Au forum de Libération désormais lointain, dont je donne un dernier compte
rendu, ce débat majeur concernant le « made in France » est revenu alors
que les produits Apple par exemple sont « made in Monde ». Quand en
Allemagne il s’agit plus d’assemblages : « Made by Germany », avec
externalisation des productions dans les pays de l’Est.
Le rappel que depuis les années 80 la France a perdu 2
millions d’emplois industriels, pose des questions cruciales. Cette saignée est
sans égal en Europe.
Parmi les intervenants Pascal Canfin alors député européen EE, les
verts, très pédagogique :
« J’ai visité
récemment une scierie dans les Ardennes : les arbres sont coupés en France puis
les troncs partent en Chine pour être transformés en planches de parquet qui
sont ensuite vendues en France. »
« Dans le tunnel du Mont Blanc, un camion français chargé de
bouteilles de Badoit croise un camion italien chargé de bouteilles d’eau San
Pellegrino. »
Jacques Rigaudiat, économiste :
« la mondialisation, c’est d’abord et principalement
l’Europe : elle représente les 2/3 de notre commerce extérieur. L’Allemagne -
cliente ou vendeuse - est notre premier partenaire ; et il faut sans doute
quelque peu se forcer pour admettre que nos importations depuis la Belgique, ou
l’Italie, ne sont que de peu inférieures à celles en provenance de Chine ! Et
que c’est avec la Grande-Bretagne que notre excédent est le plus important ! »
De quoi secouer des idées toutes faites avec de surcroit Gérad
Mancret de la CGPME de l’Isère qui souligne
les blocages culturels de « la
France qui n’aime pas son industrie », en témoigne l’orientation dans
l’éducation nationale quand Polytechnique produit aujourd’hui plus de traders que
d’ingénieurs !
Ce n’est pas le coût du travail qui plombe la France, la
main d’œuvre représente seulement 10% de la valeur des produits, par contre
l’absence de politique en matière de change pénalise les entreprises qui
attendent une harmonisation fiscale et sociale.
La relocalisation semble peu plausible sauf dans l’agro
alimentaire mais le rapport de force avec la Chine néo-impérialiste suppose un
volontarisme qui dépasse les effets d’annonce d’un jour en appelant à la
réciprocité.
Les intervenants ne se sont pas attardés sur les causes d’une situation dégradée
gravement avec la grande distribution en
outil de destruction ni sur le blocage des prix qui a coûté cher au tissu
industriel.
Les propositions n’empruntent pas les facilités
tribuniciennes du protectionnisme, quand l’état reprendrait vigueur en stratège répondant
aux besoins sociaux par le développement des services collectifs.
Avec la simple idée d’augmenter la durée de garantie des
biens comme l’électro ménager nous avancerions vers une économie plus durable. Investir
dans l’isolation des logements permettrait aussi de diminuer l’importation d’énergies
fossiles.
Plus récemment Rocard rappelait: « les délocalisations pèsent pour moins de 9% de notre
chômage. »
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