Il y a vingt
ans, Chevènement avait l’intention de faire « turbuler » le système,
ça branle encore. Non seulement
les étiquettes politiques ont valsé, et le mot « système » est devenu
tellement général que tout le monde l’emploie pour le désigner comme l’ennemi
vers lequel on adresse pourtant toutes les requêtes.
Le mot
essentialisation qui visait à dénoncer la réduction d’un individu, d’un concept,
à une seule de ses dimensions est
devenu moins fréquent, et les tendances à la simplification empirent.
L’extrême
droite est dédiabolisée et le Président devient l’incarnation du diable,
affublé du terme infamant de « néolibéral », bien que l’état soit
intervenu massivement avec le « quoi qu’il en coûte ! »
Depuis mon
emplacement capitonné, je vois se ternir encore le mot de politique qui jadis
valait aux grands hommes la reconnaissance de la République ; Julien
Bayou (qui est-ce ?) et Olivier Faure( c’est qui ?) n’avaient pas l’ombre d’une âme à
négocier en échange d’un plat de lentilles bio. Ils en ont oublié toute
circonspection pour une circonscription. Fruits d’une classe politique
déconsidérée, ils aggravent la défiance envers les politiques, quand ce n’est
pas le maire de Grenoble, en apnée, qui ramène le burkini.
Les
contempteurs de la constitution regrettent la personnalisation des fonctions
alors que ne cessent les critiques de forme, les attaques intimes, flattant les
ressentiments, suscitant les malveillances, substituant les postures, aux
propositions.
Les
commentateurs ne distinguent plus élections présidentielles et législatives. Le
résultat des européennes avaient été différents des municipales et pour
justifier davantage de proportionnelle certains rabattent abusivement les
résultats d’avril sur ceux à venir en juin.
J’avais cru
comprendre avec l’amenuisement du cumul des mandats que les députés allaient se
consacrer essentiellement à l’élaboration de la loi. Alors que les écrans
s’interposent entre citoyens et élus et que le respect se perd, les demandes
d’assistance sociale se font plus insistantes, induisant quelques facilités clientélistes.
Le populisme, la démagogie qui découlent de cette proximité figurent d’une
façon tellement apparente que plus grand monde ne veut plus les voir. La
conviction de Roussel concernant les centrales nucléaires a duré une semaine.
Les
arrangements d’appareils ne se camouflent même plus sous des valeurs et c’est
bien ! Cela devrait tarir toute leçon qui évoquerait le mot trahison. Peut on imaginer des politiques pragmatiques, transparents, indifférents au tempo médiatique, ils partageraient
la souplesse macronienne, sa hardiesse? Quant au courage ce n’est pas dans leur
logiciel. Les identités se dissolvent dans les sueurs des défaites jamais
reconnues, mais ce « sauve qui peut » pour quelques investitures
accrédite l’idée détestable du « tous à la soupe! ». Quand on a joué du
signe égal entre Le Pen et Macron, il ne faudra pas s’étonner qu’après les bras
tombés, il ne reste plus aux anciens croyants que des yeux pour pleurer.
En me
positionnant ainsi dès le début de la semaine et sans avoir eu connaissance d’un
argumentaire quelconque désigné désormais sous le terme « éléments de
langage », je ne peux dire que le sort de la gauche me soit définitivement
devenu indifférent.
LREM ferait mieux de
travailler ses alliances que de commenter celles des autres et laisser venir à eux
ceux qui ne sont pas dans le déni des crises énergétiques et
civilisationnelles, nucléaire et défense de l’Europe.
« Je
m’inquiète quand je vois le populisme en Europe progresser, l’extrémisme et la
contestation de ce qui est le fondement même de la République. » François
Hollande.