jeudi 24 novembre 2022

Les mousquetaires de Montparnasse. Christian Loubet.

Ils étaient bien plus de quatre à avoir déménagé de Montmartre à Montparnasse, constituant « L’école de Paris» entre 1906 et 1930. Modigliani, Pascin, Kisling, Soutine, tous les quatre juifs, étaient le noyau d’un groupe où Chagall le biélorusse eut ses entrées ainsi que le catalan Picasso
https://blog-de-guy.blogspot.com/2014/01/lecole-de-paris-les-artistes-venus-de.html
Le conférencier devant les amis du musée de Grenoble nous rappelle leurs parcours sous un « Nu couché de dos » de Modigliani (1884 -1919).
- « Autoportrait » 
L’Italien avait commencé comme sculpteur influencé par 
Brancusi, « Princesse X  », mais il ne poursuivit pas dans cette voie à cause d’une santé fragile, il meurt à 35 ans.
Le « Portrait de Beatrice Hastings » avec laquelle il a vécu deux ans, 
est découpé comme une sculpture.
Jeanne Hébuterne avait « Les yeux bleus »
devenue son modèle après avoir été celui de Foujita, elle l'a suivi dans la mort.
Pour la « Noire au turban rouge », la gamme chromatique est chaleureuse et rigoureux le graphisme. Une exposition de nus en 1916 avait entrainé l’intervention de la police et une belle publicité.
En 2017, Facebook et des journaux américains ont flouté un « Nu couché » qui venait de se vendre 150 millions $.
Modigliani a réalisé le portrait de « Soutine » (1893- 1943), son ami venu de Lituanie et pourtant si différent,
comme il le met en évidence dans un « Autoportrait » angoissé, tuméfié, 
travaillé dans l’épaisseur de la peinture,
https://blog-de-guy.blogspot.com/2022/02/chaim-soutine-marie-ozerova.html
« Le Bœuf écorché »
au musée de Grenoble rappelle Rembrandt et un épisode marquant de l'adolescence de Soutine où ayant transgressé la loi juive de la représentation des images, il avait été frappé par un boucher puis enfermé dans la chambre froide.
« Paysage à l'âne rouge »
aux formes tourmentées affirme dans ses ondoiements un  
« expressionnisme bigarré ».
La force du « Petit Pâtissier » a saisi un marchand d’art qui lui a acheté 30 toiles d’un coup.
- Kisling (1891-1953) le Polonais devenu français après avoir été blessé, portraituré par Modigliani, s’était engagé dans la légion en 1915.
Apprécié de tous, il va initier « Michèle Morgan » à la peinture lors d’un séjour à New-York où il avait fui les nazis. Il  avait multiplié les nus aux effets postimpressionnistes.
« Arletty »,
« Kiki de Montparnasse »
.
Loin des véhémences de Soutine, « La route de Bandol à Sanary » est calme et lumineuse.
- Pascin (1885-1930) venait de Bulgarie où à 16 ans il vivait avec la tenancière d’un bordel. 
Avec ses tons pastels, nacrés, 
il a cherché du côté impressionniste « Lucy avec une fourrure »
et cubiste «  Hermine au chapeau ».
La vaporeuse « Manolita » a la mélancolie expressionniste.
« 
Femme allongée avec le bras levé » 
« Pourquoi une femme est-elle considérée comme moins obscène de dos que de face, pourquoi une paire de seins, un nombril, un pubis sont-ils de nos jours encore considérés comme impudiques, d’où vient cette censure, cette hypocrisie ? De la religion ? »
« Autoportrait avec un modèle »
.
Lucy le trouvera suicidé dans son atelier. « Adieu Lucy »  écrit avec son sang.
« Pascin était un très bon peintre et il était ivre, constamment, délibérément ivre, 
et à bon escient.» Hemingway
Le jour de l’enterrement du « Prince de Montparnasse » des galeries ont fermé.
C’est la fin des années folles.
 

mercredi 23 novembre 2022

Nantes # 4

Nous pénétrons dans le musée parmi les premiers visiteurs, à dix heures, l’heure dite.
Durée envisagée : pas moins de 3 heures !
Et à condition de ne pas consulter tous les écrans interactifs, de ne pas regarder tous les films et de ne pas lire toutes les plaquettes…
La muséographie s’avère agréable et soignée.
La déambulation dans le château oblige à des montées et des descentes, nous passons d’une aile à l’autre, cheminons de bas en haut, et vivons la complexité d’un endroit remanié plusieurs fois à des périodes différentes.
Aucune pièce ne conserve les décors, les meubles d’antan voire sa fonction. Les expositions visent à raconter au travers des objets retrouvés l’histoire chronologique de Nantes.
Il est question d’Anne de Bretagne (on commence à la connaitre), du commerce maritime essentiellement triangulaire et des traversées directes, des bateaux 3 mâts. 
La période de la terreur fut particulièrement meurtière, marquée par les exécutions, l’échafaud, les fusillades,
ou quand ces moyens manquaient de rapidité, par noyades organisées dans des bateaux percés.
Après cette période marquante, l’industrialisation, les chantiers navals, la 1ère puis la 2ème guerre mondiale boostent ou bousculent la vie de la ville.
Pour aborder la période suivant 1945, un film relate les évènements politiques, et l'évolution de Nantes grâce au raccordement des îles, leur exploitation immobilière, artisanale et artistique.
"Tournée vers l’avenir, Nantes est dynamique, Nantes est attractive."
Nous récupérons la voiture pour changer de quartier, nous confions notre véhicule à un autre parking disponible sur l’île de Nantes.
Tout d’abord, nous trouvons, malgré l’heure (14h) une place au « Café de la branche » bien plein, avec un personnel actif où nous commandons du thon cru à l’intérieur et cuit à l’extérieur servi avec du riz, du vin blanc ou une bière. Ça pulse ! C’est rapide, efficace et bon.
Nous n’avons qu’à traverser la place pour entrer dans les ateliers des Machines de l’île.
« Les machines de l’île, un projet artistique totalement inédit : né de l’imagination de François Delarozière et Pierre Orefice (tous deux un moment dans la troupe de Royal de Luxe), il se situe à la croisée des mondes inventés de Jules Verne, de l’univers mécanique de Léonard de Vinci et de l’histoire industrielle de Nantes, sur le site exceptionnel des anciens chantiers navals »
Ils œuvrent actuellement à la future réalisation de « l’arbre aux hérons ».
Certaines maquettes d’automates au 1/5 déjà fabriquées fonctionnent sous les manettes de marionnettistes pros ou amateurs choisis parmi le public ;  devant nous  s’ébranlent successivement : une araignée, un caméléon, un paresseux, des fourmis, une chenille, 2 colibris différents, des oiseaux de paradis en couple, un héron affublé de 2 nacelles.
Beaucoup de végétaux encadrent les machines et humanisent, « tropicalisent » les anciens hangars. D’une galerie aménagée, nous plongeons  directement sur les ateliers de fabrication ;  soudeurs, ferronnier, mécaniciens menuisiers, peintres, designer concepteur, et bien d’autres se partagent l’espace au milieu d’un bric à brac caché sous des bâches. Une petite salle implantée sur la galerie diffuse un film remontant à la genèse du projet.
Nous n’irons pas jusqu’au « Carrousel des mondes marins » visible des coursives des ateliers ni promener à dos du « grand éléphant » trop chronophage pour nos projets.