jeudi 15 juin 2023

L’art grec : un art à la mesure de l’Homme. Claire Grebille.

Nous devons à la civilisation grecque, mère de l'humanisme, la persistance de la représentation humaine jusqu’à l’époque de l’abstraction, nous rappelle la conférencière devant les amis du musée de Grenoble. Sur l’ « Amphore du Dipylon » dans une scène de prothesis (exposition du corps) les pleureuses se frappent la tête.
Et cela depuis la civilisation
mycénienne 2000 ans av JC, « Masque funéraire mycénien en feuille d'or », avant les «âges obscurs » d’un déclin largement inexpliqué, alors que les égyptiens subsistaient et que la culture grecque persistait dans des cités états jusqu’en Italie du Sud ou à Marseille.
Le plus souvent, la beauté idéalisée des hommes est mise en valeur, en hommage aux dieux.« Entraînement à la palestre », gymnase où la nudité était familière.
La gorgone, Méduse est présentée de face et les héros de profil dans ce « Olpé à figures noires »
Ces formes noires incisées venaient d’une deuxième cuisson des vases après celle qui donnait une couleur rouge.
« Ajax et Achille jouant aux dés »
au lieu de combattre 
renseigne sur la mythologie d’une façon pédagogique
comme la mise en scène de « la mort d’Ajax » qui se suicide sur son épée après un moment de folie où il a pris un troupeau de moutons pour ses ennemis.
Quand « Hypnos et Thanathos soulèvent Sarpédon » lors de la guerre de Troie, 
l’identité des personnages est précisée et le corps magnifié.
« Achille soigne Patrocle »
sur un kylix (coupe à boire)
bien que les soins soient plutôt l’affaire des femmes 
présentes dans le « Gynécée » où sont élevés les enfants (lébès nuptial).
Bien peu de peintures nous sont parvenues à l’exception de la fresque de la tombe de Vergina, 340 av. J.-C. où « Hadès enlève Perséphone »  avec vigueur.
Les influences égyptiennes sont présentes dans « Le kouros dédalique »,  
à la coiffure en trapèze, en rondes bosses,
annonçant les jumeaux « Cléobis et Biton » symbole de la pitié filiale. Ils avaient pris la place des bœufs qui devaient conduire leur mère à Delphes et étaient morts d’épuisement. Autrement dit : arrivée auprès d’Héra « la mère prie la déesse d’accorder à ses fils la plus grande faveur que puisse souhaiter un homme : ils s’endormirent dans le temple pour ne plus se réveiller. » 
Le bronze permet de décoller les bras du corps,
comme « L’aurige de Delphes » au sourire impassible et aux yeux de pâte de verre.
« Le Doryphore » (« Porte-lance ») de Polyclète dont l’original était en métal devint un modèle de proportions pour beaucoup d’élèves : 
compter  trois têtes dans le buste et trois entre le bassin et les pieds.
Un des guerriers ou « bronzes de Riace » adopte la souplesse du « contraposto » 
ou « chiasme » ou « hanchement ».
Le « Dieu du cap Artémision » est il Zeus ou Poséïdon, a-t-il tenu la foudre ou un trident ?
« L’Apoxyomène »
  du Vatican se racle la peau avec un strigile.
« Les caryatides »
au bord du baldaquin
s’intègrent à l’architecture de l'Érechthéion
le plus sacré des temples de l’Acropole, 
financé par le trésor ramené par Périclès, une fois les Perses vaincus.
Les femmes ne sont pas représentées nues, sauf Aphrodite, mais « La victoire de Samothrace » aux draperies plaquées par le vent de l’atterrissage aurait pu participer à un concours de T-shirts mouillés. 
En marbre blanc de Paros, c’est la déesse de la victoire (Nikè) 
dont on retrouve une aile sur les chaussures d’une célèbre marque à la virgule.
La sauvage « Ménade »  compagne de Dyonisos par Scopas est sensuelle.
L’ « Aphrodite de Cnide »  de Praxitèle a été l’objet de pèlerinages, 
dès son installation à Cnide, des hommes se sont laissé enfermer avec elle.
Les copies furent innombrables ainsi la Vénus de Médicis à la galerie des offices.
« La Vénus de Milo »
, du nom de l’île où elle a été découverte, dissimule un socle qui ne l’a pas empêchée de perdre ses deux bras, on dit qu’elle tiendrait la pomme du jugement de Pâris mais d’autres interprétations ont été avancées.
Par contre la « Vénus callipyge » soulevant  son péplos pour admirer ses fesses 
est sans ambigüité.
La « Vénus de Vienne »,  plutôt de Saint Romain en Gal, bien en chair, a beau être un copie romaine, elle a de belles formes qui contreviennent à l’idée habituelle de la beauté grecque, elle n’avait pas les seins bandés, ni des chaussures trop étroites des femmes à la mode. 
« Aucun spectacle de la nature, ni les flammes occidentales, ni la tempête dans les palmiers, ni la foudre, ni le mirage, ni les grands soulèvements des eaux ne semblent dignes d'étonnement à ceux qui ont vu dans leur bras la transfiguration de la femme. » Pierre Louÿs

mercredi 14 juin 2023

Guéret

En voiture, nous roulons loin des hordes touristiques en direction de GUERET.
Une fois sur place, le GPS ne nous mène pas à l’Office du tourisme comme demandé  
ou bien nous ne comprenons pas ses informations.
Aussi posons nous la voiture et continuons à pied.
La voix numérique nous éloigne du centre en nous conduisant vers le Tourisme de la Creuse, il nous faut revenir sur nos pas et, quelle chance, tombons par hasard sur une vraie brocante dans un hangar.
Nous  chinons au milieu du bric à brac tout à fait intéressant, comme son propriétaire.
Remis sur la voie, nous dénichons the Office du tourisme pas loin de la voiture. 
Nous y glanons des infos et des idées pour occuper les jours à venir auprès d’un personnel sympa et disponible.
Nous nous inquiétons ensuite de notre airB&B au dernier étage où les jeunes propriétaires, un couple avec leur bébé Lilirose, terminent le ménage pour notre installation. Nous prenons possession d’un studio traversant, tout neuf,  et dont les 2 Vélux  opposés favorisent une ventilation idéale. Nous nous posons pour ne plus ressortir ; il manque juste un tire bouchon, nous nous rabattrons sur le pineau déjà ouvert. Quant au repas, nous enfournons dans le micro onde des barquettes de paella et de petit salé aux lentilles datant de courses précédentes. Et nous profitons de ce logement confortable.
.... Frais et dispos grâce à une bonne nuit  sous l’effet délicieux de la ventilation des 2 vélux, et après un petit déjeuner  à la maison, nous entamons la journée par la prospection de Guéret. 
Préfecture de la Creuse, la commune comprend pourtant moins d’habitants et parait de taille plus réduite que Voiron, avec un centre-ville et des rues marchandes vite traversées. J’entrevois avec plaisir une bijouterie qui ouvre ses portes et me précipite pour remplacer le papillon perdu d’une de mes boucles d’oreille. La commerçante s’applique à adapter cette pièce manquante à ma créole, en  teste plusieurs, tout en discutant et nous fournissant des informations sur la région qu’elle nous vante bien. Nous les suivrons après notre virée dans la ville.
Pour l’instant, nous voulons profiter du jour du marché sous le soleil pour nous intéresser aux produits vendus. Mais des antivacs qui tiennent un stand conséquent  nous accostent  pour dénoncer les effets secondaires du vaccin à l’origine selon eux de milliers de morts, photos à l’appui, minimisant voire niant les morts provoquées par la Covid. Style babacool, pétard à la bouche, tutoiement de rigueur,  l’un d’eux après qu’il m’ait apostrophée et que je lui ai dit être d’un avis différent, cherche à me provoquer en m’accusant d’être complice et contente des décès dus aux vaccins. Nous ne nous prêtons pas au débat et poursuivons parmi les étals Faut dire qu’ils n’attirent pas beaucoup de détracteurs ou d’adeptes parmi les clients indifférents, sans doute habitués par leurs présences et leurs discours.
De la place Bonnyaud où se trouve le marché traditionnel, 
nous embrayons sur le  tour de ville proposé par l’ODT.
Le circuit nous oriente vers l’hôtel de ville,
 la place Varillas et le théâtre,
 la place Piquerelle,
l’église Saint-Pierre-Saint-Paul 
le Présidial, bâtiment  datant du XVII° ayant servi « d’Hôtel de ville, de palais de justice au présidial (tribunal) et à la sénéchaussée de la Marche jusqu'à la Révolution, ensuite de palais de justice au tribunal et à la cour d'assises de la Creuse jusqu'en 1835 »
- la place du marché,
et la place Louis Lacrocq où nous attend notre véhicule.
Nous garderons de ce viron, l’impression d’une petite ville de province tranquille, un peu hors du temps et pas très animée en ces vacances scolaires.

mardi 13 juin 2023

Sky.doll. Barbucci. Canepa.

Je n’irai pas plus loin que ce premier volume «  La ville jaune » qui ne m’a pas amené à de meilleurs sentiments vis-à-vis de la science-fiction.
Certes une ambiance spatiale est créé où les jeunes filles filiformes aux seins rebondis ont parfois des oreilles animales et longue queue mais les couleurs froides, l’inflation de mots absolus, ne contribuent pas à faire apprécier un message vaguement humaniste.
Dieu est mort depuis longtemps dans nos contrées occidentales mais les substituts même bien dessinés n’ont pas fait de progrès depuis le manichéisme et les divinités usant pourtant d’effets spéciaux nous laissent de marbre.
Pourtant peu familier du genre, j’ai l’impression de retrouver toujours les mêmes stéréotypes avec poupée qui se met à penser sur fond de critique conventionnelle de la religion et de la société du spectacle. Le scénario insipide n’est même pas réveillé par les couleurs métalliques qui inondent les 45 pages éteignant toute prétention érotique ou esthétique. 

lundi 12 juin 2023

Wahou! Bruno Podalydès.

Deux agents, pardon, conseillers immobiliers, essayent de vendre du neuf et de l'ancien. Acheteurs et vendeurs se croisent et des destins s'envisagent.
Ce serait exagérer de reprendre le titre « Wahou » pour donner son avis sur ce film qui respecte jusque dans sa durée d’une heure et demie, le genre film comique français et sa farandole d’acteurs d’expérience : Karin Viard, Sabine Azéma, Agnès Jaoui, Bruno Podalydès, Denis Podalydès, Nino Podalydès, Jean  Podalydès, Eddy Mitchell…
L'interjection devenue banale comme un émoticône marque l'enthousiasme en des nuances variées. Sa brièveté sommaire est attendue de la part des clients dans un milieu qui abuse d’une phraséologie à « fort potentiel » ridicule avec placard devenu « dressing parental » et jardin « piscinable » bien que le train passe au bord d’un « bien d’exception ».
Nous pouvons apprécier ce moment de nonchalance teinté de mélancolie quand est rappelée l’idée que nous sommes tous locataires, même les propriétaires provisoirement d'ici bas.
Qui a dit que « le triangle d'or de Bougival » n’existait pas ? 
La réponse charmante conclut une séquence rigolote.

dimanche 11 juin 2023

Hip Hop opening. Saïdo Lehlouh Bouside Ait Atmane.

Les dix danseurs n’ont pas besoin d'affichage métaphysique, ni de noms prestigieux sur lesquels s’adosser pour proposer une heure de pur plaisir, de mouvements intenses et variés, accordés aux musiques du DJ de l’établissement de nuit qui les anime.
Au bout d’une heure quand le rideau se ferme, on a l’impression que cette énergie ne peut s’éteindre. 
On est dispensé d’un final car chaque séquence puissante aurait pu être  la dernière. 
Chaque spectacle dans un même lieu appelle des comparaisons toutes en faveur de cette troupe qui réussit à harmoniser les performances individuelles avec le collectif. 
Les bruits de beat box, la musique techno s’accordent finement aux torsions des artistes dans leurs costumes fluides, dont l’un d’entre eux danse aussi bien qu’il chante et c’est époustouflant.

samedi 10 juin 2023

L’homme qui voulait vivre sa vie. Douglas Kennedy.

Pour lire sa propre chronique nécrologique, il convient de s’appliquer.
« C’est là que j’ai craqué. J’ai cogné Gary. Avec la bouteille de Cloudy-bay. Je lui ai assené un coup terrible sur le côté du crâne. La bouteille s’est cassée en deux. Assommé, Gary a vacillé, s’est écarté en titubant. A ce moment, un nouvel accès de rage m’a pris. Soudain, j’ai découvert que le goulot brisé, que j’avais gardé entre mes doigts, était enfoncé dans sa nuque. »
Le narrateur est un assassin qui se doit de mettre des gants, et nous le suivons dans sa nouvelle vie en espérant qu’il réussisse, mais pas trop car il risquerait d’être découvert.
Ça c’est du roman ! Roman de la fuite, de la renaissance et toujours de la culpabilité, minutieusement agencé et en même temps libre, fluide avec des moments intéressants de pause qui donnent à voir autour de la photographie et des portraits de personnages secondaires savoureux. 
«  …ne pas avoir à reconnaître qu'on ne fait que passer sur cette terre, qu'on la quittera bientôt sans autres biens que les habits dont sera revêtu notre cadavre. » 
l’écrivain bonhomme nous embarque de la côte Est à l’Ouest des Etats-Unis dans les habits d’un avocat de Wall Street jusqu’à une cabane en rondins au fin fond du Nevada, dans les bras de plusieurs femmes d’avant le pêché Mitou, en voiture d’avant les ZFE. 
«… ce coin des Rocheuses dégageait une atmosphère de mélancolie, comme si les sommets eux-mêmes se sentaient écrasés par l'immensité de la terre et du ciel. Un pays esseulé, qui renforçait l'impression d'avoir atteint un univers à la géographie incommensurable, où les termes de limite, de frontière, n'avaient plus de sens. »

vendredi 9 juin 2023

Aujourd'hui nous accompagnons à sa dernière demeure, 
Geneviève Conte, la sœur jumelle de ma femme.