Une fresque de 730 pages pour décrire comment Le Libanais,
Le Froid, le Dandy prennent le contrôle de la ville de Rome et pas seulement du
marché de la drogue. Je connais mal les livres noirs mais celui-ci est vraiment
efficace et les cadavres qui s’accumulent sont extrêmement parlants à propos
d’une époque où la police voulait s’intéresser surtout aux brigades rouges et
fermait les yeux sur le terrorisme noir, la corruption des politiciens, des
avocats...
« Dans sa poitrine, un feu le dévorait.
Il essaya de s’appuyer sur ses coudes. Le deuxième coup le cloua à jamais, sans
même lui donner le temps de formuler une ultime pensée. »
Rythme d’enfer, dialogues acérés, retournements d’alliance
d’après le destin de la bande de la
Magliana qui a réellement existé et a sévi 22 ans au pays de
Berlu.
Porte plus loin qu’un révolver :
« Vous avez la
chance de vivre avec les derniers hommes véritables. Des hommes qui ont des
passions et une identité. Mais tout cela aura hélas une vie brève !
L’aujourd’hui meurt et demain sera le domaine exclusif des banquiers et des
technocrates. Ah, et naturellement de ces jeunes sous-crétins de la Télévision ! »
L’écrivain alerte est juge dans la vraie vie, il connait son
affaire, il peut se permettre de mettre en scène une pléthore de personnages
caractérisés par leur surnoms :
Œil fier, le Rat, le Buffle, le Noir, le Sec, hormis X et Z
des services secrets.
A l’enterrement ultime toute la pègre est rassemblée et il
faut plus d’une page pour nommer ceux qui écoutent l’homélie de Don
Dante :
«… Petit Baveux,
Friture, Pue-de-la- gueule, Couilles Sèches, Gianni-la-vache et tant d’autres... »
Il y a même un « Trente Deniers » qui accentue la
connotation mythologique de cette odyssée. Je n’ai pas recouvert ces inhumains
d’un visage tel que le film qui en est tiré peut le permettre. Je ne suis
d’ailleurs pas très pressé de le voir tout en étant curieux de vérifier comment
le cinéaste a adapté le roman.