Le conférencier commence
cette galerie des portraits aux disgrâces infligées par la nature par " Le Portement de Croix » de Jérôme
Bosch. Celui qui va subir le supplice
est apaisé ainsi que Sainte Véronique au milieu d’une foule féroce dont la
violence est assortie à la laideur.
La correspondance des traits du visage liés à un caractère est
élevée au rang de science : la physiognomonie connait quelques succès au
XVII° siècle, au moment où Charles
Lebrun lance les conférences à l’Académie royale de peinture. La tête était
au sommet de la hiérarchie d’un corps dont les mystères reliés aux passions sont
explorés ; les dérives les plus terrifiantes de cette théorie arriveront
jusqu’à notre époque dans les wagons plombés des thèses racistes.
Léonard de Vinci avait recherché avec ses têtes grotesques,
hors normes, la diversité de la création, tout en poursuivant ses études de
rapports de proportion harmonieux.
Le visage très marqué de l’homme âgé de Ghirlandaio, au nez atteint d’une rhinophyma, en face d’un enfant lumineux est transcendé par la douceur des regards, pendant que les traits lourds de Robert de Masmines peint par Robert Campin, né à Valenciennes, le « Maître de Flémalle », annoncent les maîtres flamands.
Les italiens continueront plus longtemps à idéaliser le corps humain, à l’instant où les écoles du Nord traitent vigoureusement de la vérité du corps humain en allant chercher vers les ténèbres, le désordre, l’étrange.
Le visage très marqué de l’homme âgé de Ghirlandaio, au nez atteint d’une rhinophyma, en face d’un enfant lumineux est transcendé par la douceur des regards, pendant que les traits lourds de Robert de Masmines peint par Robert Campin, né à Valenciennes, le « Maître de Flémalle », annoncent les maîtres flamands.
Les italiens continueront plus longtemps à idéaliser le corps humain, à l’instant où les écoles du Nord traitent vigoureusement de la vérité du corps humain en allant chercher vers les ténèbres, le désordre, l’étrange.
L’école allemande dépasse le réalisme au moment de la
vieillesse: le portrait de la mère de Dürer
par son acuité annonce l’expressionisme et Otto Dix n’épargne guère la sèche journaliste Sylvia Von Harden,
jusqu’au pli de ses bas. Le maître de la gravure dans sa représentation du
péché d’avarice a insisté sur le corps dégradé d’une femme aux seins flétris,
« L’affreuse duchesse » de Quentin Metsys qui ne se rend pas compte du ridicule de ne pas accepter son âge. Les décolletés chez Goya sont horrifiques et à la question du miroir : « que tal ? »(comment ça va ?) Le spectateur répond « très mal ». Le temps représenté derrière les deux coquettes va déblayer d’un coup de balai « l’âge d’or » en mousseline.
« L’affreuse duchesse » de Quentin Metsys qui ne se rend pas compte du ridicule de ne pas accepter son âge. Les décolletés chez Goya sont horrifiques et à la question du miroir : « que tal ? »(comment ça va ?) Le spectateur répond « très mal ». Le temps représenté derrière les deux coquettes va déblayer d’un coup de balai « l’âge d’or » en mousseline.
Les hommes ridés, plissés, sont mieux traités: Saint Jérôme
du Caravage est un sage investi
d’une mission. Par contre, « la maturité de la
femme est la marque de l'inflation de sa folie », bien que la Marie Madeleine de
Donatello sanctifiée par les
privations, les souffrances, conserve intactes ses mains en prière alors que
tout son corps est appelé vers le bas.
Les beautés étaient opulentes avec Rubens, et le Ganymède enlevé par un aigle de Rembrandt n’a pas sa perfection mythologique
habituelle : le bébé braillard est obèse.
« Le corps idéal
peut céder la place aux difformités de la nature » tandis que les
nains à la cour d’Espagne sont au côté des princes, ils n’ont pas figure
grotesque pas plus qu’ils ne tiennent un rôle de bouffon, ils sont dignes
d’être représentés seuls, par Vélasquez ou Ribera dont l’enfant au
« pied bot » porte sa béquille à l’épaule et accepte son sort dans un
sourire.
Au moment de la naissance de la médecine aliéniste, Géricault produit une série de tableaux
saisissants avec des monomaniaques des décorations militaires, du jeu, de
l’envie, du vol...
Quand vient la mort, même la vierge chez Le Caravage, est un cadavre qui n’entre ni en
dormition, ni en assomption.
Sardanapale, peint par Delacroix,
au sommet de son bucher entraine ses femmes dans la mort : une
s’abandonne, une se pend, une autre est poignardée. Au premier plan de
« La liberté conduisant le peuple », la mort a frappé à égalité les adversaires des journées
révolutionnaires de 1830.
Dans cette vallée de rides, de souffrances, de mort,
l’absurde permet de réagir :
Comme Michel Ange se représentant dans la peau arrachée de
Saint Christophe dans le jugement dernier, Cranach
a mis sa tête coupée sur le plateau d’Holopherne ou de Salomé et le
Caravage s’est peint en Goliath vaincu ou en Méduse hurlant. Lucien Freud ou Bacon se sont tendu des miroirs impitoyables. L’irlandais qui déclarait « Je crois que l’homme aujourd’hui réalise qu’il est un accident, que
son existence est futile et qu’il a à jouer un jeu insensé. »
fait se télescoper
les représentations du pape Innocent X de Vélasquez et le bœuf écorché
de Rembrandt : son cri est terrifiant.
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