mercredi 2 septembre 2009

« Faire classe ». Fin de cycle.

Je viens de clore en juin la publication sur ce blog de 36 épisodes de mon expérience de maître d’école de 1968 à 2005.
Des préaux solitaires de villages du nord Isère à la périphérie grenobloise.
De la dame de ménage qui me nommait « monsieur » quand j’avais encore mes dix-huit ans, jusqu’à mes élèves qui ne me reconnaissaient plus.
De l’ardoise et son éponge aux écrans de plus en plus démesurés.
De mon patron en pédagogie, au nom de héros de "la guerre du feu" : Ago, qui m’a accueilli fraternellement et épaulé tout au long de mes interminables années de formation,
jusqu’à la collègue qui préparait si bien mes grands dès le CP : Colette.
Nous nous tenions d’aplomb, pouvant nous regarder dans une classe.
De la même façon que j’ai cru en l’écriture comme moyen pour que mes élèves grandissent,
j’ai choisi les mots pour mettre de l’ordre dans ce travail qui a éclairé mes jours.
Je suis très fier de l’avis de Régis Debray qui a eu l’amabilité de répondre à l’envoi de cette somme sur papier :
« Merci, cher monsieur, pour ce « faire classe » qui mériterait de faire école, si l’humour et la nuance y étaient (encore) autorisés. L’autobiographie professionnelle : un genre insolite et nécessaire ».
Comme Thierry Roland après la victoire de l’équipe de France en 98 : « maintenant, je peux mourir tranquille »
En mêlant des remarques pratiques à quelques digressions, j’ai voulu sortir des images trop simplistes qui structurent les débats pédagogiques où de béats innovateurs pourfendent de sinistres regretteurs d’hier et vice versa.
Je ne sais pas voir dans les jargons pédagogiques actuels qui me semblent plus creux que facteur de dynamique, les espoirs d’émancipation que nous portions en nos années ferventes, même si nos nostalgies, nos attaches sentimentales nous éloignent de l’objectivité.
Comment garder un regard neutre pour juger de pratiques qui impliquaient tout notre être ?
D’ailleurs l’impartialité n’est pas loin de l’indifférence, alors que la passion anime !
Croire toujours aux possibilités extraordinaires de l’intelligence enfantine ne doit pas autoriser les petits à devenir tyranniques mais à aller vers les savoirs en dispensant ses éducateurs de toute démagogie distrayante.
Nous mettions alors « l’enfant au centre de nos préoccupations », et pourtant quand les circulaires ministérielles ont posé la formule comme principe nous sommes devenus rétifs.
Il en allait bien sûr d’un salutaire esprit de contradiction quand la société doit pouvoir compter sur des enseignants indociles pour vérifier sa vitalité démocratique mais aussi une prise de conscience d’un dévoiement évident concernant les mots.
Les mises au pas actuelles inquiètent les gardiens de la flamme contestataire et tous les chercheurs de progrès. Le relookage par les managers actuels consterne les chercheurs pragmatiques de ces années passionnées.
Mais mes arguments qui se fortifiaient à l’épreuve du terrain s’assèchent aujourd’hui que je me retrouve côté spectateur.
Je vais transporter mes encriers vers d’autres scènes.
Le mercredi, je mettrais en ligne notre voyage au Viet Nam par petites séquences. Je ne saurai cependant tenir ma langue dans les débats qui concernent l’école ; mes amis savent bien que je ne suis pas prêt à me défaire de mes réflexes, de mes marottes, qui me constituent en instit « for ever ».

1 commentaire:

  1. Je tire mon chapeau, à vous, qui avait su nous introduire à l'Ecole! Même la profane que je suis, a porté de l'intérêt à votre prose...C'est toujours important d'avoir l'avis et l'analyse de l'enseignant que j'ai connu pour mes enfants.
    Merci pour cette saison 1, et je resterai fidèle lectrice de la saison 2 (ici ou ailleurs).
    V.A.

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