dimanche 18 mars 2012

La loi du marcheur. Nicolas Bouchaud.

L’acteur joue pendant 1h 50 Serge Daney.
Les paroles du critique emblématique des Cahiers du cinéma et de Libération sont portées avec une vivacité extraordinaire. Le dispositif est original et sobre, avec des variations autour d’un extrait de « Rio Bravo » où l’acteur se projette sur l’écran.
Je retournerai lire les « Cahiers » qui m’avaient découragé à force de paroles péremptoires et souvent absconses. Nous recroisons des mots qui tapissaient notre mémoire : « faux raccords, yéyés, portes vitrées, photos charbonneuses, accident métaphysique, Ava Gardner, A bout de souffle, Nuit et brouillard, l’Amérique… »
Dans ce spectacle j’ai surtout retenu les hésitations du passeur, sa modestie, son originalité, et à travers l’évocation de son enfance, cette notion de promesse qui recommence à chaque fois qu’on envisage d’aller dans une salle obscure. L’interrogation sur notre position de spectateur va au-delà des références à nos films préférés, il s’agit rien moins que de notre conception de la vie, des autres.
« Par chance il se trouve que le cinéma - et ça je l'ai découvert plus tard - était né dès le début sur deux jambes, une jambe absolument populaire, basique, triviale, imaginaire, et une jambe cultivée, compliquée, philosophique, élitaire, et qui a fait la critique, et que donc choisir le cinéma c'était sans s'en rendre compte choisir une culture. . . une maison avec deux portes, une porte que tout le monde prend- et qu'il faut prendre sinon on comprend rien au cinéma, et puis aussi une porte dérobée dans laquelle les gens - dès le début. dès le début - ont demandé au cinéma des choses absolument extravagantes. Il suffit de lire. Je sais pas. les textes qu'Abel Gance jeune homme écrivait, c'était quand même un intellectuel malgré tout Abel Gance eh ben moi je m'en suis pas rendu compte à l’époque mais je trouve que c'était le bon choix - ça je le regrette pas - d'avoir choisi le cinéma puisqu'on pouvait y rentrer avec tout le monde ou tout seul. »

samedi 17 mars 2012

XXI. Hiver 2012.

Après le numéro quelconque consacré aux utopies, celui ci consacré aux « Justes » constitue une livraison essentielle, pas seulement pour les articles traitants du thème principal, pas forcément  justement titré, se déroulant surtout dans des tribunaux. Un avocat est persuadé de l’innocence de son client, un père veut comprendre pourquoi sa fille a été violée à mort, un alpiniste virtuose est condamné pour homicide par imprudence après la mort de son bébé.
Le récit d’une catastrophe qui a tué autant de monde que la seconde guerre mondiale m’a secoué : la grande famine en Chine à la fin des années 50 où une population se retrouve dans la situation des camps d’extermination au plus profond de ses campagnes. Un monsieur veut édifier un muret à la mémoire de ceux qui sont morts pendant cet épisode stupéfiant : sur 121 habitants de son village seulement 50 ont survécu. Mais cette initiative est mal vue du pouvoir. De 35 à 55 millions de morts demeurent un secret d’état.
Le trajet de Johannesburg au Congo dans la cabine d’un camion avec une femme au volant nous dit beaucoup sur un continent flageolant raconté aussi en BD à travers les enfants des rues de Kinshasa.
Dans les effets de la mondialisation : ces femmes indonésiennes qui vont travailler à l’étranger comme domestiques.
Le reportage photographique porte cette fois sur une novice au New jersey, là rien ne bouge.
Le portrait de Bachar el Assad, qui suicide son pays après avoir représenté un espoir, replace l’actualité dans l’histoire, comme une interview d’Orhan Pamuk écrivain turc prix Nobel dont les racines sont à Istanbul, sa compagne est indienne et il dispense ses cours à l’Université de Columbia ; ses propos prudents sont intéressants.

vendredi 16 mars 2012

Ça commence à se voir !

J’avais renoncé à envoyer des courriers aux journaux quand sur leur site internet ils ont préfiguré les réactions sommaires type twitter, mais je n’ai pu résister à la complaisance de Patrick Cohen sur Inter; mon message n’a pas été accepté par le modérateur alors que ceux à tonalité UMP avaient droit de cité.
Où je reprochais au dit journaliste de s’être tu au moment des « n’importe quoi » de C. Bruni lors d’un repas télévisé et de ne pas intervenir quand V. Pécresse ne cessait d’interrompre M. Sapin, comme il l’avait fait pour protéger H. Guaino des saillies de D. Cohn Bendit. Et j’ajoutais avant que D.Schneiderman le souligne que l’anniversaire de Fukushima par les antis nucléaires - dont je ne suis pas - avait eu lieu sous des projecteurs éteints. La chaîne humaine entre Lyon et Le Tricastin a connu un silence retentissant, alors que G. Depardieu à Villepinte…
P. Val peut être content de ses troupes avec lesquelles ils attendaient impatiemment, le croisement des courbes, pour le spectacle. Leur parti pris commence à se voir. Je me garderai d’accabler les médias pour excuser la gauche de ses imprécisions et puis c’est tellement évident. Mais j’aimerais comprendre pour quelles raisons Val qui chantait :« rien n’est plus poétique que l’autogestion », qui pendant des années donna des leçons des plus vertes, est tombé dans les rets de la droite la plus cynique, la plus grossière.
Les hommes ne sont pas tous, bon sang ! des Besson, des Woerth, les femmes des Dati, des Boutin, des Bruni…
Il reste bien un lieu qui n’est pas enfoui sous les buvards républicains, où sous le mot 
« morale » on peut coller quelques images, où tout ne se vend pas, où payer ses impôts est un devoir, une fierté, un temps d’avant que la com’ ne nous ait rendu complètements cons.
Parce qu’au bout du bout, c’est bien de cette idée de l’homme que proviennent nos choix politiques : l’autre est-il une menace ou un frère ?
Après les églises où le mot « amour » résonne dans le vide, les préaux à proximité de chez nous sont désertés ; clignotent seulement de grands rassemblements où la gesticulation a pris la place de l’engagement. Les matchs de Ligue des champions ont tué ceux du quartier.
Rue 89 filiale du nouvel Obs dont le directeur donne le ton de l’opposition aux 75% d’Hollande, a rédigé un article sur la fin des blogs. Il ne resterait alors que 140 signes pour faire signe.
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Dessin du Canard:

jeudi 15 mars 2012

Nature morte # 4 : un objet littéraire ?

Entre vie silencieuse et poésie. Bien que les catégories en littérature et en peinture soient différentes, les objets ayant une existence propre, le dialogue peut se nouer pour conclure avec Alain Guyot le cycle de conférences à eux consacré pour les amis du musée.
Le bouclier d’Achille dans l’Iliade est l’œuvre d’un dieu ; le roman fait œuvre d’art en dépeignant des œuvres d’art.
Philostrate de Lemnos décrit une galerie de tableaux rares à cette époque.
Au moyen âge aucun objet à signaler, par contre Rabelais va les accumuler en festin de mots.
Scarron dit du Sirus de madame de Scudéry qu’il est « le roman le mieux meublé », il est déjà le plus long de la littérature française.
De Saint Amant, poète baroque :
« C'est un melon, où la nature, 
 Par une admirable structure, 
A voulu graver à l'entour 
Mille plaisants chiffres d'amour, 
Pour claire marque à tout le monde 
Que, d'une amitié sans seconde, 
Elle chérit ce doux manger » 
Le style est haut pour un bas registre, et le créatif interprète le message de la nature.
Le siècle des lumières est riche en descriptions chez Restif de la Bretonne ou dans des contes érotiques chez Jacques Rochette de La Morlière, libertin grenoblois.
« les bougies placées derrière des rideaux de taffetas vert, qui semblaient être faits pour rompre la trop grande clarté, et qui ne laissaient que ce demi-jour qui paraissait avoir été inventé pour éclairer les entreprises de l'amour, ou pour ensevelir la défaite de la vertu. » 
Au XIX° siècle les ustensiles révèlent une position sociale avec la redingote du « père Goriot », l’intensité d’une passion amoureuse se tient dans un bouquet du « Lys dans la vallée », les marchandises sont abondantes chez la Sarriette, vendeuse de fruits du « Ventre de Paris » où les cerises « ressemblaient à des lèvres trop étroites de Chinoise qui souriaient ».
Théophile Gautier va faire un tour au delà des barrières du côté de Montfaucon.
« nous sommes dans une fabrique de poudrette : femmes, enfants, garçons et petites filles, vannent, blutent, tamisent la précieuse poudre [d’excréments humains] qui a la couleur, mais non le parfum du tabac d’Espagne… Tout est passé avec un soin minutieux, car il paraît que l’on trouve là dedans de l’argent, de l’or, des montres et autres objets précieux. » 
La franchise de l’horreur est aussi dans la charogne de Baudelaire.
Tout l’art n’est-il pas de trouver des pépites dans la plus noire des merdes ?
« Une de ces pauvres choses, enfin, dont la laideur muette a des profondeurs d'expression comme le visage d'un imbécile. » C’est la casquette de Charles Bovary.
Dans le genre citation à la Audiard où « un con qui marche va plus loin que dix intellectuels assis » :
« une carotte bien peinte vaut mieux qu’une madone mal peinte. »
Au XX°, après guerre, l’homme divorce avec son passé, alors ressurgissent les choses qui occupent toute la place.
Qui marche ? « Les chaussures légères à semelles de caoutchouc ne font aucun bruit sur le carrelage du couloir ».Robbe Grillet.
J’ai bien aimé l’expression du conférencier qui évoque « le langage qui se retend » chez Ponge redynamisant les choses dont il prend le parti.
« L'huître, de la grosseur d'un galet moyen, est d'une apparence plus rugueuse, d'une couleur moins unie, brillamment blanchâtre. C'est un monde opiniâtrement clos. Pourtant on peut l'ouvrir : il faut alors la tenir au creux d'un torchon, se servir d'un couteau ébréché et peu franc, s'y reprendre à plusieurs fois. Les doigts curieux s'y coupent, s'y cassent les ongles : c'est un travail grossier. Les coups qu'on lui porte marquent son enveloppe de ronds blancs, d'une sorte de halos. A l'intérieur l'on trouve tout un monde, à boire et à manger : sous un firmament (à proprement parler) de nacre, les cieux d'en dessus s'affaissent sur les cieux d'en dessous, pour ne plus former qu'une mare, un sachet visqueux et verdâtre, qui flue et reflue à l'odeur et à la vue, frangé d'une dentelle noirâtre sur les bords. »
 Guillevic par la parole délivre-t-il les objets de leur gangue diabolique ?
« L'eau que tu bois a connu la mer. »

mercredi 14 mars 2012

« On refait le voyage » : Saint Petersburg 2004 # 2

L’hôtel nous corne comme demandé à 7h.
Il nous faut nous équiper pour affronter la journée.
A 9h nous quittons l’hôtel « Octobre ».
Nous prenons la Nevski Prospekt jusqu’à la rivière / canal Fontanka que nous longeons ; nous nous extasions sur les bâtisses monumentales jaunes, ocres, pistaches voire rouges. Elles possèdent toutes d’énormes gouttières repliées obstruées et dégueulant la glace. La Fontanka ne laisse percevoir l’eau que sous les ponts sinon, elle se montre figée sous la glace et la neige. Des employés municipaux dégagent les trottoirs glissants à petits coups de pique. Des femmes ramassent les détritus peu nombreux. St Pet' offre la vue d’une ville propre sans trop de pubs, de tags et de déchets sans doute à cause du nettoyage entrepris pour le tricentenaire de la ville en 2003. Le soleil nous accompagne, campé dans le ciel bleu, mais quoi qu’en dise notre compère tête nue, il ne fait pas tellement moins froid qu’hier. En évitant de s’étaler sur la glace, nous repartons par la Moskovski Prospekt, traversons le canal et tirons vers la cathédrale Saint Isaac. Nous découvrons sur notre chemin un marché, qui permet l’achat de quelques oranges et d’une chapka pour celui qui était le plus réchauffé du groupe. Les marchands ont le teint plus foncé et leur sourire s’ouvre sur une dentition parée d’or, chez les jeunes comme chez les vieux.
Nous pénétrons dans la Cathédrale Saint Isaac, œuvre du français Auguste de Montferrand. Si l’extérieur est imposant, l’intérieur est époustouflant par sa taille, sa hauteur ainsi que par la richesse de ses matériaux : grande porte en or protégeant l’autel et les objets du culte, colonnes recouvertes de malachite ou de lapis-lazuli, statues dorées dans le tambour de la coupole, marbres polychromes du pavage. Quelques babouchkas grises jouent du chiffon et veillent au respect du lieu, pas un grain de poussière. En regardant vers le haut de la coupole, nous nous interrogeons sur la réalisation de la colombe : est-ce un trompe l’œil, une peinture, une sculpture ? Mais saint Isaac, c’est aussi la « colonnade », la plus belle vue de toute la ville. Il suffit pour la modique somme de 100R par personne de grimper les 250 marches en colimaçon de plus en plus étroites pour se retrouver sur les toits autour de la coupole encadrée par des colonnes érigées là Dieu sait comment ! Une vieille dame postée en surveillance brave le froid dans sa guérite. Elle tente de nous expliquer qu’il aurait fallu s’acquitter d’une taxe pour photographier aux guichets 250 marches plus bas. Devant notre simili incompréhension, elle abdique, surtout que nous sommes français, comme Auguste de Monferrand ! Des haut-parleurs diffusent de la musique. La vue est fantastique et nous permet de nous repérer côté Neva, côté Baltique, de situer les bâtiments d’après leur couleur et leurs dimensions. Vraiment un bon plan, avec en fond de grandes cheminées fumantes ! Nous optons pour l’un des premiers restaurants croisés. A l’étage, la lumière est parcimonieuse, mais le repas, nourrissant et bon : borchtch et poulet Stoganoff avec légumes frits (poivrons entre autres) Dommage que l’habitude soit ici de servir tiède, presque froid. Nous refaisons nos forces cependant et reprenons notre route vers l’Amirauté. Plus de soleil, mais quelques flocons épars commencent à tomber. Nous apercevons le palais d’hiver, la place immense tout comme l’édifice de l’état major avec l’arc de triomphe en l’honneur des armées russes et passons sur l’île Vassilievski. Nous assistons là à visiblement une coutume locale : devant une statue au pied de l’une des colonnes rostrales, des couples de mariés posent pour la photo. Après l’offrande d’un bouquet de fleurs à la statue, face au photographe, ils boivent une coupe de champagne ou de la vodka et repartent en luxueuses limousines ou voitures plus modestes. Trois couples se succèdent ainsi en peu de temps.
Nous poursuivons notre chemin le long de la Neva vers la forteresse Pierre et Paul. Nous la contournons en suivant les remparts puis la traversons en flânant sans visiter les bâtiments. Nous rentrons tranquillement ; Il fait froid sur le pont Troïtski most (pont de la trinité), mais la balustrade en fer forgée est bien jolie. Après notre passage dans les Champs de Mars, domaine des corneilles mantelées grises et noires, bien rondes, nous nous orientons vers l’Eglise Saint Sauveur du sang versé ou Eglise de la Résurrection du Sauveur. Une magnifique grille en fer forgé aux motifs végétaux sépare les jardins de cette église totalement russe avec ses bulbes et ses couleurs impensables qui lui donnent un aspect tarte à la crème vue de près. L’entrée, comme à Saint Isaac, est payante ; il nous manque quelques roubles, dont nous fait cadeau la guichetière en nous refilant un billet étudiant à demi tarif. Là aussi, comme à St Isaac, l’intérieur surprend, mais dans un tout autre style (début 20ème ) La mosaïque recouvre tout, et représente des scènes religieuses ou des décors floraux, assez « modern style ». Le bleu presque turquoise domine ; nous déambulons selon un trajet délimité par des tapis, de manière à ne pas endommager le pavage magnifique en marguerite. Nous remarquons les formes orientales disposées au-dessus des portes ; elles imitent les fameuses coiffes des femmes russes, ces sortes de diadèmes nommés kokochnika. Les lustres en laiton semblent eux aussi s’inspirer de l’orient. Lorsque nous sortons vers 18h, la nuit enveloppe la ville. Nous retrouvons facilement le chemin de la maison, et après change et commissions (vodka , lait et pain) nous regagnons notre asile avec plaisir. Dans un restau nous sommes accueillis par un jeune marocain étudiant natif de Fez avec lequel nous avons une connivence de latins (il nous apprend la température d’hier soir = - 20°.. )

mardi 13 mars 2012

Chroniques de Jérusalem. Guy Delisle.

Nous sommes bien contents d’avoir des nouvelles du canadien et de sa petite famille.
Papa est toujours au foyer pendant que maman sous le feu des conflits travaille avec MSF.
Comme en Birmanie qu’il nous fit découvrir si bien, les préoccupations du quotidien : trouver un terrain de jeu pour les enfants, passer du temps dans les embouteillages, permettent de décrire sans accabler une situation complexe, avec une simplicité biblique. Des moments de tension surgissent à la terrasse d’un café, après un moment de douceur dans un jardin caché, les petites contrariétés se mêlent aux absurdités les plus lourdes.
Le mur.
En 340 pages, il a le temps de nous faire part de l’actualité la plus spectaculaire :
opération « plomb fondu » (1400 morts),
de la violence permanente de la colonisation avec ses faux semblants : l’armée qui déloge des « illégaux » et les laisse se réinstaller le lendemain,
des sédimentations de l’histoire avec des cultes divers et rivaux.
Il évolue avec nous de la candeur vers une compréhension plus fine.
La description de l’intime avec ses lassitudes, ses paresses, rend encore plus présente une situation politique préoccupante grâce à son souci constant de multiplier les points de vue.
Il suit une visite de colonie avec un colon et sympathise avec des palestiniens ou des israéliens plus acerbes sur Israël que se le permettent les médias de chez nous.

lundi 12 mars 2012

Never let me go. Mark Romanek.

Dans le cadre du festival Cinéduc, j’ai appris le mot « dystopie »,
le contraire d’ « Utopie », thème de cette année. J’ajoute les précisions de Wikipédia puisque ce film de 2009 m’a semblé une parfaite illustration de cette définition : « Une dystopie- ou contre-utopie est un récit de fiction peignant une société imaginaire organisée de telle façon qu'elle empêche ses membres d'atteindre le bonheur et contre l'avènement de laquelle l'auteur entend mettre en garde le lecteur ».
Il convient de ne pas dévoiler le secret de cette pension anglaise tellement cosy et peuplée d’enfants si beaux qui chantent tellement bien.
La force de ce récit tiré d’un roman d’Ishiguro "Auprès de moi toujours " tient à la douce acceptation des personnages d’un destin
où « ils ne seront pas pilotes de ligne ».
Bien que « Le cri » de Munch me soit venu en référence où comme dans un cauchemar, l’effroi s’accroit quand aucun son ne peut sortir.
La brutalité implacable de ces destins, n’éclabousse pas l’écran, elle se love efficacement dans les belles lumières de la campagne et des bords de mer anglais.
Ce film d’amour romantique, appelle à une réflexion sur notre société grâce à un scénario qui nous embarque sans tapage, laissant pour nos mémoires saturées des traces pouvant persister.
« Je me retrouvais face à des hectares de terre labourée. (...) le long de la clôture, surtout sur le rang de barbelés le plus bas, toutes sortes de détritus s'étaient accrochés et enchevêtrés. C'étaient comme des débris qu'on trouve au bord de la mer : le vent avait dû en charrier une partie sur des kilomètres et des kilomètres avant de se heurter enfin à ces arbres et à ces deux rangées de barbelés. Je voyais aussi dans les branches des morceaux de plastique déchirés et des bouts de vieux sacs qui claquaient. Ce fut l'unique fois où, me tenant là, regardant ces étranges ordures, sentant le vent souffler à travers ces champs vides, je me laissai aller à une petite fantaisie de mon imagination (...) je pensais aux détritus, aux plastiques, qui claquait dans les branches au littoral de curieux objets accrochés le long de la clôture, et je fermai à demi les yeux pour imaginer que c'était l'endroit où tout ce que j'avais perdu depuis mon enfance s'était échoué, et que je me tenais là devant à présent. »
 Merci à mon camarade Daniel qui a aimé aussi ce « mélo en SF » pour être allé chercher dans le livre, les mots qui viennent à la fin.