vendredi 27 février 2015

Vocabulaire.

Après avoir revisité récemment quelques grands mots Liberté, Eg… aux rimes en « té » dont la puissance renaissante pouvait consoler des désastres de janvier, la lassitude m’avance son fauteuil au moment où les incantations à la Fraternité semblent encore plus vaines alors que les balles claquent, les feux crépitent, les fuites s’accélèrent.
Boko Haram, Ukraine, Lybie, défis, cynisme, escalade dans l’ignoble.
Nos précautions sémantiques figurent sur la face dérisoire de nos lâchetés, quand justement la pauvreté des mots, la faillite du vocabulaire ont contribué à ensauvager certains de nos compatriotes.
Lorsque quelque sociologue Inrocks, plutôt que de repérer une addition des causes pour expliquer la contagion de la folie qui va de Lunel au Danemark, en arrive quasiment à nier quelque responsabilité aux assassins, le propos est nuisible, la posture qui cherche l’originalité retombe dans la dénonciation mécanique et obsolète : « c’est la faute à la société ».
De la même façon que j’avais été abusé par des beaux parleurs 68 qui prônaient la supériorité de l’oral sur l’écrit, j’avais pensé en début de carrière d’instituteur que le vocabulaire était uniquement une affaire d’imprégnation sans nécessité de systématiser, je m’étais trompé.
Ceux qui ont tellement flatté les tchatcheurs venaient de lieux où l’aplomb était constitutif de leur classe sociale supérieure et ce sont les mêmes vainqueurs qui ne veulent surtout pas de notes, pas de compétition, ils ont leurs réseaux.
Celui qui brille écrase le laborieux. L’écrit qui clignote sur l’écran devient fugace comme le dire, et a oublié souvent l’application pour former un mot, une pensée, comme il convenait  de rédiger dans des lettres attentives.
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Dans "Le Canard" de cette semaine:

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