Au petit déjeuner : œuf, mortadelle (au goût de corned beef), concombre, tomate.
Beau temps limpide pour prendre la route de Chengdé (prononcer Tchendeu) province du Hebei, nous traversons de beaux paysages de collines et de montagnes boisées, avec des champs de maïs et des vestiges de cultures en terrasse, des portions d’autoroutes sont payantes mais inaccessibles aujourd’hui, on peut les reprendre plus loin. Retour du brouillard quand on arrive en ville vers 10h30. Nous descendons au Mountain villa hôtel en face de l’entrée du palais d’été. Tentative d’arnaque au change mais Mitch rétablit la situation de main de maître, l’employé de l’hôtel se fait petit.
Wang Hui nous présente notre guide anglophone qui s’efforce de baragouiner un français en morse : madame Xu.Le temple Puningsi (paix universelle) ressemble au temple des lamas où nous brûlons des bâtons d’encens. Au-dessus plusieurs bâtiments rouges et blancs (lune, soleil). Des musiciens jouent sous les palmiers moyennant finance pour accompagner la prière des fidèles agenouillés et brandissant leurs bâtons d’encens. Ici aussi se vénère le plus grand bouddha en pied, plus grand que celui de Pékin mais taillé dans cinq arbres différents.
Les fidèles achètent des cadenas sans clef accrochés à un câble pour symboliser leur lien à Bouddha. L’allée marchande est agréable avec des commerçants en costume d’époque. Notre nouvelle guide est difficile à comprendre. Repas de raviolis aux multiples couleurs et légumes verts frits (pois gourmands)
Bishu Shanzhuang, le palais d’été est bondé et pour les tours organisés les guides sont équipés de puissants mégaphones. Palais de palissandre, des pendules là aussi, des cloisonnés, des tableaux à base de matériaux nobles (jade, ivoire). Nous refusons la voiture électrique pour découvrir le paysage dans l’enceinte d’une muraille de 10 km de long. Nous marchons au milieu des biches, sur des chemins déserts. Nous poursuivons avec notre ancienne guide notre promenade dans la bonne humeur. Près du lac des bâtiments typiques sont ravissants, petits ponts, nénuphars, le parc tranquille est fréquenté par les familles. 6h : les portes vont fermer. Hôtel, douche, un orage que nous n’avons pas vu venir nous surprend en ce jour radieux.Sortie vers 19h 30, le ciel s’est calmé, promenade dans la ville, photos. Les gens nous regardent avec bienveillance, peu d’occidentaux en dehors des deux croisés à l’hôtel.
Nous choisissons le restau qui nous semble le plus chicos mais les employés d’un autre nous escortent et tentent un anglais incompréhensible, fous rires contenus, nous mesurons toute la difficulté à nous comprendre. La plus hardie des serveuses choisit pour nous 3 plats, à la fin timide et rougissante une autre s’essaye à dire 3 mots : adorable. Nous ne pouvons nous servir seuls ni bière ni le thé. Retour à l’hôtel avec litchis, fruits confits et nougatine à déguster dans les chambres.
mercredi 9 février 2011
mardi 8 février 2011
J’ai pas tué de Gaulle. Bruno Heitz.
…mais ça bien failli. Appâté par le mensuel « Memo », j’ai fait l’acquisition pour 17€ de la BD de Bruno Heitz dont les dessins à la ligne claire convenaient bien à la littérature enfantine, avec une bonne connaissance du milieu enseignant qui n’est pas si fréquente.
Nous sommes dans les années 50, en Lorraine, où un enfant peut se perdre pour de l’argent facile lorsqu’il rencontre un nostalgique de l’empire colonial français en voie d’être perdu. Les engrenages terribles de l’Histoire avec ce qu’il faut de comique et le tragique composent une histoire palpitante, où « Tout est vrai sans que rien ne soit exact » comme disait Simenon dont la citation ouvre un récit qu’il n’aurait pas renié.
Nous sommes dans les années 50, en Lorraine, où un enfant peut se perdre pour de l’argent facile lorsqu’il rencontre un nostalgique de l’empire colonial français en voie d’être perdu. Les engrenages terribles de l’Histoire avec ce qu’il faut de comique et le tragique composent une histoire palpitante, où « Tout est vrai sans que rien ne soit exact » comme disait Simenon dont la citation ouvre un récit qu’il n’aurait pas renié.
lundi 7 février 2011
Abel. Diégo Luna
Sujet délicat puisqu’il est question de la folie d’un enfant. Celui-ci revient dans sa famille où mère et frère et sœur vont jouer le jeu du petit garçon qui se prend pour le père. Le jeune acteur au talent certain va servir de révélateur aux insuffisances criantes du vrai père quelque peu caricatural, également de retour dans la maison pittoresque. Nous sommes partagés entre le rire à l’occasion d’une comédie colorée et le malaise de voir la santé mentale des autres membres de la famille mise à mal par les souffrances d’Abel. Difficile de mêler la comédie et le drame. Je trouve qu’il y a bien des inconvénients quand les enfants sortent de leur rôles en général, j'ai été troublé par les aléas de la vie de cette famille mono parentale plus en mode « survie » que dans « le projet éducatif » comme on dit.
Abel va retourner au silence.
Abel va retourner au silence.
dimanche 6 février 2011
Leçon de jazz #3. Le blues et le boogie côté piano.
Emporté par sa verve, Antoine Hervé, le pianiste conférencier, ne s’est pas contenté de jouer en virtuose de son piano en variant à loisir les manières, mais il est allé jusqu’à l’imitation d’une voiture tunning version boum boum de la rythmique, en passant par la batterie et l’harmonica qui lui ont valu les applaudissements d’un auditorium comble. Le rappel joué « free style », venant pour remercier d’avoir si bien partagé sa passion, prolongeait notre plaisir. Il a évoqué Ravel, Stravinski, montré le passage du ternaire jazzy au rock binaire, expliqué la richesse et l’évolution des accords allant vers la complexité ainsi que l’usage de différents modes. La « blue note » garde pour moi tous ses mystères mais quand ma prof me dit que lorsqu’on va mal on a tendance à aller vers le bas, j’entrevois que certaines notes abaissées donnent sa couleur au blues. Le sujet se prêtait bien à la diversité des évocations, même si l’on aurait mangé toute le boite plutôt que goûté quelques pastilles.
« Les cigarettes que tu allumes l'une après l'autre,
Ne t'aideront pas à oublier, quand tu perds ton amoureux,
Tu es juste en train de brûler une torche que tu ne peux éteindre,
Mais tu es sur le bon chemin pour apprendre le blues. » chantait Ella Fitzgerald
Le blues est une bluette, la plainte une complainte, le griot raconte des histoires où se croisent les musiques de l’Afrique, des Caraïbes. Les histoires personnelles partagées sont un acte social et dire que la musique de jazz, destinée au départ à faire danser, passa en mode salle de concert suite à une taxation des danseurs. Bien des pianistes ont appris à jouer en regardant des pianos pneumatiques ou mécaniques et l’inventivité née de la Nouvelle Orléans voyagea au rythme des trains vers Chicago. Le cheval scanda de ses pas le XIX° siècle, le staccato des bogies donna le « boogie-woogie » au XX°. Jagger et les londoniens surent dire la dette du rock envers le jazz. Même si « le guitariste de jazz est celui qui joue mille accords devant trois personnes alors que le guitariste de rock joue trois accords devant mille personnes. »
« Les cigarettes que tu allumes l'une après l'autre,
Ne t'aideront pas à oublier, quand tu perds ton amoureux,
Tu es juste en train de brûler une torche que tu ne peux éteindre,
Mais tu es sur le bon chemin pour apprendre le blues. » chantait Ella Fitzgerald
Le blues est une bluette, la plainte une complainte, le griot raconte des histoires où se croisent les musiques de l’Afrique, des Caraïbes. Les histoires personnelles partagées sont un acte social et dire que la musique de jazz, destinée au départ à faire danser, passa en mode salle de concert suite à une taxation des danseurs. Bien des pianistes ont appris à jouer en regardant des pianos pneumatiques ou mécaniques et l’inventivité née de la Nouvelle Orléans voyagea au rythme des trains vers Chicago. Le cheval scanda de ses pas le XIX° siècle, le staccato des bogies donna le « boogie-woogie » au XX°. Jagger et les londoniens surent dire la dette du rock envers le jazz. Même si « le guitariste de jazz est celui qui joue mille accords devant trois personnes alors que le guitariste de rock joue trois accords devant mille personnes. »
samedi 5 février 2011
Le blaireau et le roi. John Berger
J’avais envie de retrouver John Berger dont j’avais beaucoup aimé « Joue moi quelque chose », poignante chronique paysanne. Si l’anglais s’est posé depuis longtemps en Haute Savoie, c’est le monde au-delà des montagnes qu’il regarde avec finesse. Le peintre s’est fait écrivain et ses avis de critique font autorité. Cet ouvrage témoigne de la variété de ses connaissances, il dialogue avec Maryline Desbiolles, évoque Platonov et Darwich. Il milite pour la Palestine et a connu le sous-commandant Marcos. Tous ces échos enrichissent les 190 pages où des dialogues sur l’image, la résistance, les animaux voisinent avec des photographies, des citations de Rilke et de Spinoza, des poèmes, l’évocation de Van Gogh avec la mise bas d’une vache… J’ai préféré la courte nouvelle qui donne son titre au livre dans ce qui est une compilation comme on en voit beaucoup, certes sympathique mais un peu paresseuse. La sympathie dont il fait preuve quand il parle des paysans, le soin apporté aux mots pour leur faire exprimer tout leur jus valent cependant le voyage.
De Yves, son fils :
« Tout me traverse
Les berges coulent à mon rythme
Je les dessine
Et elles me font. »
De Yves, son fils :
« Tout me traverse
Les berges coulent à mon rythme
Je les dessine
Et elles me font. »
vendredi 4 février 2011
Etats généraux du renouveau. 2011.
Nous avons de la chance à Grenoble de pouvoir assister depuis des années à des débats politiques grâce à Libé, nonobstant le « mercato » qui fragilise une presse écrite bien fatiguée. Du temps où les jours avaient une couleur, il nous arrivait de préférer un journal à un autre comme des supporters peuvent soutenir une équipe. L’époque est révolue : les proprios interchangeables décident de leurs capitaines qui passent d’un groupe à l’autre.
Notre « Piaffant Potentat » (l’appellation est de Patrick Rambaud) a abandonné dans notre ville son masque humaniste, alors l’initiative des journaux Libération et Marianne recherchant chez nous « une république pour tous » était opportune.
« L’éducation au civisme, l’égalité homme-femme, l’accès à un travail émancipateur, le combat contre l’injustice, l’acceptation du pluralisme, le refus de la marchandisation de l’homme et de son environnement ont fourni la matière première des ateliers et des débats. Traçant ainsi les contours d’un nouveau discours de Grenoble, entre Mendès et Jaurès qui dénonce le règne du fric, l’éloge de l’avidité, la dictature de l’urgence. Un appel à la résistance morale ».
Si les discussions sont en général de qualité, l’intitulé était tellement ambitieux (« Etats généraux du Renouveau ») que la satisfaction légitime des organisateurs quant au succès public (20 000 personnes) peut se nuancer : les politiques n’ont pas été tous des émetteurs d’idées allant vers un renouveau incontestable. A travers mon prisme restreint, il me semble avoir plus croisé de militants associatifs que de responsables politiques locaux.Mais bien des thèmes abordés fourniront de la matière pour alimenter ce blog pour plusieurs vendredis, jour politique, en essayant d’éviter les traits des « armes de distraction massive »suivant le bon mot de Fabio Geda dans Libé de samedi dernier. Avec plus de jeunes que d’habitude dans les fauteuils confortables de la MC2, ces journées ont été roboratives, même si l’ampleur de la crise qui explose dans tous les domaines peut nous accabler. Dans les huit débats que j’ai suivi à l’exception d’Anne Le Strat élue à Paris qui a impulsé la remunicipalisation de l’eau, les professionnels de la politique se reniflent de trop loin et j’ai essayé de les éviter, même si un Joxe qui apporte avec lui des convictions très années 81, honore encore la corporation. Je n’étais point dans les foules qui ont écouté Ségolène et Mélenchon - j’ai les mêmes à la maison - et dans les semaines à venir la rencontre avec Michel Serres qui a rempli l’auditorium sera relatée par ma copine Dany qui a été ravie : « vivons nous en temps de crise ? »
..........
dessin du Canard
Notre « Piaffant Potentat » (l’appellation est de Patrick Rambaud) a abandonné dans notre ville son masque humaniste, alors l’initiative des journaux Libération et Marianne recherchant chez nous « une république pour tous » était opportune.
« L’éducation au civisme, l’égalité homme-femme, l’accès à un travail émancipateur, le combat contre l’injustice, l’acceptation du pluralisme, le refus de la marchandisation de l’homme et de son environnement ont fourni la matière première des ateliers et des débats. Traçant ainsi les contours d’un nouveau discours de Grenoble, entre Mendès et Jaurès qui dénonce le règne du fric, l’éloge de l’avidité, la dictature de l’urgence. Un appel à la résistance morale ».
Si les discussions sont en général de qualité, l’intitulé était tellement ambitieux (« Etats généraux du Renouveau ») que la satisfaction légitime des organisateurs quant au succès public (20 000 personnes) peut se nuancer : les politiques n’ont pas été tous des émetteurs d’idées allant vers un renouveau incontestable. A travers mon prisme restreint, il me semble avoir plus croisé de militants associatifs que de responsables politiques locaux.Mais bien des thèmes abordés fourniront de la matière pour alimenter ce blog pour plusieurs vendredis, jour politique, en essayant d’éviter les traits des « armes de distraction massive »suivant le bon mot de Fabio Geda dans Libé de samedi dernier. Avec plus de jeunes que d’habitude dans les fauteuils confortables de la MC2, ces journées ont été roboratives, même si l’ampleur de la crise qui explose dans tous les domaines peut nous accabler. Dans les huit débats que j’ai suivi à l’exception d’Anne Le Strat élue à Paris qui a impulsé la remunicipalisation de l’eau, les professionnels de la politique se reniflent de trop loin et j’ai essayé de les éviter, même si un Joxe qui apporte avec lui des convictions très années 81, honore encore la corporation. Je n’étais point dans les foules qui ont écouté Ségolène et Mélenchon - j’ai les mêmes à la maison - et dans les semaines à venir la rencontre avec Michel Serres qui a rempli l’auditorium sera relatée par ma copine Dany qui a été ravie : « vivons nous en temps de crise ? »
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dessin du Canard
jeudi 3 février 2011
Robert Campin, Roger Van Der Weyden.
Bien au-delà des biographies d’artistes ou d’une couche de plus à étaler concernant la peinture, Damien Capelazzi, conférencier étourdissant aux amis du musée, m’a fait découvrir des pages qui m’étaient inconnues quand les villes de Flandres dépendaient du duché de Bourgogne. Désormais je ne ferai plus l’impasse sur cette période de la fin du moyen âge dont me furent révélées quelques beautés renversantes, d’autant plus que les projections sur grand écran magnifiaient encore plus le travail de ces artistes qui opéraient souvent dans des formats modestes, d’une vingtaine à un soixantaine de centimètres.
C’est le temps des Philippe le Bon et de Charles le téméraire dit le Portugais, des heures riches du duc de Berry, des mariages patrimoniaux voire des réseaux ducaux autour des maîtresses. Alors que l’Italie renait autour des ruines antiques, une pépinière d’artistes a les faveurs de Dijon. L’art nouveau flamand ouvre ses fenêtres sur les villes contemporaines adopte les étoffes du présent. Les Flamands embarquent le réel avec eux ; leur rouge très humain cache parfois le bleu de la divinité sans l’évacuer. Avec l’huile, les visages s’assouplissent, les trognes s’éclairent.
Robert Campin dit maître de Frémaille ou maître de Mérode est un touche à tout et sa peinture aux drapés incisifs évoque la sculpture. Dans une Annonciation, une vierge au front épilé, aux cheveux défaits, reçoit l’ange venant d’atterrir dans un souffle divin qui éteint une chandelle et fait tourner les pages. Les corps sont suivis de leurs ombres et la suie est dans la cheminée.
Quand Marie, en d’autres occasions, donne le sein cela ne compte pas pour du beurre, et Jésus qui s’agite va-t-il recevoir une fessée ? Il est en position et Marie se chauffe une main. Dans un autre portrait l’œil du christ brille, c’est que peindre est une entreprise théologique. Mais aussi une adaptation au marché : cette Trinité n’est-elle pas une Pietà reconvertie où Dieu en personne serait venu se substituer à Marie? Lors des commentaires sur une descente de la croix dont le réalisme m’a broyé les os, j’ai appris que l’éponge vinaigrée était un accessoire fréquent dans les latrines et que Véronique (Vera iconica) la patronne des photographes qui recueillit l’image du visage du christ s’appelait en réalité Bérénice. Le patron des informaticiens étant saint Isidore de Séville.
Les miroirs aussi apparaissent pour faire le tour des personnages comme nous le permet le sculpteur.
Rogier de La Pasture naquit à Tournai en 1400, là où un de ses maitres Robert Campin, qu’il influencera à son tour, a fini sa vie. Il portera le nom de Van der Weyden.
Dans une magnifique descente de Croix, désormais au Prado, le corps du Christ est au centre de la composition et la Vierge, s'affaisse à côté de lui en écho à la position de son fils dont le sang coule vers le lieu premier de la circoncision, la main de vierge frôle le crâne d’Adam : la boucle est bouclée. La terre sera son dernier costume, sa mère avait été le premier. De lourdes larmes coulent sur le visage rougi d’une femme et c’est toute la douleur du monde qui est là.
C’est le temps des Philippe le Bon et de Charles le téméraire dit le Portugais, des heures riches du duc de Berry, des mariages patrimoniaux voire des réseaux ducaux autour des maîtresses. Alors que l’Italie renait autour des ruines antiques, une pépinière d’artistes a les faveurs de Dijon. L’art nouveau flamand ouvre ses fenêtres sur les villes contemporaines adopte les étoffes du présent. Les Flamands embarquent le réel avec eux ; leur rouge très humain cache parfois le bleu de la divinité sans l’évacuer. Avec l’huile, les visages s’assouplissent, les trognes s’éclairent.
Robert Campin dit maître de Frémaille ou maître de Mérode est un touche à tout et sa peinture aux drapés incisifs évoque la sculpture. Dans une Annonciation, une vierge au front épilé, aux cheveux défaits, reçoit l’ange venant d’atterrir dans un souffle divin qui éteint une chandelle et fait tourner les pages. Les corps sont suivis de leurs ombres et la suie est dans la cheminée.
Quand Marie, en d’autres occasions, donne le sein cela ne compte pas pour du beurre, et Jésus qui s’agite va-t-il recevoir une fessée ? Il est en position et Marie se chauffe une main. Dans un autre portrait l’œil du christ brille, c’est que peindre est une entreprise théologique. Mais aussi une adaptation au marché : cette Trinité n’est-elle pas une Pietà reconvertie où Dieu en personne serait venu se substituer à Marie? Lors des commentaires sur une descente de la croix dont le réalisme m’a broyé les os, j’ai appris que l’éponge vinaigrée était un accessoire fréquent dans les latrines et que Véronique (Vera iconica) la patronne des photographes qui recueillit l’image du visage du christ s’appelait en réalité Bérénice. Le patron des informaticiens étant saint Isidore de Séville.
Les miroirs aussi apparaissent pour faire le tour des personnages comme nous le permet le sculpteur.
Rogier de La Pasture naquit à Tournai en 1400, là où un de ses maitres Robert Campin, qu’il influencera à son tour, a fini sa vie. Il portera le nom de Van der Weyden.
Dans une magnifique descente de Croix, désormais au Prado, le corps du Christ est au centre de la composition et la Vierge, s'affaisse à côté de lui en écho à la position de son fils dont le sang coule vers le lieu premier de la circoncision, la main de vierge frôle le crâne d’Adam : la boucle est bouclée. La terre sera son dernier costume, sa mère avait été le premier. De lourdes larmes coulent sur le visage rougi d’une femme et c’est toute la douleur du monde qui est là.
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