
Se dérident soudain à voir l'enfant paraître,
Innocent et joyeux. »
Ces vers si justes ne figurent  d’ailleurs pas dans ces 260 pages, ils sont extraits des « Feuilles d’automne ».
Par contre « Jeanne était au pain sec » figure dans ce recueil programmatique parmi tant d’autres poèmes. Ces vers à profusion élèvent nos perceptions, nous soulèvent  au dessus du tapis d’activités. Ils m'enchantent le regard au moment où l’œil de ma petite brille, et que ses  premiers mots surviennent,  moment de poésie pure.  
Nous apprenons, non en gaga servile prosterné devant des prouesses technologiques, mais à la source des commencements quand la moindre abeille fait merveille.
Dans son exil à Guernesey,  Victor Hugo vit avec ses deux petits enfants Georges et Jeanne. Il vient de perdre sa femme, ses fils Charles, et François-Victor. Adèle sa fille est internée.
Bien sûr les références à l’antique m’ont dépassé et ses allusions à des contradicteurs d’alors m’indiffèrent, comme ces gouffres sombres qui s’ouvrent  trop souvent en bout de ligne. Parfois j’ai eu le sentiment de me retrouver dans un jardin à la française peuplé de statues alors que c’est lui qui nous apprend aussi à préférer les fécondes broussailles.  
Quelle force, quelle fluidité, quelle humanité ! Il se coltine aux bigots et regarde vivre l’innocence, il extrait de chaque vibration de l’air de sublimes images.
« Je suis l’ancêtre aimant ces nains que l’aube azure,
Et regardant parfois la lune avec ennui,
Et la voulant pour eux, et même un peu pour lui ;
Pas raisonnable enfin. C’est terrible. Je règne
Mal, et je ne veux pas que mon peuple me craigne ;
Or, mon peuple, c’est Jeanne et Georges ; et moi, barbon,
Aïeul sans frein, ayant cette rage, être bon,
Je leur fais enjamber toutes les lois, et j’ose
Pousser aux attentats leur république rose. »