dimanche 20 juin 2010

Impressing the Czar

Il n’y a pas eu que le tzar à être impressionné par le premier tableau du ballet des Flandres reprenant une création de Forsythe datant de 1988 et qui a gardé sa force d’étonnement. Pour user fréquemment de l’ironie, voire en abuser, j’ai pourtant été désarçonné par la dérision en beaux costumes avec danseurs virtuoses. J’ai eu le même étonnement que lorsque je vois un tableau impressionniste dans son cadre empesé et daté, et pourtant il n’en parait que plus moderne. J’avais beau trouver salutaire que cette esthétique Figaro madame soit bousculée, et apprécier le rythme endiablé, les saynètes hachées, inachevées étaient trop hétéroclites : les nombreuses flèches rataient leur cible. Ce n’est qu’au deuxième tableau que je retrouvais mes marques avec une danse contemporaine, classique, magnifiquement exécutée. Un plaisir intense confirmé par un final époustouflant où l’humour à ce moment là me convenait mieux avec un dynamisme constant qui a emporté un public finalement conquis.

samedi 19 juin 2010

Conformes.

A en juger par la fatigue de mes anciens collègues instits, l’état de santé de l’éducation nationale me semble au plus bas devant les tableaux interactifs.
La fermeture massive des postes, conjuguée au tourbillon incessant des annonces cathodiques, minent les soutiers. Brushing Chapel et paperasse vous lassent!
Mais ce qui me semble encore plus grave, c’est la mise à bas de toute une culture qui était celle des enseignants où les personnalités comptaient. Les valeurs sont inversées sous l’enfumage médiatique, le mensonge devient la norme. Les créateurs sont sur le banc.
La droite avait effectué le rapt du mot liberté quand s’est imposé le terme école « libre » pour désigner l’école privée. Les libéraux affaiblissent l’état, et par ailleurs d‘une main de fer, ils mettent au pas l’éducation nationale en la transformant en service aux consommateurs, en usine à conformisme.
L’autoritarisme le plus implacable sous les mots cool and fun.
Voir la grotesque épreuve intitulée « Agir en fonctionnaire de l’état et de façon éthique » introduite au CAPES et à l’agrég’.
Combien de vocations sont nées en rencontrant des profs ou des instits qui « y croyaient », qui justement n’avaient pas l’obéissance comme vertu cardinale. Il y avait du respect, des couleurs, de la vie.
Bien loin le temps où, sûr de son autorité, De Gaulle refusait de bâillonner Sartre ; aujourd’hui Sarko et sa bande aux ordres s’imposent jusque dans les divertissements, et ses laquais zélés, recteurs, inspecteurs, font régner l’ordre bling, bling :
une, deux ! Zéro.
Une pétition est en ligne pour exiger le retrait de l’épreuve
« agir en fonctionnaire de l’état et de façon éthique et responsable »
en tapant sur votre moteur de recherche : contrôle moral pour aller sur le site :
http://www.petitiononline.com/mod_perl/petition-sign.cgi?azby1111

vendredi 18 juin 2010

La scène. Maryline Desbiolles

J’avais acheté ce livre pour consoler une ancienne élève élevée à la mathématique moderne et qui en conservait un souvenir d’ennui, mais elle est restée rétive à la poésie que l’auteure niçoise apporte aux réunions, intersections, jusqu’à l’infini. Elle n’a pas aimé ces bavardages, moi j’ai adoré ces vagabondages autour des tables avec ce qu’elles cachent, ce qu’elles révèlent : les souvenirs, les échappées autour de la Cène et des tableaux. Dans la lignée de la savoureuse « Seiche », un roman précédent. La photographie est aussi un bon déclencheur d’écriture et le contenu des assiettes a encore de l’importance. Les saveurs, les intentions quand on prépare, et la mort qui rôde. J’étais bien tourné pour apprécier ces digressions où se mêlent l’anodin et des rêveries sublimes, le doux parfum des souvenirs perdus et la recherche d’une écriture intense qui forcément tâtonne et m’a séduit.
« …nous rions en nous même, avons-nous une tête à nous asseoir à table ?et nous avons passé l’âge de nous rouler dessous, nous marchons sur la grande table du monde, nous renversons les assiettes et foulons sa nappe… »

jeudi 17 juin 2010

Les héroïnes de l’ancien testament en peinture.

Les vies dignes de romans photos des femmes de l’ancien testament vont convenir parfaitement aux peintres au service de la religion et Catherine de Buson dans sa conférence va savoir bien nous conter ces aventures passionnantes.
Eve, la mère de tous, et aussi la première pécheresse, ouvre la voie à d’autres femmes aux destinées pittoresques. Masaccio a fixé son image dans nos mémoires pour longtemps.
Sarah, la princesse, eut son fils à 90 ans et forma ménage avec Agar sa servante autour d’Abraham lui-même.
Rebecca, elle épousera ce fils. Si elle aussi eut des soucis de stérilité, ses deux jumeaux Jacob et Esaü commencèrent à se battre dans son ventre: « Et l'Éternel lui dit: deux nations sont dans ton ventre, et deux peuples se sépareront au sortir de tes entrailles; un de ces peuples sera plus fort que l'autre, et le plus grand sera assujetti au plus petit. »
Jacob, lui, tomba amoureux de Rachel et travailla sept ans chez son beau père espéré pour obtenir la main de la belle. Mais au bout de ce délai, celui-ci lui mit dans son lit Léa, la soeur. Il dut travailler sept années supplémentaires pour marier Rachel. Polygamie, et vie mouvementée. Rachel enfin féconde mourra en couche.
Judith, munie dans des versions récentes d’une scie sauteuse vaudra quelques flots d’hémoglobine sur les toiles quand elle décapite Holopherne plus vraisemblablement à l’épée.
Bethsabée, elle, aura un enfant dès sa première rencontre (biblique) avec le roi David qui enverra le mari de la belle se « faire casser la pipe » : il était général. Rembrandt entre autres peignit sa belle croupe dévêtue puisque c’est au bain que celle là séduisit le roi.
Son fils Salomon connut la reine de Saba représentée drapée jusqu’au cou sur un retable séduisant, sur un autre registre qu’un péplum tourné avec Gina Lollobrigida.

mercredi 16 juin 2010

Hamburger hill

Depuis Verdun, les collines à conquérir se payent de sang dans la boue aux ordres d’un commandement assassin. L’hommage aux troufions américains incompris qui se sont fait hacher menu en cette fin de la guerre du Viet Nam manque de nouveauté, même si le titre illustre à la lettre l’humour comme politesse du désespoir. Les personnages sont pourtant intéressants et la dimension raciale abordée dans ce film de John Irvin est nouvelle, de même que les échos qui arrivent de l’arrière hostiles à cette guerre perdue; les scènes d’actions sont efficaces, mais les ennemis invisibles, le film est vain.

mardi 15 juin 2010

Les indégivrables : c’est stable !

Oui, je ne me lasse pas de me régaler chaque jour des dessins de Xavier Gorce et sur ce présent blog, il s‘agit d’une récidive puisque en août 2008 j’en causais déjà.
Il tient un blog en lien ici dans la colonne de droite.
De l’humour sur fond de banquise qui fond où un candidat chez les manchots intrigue son monde : « votez pour moi : je ne promets rien ! Pas plus d’argent, pas plus d’amour, pas plus d’espoir ! Faudra continuer à bosser pour trois fois rien ! ». Quelqu’un se demande alors : « Heu…qui réclamait plus de « parler vrai ». C’est toujours excellent. Et on peut toujours acquérir un recueil de ses doses d’humour en vente dans toutes les bonnes librairies.

lundi 14 juin 2010

Carnets de voyage

Le film du brésilien Walter Selles (Central do Brasil) qui retrace le long voyage d’Ernesto Guevara et son ami Alberto Granado à travers l’Amérique latine, avait une bonne critique dans le Figaro en 2004 : « un film humaniste, simple et généreux ». Ils n’ont plus peur. Je craignais quant à moi de mesurer cruellement le temps entre mon maquillage barbudos qui m’a tenu des années jusqu’à mon clavier trop tempéré, je viens juste de l’apprécier en DVD. Une belle promenade en motocyclette, avec des dialogues couillus ; le récit d’une prise de conscience. Qui ne serait pas resté auprès de la belle promise en son vert cottage au lieu d’aller toucher la main des lépreux andins ? Le rugbyman asthmatique, le futur médecin, piètre danseur forge sa volonté qui l’amènera à croire aux armes pour venir à bout de situations intolérables. Les peuples d’Amérique latine ont vaincu les dictatures; il n’y a pas que des désillusions dans ce siècle.