mercredi 16 novembre 2011

Lisbonne J 5 # Azulejos

Il est déjà 15h 30. Le métro Santa Apollonia puis le bus 759 nous mènent au musée des azulejos. Sans connaître notre destination un homme nous prend en main dans le bus car nous allions rater l’arrêt, info confirmée par une dame, nous évitons ainsi de nous perdre.
Le monastère et l’église Madre Deus qui abritent le musée se cachent derrière le pont bruyant du chemin de fer. On entre dans le musée par une cour colorée par de flamboyants bougainvilliers, ornée de palmiers qui se balancent au vent et de plantes vertes englobant une énorme jarre de terre. Le monastère a sans doute été rénové il y a peu de temps car les murs blancs intérieurs ne portent aucune trace de salissures. Le patio jouxte une cuisine et son jardin aussi soigné que la cour d’entrée, pimpant sous le soleil. Nous n’avons que peu de temps pour la visite et nous passons assez vite devant les carreaux précieux du XVI° siècle protégés dans des vitrines. Certains semblent tout droits sortis d’une medersa ou d’une maison de riches marocains tant par les couleurs que les motifs enlacés. D’autres sont plus figuratifs. Dans une vitrine, pas besoin de lire les explications pour comprendre la technique : à partir d’un carreau de terre enduit d’un produit blanc sur lequel est posé un calque dessiné marqué par des contours piqués serrés. Avec un pochoir on tapote le calque qui laisse passer de l’encre par les petits trous, il suffit ensuite de colorer le dessin avant de le cuire.
Nous accédons à l’église par un premier cloitre. C’est une merveille du XVII° siècle en deux parties. Les murs sont couverts d’azulejos bleus figurant des scènes religieuses ou champêtres jusqu’à mi hauteur puis des dorures rutilantes et des tableaux occupent tout le reste de l’espace au dessus de la première partie, une tribune permet de voir l’ensemble de l’église. Elle recueille des stalles avec derrière chaque banc des reliquaires exubérants et dorés avec plancher en bois précieux du Brésil. Les salles du premier exposent toute une série d’azuléjos bleus figuratifs et plus on avance, plus on traverse le temps jusqu’à nos jours. Nous nous bousculons pour admirer le panorama de Lisbonne avant le grand tremblement de terre de 1755, grande fresque d’azulejos réalisée pour un ancien palais. Nous reconnaissons quelques lieux encore existants. Nous avons aussi vu un deuxième cloitre plus petit et plus sombre mais ravissant et pris le temps de poser pour quelques photos ridicules derrière des silhouettes de l’ancien temps percées au niveau du visage.
Le bus 28 pris sur la grand route Avenida infante Dom Henrique nous ramène à la gare de Santa Apollonia que nous repérons de loin grâce au bateau de croisière gigantesque qui stationne en face. Nous voulons grimper à pied à travers l’Alfama jusqu’au quartier de Graça, c’est raide et vraiment typique. Nous avions déjà traversé le quartier avec le tram 28, mais s’y enfoncer, prendre son temps nous permet de mieux ressentir le côté vieillot, décrépi et charmant. Nous atteignons le largo de Graça que nous traverserons bien trois fois à la recherche d’un ancien palais introuvable au numéro 18 de la villa Souza en azulejos assez décevante et de la vila Berta, rua del Sol, charmante : il s’agit d’une rue village pour ouvriers avec de curieuses terrasses supportées par des filins métalliques époque Eiffel devant des maisons possédant chacune un jardinet. Nous faisons quelques courses sur le largo da Graça, vu l’heure avancée puis nous nous acheminons vers le métro Martin Moniz en descendant la pire rue en pente rencontrée qui porte bien son nom : calcade do monte. Vers la place Moniz, nous passons par des rues où vivent plutôt des Indiens.

mardi 15 novembre 2011

Association pour l’Autobiographie (APA)

J’écoute souvent « Carnets de campagne », l’émission de Philippe Bertrand sur France Inter à 13h30.
Ce journaliste présente pendant 15 minutes de nombreuses associations dans les domaines les plus divers. Comme est riche le réseau associatif de notre pays ! Chassons les découragements !
Un jour j’entends parler d’autobiographie, d’une association dont le siège se trouve à Ambérieu-en-Bugey. Comme j’ai des documents familiaux qui dorment sur des étagères, je dresse l’oreille, prends des notes et envoie les documents autobiographiques laissés par ma mère.
Réponse rapide de l’APA qui enregistre le document qui sera conservé, enregistré sous un numéro APA dans les archives de « La Grenette », département réservé à l’APA dans la médiathèque d’Ambérieu.
Ce document protégé sera mis à disposition de chercheurs de toutes disciplines s’ils le souhaitent et si vous l’autorisez !
L’APA se consacre à la reconnaissance de l’écriture autobiographique et à la conservation de son patrimoine. Elle organise en mars annuellement, une table ronde sur un thème autobiographique ; En juin et en novembre une journée et une matinée du Journal etc. Les manifestations diverses ne manquent pas tout au long de l’année.
L’APA a été fondée en 1992 à la suite d’un colloque tenu à Nanterre. L’association compte 800 membres répartis en France et dans dix pays. Elle est reconnue d’intérêt général, animée par un C.A. élu.
Pour déposer un texte à l’APA, nul besoin d’être adhérent, il suffit de l’envoyer en deux exemplaires.
L’adhésion permet de recevoir les publications de l’APA. Cinquante euros (en partie déductibles des impôts).
Les revues s’intitulent : La Faute à Rousseau et le Garde-mémoire qui éditent des comptes-rendus des documents reçus (textes, photos, dessins en relation avec l’autobiographie).
Des groupes de lecteurs se chargent de rédiger des résumés qui paraissent dans ces publications.
Le président Philippe Lejeune est assez souvent reçu sur les chaînes audio publiques. Il a publié plusieurs ouvrages dont vous trouverez les titres sur le site de l’APA. Certains sont disponibles dans les bibliothèques de St Egrève.
Informations pratiques : APA La Grenette 10, rue Amédée Bonnet 010500 Ambérieu en Bugey.
Tél : 04 74 34 65 71
Mail : apa@sitapa.org Site : http://sitapa.free.fr
Alors ne jetez pas vos documents familiaux, vos journaux personnels, vos textes autoédités, en tapuscrits, bouquins, CD audio, vidéo ou numériques. Ils seront peut être utiles à des sociologues ou historiens.
Marie Treize

lundi 14 novembre 2011

Intouchables.Toledano. Nakache.

Nous avons tant besoin de réconciliation dans notre pays fracturé que cette rencontre de l’aristo handicapé physique et du banlieusard mal parti social, nous fait du bien.
Il y a bien longtemps que je n’avais pas autant ri au cinéma.
Cette thématique aurait pu accoucher d’une comédie lourde ou édifiante avec le bourge qui se mettrait à parler en verlan; c’est bien plus subtil avec des morceaux de grosse rigolade et des notations justes, vachardes et tendres. La banlieue n’est pas peuplée de Groseilles et la fatalité sociologique ne s’efface pas d’un coup de scénario.
La belle santé d’Omar est contagieuse et j’étais content d’être dans une salle comble participant à un engouement d’une foule porteuse quand elle se regarde dans un miroir généreux.
Film à la gloire des auxiliaires de vie, à la vie brutale et belle.

dimanche 13 novembre 2011

Zakir Hussain & Masters of percussion.

J’ai été d’autant plus emballé par ce concert que je suis peu familier des sonorités du sous continent indien ; je ne l’avais pas mis à mon programme car je craignais de rester à l’extérieur.
Concert pédagogique pour qui cherche des exemples de dialogues entre instruments, pour qui ne soupçonnerait pas l’énergie d’un ensemble qui nous sort d’un à priori de tapis sonore langoureux.
La flute arrive après la voix nue, ses vibrations d’instrument élémentaire sont émouvantes. Quand viennent les percussions qui se jouent avec les doigts, la salle est embarquée, et l’originalité du ghatam en forme de pot emporte tous les suffrages.
A tour de rôle puis ensemble, depuis leurs petites estrades les six musiciens où figurait aussi un violon, nous ont embarqués pendant une heure et demie dans un univers qui a marié les couleurs de l’Inde aux manières du jazz.
La tradition et l’improvisation.
« Raga et tala sur tablas » nous informe le programme.
J’aurai aimé un peu plus de précisions concernant les occasions pour lesquelles certains morceaux sont joués.
Il parait qu’il y a une crise de la world music, mais la salle pleine et enthousiaste n’a pas boudé cette musique authentique.
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Jean Pierre m’a envoyé une de ses photos d’Inde pour illustrer ce billet.

samedi 12 novembre 2011

Pique-nique. Binôme édition.

« Le mot pique-nique porte, déjà dans sa pimpante sonorité pendulaire, la notion de partage. »
Bien vu, dans la brève introduction avant des photographies à foison quand s’étira sur le méridien de Paris la nappe à carreaux de « l’incroyable pique-nique », c’était en 2000.
De Dunkerque à Prats de Mollo, à travers 337 communes, 35 photographes font valoir leurs différences : cocasses, poétiques, inventifs, mélancoliques, poignants, coquins, graphiques, humains.
Gobelets en plastiques, orchestres sans public, terrains abandonnés et même sous la pluie qui s’était invitée ce jour là, un sourire, « à la queue leue ! Ha ha…», la fumée des merguez chasse les nuages.

vendredi 11 novembre 2011

La société des égaux. Pierre Rosanvallon.

Avant les trois jours de débats de la République des idées qui s’ouvrent ce weekend à Grenoble, j’ai essayé de potasser le dernier livre de celui qui fut l’un des piliers de la deuxième gauche désormais dissolue; il revivifie à nouveau le débat.
Les 400 pages qui brassent philosophie, histoire, psychologie, économie sont d’une densité que j’aurai bien du mal à regarder de haut. Mais revisiter des pensées tellement évidentes qu’elles se sont effacées, quand leur répétition signait leur défaite, est salutaire.
Il rappelle Bossuet :
«Dieu se rit des hommes qui se plaignent des conséquences alors qu'ils en chérissent les causes.» 
A l’heure où le mot « dette » clignote sur tous nos écrans, j’ai été interpelé chaque fois qu’il évoque cette notion accolée au mot social :
« En 1945, comme en 1918, une nouvelle peur des révolutions faisait en outre son œuvre. Mais le sens aigu qu’il fallait honorer une dette sociale contractée dans les épreuves communes n’en constitua pas moins le ressort essentiel de la révolution de la redistribution qui s’est alors opérée dans les pays démocratiques… »
De notre époque agitée, il sait souligner la dynamique des existences :
« L’individu-histoire, nécessairement singulier, a ainsi éclipsé l’individu-condition, davantage identifié à un groupe. »
Ce n’est pas la fin de la lutte des classes, puisque dans ses dernières lignes, il constate :
« Cette mondialisation rapproche ainsi les nations en même temps qu’elle creuse partout matériellement et psychologiquement le fossé entre classes » 
De quoi secouer nos illusions de citoyens qui croiraient appartenir à un monde commun peuplé de semblables, alors qu’explosent les inégalités sociales et économiques. Il en appelle à refaire du lien social pour combattre la marchandisation du monde, où l’être passerait devant l’avoir, où écolos et socialos s’entendraient autour d’une croissance sobre.
Résumé ainsi, cela peut sembler bien banal, pourtant comme la quatrième de couverture l’annonce
« Il montre que la reconstruction d'une société fondée sur les principes de singularité, de réciprocité et de communalité est la condition d'une solidarité plus active. »
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Le dessin: cette semaine, celui de Charlie Hebdo.

jeudi 10 novembre 2011

Plateau d’Assy : l’église.

Sur le territoire de la commune de Passy qui s’élève de 500 à 3000 m, sur le plateau d’Assy, une église  a été inaugurée dans les années 50, elle recèle des œuvres de plusieurs artistes qui incarnaient la modernité d’alors.
Le premier et mon préféré à été Rouault qui déjà sur ses toiles forme des vitraux, ici il donne au verre les vibrations de la peinture.  
Matisse est là, toujours vivant, libre, délié, et si Bonnard m’a déçu avec un support qui ne lui a pas convenu; dans leur candeur, les vitraux de Chagall sont  à leur place au baptistère .
Le Christ de Germaine Richier fit scandale car il représente une charogne dépourvue d’espérance. Il est revenu à sa place, mais j’en connais quelques uns de plus beaux, de plus forts.
Au fronton de l’église, la mosaïque monumentale de Léger, disparaît derrière des piliers massifs en pierres en bossage dont les formes appuyées se répètent.
L’ensemble manque de cohérence en juxtaposant les œuvres: le  plafond  évoque des territoires océaniens sous un toit savoyard, et les tapisseries de Lurçat ont certes de l’originalité mais sont posées sans symétrie, ni rythme dans le chœur.
A cette église de Notre Dame de Toute Grace, j’ai préféré bien des chapelles modestes avec des retables foisonnants. La démarche de ceux qui ont conçu cet édifice pour les nombreux tuberculeux qui étaient soignés dans les sanatoriums alentours qui comptèrent jusqu’à 2000 lits, était louable.
Mais il arrive que dans les églises aussi la modernité se démode.