jeudi 24 mars 2022

Musée Champollion à Vif.

Dans le « domaine des Ombrages »  propriété des Champollion,
au bout de la rue Champollion où le déchiffreur des hiéroglyphes,
trouvait un calme propice à ses recherches,
une mise en scène muséale dynamique conserve l’esprit de la maison de maître et nous impressionne en nous faisant part du cheminement de Jean-François bien aidé par son frère aîné Jacques-Joseph dont je ne mesurais pas tout l’apport.
A 11 ans le lecteur de la pierre de Rosette parlait déjà l’hébreu. 
Ce n’est qu’un début avant l’étude de l’écriture de grammaires saïdique ou memphitique et de la langue copte, dont l'une est réservée au commerce, et une autre aux liturgies, la hiéroglyphique pour les monuments et la sacerdotale pour les prêtres.
Le déchiffrement des hiéroglyphes effectué à Londres, vient après une mission franco-toscane et l'expédition décisive de Bonaparte en Égypte.
A la direction du Musée Charles X, il devient le père de l’Egyptologie qui depuis passionne les français.
Pour être résolument moderne, le fléchage de la maison familiale dans la ville n’est pas explicite,mais le GPS devrait y pourvoir et dans la maison la luminosité peu intense ne favorise pas la lecture des cartels.

Sinon en janvier, les fleurs d’oranger embaument et ce n’est pas du spray.
Sous des plafonds bas, sur trois niveaux,  l’équilibre est parfait entre une documentation bien mise en valeur et des respirations à base de maquettes, films, dioramas… avec des objets magnifiques bien choisis pour ne pas nous ensevelir.
Au temps des Champollion, la vie intellectuelle à Grenoble est intense. 
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Dans le fond d’Archives des frères Champollion. Karine Madrigal. 
La conférencière devant les amis du musée de Grenoble confirme que le déchiffrement des hiéroglyphes et ce qui en suivit fut une affaire de famille : le fils Aimé-Louis fils de Jacques-Joseph Champollion Figeac, élève de l’école des chartes école des archivistes, a recensé 12 000 documents réunis en 60 volumes, des correspondances, pas seulement des deux frères mais avec 1500 personnes.
Celui-ci envoyé depuis Figeac à Grenoble pour aider au commerce un cousin est davantage intéressé par ses relations avec
Honoré-Hugues Berriat 
futur maire de la ville dont il épouse la sœur Zoé et
Joseph Fourrier le préfet ancien membre de l’expédition de Bonaparte. 
Jean-François étudie au lycée Stendhal qu’il vit comme « une prison » où il fait la connaissance de Louis Vicat inventeur du ciment artificiel.
Il suit les cours du botaniste Dominique Villars et de Raphaël de Monachis, le barbu peint par David, un moine copte qui lui communiquera une synthèse des travaux de recherche à propos des langues orientales qui le passionnent. Dans ces années 1810, il inventorie les objets de la bibliothèque publique et en particulier le cabinet des antiques, il y met au bain marie un vase canope et démaillote une momie.
C’est dans une « Lettre à M. Dacier » secrétaire perpétuel de l'Académie des Inscriptions et Belles Lettres, qu’il décrit sa découverte dont c’est le bicentenaire : « Je tiens mon affaire ».
Les correspondances s’établissent avec Aubin Louis Millin de Grandmaison, helléniste,
avec François Artaud directeur du musée des beaux-arts de Lyon,
et l’abbé Gazzera à Turin, haut lieu de l’égyptologie. Il passe plusieurs mois parmi la collection du consul Drovetti, pilleur officiel comme son rival anglais Salt, dont une collection est achetée par la France après des interventions auprès de proches du roi. Il est des épisodes cocasses comme lorsqu’il met en évidence les supercheries d’un correspondant qui s’attribue des découvertes qui ne sont pas de lui. En 1832, Jean François décède 10 ans après le déchiffrement des hiéroglyphes à l’âge de 42 ans.
Jacques Joseph continue à pérenniser l’œuvre du jeune frère, et contacte une nouvelle génération d'égyptologues.
Émile Prisse d'Avennes éminent archéologue considère que là où passe Lepsius, l
e père d’une école à Berlin des plus reconnues dans le déchiffrement, il ne reste plus rien.
Mais lui devant le pillage des monuments démonte subrepticement la galerie des ancêtres à Karnak pour la sauver.
En attendant la mise en eau du bateau devant transporter  l’obélisque de Louxor vers la place de la Concorde, il y a deux cents ans, un sarcophage est chargé, il se retrouvera au British Muséum.  
En 1922, est découvert Le tombeau de Toutânkhamon.
 
Ces lettres, ces échanges avec des musicologues, des sinologues, de Grenoble à Baltimore, entre sciences humaines et sciences dures, permettent des avancées qui portent au-delà de découvertes décisives, sur des enrichissement méthodologiques de tous. Et ils sont bien dignes des « Lumières », ces savants qui se sont investis également dans la mise en place d’écoles d’enseignement mutuel. 

mercredi 23 mars 2022

Strasbourg #1

nous disposons de plus de temps pour  gagner  STRASBOURG, dans une circulation qui se densifie à l’approche de l’agglomération.
Nous abordons la ville par le Nord.
Une fois  rue de la Courtine, nous hésitons à nous embringuer dans la rue pavée d’apparence piétonne, par chance, une place vacante de parking nous tire d’embarras.
Nous finissons les 300 mètres à pied parmi des vélos débouchant sans crier gare.
Nous dénichons l’Office du tourisme et glanons des prospectus sur les attraits de la ville.
L’employé nous informe de la gratuité  exceptionnelle des musées en juillet, 
et nous donne les  renseignements concernant  le spectacle du son et lumière.
Nous pouvons maintenant flâner à notre gré pour une première imprégnation de la cité,
sous un ciel bleu et de belles lumières : 
nous passons par les petites rues,
immanquablement nous tombons face à la cathédrale dont la légende raconte que les coups du vent qui la cernent seraient les manifestations du diable tentant de rentrer. 
Nous poursuivons vers le pont du corbeau.
Nous observons les toitures des maisons trouées de fenêtres sur plusieurs niveaux.
Une petite brocante s’est installée juste avant la rivière l’Ill.
Le Pont du Corbeau doit son nom, non pas à l’oiseau ni au délateur mais à l’homme, le Corb,  chargé de récupérer les cadavres au moyen âge : 
« Il lui fallait sortir, trainer, et tirer les cadavres le crochet lui permettait de ne pas les approcher de trop près, il croche dans le mort avec son ‘croc’ d’où le surnom de ‘corbeau’ »  
« La première mention du pont du Corbeau apparaît en 1308 sous le nom de « Pont des Supplices ». Ce n’était alors qu’une passerelle en bois où se déroulaient d’horribles tortures et condamnations à mort. Parricides, infanticides, voleurs ou encore les femmes infidèles étaient jetés dans l’Ill… Une loi de 1411 oblige les condamnés à mort à être jetés à l’eau depuis ce pont, empaquetés dans un sac en lin cousu. À partir de 1466, le pont est aussi un lieu d'humiliations où l'on châtie les malfaiteurs : les voleurs et les pilleurs de jardins sont enfermés dans une cage sise sur ce pont et exposés aux moqueries des passants avant d’être jetés dans l’Ill d’où ils doivent regagner la rive à la nage.
Près de ce lieu chargé d’histoires cruelles nous nous attablons pour étancher notre soif.
Mais avant d’être servis nous nous replions fissa fissa à l’intérieur pour échapper aux bourrasques et à la pluie subitement débarquées.
Le temps de finir notre consommation, et  la météo se calme ;   
nous pouvons marcher jusqu’à la voiture.
Nous nous dirigeons vers  le quartier de la rotonde au nord-ouest et patientons avant notre rencontre avec notre logeur de Air B&B un sympathique maghrébin, chauffeur de VTC actif, rigolo, bavard, enclin à la bonne humeur.
Il nous raconte ses déboires avec les artisans chargés de construire sa maison, ses activités  diverses professionnelles. En Strasbourgeois convaincu et chauvin, il dénigre les Mulhousiens : on assiste une fois de plus à cette querelle fréquente entre les gens du Sud et les gens du Nord, vérifiable en France comme en Italie, partout. 
 
Nous apprécions la vue depuis la galerie au 6ème étage qui donne accès à notre studio. 
 
Nous gitons près du quartier Cronenbourg ; l’entreprise de bière a transformé  le C en K dans l’intention de laisser croire à une production germanique, et profiter de la réputation fameuse des allemands dans ce domaine.