Le reporter humaniste Guillebaud et le photographe sensible Depardon sont revenus au Viet Nam en 1992 sur les lieux de la guerre qu’ils avaient « couverte ». L’idée est excellente de mesurer le temps qui passe comme l’éclair en ce lieu majeur de la fin du siècle précédent : une station service a été construite à l’endroit où un ami disparut.
J’attendrai avec curiosité leur production si dans deux ans ils refaisaient le coup de vingt ans après, vingt ans après. Leur vision, encore très marquée par la césure entre deux Viet Nam, s’enrichit en découvrant Hanoi avec émerveillement « une fleur qui s’ouvre », alors qu’il subsistait tout au long de ce retour au pays de la violence déchaînée, une certaine méfiance envers les communistes.
Le touriste y retrouvera de belles impressions « Ce Vietnam de la rivière des Parfums, n’est ni celui, affairé et cynique, de Saigon, ni celui lugubre, de Da Nang, ni celui des rizières, éternel et têtu, ni celui, plus austère, du Nord. Huê, aujourd'hui comme hier, incarne une nonchalance sûre d’elle-même, un orgueil pacifique campé sur un passé impérial que rameute la moindre conversation ».
C’est bien plus qu’un supplément au Lonely Routard. La diversité des angles, l’honnêteté des deux compères rendent ce livre toujours d’actualité et particulièrement juste dans la description du rapport des occidentaux en visite à l’étranger :
« Mais voilà que remontent en nous des sentiments plus ambigus. Il suffit d'un rien. Un groupe de touristes occidentaux passe sur le trottoir, involontairement hideux avec leurs shorts fluos, leurs débardeurs salés de sueur, leurs casquettes et leurs sacoches-bananes sur le ventre. Les voir traquer pesamment le pittoresque dans Hô Chi Minh-ville, s'extasier sur la moindre pouillerie et compter leurs dongs dévalués comme une aubaine, nous replonge illico dans un vieux débat. Rien de telle que cette obscénité arrogante du touriste - cette caricature de soi-même - pour réveiller quelque chose comme un scrupule.
Ne prenons nous pas pour une « couleur locale » ce qui n'est que l'énergie d'un désespoir ? Allons-nous, à notre tour, nous ébahir de découvrir l'autre si de différent et enrubanner d'adjectifs une misère des rues « tellement plus vivante que chez nous » ? La réponse va de soi : il faut peindre avec un petit pinceau.
A Saigon, comme ailleurs, la vérité est faite de plusieurs approximations tenues ensemble, elle est au moins double ou triple, compliquée, ambiguë. … Tous ces gens autour du café Kem Bach Dang, ces commerçants débrouillards, ces gosses infatigables, ces marchandes de soupe, ces « vainqueurs du communisme » sont aussi les habitants d'un pays pauvre parmi les pauvres.
Leur vitalité, c'est une cavale derrière trois sous. »
L’éditorialiste pépère d’aujourd’hui peut se permettre la reprise d’un de ses articles de 72 et passe brillamment l’épreuve redoutable du temps qui va de la passion d’alors à nos désillusions présentes. Ce livre rendu encore plus agréable et fort avec les photos du Raymond du Garet comporte bien des facettes qui le rendent passionnant et émouvant.
vendredi 29 janvier 2010
jeudi 28 janvier 2010
Kuhn Mauricette
L’artiste qui habite à La Buisse exposait récemment chez Jenny Coiffure Place de l’Europe à Voiron. Excellente idée avec le jeu des miroirs qui multipliait les bonnes fesses de ses « pépettes » vues ainsi sous toutes les faces. Ces modelages facétieux plein de santé, sont plus originaux que ses bébés trop réalistes, avec un usage de la couleur qui réveille le genre pourtant familier de la cantatrice bien en chair.
mercredi 27 janvier 2010
J 20. Dalat
Nous avons programmé de prendre notre temps ; cependant réveil à 6h 30, le soleil entre dans la chambre et le ciel ne peut pas être plus bleu.
Nous profitons du buffet copieux de l’hôtel, du salé et du sucré, et partons à pied à la Ga Dalat prendre le petit train à crémaillère qui conduit à la pagode de Linh Phuoc située à 7km au village de Trai Han. A la gare nous attendons assis dans les fauteuils en cuir d’époque puis suivons les manœuvres de la locomotive qui vient d’accrocher des wagons supplémentaires, car le nombre de voyageurs ne cesse de s’accroître. Pour patienter, certains grimpent sur le siège du conducteur d’une autre machine japonaise à l’arrêt définitif sur l’autre quai et se font photographier.
Nous nous faisons prendre aussi en photo et on a l’impression de jouer au petit train, avec les employés qui agitent énergiquement leur drapeau, rouge et jaune. Le chef de gare sanglé dans son uniforme a la casquette un peu avantageuse qui lui tombe parfois sur les yeux et la chaussure défaillante. Moins de vingt minutes plus tard, le train se vide des ses occupants. Nous nous mêlons au tour organisé qui connaît le chemin, afin de ne pas perdre de temps car nous ne disposons que d’une petite demi-heure avant le retour. La pagode est rutilante, flamboyante, churrigueresque. Les dragons munis de longues moustaches arborent des tessons et des morceaux de miroirs éclatants. Les bouddhas sont équipés d’une auréole de plusieurs tubes de néons allumés de couleurs différentes; devant la pagode, un bus vient de libérer toute une colonie de bonzes qui finissent de s’apprêter et d’enfiler une tunique grise. Ce sont des enfants, beaucoup de garçons mais aussi de filles encadrés par des bonzes safran qui en rangs organisés pénètrent dans le sanctuaire pour prier. Un officiant chante et frappe un bol en métal. A côté un petit jardin, devant une sorte de gloriette, la dame céleste pourvue de son auréole en néon coloré avec sur sa gauche un stupa de sept étages, constituent un ensemble assorti. Malheureusement, comme nous le rappelle en français une dame vietnamienne, il faut s’en retourner car le train n’attendra pas.
La proposition d’acheter quelques fruits, rencontre un mol enthousiasme. Mais, pas de chance, le bar de l’hôtel où nous aurions pu consommer n’est pas ouvert, alors nous nous contentons de biscuits achetés en chemin et d’un peu d’eau minérale en attendant une revanche culinaire le soir.
Une petite sieste après, nous retrouvons la voiture en direction du musée de la broderie.Nous pouvons admirer le travail très minutieux des tableaux de soie exposés, choisis pour la virtuosité des petites mains expertes. Mais à part ça, le lieu ne mérite pas les deux « routards » du guide : des restaus, des magasins galeries, dans un lieu se voulant la reproduction d’un village traditionnel. « Cadre superbe » dit « Le Routard »: bof !
Nous reprenons la voiture pour nous éloigner de la ville et nous descendons dans un village Coho. Thien nous conduit à travers champs, à travers choux. Nous visitons l’église, impressionnés par le nombre de bancs qui remplissent l’intérieur et les tabourets empilés sur les côtés, surpris aussi par la présence d’un mât traditionnel avec des pendeloques colorées en bois, utilisés lors de sacrifices. Dans la cour de l’église, tous les gamins du village jouent en groupes plus ou moins grands, certains chahutent dans une classe où le surveillant semble somnoler. Catéchisme ? Nous tirons jusqu’à une maison traditionnelle d’un vieux qui nous invite à visiter pendant qu’il s’occupe plus loin de deux touristes; c’est une réserve de pots d’alcool de riz, quelques outils, des gongs, deux orgues à bouche et des bancs trainent dans la poussière, mais l’endroit ne sert plus d’habitation. Dehors un jeune fulmine tout seul.
Nous finissons la journée par la visite du palais d’été de Bao Daï. Situé en hauteur, il se trouve parmi les pins, son parc aménagé en jardin public d’un côté et en jardin à la française de l’autre. Le bâtiment, en style art déco, date de 1938. Il faut enfiler des chaussons par-dessus les chaussures pour protéger les planchers. Nous passons de pièce en pièce, au rez-de- chaussée, bureau, salle de réception, à l’étage trois chambres pour les cinq enfants, la chambre de la reine, du roi, une pièce familiale avec cheminée où chacun avait sa place déterminée, une pièce plus récréative pour les enfants. Chaque chambre possède le confort et les sanitaires en avance alors sur l’époque, avec de grandes fenêtres ouvertes sur les jardins. Madame reine brodait beaucoup le linge de la maison, son mari avait son sauna. Nous avons à peine le temps d’apercevoir les cuisines car l’heure de la fermeture approche, mais les restes de vaisselle exposés dans les vitrines nous rappellent celles de nos grands-mères. Avant de sortir notre guide discute avec un vieux monsieur, ancien serviteur de Bao Daï et très attaché à la conservation du palais. Nous n’attendrons pas longtemps pour retourner au restau d’hier au soir où nous sommes les seuls clients alors le jeune de l’établissement part en mobylette visiblement acheter ce qui manque. Nous testons le hot pot meat fish and vegetable, sorte de pot au feu sur réchaud. Nous complétons avec des nems le tout arrosé de trois bières. Le dessert ce sera à l’hôtel, au café enfin ouvert, où seuls clients, encore, nous commanderons trois glaces au chocolat, au lait, malheureusement.
Nous profitons du buffet copieux de l’hôtel, du salé et du sucré, et partons à pied à la Ga Dalat prendre le petit train à crémaillère qui conduit à la pagode de Linh Phuoc située à 7km au village de Trai Han. A la gare nous attendons assis dans les fauteuils en cuir d’époque puis suivons les manœuvres de la locomotive qui vient d’accrocher des wagons supplémentaires, car le nombre de voyageurs ne cesse de s’accroître. Pour patienter, certains grimpent sur le siège du conducteur d’une autre machine japonaise à l’arrêt définitif sur l’autre quai et se font photographier.
Nous nous faisons prendre aussi en photo et on a l’impression de jouer au petit train, avec les employés qui agitent énergiquement leur drapeau, rouge et jaune. Le chef de gare sanglé dans son uniforme a la casquette un peu avantageuse qui lui tombe parfois sur les yeux et la chaussure défaillante. Moins de vingt minutes plus tard, le train se vide des ses occupants. Nous nous mêlons au tour organisé qui connaît le chemin, afin de ne pas perdre de temps car nous ne disposons que d’une petite demi-heure avant le retour. La pagode est rutilante, flamboyante, churrigueresque. Les dragons munis de longues moustaches arborent des tessons et des morceaux de miroirs éclatants. Les bouddhas sont équipés d’une auréole de plusieurs tubes de néons allumés de couleurs différentes; devant la pagode, un bus vient de libérer toute une colonie de bonzes qui finissent de s’apprêter et d’enfiler une tunique grise. Ce sont des enfants, beaucoup de garçons mais aussi de filles encadrés par des bonzes safran qui en rangs organisés pénètrent dans le sanctuaire pour prier. Un officiant chante et frappe un bol en métal. A côté un petit jardin, devant une sorte de gloriette, la dame céleste pourvue de son auréole en néon coloré avec sur sa gauche un stupa de sept étages, constituent un ensemble assorti. Malheureusement, comme nous le rappelle en français une dame vietnamienne, il faut s’en retourner car le train n’attendra pas.
La proposition d’acheter quelques fruits, rencontre un mol enthousiasme. Mais, pas de chance, le bar de l’hôtel où nous aurions pu consommer n’est pas ouvert, alors nous nous contentons de biscuits achetés en chemin et d’un peu d’eau minérale en attendant une revanche culinaire le soir.
Une petite sieste après, nous retrouvons la voiture en direction du musée de la broderie.Nous pouvons admirer le travail très minutieux des tableaux de soie exposés, choisis pour la virtuosité des petites mains expertes. Mais à part ça, le lieu ne mérite pas les deux « routards » du guide : des restaus, des magasins galeries, dans un lieu se voulant la reproduction d’un village traditionnel. « Cadre superbe » dit « Le Routard »: bof !
Nous reprenons la voiture pour nous éloigner de la ville et nous descendons dans un village Coho. Thien nous conduit à travers champs, à travers choux. Nous visitons l’église, impressionnés par le nombre de bancs qui remplissent l’intérieur et les tabourets empilés sur les côtés, surpris aussi par la présence d’un mât traditionnel avec des pendeloques colorées en bois, utilisés lors de sacrifices. Dans la cour de l’église, tous les gamins du village jouent en groupes plus ou moins grands, certains chahutent dans une classe où le surveillant semble somnoler. Catéchisme ? Nous tirons jusqu’à une maison traditionnelle d’un vieux qui nous invite à visiter pendant qu’il s’occupe plus loin de deux touristes; c’est une réserve de pots d’alcool de riz, quelques outils, des gongs, deux orgues à bouche et des bancs trainent dans la poussière, mais l’endroit ne sert plus d’habitation. Dehors un jeune fulmine tout seul.
Nous finissons la journée par la visite du palais d’été de Bao Daï. Situé en hauteur, il se trouve parmi les pins, son parc aménagé en jardin public d’un côté et en jardin à la française de l’autre. Le bâtiment, en style art déco, date de 1938. Il faut enfiler des chaussons par-dessus les chaussures pour protéger les planchers. Nous passons de pièce en pièce, au rez-de- chaussée, bureau, salle de réception, à l’étage trois chambres pour les cinq enfants, la chambre de la reine, du roi, une pièce familiale avec cheminée où chacun avait sa place déterminée, une pièce plus récréative pour les enfants. Chaque chambre possède le confort et les sanitaires en avance alors sur l’époque, avec de grandes fenêtres ouvertes sur les jardins. Madame reine brodait beaucoup le linge de la maison, son mari avait son sauna. Nous avons à peine le temps d’apercevoir les cuisines car l’heure de la fermeture approche, mais les restes de vaisselle exposés dans les vitrines nous rappellent celles de nos grands-mères. Avant de sortir notre guide discute avec un vieux monsieur, ancien serviteur de Bao Daï et très attaché à la conservation du palais. Nous n’attendrons pas longtemps pour retourner au restau d’hier au soir où nous sommes les seuls clients alors le jeune de l’établissement part en mobylette visiblement acheter ce qui manque. Nous testons le hot pot meat fish and vegetable, sorte de pot au feu sur réchaud. Nous complétons avec des nems le tout arrosé de trois bières. Le dessert ce sera à l’hôtel, au café enfin ouvert, où seuls clients, encore, nous commanderons trois glaces au chocolat, au lait, malheureusement.
mardi 26 janvier 2010
Bibliothèque de travail
A la faveur de la livraison par un ami d’une pincée de BT des années 50-60, j’évoquerai ce monument de l’école, en me livrant sans retenue à la nostalgie. Pourquoi s’excuser toujours, d’avoir aimé? Les monuments ne sont pas que des constructions épaisses et froides, défiant le temps pour finir en cartes postales, ils peuvent être aussi le résultat d’un travail collectif toujours remis en cause. Les piles de ces brochures depuis le numéro 1 « chariots et carrosses » constituent un beau portique pour des générations d’enfants qui se sont documentées à partir du travail d’autres élèves. « La collection de brochures hebdomadaires pour le travail libre des enfants » comme le précisait cette série au titre peu porteur aujourd’hui en terme marketing avec ce mot « travail » piétiné, éreinté jusqu’aux marches des palais républicains. Comme s’est démodé le terme école « moderne » nom du mouvement poursuivant l’œuvre de Freinet qui commença la collection en 1932. En 2007, PEMF la société qui éditait cet outil était mise en liquidation judiciaire.
C‘est l’esprit des lumières qui animait cet instituteur des Landes produisant une documentation très complète et accessible sur « les dunes de Gascogne », ou ces enquêtes réalisées par des élèves de l’aérium Normandie ( pavillon 15) qui ont abouti au numéro sur « les cités lacustres ». L’encyclopédie à la portée des enfants, tous prioritaires.
« Combien de fois n’as-tu rêvé de faire l’un de ces magnifiques voyage à bord d’un des splendides avions commerciaux modernes ! Sais-tu, cependant que ces vols si agréables sont le fruit de la peine des hommes » ouvre le numéro 105 : « Sur les routes du ciel ». Un autre temps.
L’optimisme quant aux techniques allait aussi pour l’espoir en un monde plus juste : dans ce numéro consacré à un enfant chinois et sa famille en 1960 :
« A l’automne, Tchen Lo-Ming et son frère passaient tout leur temps libre près du grand chantier de construction. Il y a seulement deux ans, l’endroit était inondé et dangereux ; les arbres du bord de la rivière n’ont pas été abattus et les enfants y retrouveront de la verdure »
Une autre planète.
Révisions délicieuses, et aussi des occasions d’apprendre : ainsi les cothurnes en illustration « sont des chaussures de scène pourvues de semelles hautes de 20 à 30 cm.Pour être aperçus du public qui se trouvait très loin de la scène, les acteurs afin d’augmenter leur taille, chaussaient des cothurnes. Cela les obligeait à revêtir de longues robes qui dissimulaient leurs pieds. »
C‘est l’esprit des lumières qui animait cet instituteur des Landes produisant une documentation très complète et accessible sur « les dunes de Gascogne », ou ces enquêtes réalisées par des élèves de l’aérium Normandie ( pavillon 15) qui ont abouti au numéro sur « les cités lacustres ». L’encyclopédie à la portée des enfants, tous prioritaires.
« Combien de fois n’as-tu rêvé de faire l’un de ces magnifiques voyage à bord d’un des splendides avions commerciaux modernes ! Sais-tu, cependant que ces vols si agréables sont le fruit de la peine des hommes » ouvre le numéro 105 : « Sur les routes du ciel ». Un autre temps.
L’optimisme quant aux techniques allait aussi pour l’espoir en un monde plus juste : dans ce numéro consacré à un enfant chinois et sa famille en 1960 :
« A l’automne, Tchen Lo-Ming et son frère passaient tout leur temps libre près du grand chantier de construction. Il y a seulement deux ans, l’endroit était inondé et dangereux ; les arbres du bord de la rivière n’ont pas été abattus et les enfants y retrouveront de la verdure »
Une autre planète.
Révisions délicieuses, et aussi des occasions d’apprendre : ainsi les cothurnes en illustration « sont des chaussures de scène pourvues de semelles hautes de 20 à 30 cm.Pour être aperçus du public qui se trouvait très loin de la scène, les acteurs afin d’augmenter leur taille, chaussaient des cothurnes. Cela les obligeait à revêtir de longues robes qui dissimulaient leurs pieds. »
lundi 25 janvier 2010
Les contes de l'âge d'or
Alors que je n’ai toujours pas pris le temps pour le moindre Avatar, casser les pieds de mon entourage pour aller voir un film roumain confirmait mon snobisme et mon masochisme. Eh bien les quatre séquences qui composent ce film sont délicieuses, pas seulement drôles, mais donnent à espérer en l’homme au milieu de circonstances pas toujours favorables.
Un humour original vient tempérer les désillusions, il peut nous faire voir un magnifique manège à l’ancienne faisant tourner sans fin ses chaises volantes comme une métaphore de l’idée de progrès social qui finit par oublier le moyen de mettre fin au tournis. Et le militant zélé qui veut lutter contre l’analphabétisme, la famille au cochon à faire passer de vie à trépas dans un appartement, le photographe qui truque maladroitement la photo officielle participent à ces moments légers et n’engendrent pour une fois ni cynisme, ni fatalisme, plutôt la bienveillance.
Un humour original vient tempérer les désillusions, il peut nous faire voir un magnifique manège à l’ancienne faisant tourner sans fin ses chaises volantes comme une métaphore de l’idée de progrès social qui finit par oublier le moyen de mettre fin au tournis. Et le militant zélé qui veut lutter contre l’analphabétisme, la famille au cochon à faire passer de vie à trépas dans un appartement, le photographe qui truque maladroitement la photo officielle participent à ces moments légers et n’engendrent pour une fois ni cynisme, ni fatalisme, plutôt la bienveillance.
dimanche 24 janvier 2010
Le retour au désert
Après un moment de perplexité pour s’habituer à l’alternance des dialogues en français et en portugais, surtitrés, les deux heures de la pièce de Koltès passent bien. Et les mots projetés sur les parois amovibles qui limitent les affrontements des comédiens excellents, prennent un relief intéressant. Le parti pris de Catherine Marnas de doubler chaque personnage permet d’aller au-delà de cette violence familiale, de nous interroger sur ce titre « Retour au désert » alors que Mathilde revenue d’Algérie s’incruste dans la maison occupée par son frère.
Où est le désert ? Dans ce moment où se joue la décolonisation,à qui est la maison ? Le bruit des hélicoptères revient vrombir au dessus des spectateurs devant lesquels se joue une comédie, un drame, une pièce parfois onirique, avec des solitudes qui s’affrontent mais où les murs ont beau glisser, ils demeurent, bien hauts.
Où est le désert ? Dans ce moment où se joue la décolonisation,à qui est la maison ? Le bruit des hélicoptères revient vrombir au dessus des spectateurs devant lesquels se joue une comédie, un drame, une pièce parfois onirique, avec des solitudes qui s’affrontent mais où les murs ont beau glisser, ils demeurent, bien hauts.
samedi 23 janvier 2010
La culture européenne nous réunit-elle ?
Qu’il parait lointain le débat organisé par Libé en septembre à Lyon entre Volker Schlöndorff et Frédéric Mitterrand alors tout juste nouveau ministre de la culture qui ne voulait pas être appelé « monsieur le ministre » par Fabienne Pacaud qui distribuait la parole.
A-t-il minaudé ainsi quand son nom a été scandé par les jeunes UMP ?
Cette question concernant la culture est pourtant intéressante au delà des mornes campagnes électorales à l’échelle continentale. Depuis la thématique de ces trois jours en automne qui célébrait les vingt ans de la chute d’un mur de Berlin auquel nous étions adossés, nous pouvons mesurer les dégâts de la captation du terme « identité » par la droite.
Les Besson et autre Sarko salissent tout ce qu’ils touchent et cette Marseillaise qui avait si fière allure à l’accordéon dans un champ de blé d’un Miklós Jancsó n’est plus qu’un objet de la litanie vidée de son sens : « il faut l’apprendre à l’école ». Cela va devenir de plus en plus difficile. Le prof des écoles à Calais pas loin de la jungle doit avoir du mal.
Frédo est toujours un excellent conteur pour évoquer son voyage aux confins de l’Europe à la recherche de la tombe d’un oncle- non pas tonton- un autre. Il était une nouvelle fois hors sujet, mais brillamment.
Cette question fait l’effet d’être à destination de salons. Le sentiment qui transcenderait les frontières se vit plus dans les stades anglais que dans des coproductions ciné aux castings sans flamme ni passion telles une résolution du conseil de l’Europe.
Peut-on parler de budget émotionnel, même si le commerce permet de passer de la culture à la civilisation et que l’identité contrairement à la virginité s’acquiert, elle ne se perd pas ?
Si l’on veut éviter que la mondialisation soit une américanisation, qui pourra éviter à l’Europe de se provincialiser ? Déjà qu’à l’intérieur de nos quartiers, de nos cantons… Cependant le débat se poursuit. Gaucher vient de répondre à Julliard dans les colonnes de Libé pour que la dernière analyse brillante que le chantre de la défunte deuxième gauche vient de fournir, s'envisage dans un cadre européen.
A-t-il minaudé ainsi quand son nom a été scandé par les jeunes UMP ?
Cette question concernant la culture est pourtant intéressante au delà des mornes campagnes électorales à l’échelle continentale. Depuis la thématique de ces trois jours en automne qui célébrait les vingt ans de la chute d’un mur de Berlin auquel nous étions adossés, nous pouvons mesurer les dégâts de la captation du terme « identité » par la droite.
Les Besson et autre Sarko salissent tout ce qu’ils touchent et cette Marseillaise qui avait si fière allure à l’accordéon dans un champ de blé d’un Miklós Jancsó n’est plus qu’un objet de la litanie vidée de son sens : « il faut l’apprendre à l’école ». Cela va devenir de plus en plus difficile. Le prof des écoles à Calais pas loin de la jungle doit avoir du mal.
Frédo est toujours un excellent conteur pour évoquer son voyage aux confins de l’Europe à la recherche de la tombe d’un oncle- non pas tonton- un autre. Il était une nouvelle fois hors sujet, mais brillamment.
Cette question fait l’effet d’être à destination de salons. Le sentiment qui transcenderait les frontières se vit plus dans les stades anglais que dans des coproductions ciné aux castings sans flamme ni passion telles une résolution du conseil de l’Europe.
Peut-on parler de budget émotionnel, même si le commerce permet de passer de la culture à la civilisation et que l’identité contrairement à la virginité s’acquiert, elle ne se perd pas ?
Si l’on veut éviter que la mondialisation soit une américanisation, qui pourra éviter à l’Europe de se provincialiser ? Déjà qu’à l’intérieur de nos quartiers, de nos cantons… Cependant le débat se poursuit. Gaucher vient de répondre à Julliard dans les colonnes de Libé pour que la dernière analyse brillante que le chantre de la défunte deuxième gauche vient de fournir, s'envisage dans un cadre européen.
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