lundi 27 janvier 2014

Mère et fils. Calin Peter Netze.


Mère protectrice, police corrompue : ces sujets ont été déjà été abordés. Mais la tension entre mère et fils est racontée ici dans une forme renouvelée servie par une actrice omniprésente : Luminita Georghiu. Les rapports violents et les différences de classe évidentes sont traités subtilement. J’ai retenu quelques scènes remarquables entre la bourgeoise et sa femme de ménage, sa belle fille,  avec un plan final qui emporte le morceau.
Le mensonge à soi même est un poison et les mots, des leurres qui disent une bonne volonté mais demeurent impuissants devant les actes commandés ou interdits par des liens noués tellement forts depuis tellement longtemps.
En choisissant d’aller voir un film roumain (http://blog-de-guy.blogspot.fr/2010/12/mardi-apres-noel-radu-montean.html) le risque existe de passer pour un snob, surtout si le dernier parisien ne vous a pas convaincu, mais pour ce que j’en connais, les dialogues sont efficaces, les sujets puissants et habilement troussés, la caméra prenante, les acteurs excellents, l’émotion au rendez-vous, avec un arrière plan social intéressant.

dimanche 26 janvier 2014

Stéphane Grappelli. Antoine Hervé.


Pour sa leçon de Jazz de cette saison 2014, Hervé, le pédagogue pianiste virtuose est venu avec Sébastien Guillaume au violon, car il s’agissait d’honorer le père des violonistes de jazz.
Un moment agréable même si l’ardeur du maître de cérémonie le conduit parfois à tirer un peu la couverture à lui, mais c’est vraiment du travail de pro alliant une didactique joviale pleine d’humour, aux jubilations du jazz, « à consommer sur place » comme disait Sartre.
Stéphane Grappelli fils de marquis italien a gardé toute sa vie une certaine élégance.
Ayant perdu sa mère très tôt, il vécut six mois décisifs à l’école de danse d’Isadora Duncan où il s’enthousiasma pour le langage impressionniste de Debussy et Ravel. Mais très tôt comme Piaf il doit se produire dans les cours d’immeubles avec son violon, puis au piano pour accompagner des films muets. Aux alentours des années 30, il rencontre Django Reinhard (http://blog-de-guy.blogspot.fr/2013/02/jeangot-1-renard-manouche-joann-sfar.html)dans l’orchestre du club la Croix du Sud, puis fonde avec lui le Quintette du Hot Club de France.
Il reste pendant la seconde guerre en Angleterre où il est apprécié, et quand les deux complices aux relations orageuses se retrouvent, ils enregistrent « Echoes of France » cette Marseillaise qui swingue qu’Hervé a mentionnée mais pas jouée.
Par contre il a ont ouvert le concert avec son complice en interprétant « Les feuilles mortes » de Kosma puis « Belleville », « Evelyne » , « Piccadilly stomp » et « Nuages »… au rappel comme je l’attendais, la musique du film Lacombe Lucien dont le titre est « Minor swing ».
Sur les musiques noires qui venaient d’un nouveau monde « speedé », les compères  apportèrent des tonalités manouches avec leurs cordes qui suppléent la batterie à s’en péter les crins. L’accentuation sur les temps 1 et 3 des européens nous fait repérer facilement aux states où les mains claquent sur 2 et 4.
Sa collaboration n’a pas été exclusive avec le guitariste gitan, il a travaillé avec Oscar Peterson, Petrucciani, Menuhin et même les Pink Floyd, toujours « classe ».  
C’est lui qui a composé la musique du film les « Valseuses »http://blog-de-guy.blogspot.fr/2013/06/schnock-n7-ete-13.html où Depardieu disait :
« On n'est pas bien là ? Paisible ? À la fraîche ? Décontracté du gland… »
Il est mort en 1997 à 89 ans

samedi 25 janvier 2014

Trois poèmes en patois grenoblois du XVI° siècle. Laurent de Briançon.


Je ne m’attendais pas à trouver autant d’échos à l’actualité dans cette brochure éditée par le centre alpin et rhodanien d’ethnologie dont la moitié des pages est en franco-provençal, le patois que je ne sais prononcer, mais qui m’a valu le prêt de cet ouvrage pour avoir évoqué lors de lecture en maison de retraite, quelques expressions locales tirées de l’Almanach du vieux dauphinois.  
Ces poèmes bien troussés sont traduits par Gaston Thuaillon.
Ils célèbrent la liberté des femmes, tout en ne manquant pas d’être paillards :
« …  dans la nature, il serait plus facile
De retenir le vent de tempête ou l’eau dans une grille
Que de pouvoir retenir les gens
De goûter un si bon et si grand plaisir
D’elle-même la nature exige toujours accouplement
Et ne peut supporter qu’une ouverture
Reste vide et privée de bouchon. »
Briançon, consul de Grenoble, auteur de ces alexandrins n’a rien à voir avec le chef lieu des Hautes Alpes, il n’a pas sa langue dans la poche même quand il va à Blois pour de états généraux et qu’il dresse un vert portrait de la cour :
« Monsieur » est, pendant ce temps, renversé sur un siège
Plus fier que n’est un porc dans un champ de raves, »
Avec verve, il dénonce les rigueurs calvinistes dans Lo Batifel de la Gisen « le bavardage chez l’accouchée », et dans Lo Banquet de le Faye « le banquet des fées » il met en scène au col de Vence, bien avant « La Vence scène », cent petites fées-ministes dont la Fleurie arrivée en retard  
« était si aguichante, si vive
Qu’un roi se flatterait d’avoir fait une très bonne affaire,
S’il pouvait  l’avoir tout à son aise, un soir, dans ses bras. »
Elles imaginent mille tourments pour un mari violent :
« aux poils hérissés comme les poils du cul d’un verrat en colère »
Avec ce qu’il convient de notes pour situer et préciser ces mots qui ont traversé le temps, nous passons un bon moment.
« Adonque et fut iour, & lo polet chantit.
Alors ce fut le jour et le coq chanta. »

vendredi 24 janvier 2014

Islam, phobie, culpabilité. Daniel Sibony.


« Ne tuez pas l’homme que Dieu a sacré » ainsi dit le Coran, donc ceux qui tuent au nom d’Allah n’auraient rien à voir avec la parole divine, quoique il est précisé : sauf « pour une cause juste », alors ?
Il y a place pour le débat. La parole vient enrichir l’écrit, depuis Moïse qui entendait ce qui se disait dans une école où s’étudiait la Torah et ne reconnaissait pas ses  propres paroles. L’humour est vital.
 A la villa Gillet, Daniel Sibony présentait son 37° livre « Islam, phobie, culpabilité » à l’invitation du cercle de la pensée juive libérale de Lyon. Le philosophe généraliste complète agréablement le psychanalyste, qu’il est par ailleurs, apportant des témoignages vécus, ainsi  avec ce patient : « maintenant que vous m’avez débarrassé de mes peurs, j’ai drôlement peur ».
 A la fois poète et mathématicien, parlant plusieurs langues,  il me charme quand il rapproche « texture » de « texte », ainsi j’ai aimé le tricotage de paradoxes, de contradictions qui font la richesse de nos démocraties.
La concurrence entre religions existe depuis toujours mais il se trouve à présent que même l’ordre de leur apparition chronologique est contesté. 
« M’dame, Jésus est musulman ». Des professeurs ont du mal à faire comprendre la différence entre vérité historique et croyance. Et combien culpabilisent ? Dans la relation sado/maso, c’est le maso qui a le pouvoir, comment sortir de la perversité ?
Sommes-nous condamnés à l’enfermement narcissique qui nous installe en surplomb ? « L’autre peut-il être détenteur de ma vérité ? »
Quelques éléments ont  été apportés lors de l’entretien, une lecture attentive du livre de Sibony sera nécessaire.
Le silence finit par crier, mais les non-dits ont fait du mal.
Les premiers de la classe (juifs) que « Dieu aime tellement qu’il leur donne des coups », se retrouvent face à ceux qui ne peuvent admettre de contradictions puisque la parole est celle d’un Dieu, incontestable. La religion musulmane globalisante, sans ambivalence, dénonce les mécréants avec fureur. Les convertis les plus récents qui ont trouvé un cadre identitaire solide sont les plus virulents. Cette force née de l’indiscutable est aussi sa faiblesse parce qu’elle exclut tout débat.
Même si les fidèles ne sont pas responsables du texte originaire, pourquoi faut-il remonter trop souvent à Averroès et Avicenne au moyen âge pour citer des paroles libérées, comme elles ont pu se manifester lors des printemps arabes ?
L’occident, où  vivent seulement 5% du milliard et demi de musulmans, est gêné. Il n'y a pas de quoi  se sentir menacé, assiégé, ni d'un côté ni de l'autre.
Un Marocain sur son chemin pourra dire à son âne : « avance espèce de juif », sur Seine cela devient problématique.
La violence est dans toutes les religions, et les colonisations se sont succédées dans ces régions où tant d’huile est versée sur le feu depuis si longtemps.
La charité est inopérante pour ces enfants aux ambitions  de martyrs, dont tous ne sont pas des cas sociaux, mais payent pour le silence des parents.
Le mot censure est censuré, le déni devient facteur de violence et alimente des identités qui rencontrent « leur manque à être ». 
Le récit de trajectoires individuelles et celui de nos sociétés est fécond : un malade bardé de symptômes ne les effacera pas simplement par la parole, mais il peut arriver à s’identifier différemment que par son traumatisme. Un homme avec des scarifications mentales peut au moins changer son rapport à ses blessures.
Reconnaissant qu’on ne peut rien changer aux textes, on peut se dégager de leur emprise en parlant. La parole déborde avec le désir de vivre.
Nabuchodonosor avait oublié  son rêve. Daniel le lui retrouva, qui parlait de colosse aux pieds de fer et d’argile : « ainsi en va-t-il des royaumes des hommes ».
…..
 « Le Canard » est en forme de cette semaine avec le pape qui demande à Hollande : 
« mon fils es-tu social libéral ou social libertin ? » et ces deux dessins :

jeudi 23 janvier 2014

Polke à Grenoble # 2.


Après la guerre, l’art devint difficile en Allemagne et les répliques de ce retournement de civilisation ne sont  toujours pas dissipées : en témoigne la polémique lors d’une exposition récente « De l’Allemagne » au Louvre : de Friedrich à Beckmann.
En ces années plombées, l’art devint conceptuel, sa production était tellement problématique.
Polke est reconnu très tôt : Lion d’or à la biennale de Venise où le tableau représentant des personnages qui se bouchent les yeux était accroché en 86 à l’extérieur du pavillon allemand.
Il accueille les spectateurs de l’exposition grenobloise jusqu’au 2 février 2014, accompagné de photographies de paysages minéraux aux cadrages serrés qui évoquent « l’origine du monde » de Courbet. 
Par contre de grands formats citent les américains Pollock et Warhol.
Les grandes tailles sont-elles destinées aux institutions, les petites aux particuliers ? La valeur se mesure-t- elle à la surface occupée ?  Interroge plus loin un assemblage de torchons où sont tissés des Marks.
« Une image ne doit pas être plus grande qu’un lit » proclame un autre tableau.
Une reprise de visions touristiques d’une Australie qui inspira Polke, fait dialoguer les clichés en nous invitant à ne pas nous enfermer dans une vision unique, quand il s’agit d’interpréter les accidents, les lapsus, éprouver notre liberté.
L’art doit transformer le spectateur et si des substances contenues dans les pigments nous empoisonnent, ce serait le prix à payer pour une initiation ! Nous avons tant à nous défaire des illusions, nous qui croyions que c’était vrai parce que c’était sur la photo, qui pouvons confondre un essai, une recherche  et une œuvre achevée.
 « On voit bien ce que c’est » représente une arrestation, mais ce n’est qu’une mise en scène d’une séquence d’un film de série B. La couleur sépia propre aux photographies anciennes teinte le mirador solarisé derrière des mains agrippées aux barreaux et d’un laisser passer. 
L'histoire de l'art est convoquée: quand un mécène lui commande un tableau, il cite Matisse et Bosch et sa représentation du péché d’envie.
Les supports sont variés: les toiles - à matelas - ou plus soyeuses sont parfois transparentes, cousues entre elles, ou  épaisses comme des rideaux de théâtre, ouvertes afin que l’artiste y passe la tête pour ceux qui ont le privilège d’entrer dans son atelier.

Qu’est ce qui est précieux, le sujet ou le pigment à base de lapis lazulli  ?
Un encadrement des plus modestes, en sapin, entoure des bois exotiques.
Celui qui est passé de l’Allemagne de l’Est en Ouest, cite aussi bien Hollywood qu’Hermès Trismégiste, il nous livre ses recherches autour des planètes de Platon, des carrés magiques, commémore la révolution française, fait d’une anecdote un sujet, mais toujours interroge le passage de l’abstraction au réel et souligne chaque fois les marges pour bien nous signifier que nous n’avons affaire qu’à des images. Tout en essayant comme Mahler et d’autres de réconcilier culture populaire et savante.

Je n’ai retenu de notre visite de l’exposition de Grenoble sous la conduite d’Etienne Brunet que des éléments qui ne figurent pas dans un de mes articles déjà publié, accessible en tapant : « Polke » dans la fenêtre du moteur de recherche de ce blog, en haut de la colonne de droite.
Il s’agissait du compte rendu, à ma manière, de la conférence du directeur du musée Guy Tossatto qui entretint des liens privilégié avec l’artiste disparu en 2010.

mercredi 22 janvier 2014

Ethiopie J 17. Harar.


La route goudronnée est chargée de camions et de grands travaux d’amélioration rendent la circulation encore plus dense. Un arrêt nous permet de bien voir une nouvelle catégorie de babouins sur le bord de la route, des mâles barbus à la fourrure longue et épaisse, sont affublés d’un jabot. La circulation diminue après la bifurcation pour Djibouti, nous sommes sur les terres des Afars. Les cases ont le toit en pointe, parmi des enfilades d’agaves et des champs d’opuntias chargés de fruits. Dans un village, un marché très coloré et important déborde dans l’oued à sec. C’est ici, à 25 km du village de Girmay, que nous avions repéré de loin à Francfort comme devant être notre guide, qu’on lui demande s’il est… Chinois. Depuis un moment nous longeons la voie de chemin de fer aujourd’hui à l’abandon. Après une halte thé/café dans un restau orné des drapeaux de la région, de l’Ethiopie et du Canada qui sert de résidence à des tisserins affairés à construire leurs nids, nous entamons la route de montagne.
Dany remarque les branches d’acacia arrimées à l’arrière des camions : elles dissuadent les gamins de s’y accrocher. Nous nous élevons régulièrement, rencontrons les arbustes de khat en boules régulières sur les pentes. 
Nous suivons la ligne de crête, plongeant de chaque côté sur une vue grandiose quasi aérienne .
De nombreux contrôles policiers ralentissent notre progression mais presque tout le temps, il ne s’agit que d’un simple arrêt pour notre mini bus de touristes, sauf une fois, où un policier « sous influence » vérifie les papiers et invente une nouvelle loi qui imposerait un uniforme aux chauffeurs. Un deuxième complice, tout aussi peu à jeun, nous libère d’un grand coup de sifflet et d’un geste ample.
Nous mangeons local dans le village de Kulubi dont le marché est vivement coloré avec des camions chargés de dromadaires. Il accueille deux fois par an de grands pèlerinages. Directement du boucher mitoyen au restaurant : bœuf grillé ou en sauce, chèvre en sauce, sur galette de tef à la main.
Nous arrivons à Harar vers 17h et déposons nos bagages au Rwenda Hôtel. Nous y accédons par la cour arrière, grimpons l’escalier au milieu des gravats. L’hôtel est en rénovation et s’agrandit. L’une d’entre nous est perplexe est ce que sa chambre va être rénovée ou  a été rénovée ?
Nous sortons à la découverte de la ville classée au patrimoine mondial de l’UNESCO, quatrième ville sainte de l’islam. Les quartiers anciens sont éloignés de 2 km ; un toctoc nous contient à 5 plus un jeune qui nous parle de Nicolas Hulot venu faire un reportage sur le repas des hyènes. Pour 30 birrs il nous laisse à la porte de la ville grouillante de monde. Nous découvrons une ville au caractère arabe avec ses murailles blanches crénelées, ses mendiants estropiés, ses échoppes et des tenues vestimentaires musulmanes dominantes.
Pourtant au bout de la rue principale, nous tombons sur une église pendant un office religieux : les hommes passent par la porte de gauche, les femmes celle de droite, tous suivent l’office parlé et chanté au micro par le prêtre et au bout d’un moment chacun entre après avoir embrassé le chambranle de la porte, et va s’asseoir sur les côtés.
Nous trouvons des ruelles calmes dont les murs d’enceinte des maisons ont des couleurs inattendues qui chantent dans la lumière de fin d’après midi. Une dame nous invite à pénétrer dans sa cour intérieure et présente la Mama, son jeune mari de 24 ans qui a maintenant deux épouses (25 et 28 ans) et deux enfants, lui n’en parait que 16. D’un côté de la cour s’élève une belle maison avec des inscriptions calligraphiées autour de la porte, elle est bien arrangée, de l’autre des pièces s’ouvrent sur la cour, habitations sans doute de certains membres de la famille.
Nous rentrons à l’hôtel dans une des Peugeot 404 bleues qui servent de taxi, rafistolées dont il faut s’extraire en passant la main par la fenêtre. Il ne reste que le strict minimum des fragiles enveloppes roulant depuis 1960 ! Dommage que les publicités ne parlent plus de robustesse : ici l’obsolescence est reportée à plus tard.
Nous retrouvons à l’hôtel un noble personnage avec écharpe blanche, calot et cane qui nous a interpelé et reconnu dans notre visite d’Harar. C’est notre guide local et la première visite nocturne a pour but d’assister au repas des hyènes.
Près des murailles, un homme assis tend au bout d’un bâton un morceau de viande devant deux hyènes très tentées mais très peureuses, une troisième rentre carrément dans une maison. L’homme les appelle en sifflant, nous les voyons bien, car une ampoule électrique de la rue reste allumée en raison du ramadan, l’obscurité n’est donc pas complète. Les autres bêtes n’approchent pas, craintives et certainement empêchées par leur chef. L’homme propose aux visiteurs de nourrir à leur tour les animaux soit en tenant le bâton à la bouche. Les plus courageux essayent, impressionnés de voir si près les dents du carnassier. Les hyènes pénètrent la nuit dans les ruelles de la ville et font le nettoyage. Dans certaines ruelles étroites si l’on croise une de ces bêtes, elle ne recule pas mais effrayée elle fonce et force le passage. BRRR ! Lorsque nous retrouvons la vieille ville, les rues débordent de vendeurs des gâteaux : samossas, zlabias, de personnes qui mangent, ou vont dans une des 99 mosquées prier.
Nous déposons notre guide et finissons la soirée au restaurant sur des tables basses avec pizzas, soupe ou pâtes.

mardi 21 janvier 2014

Ma mère était une très belle femme. Karlien De Villiers.


La vie quotidienne d’une famille blanche en Afrique du Sud des années 70 à 2000 racontée par une petite fille qui grandit.
Dans ces contrées nous nous étonnons qu’il y ait une vie avant et après des évènements  exceptionnels qui ont occulté l’existence de tous les jours.
Je me souviens de m’être étonné d’entendre des palestiniens s’exprimer sur d’autres sujets que l’injustice qui leur est faite ou de voir des Iraniennes affrontées à des problèmes de couple.
Ici les afrikaners ont des enfants qui sont des enfants qui aiment les glaces et détestent les rognons, pourtant cette autobiographie pudique nous emmène au cœur des drames. 
A énumérer quelques thématiques : les nounous noires, le poids de la religion, du racisme d’état, les blessures intimes et celles de l’apartheid, je ne rends pas compte entièrement de la complexité, de la subtilité du récit.
Sous des couleurs franches, une ligne claire, des rapports humains impitoyables :
 « S'il arrivait quelque chose à votre père, vous iriez à l'orphelinat. Ne comptez pas sur moi pour m'occuper de vous.
Je n'ai jamais voulu d'enfants. Ce n'est pas ma faute si votre mère est morte. »
Mais il n’y pas de règlement de compte, ces souvenirs intimes tiennent une distance rendant les péripéties intéressantes pour chaque lecteur, tout en étant assurés que cet album a été salutaire pour l’auteur qui attire notre sympathie.