« Ne tuez pas l’homme que Dieu a sacré » ainsi dit le Coran, donc ceux qui tuent au nom d’Allah n’auraient rien à voir avec la parole divine, quoique il est précisé : sauf « pour une cause juste », alors ?
Il y a place pour le débat. La parole vient enrichir
l’écrit, depuis Moïse qui entendait ce qui se disait dans une école où
s’étudiait la Torah
et ne reconnaissait pas ses propres paroles.
L’humour est vital.
A la villa Gillet, Daniel
Sibony présentait son 37° livre « Islam, phobie, culpabilité » à
l’invitation du cercle de la pensée juive libérale de Lyon. Le philosophe
généraliste complète agréablement le psychanalyste, qu’il est par ailleurs,
apportant des témoignages vécus, ainsi
avec ce patient : « maintenant
que vous m’avez débarrassé de mes peurs, j’ai drôlement peur ».
A la fois poète et mathématicien, parlant plusieurs langues,
il me charme quand il rapproche « texture » de « texte »,
ainsi j’ai aimé le tricotage de paradoxes, de contradictions qui font la richesse
de nos démocraties.
La concurrence entre religions existe depuis toujours mais il
se trouve à présent que même l’ordre de leur apparition chronologique est
contesté.
« M’dame, Jésus
est musulman ». Des professeurs ont du mal à faire comprendre la
différence entre vérité historique et croyance. Et combien culpabilisent ?
Dans la relation sado/maso, c’est le maso qui a le pouvoir, comment sortir de
la perversité ?
Sommes-nous condamnés à l’enfermement narcissique qui nous installe
en surplomb ? « L’autre peut-il
être détenteur de ma vérité ? »
Quelques éléments ont
été apportés lors de l’entretien, une lecture attentive du livre de Sibony sera nécessaire.
Le silence finit par crier, mais les non-dits ont fait du
mal.
Les premiers de la classe (juifs) que « Dieu aime
tellement qu’il leur donne des coups », se retrouvent face à ceux qui ne
peuvent admettre de contradictions puisque la parole est celle d’un Dieu,
incontestable. La religion musulmane globalisante, sans ambivalence, dénonce
les mécréants avec fureur. Les convertis les plus récents qui ont trouvé un
cadre identitaire solide sont les plus virulents. Cette force née de
l’indiscutable est aussi sa faiblesse parce qu’elle exclut tout débat.
Même si les fidèles ne sont pas responsables du texte
originaire, pourquoi faut-il remonter trop souvent à Averroès et Avicenne au
moyen âge pour citer des paroles libérées, comme elles ont pu se manifester
lors des printemps arabes ?
L’occident, où vivent seulement 5% du milliard et
demi de musulmans, est gêné. Il n'y a pas de quoi se sentir menacé, assiégé, ni d'un côté ni de l'autre.
Un Marocain sur son chemin pourra dire à son âne : « avance espèce de juif », sur
Seine cela devient problématique.
La violence est dans toutes les religions, et les colonisations
se sont succédées dans ces régions où tant d’huile est versée sur le feu depuis
si longtemps.
La charité est inopérante pour ces enfants aux ambitions de martyrs, dont tous ne sont pas des cas
sociaux, mais payent pour le silence des parents.
Le mot censure est censuré, le déni devient facteur de
violence et alimente des identités qui rencontrent « leur manque à être ».
Le récit de trajectoires individuelles et celui de nos
sociétés est fécond : un malade bardé de symptômes ne les effacera pas
simplement par la parole, mais il peut arriver à s’identifier différemment que
par son traumatisme. Un homme avec des scarifications mentales peut au moins changer
son rapport à ses blessures.
Reconnaissant qu’on ne peut rien changer aux textes, on peut
se dégager de leur emprise en parlant. La parole déborde avec le désir de
vivre.
Nabuchodonosor avait oublié
son rêve. Daniel le lui retrouva, qui parlait de colosse aux pieds de
fer et d’argile : « ainsi en
va-t-il des royaumes des hommes ».
…..
« Le
Canard » est en forme de cette semaine avec le pape qui demande à
Hollande :
« mon fils es-tu
social libéral ou social libertin ? » et ces deux dessins :