mercredi 2 mars 2011

Touristes en Chine 2007. # J 8. Charbon et 55 000 bouddhas.

Le train a récupéré son retard dans la nuit : arrivée à 6h 21 à Datong province du Shanxi.
Sur le quai notre nouvelle guide Marie (ou Ma Haï Yan) nous attend et nous prend en charge. A la sortie de la gare nous montons dans notre mini car et traversons la ville
(1 million et demi d’habitants) par une grande avenue toute droite. Hôtel Taihachun. Ville triste aux odeurs de charbon. Nous prenons le petit déjeuner dans une grande salle grouillante avant de récupérer nos chambres nickel au 8° étage, même si on ne sait pas tout de suite utiliser la clim’, à la télécommande. Pressing pour 24 Y.
Nous allons voir le mur des neuf dragons, neuf pour la longévité, en jade sur fond de bois peint en bleu. Construit pour le palais du 13°fils de l’empereur. Marie a bien du mal à s’exprimer, et se trompe dans les chiffres, les dates et les siècles.
Nous gagnons en bus le monastère bouddhique chinois Huayan. Les moines sont vêtus de gris avec de drôles de guêtres, des sandales en toile et des pantalons bouffants, un peu comme l’habit des valets de Molière.Le monastère est assez petit avec des bouddhas en bronze poussiéreux, moins coloré que les bâtiments tibétains en deux parties séparées. Salle avec des porcelaines du X° siècle. Nous prenons notre repas dans la rue du monastère, colorée, restaurée, investie par des mendiants insistants, pour ici c’est bien relatif, dont un vieux monsieur qui ne possède plus que deux dents. Repas en sous-sol dans un salon privé. Marie nous conseille et commande. Comme les Chinois nous laissons de la nourriture ce qui signifie que nous avons assez mangé. Sieste indispensable avant de continuer.
Les grottes de Yungang à 16km sont extraordinaires avec 55 000 bouddhas de toutes tailles, assis, debout, peints, dans des cavités creusées de haut en bas plus ou moins abîmés ou protégés. Impressionnant ! Inscrit au patrimoine mondial. Date du V°siècle. Une salle carrée accueille un bouddha en son centre protégé par une devanture en bois XVII°, superbe. Les briques sont noires et les toits turquoise, les têtes grotesques grimacent en haut des piliers. Les temples et monastères se révèlent à chaque fois différents.Nous marchandons à la sortie, des tas d’objets sympas pour quelques €. Au restaurant nous faisons de nouvelles découvertes culinaires. Mitch qui a envie de sucreries montre les gâteaux exposés mais ils ne sont là que pour la décoration. Une petite fille nous observe, très intriguée. Nous sommes objets de curiosité plus qu’à Pékin, les gens nous dévisagent, mais avec bienveillance. A son tour, Jean a été sollicité aux grottes pour poser avec un chinois sur une photo. Nous partons déambuler dans la ville pendant 2h parmi une foule très dense.

mardi 1 mars 2011

Vive la classe. Baru.

« Mais non je ne vous parle pas de la classe des écoliers, ni même de la classe ouvrière (encore que), mais de la classe des conscrits… » Du temps de la conscription pour le service militaire.
Je reprends les mots même du dessinateur lorrain car je les trouve justes, comme ce récit dans les années après la guerre d’Algérie quand les jeunes occupaient bruyamment les rues après le conseil de révision, en une fête violente, rude comme les rapports de classe, les relations familiales.
Baru est un de mes auteurs de BD préféré, je l’avais découvert avec « Quéquette blues » qui racontait avec tendresse et énergie la vie de jeunes souvent d’origine italienne du côté de Longwy, moins dans la lumière que les alentours du pont des arts. Le groupe impose sa loi mais aide aussi au passage vers l’âge adulte. A l’époque du twist, les ados des années soixante en bande avec un lot de frustrations cumulées, ne s’expriment pas d’une façon très nuancée, mais est ce que les conversations sur lesTwitter d’à présent sont plus "classe" ?

lundi 28 février 2011

Angèle et Tony. Alix Delaporte

Un petit film avec des acteurs remarquables Clotilde Hesme et Grégory Gadebois. Cette histoire se déroule en Normandie en bord de l’ Océan qui donne toujours une couleur singulière. La séance venait pour moi après quelques photographies d’un nouvel album de Depardon, elle s’enchainait très bien avec la recherche des espaces de cette France où le rural vire au péri urbain par mon photographe préféré.
Une écorchée de la vie qui dissimule ses secrets et un marin taiseux s’approchent. Les farouches protagonistes s’apprivoisent mais ce n’est pas gagné, tout va vite, les liens sont vulnérables. Les écueils gluants du sentimentalisme sont éloignés, cependant à trop jouer la sobriété, l’âpreté, le dénouement m’a paru un peu trop exalté. Après tout, désormais, il n’y a peut être que les gens déraisonnables qui ont envie de se marier.

dimanche 27 février 2011

Le soir des monstres. Etienne Saglio.

“Le Soir des monstres”, c’est le soir où les objets qui encombrent nos maisons sont laissés sur les trottoirs. Je ne voyais pas au départ la nécessité d’une telle dramatisation pour un détournement d’objets assez fréquent aujourd’hui chez ceux qui sortent des écoles du cirque. Et puis un univers s’impose avec une poésie évoquant Tim Burton bien loin de toute mièvrerie : c’est magique. Cette ambiance 19° siècle avec un artiste original convient pour une fois à des enfants souvent amenés à des spectacles trop lourds pour eux.
Les balles en fil de fer échappent un moment au jeune homme en manteau noir, puis sous l’effet de lumières appropriées se transforment en petites comètes, puis en chauve-souris, il s’empiage dans des cordes diaboliques, un tuyau annelé se transforme en serpent et un jouet à ressort connaît une triste fin. Le magicien maladroit n’en parait que plus habile sous une musique envoutante, il jongle avec virtuosité nous embarquant dans une séquence hypnotique. Il fait vivre des objets, mais ceux-ci échappent parfois à leur créateur qui les dompte, puis les écrabouille.
On peut retrouver pour une heure son âme d’enfant, mais il faut se rappeler que parfois le sale môme brise ses jouets.

samedi 26 février 2011

Le trottoir au soleil. Philippe Delerm.

Dans ces 180 pages vite lues, où l’usage du « on » me lasse quelque peu, j’ai éprouvé ma proximité avec le sexagénaire qui essaye : « plus les jours passent et plus j’ai envie de guetter la lumière ». Il s’interroge d’ailleurs sur le partage de ses sensations : « le plaisir minuscule est une possession personnelle dont les racines ont bien souvent à voir avec l’intensité des sensations de l’enfance. Chaque individu reste une île. Une île courtoise, qui se laisse accoster, mais pas envahir ». Toujours cette pudeur, cette légèreté d’une poésie du quotidien qui éclaire sans crier : les figues, le dimanche matin, les brocantes, un trois étoiles, les appartements aperçus depuis le métro aérien, une pâtisserie, les gares… Quelques émois et celle à qui il a dit « je suis à court de fleurs » avec qui il a passé sa vie, et cette femme de pompier newyorkais qui déclare : « de toute façon, en quinze ans avec lui j’ai connu davantage de bons moments que la plupart des êtres humains n’en connaîtrons dans une vie ». Parfois plus grave que d’habitude dans cette dernière livraison, il peut bien trouver du bonheur chez les amers (Cioran, Renard, Léautaud) que son indéfectible attention aux hommes nous ravira encore, en flattant notre goût des retrouvailles avec un familier.
Je dois au célèbre professeur écrivain, quelques heures de classe enchantées.
J’avais alors quelques élèves blasés, et sa version des petits plaisirs pour les petits (« C’est bien ») était sortie opportunément. Après une lecture quotidienne d’un court chapitre, j’avais pu vérifier auprès de chaque élève quand il dut s’exprimer à son tour par écrit, que la démarche n’avait pas été vaine pour la plupart ; on ne parlait pas alors à tout bout de champ d’évaluation.

vendredi 25 février 2011

Pour le droit au logement à Saint Egrève

L'enquête publique sur le projet de révision du PLU ferme ses cahiers ce vendredi 25 février. J’ai apporté en mairie l’avis ci dessous à propos de cette question centrale pour la vie de la cité.
Les conservatismes s’expriment volontiers dans ces occasions et mon parti dont je me suis départi a bétonné une position défensive à ce sujet se montrant bien peu social, quant aux écolos de chez nous, ils ne se sont pas très vertement exprimés.
« Pour le droit au logement à Saint Egrève.
Parce que c’est politiquement,
humainement,
logiquement,
économiquement,
écologiquement,
égoïstement,
juste :
oui à une augmentation de la population à Saint Egrève !
La politique est l’expression de l’intérêt général, la politique du logement doit concrétiser une vision, une ambition.
La révision du PLU est l’occasion d’offrir à des familles nouvelles la possibilité de profiter des infrastructures de la ville.
Plutôt que de déplorer l’insécurité, la dégradation des conditions de vie, de transport dans l’agglomération, donnons des chances au « vivre ensemble » en appliquant la loi qui incite à accorder au logement social toute sa place.
L’arrivée du tram est une aubaine qui donne l’occasion de requalifier la ville.
Pour des raisons de rentabilité il est aussi nécessaire de densifier l’habitat autour de cet axe dynamique.
Les espaces verts seront préservés si le paysage n’est pas mité par des lotissements gourmands en surface. Le rapprochement des lieux de vie et de travail économisera du carburant et préservera la qualité de l’air.
Et puis le jour venu, vos enfants, où pourront-ils être accueillis ? »
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M.N. Lienemann: "Si toutes les communes respectaient la loi SRU, cela représenterait 400 000 logements supplémentaires"
Avec le dispositif de défiscalisation Scellier: "un Scellier coûte à l'état ce que lui coûtent deux logements sociaux."
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Dessin du canard qui a une matière abondante ces temps:

jeudi 24 février 2011

Vénus.

Déesse de la beauté pour les romains, Aphrodite chez les grecs, comme bien des divinités, elle récupéra des caractéristiques plus anciennes d’une idole méditerranéenne née à Chypre. Et quand la puissance terrestre inaugura le droit divin, Auguste fils de César se vit bien comme son descendant par Enée.
Subsistent quelques graines d’un vocabulaire autour de l’attirance sexuelle où Eros(Cupidon), Adonis, Priape, sont de la revue.
La déesse de la féminité, quand elle était vêtue, préférait le bleu, il en sera ainsi jusqu’au XVII° siècle; le rose était pour les garçons plus bronzés.
Botticelli, Poussin, Le Titien, Ingres, Boucher, Cabanel, Böcklin, nous offrent des représentations où sa chair, généreuse, laiteuse, est savoureuse.
J’ai pu découvrir bien des peintres grâce aux amis du musée où officiait cette après midi, Fabrice Conan, mais pour Gustave Moreau, il faudra encore beaucoup de pédagogie pour que je l’apprécie.
Née des flots, Vénus serait la fille d'Ouranos (le Ciel), dont les parties génitales, tranchées par son fils Cronos, avaient fécondé la mer.
Les furies ( la discorde, la vengeance, la haine) sont ses sœurs, elles poursuivent par exemple Oreste qui vient de tuer sa mère dans le tableau de Bougereau avec la belle énergie des déesses à l’ancienne, destinées à devenir peu après plus bienveillantes.
Vénus n’était pas du même bois que Junon déesse de la fidélité, ni comme Athéna déesse de la raison, immunisée contre les passions amoureuses. Mariée à un Vulcain qui travaillait en sous sol et sentait la fumée, elle le trompa avec son frère, Mars, pour qui le légitime dut forger des armes ainsi que pour Enée un autre rejeton qu’elle eut avec Anchise. De ses amours avec le dieu de la guerre sont nés l’harmonie, la crainte, la terreur et Éros. Vulcain guidé par le soleil emprisonna les deux amants dans un filet magique.
Pâris, jeune mortel eut à départager Junon, Minerve et Vénus qui croyaient chacune que la pomme, celle de la discorde, où était inscrit : «à la plus belle » leur était destinée. Pâris choisit Vénus qui le sauvera de la mort lors de la guerre de Troie.
Cette existence vouée aux passions pour son propre bénéfice avec les tourments afférents pourrait consoler les mortels de leur vie trop pépère pourtant parfois concernés par les bonnes grâces de la belle, mais ses vengeances peuvent être terribles.
Adonis fut contraint de vivre un tiers de l’année dans les profondeurs de la terre avec Perséphone, l’hiver. Et encore, c’est à l’issue de compromis passés entre titulaires de l’Olympe.
Jalouse et d’une fierté qui la rendait féroce envers ceux qui doutaient de sa beauté ou lui faisaient de l’ombre, ainsi Psyché dont le bonheur dura le temps de l’illusion, se sortira tout de même des épreuves que lui imposa belle maman.
Les nombreux artistes qui la représentèrent lui donnèrent parfois le visage de contemporaines comme Pauline Borghèse par Canova ou mademoiselle Lange, l’actrice, par Girodet.
Nous restent de poétiques origines : Adonis, tué par un sanglier peut renaître en anémone, et alors que Vénus venait à son secours, quand elle se blessa aux épines des roses blanches, devenues rouges depuis, et Clytie amoureuse éconduite du soleil suit Apollon du regard depuis qu’elle survit en tournesol.
Et quelle plus belle métaphore en milieu artistique que la légende de Pygmalion promis au célibat qui tombe amoureux de Galatée la statue qu’il vient de sculpter ?