C’est le titre du petit opuscule édité par le CNR, Comité National de la Résistance le 15 mars 1944, dont un ami m’a communiqué un fac-similé, car j’ai été frappé que dans les débats sur le Renouveau en cette fin juin 2010 à Grenoble, on fit tant référence à ce document qui s’avère d’une actualité brûlante. En effet, après un plan d’action immédiat contre les oppresseurs, bien des paragraphes concernant un ordre social plus juste sont bons à citer à nouveau :
« L’instauration d’une véritable démocratie économique et sociale impliquant l’éviction des grandes féodalités économiques et financières de la direction de l’économie ». Fouquet’s.
« Un plan complet de sécurité sociale visant à assurer à tous les citoyens des moyens d’existence dans tous les cas où ils sont incapables de se les procurer par le travail avec gestion appartenant aux représentants des intéressés et de l’Etat » En ce temps là il y avait une crise certaine.
« Une retraite permettant aux vieux travailleurs de finir dignement leurs jours » Dignement
« La possibilité effective, pour les enfants français, de bénéficier de l’instruction et d’accéder à la culture la plus développée, quelque soit la situation de fortune de leurs parents… » Fermetures de postes.
Il est aussi question de liberté de la presse. En 2010, la France figure au 44° rang du classement RESF. Quand l’équipe de foot était 27°au classement FIFA, l’entraineur fut limogé.
Ce programme du Conseil national de la Résistance de mars 1944 : « comment il a été écrit et mis en œuvre, et comment Sarkozy accélère sa démolition », les éditions de La Découverte viennent de le rééditer avec des apports de Jean-Luc Porquet, François Rufin. Si vous l’avez lu, faites nous part de vos commentaires.
………………………
Cabu dans Le Canard enchaîné de cette semaine :
vendredi 22 octobre 2010
jeudi 21 octobre 2010
Le XVII° siècle ou l'émergence des femmes (peintres)
C’est le temps des salons où des femmes réunirent des assemblées plus productives que bien des académies où elles commencent pourtant à être reçues.
Rosalba Carriera, miniaturiste vénitienne et surtout virtuose du pastel eut un succès dans bien des cours d’Europe comme portraitiste. Elle connut Watteau et influença à son tour nombre d’artistes tel Quentin De La Tour. Nous pouvons percevoir son époque à travers ses lumières subtiles et vaporeuses. Elle finira sa vie aveugle après avoir été opérée à trois reprises de la cataracte.
Adelaïde Labille Guiard, aide de Quentin De La Tour, passera des portraits des filles de Louis XV dites Mesdames qui contribueront au discrédit de l’Autrichienne Marie Antoinette à celui de Robespierre.
« Ne croiés pas, Monsieur, que ces Portraits ainsi que tant d'autres, offrent une attitude roide, contrainte, qui annonce l'ennui du modèle et la fatigue de l'artiste; dans ceux de Madame Guiard, on s'imagine converser avec les personnes dont elle offre l'image fidelle, par le ton d'aisance et la facilité qu'on y remarque. On devine en quelque sorte l'esprit et le caractère de chacun de ses modelés : l’âme semble peinte sur le visage. »
Angelica Kaufmann a désormais son buste à côté du tombeau de Raphaël; native des Grisons elle connut une carrière internationale. Confite en dévotions après une vie plutôt agitée, elle osa les nus masculins. Elle est une des représentantes éminente du mouvement néo classique.
Elisabeth Vigée Lebrun reste la plus célèbre alors qu’elle fut détestée pour sa proximité avec Marie Antoinette dont elle peignit une trentaine de portraits. Elle estimait que la révolution avait détrôné les femmes. C’est vrai pour sa peinture qui était bien plus charmante avant la révolution avec ses chairs délicates, elle, dont David reconnaissait le talent. Un de ces tableaux les plus célèbres : « Marie Antoinette et ses enfants » relevait d’une démarche de communication pour montrer la reine en bonne mère, mais le berceau que le dauphin désigne est vide, la petite sœur qui devait l’occuper est morte.Les réactions face à un pouvoir discrédité, sont hostiles "Voilà le Déficit !"raillèrent les mêmes qui s'interrogent aujourd'hui : "quel rabot des niches pour le nabot des riches?"
Serge Legat le conférencier des amis du musée a choisi Rosa Bonheur comme incarnation du nouveau rôle des femmes, au XIX° siècle. Cette admiratrice de Georges Sand peut être classée parmi les féministes, bien qu’elle se devait de solliciter l’autorisation à la préfecture tous les six mois pour porter le pantalon. Ses amours furent féminines. Elle connut tous les honneurs et bénéficia de côtes vertigineuses. Son « Marché aux chevaux » qui figure au MET est d’une vigueur remarquable. Ses compositions qui peuvent s’apparenter à des frises valorisent une campagne du second empire prospère, plus idéalisée que celle de Millet. Un musée lui est consacré à By en bordure de la forêt de Fontainebleau où l’on peut admirer en particulier des études d’animaux.
La voie est ouverte pour tant d’autres. Si bien qu’au 21° à l’atelier où mes crayons se trainent il y a majoritairement des représentantes du sexe faible.
Heureusement le maître est un mâle. Une curiosité.
Rosalba Carriera, miniaturiste vénitienne et surtout virtuose du pastel eut un succès dans bien des cours d’Europe comme portraitiste. Elle connut Watteau et influença à son tour nombre d’artistes tel Quentin De La Tour. Nous pouvons percevoir son époque à travers ses lumières subtiles et vaporeuses. Elle finira sa vie aveugle après avoir été opérée à trois reprises de la cataracte.
Adelaïde Labille Guiard, aide de Quentin De La Tour, passera des portraits des filles de Louis XV dites Mesdames qui contribueront au discrédit de l’Autrichienne Marie Antoinette à celui de Robespierre.
« Ne croiés pas, Monsieur, que ces Portraits ainsi que tant d'autres, offrent une attitude roide, contrainte, qui annonce l'ennui du modèle et la fatigue de l'artiste; dans ceux de Madame Guiard, on s'imagine converser avec les personnes dont elle offre l'image fidelle, par le ton d'aisance et la facilité qu'on y remarque. On devine en quelque sorte l'esprit et le caractère de chacun de ses modelés : l’âme semble peinte sur le visage. »
Angelica Kaufmann a désormais son buste à côté du tombeau de Raphaël; native des Grisons elle connut une carrière internationale. Confite en dévotions après une vie plutôt agitée, elle osa les nus masculins. Elle est une des représentantes éminente du mouvement néo classique.
Elisabeth Vigée Lebrun reste la plus célèbre alors qu’elle fut détestée pour sa proximité avec Marie Antoinette dont elle peignit une trentaine de portraits. Elle estimait que la révolution avait détrôné les femmes. C’est vrai pour sa peinture qui était bien plus charmante avant la révolution avec ses chairs délicates, elle, dont David reconnaissait le talent. Un de ces tableaux les plus célèbres : « Marie Antoinette et ses enfants » relevait d’une démarche de communication pour montrer la reine en bonne mère, mais le berceau que le dauphin désigne est vide, la petite sœur qui devait l’occuper est morte.Les réactions face à un pouvoir discrédité, sont hostiles "Voilà le Déficit !"raillèrent les mêmes qui s'interrogent aujourd'hui : "quel rabot des niches pour le nabot des riches?"
Serge Legat le conférencier des amis du musée a choisi Rosa Bonheur comme incarnation du nouveau rôle des femmes, au XIX° siècle. Cette admiratrice de Georges Sand peut être classée parmi les féministes, bien qu’elle se devait de solliciter l’autorisation à la préfecture tous les six mois pour porter le pantalon. Ses amours furent féminines. Elle connut tous les honneurs et bénéficia de côtes vertigineuses. Son « Marché aux chevaux » qui figure au MET est d’une vigueur remarquable. Ses compositions qui peuvent s’apparenter à des frises valorisent une campagne du second empire prospère, plus idéalisée que celle de Millet. Un musée lui est consacré à By en bordure de la forêt de Fontainebleau où l’on peut admirer en particulier des études d’animaux.
La voie est ouverte pour tant d’autres. Si bien qu’au 21° à l’atelier où mes crayons se trainent il y a majoritairement des représentantes du sexe faible.
Heureusement le maître est un mâle. Une curiosité.
mercredi 20 octobre 2010
New York. J7. Quartiers arty et vue sur la ville.
La sonnette annonce Emma, notre logeuse, qui se met à notre disposition avec son ordinateur portable pour la confirmation de nos billets d’avion. Nous sommes rassurés par son intervention décisive. Le nuage de poussière semble stagner voire s’atténuer. Sur son Ipod, « sa deuxième passion après ses enfants », elle nous montre des photos des étapes de la rénovation de l’appartement que nous occupons, qui était une la ruine quatre ans auparavant.
Nous partons avec une température idéale pour une promenade à Chelsea. Nous suivons le trajet proposé par le guide « Evasion », balade agréable dans un quartier calme. Visite d’une petite galerie d’art aux murs rouillés où sont exposées de petites statues sympathiques. L’international Poster center (601W26th ST) est situé au 13° étage d’un bâtiment en rénovation à l’extérieur comme à l’intérieur semblable à un parking en sous sol avec tuyauteries apparentes, murs peints grossièrement par-dessus les briquettes avec poubelles sur le palier. Derrière des portes fermées à clef se cachent des entreprises annoncées sobrement. Nous sommes accueillis en français, l’expo permet de voir des affiches datant du début de l’autre siècle destinées à une vente aux enchères au mois de mai. Nous pouvons circuler librement au milieu d’œuvres de Mucha, d’annonces de spectacles de Mistinguett, Maurice Chevalier ou Buffalo Bill, de réclames pour des automobiles. Nous avons à notre disposition des catalogues de vente où nous pouvons prendre connaissance des prix allant de 5000 à 30 000$ de quoi n’avoir aucun regret de ne pouvoir assister aux enchères. Nous bénéficions par ailleurs d’un point de vue superbe par les fenêtres d’une des salles d’archivage.
Nous nous arrêtons au « Don Giovanni restaurant » assez cher avec des salades plutôt fades mais cette halte au milieu des photos vieillies de Caruso nous repose avant d’attaquer un autre quartier. La serveuse roule sacrément les « r », son parler ne reproduit pas l’accent nasillard américain ou plus select des british. Nous pénétrons après dans le hall de l’hôtel Chelsea où bien des notes étaient payées en œuvre d’art. Le générique d’ « ex fan des sixties » défile: il abrita Janis Joplin, Jane Fonda, Hendrix, Dylan, Nabokov, Monroe, Warhol… le poète Dylan Thomas y tomba dans le coma après 18 whiskies.
Nous partons en direction de Soho d’un coup de métro. Les commerces de luxe s’affichent comme Vuitton, Chanel, Mimi de Montparnasse, au rez-de-chaussée d’immeubles en fonte bien entretenus où les échelles de secours rythment les façades. Souvent de couleur blanche, où tranchent le rouge et le vert comme le « Little Singer Building » conçu pour le fabricant de machines à coudre. Dans la rue de ce bâtiment de 1905 s’est installé un marché de petits vendeurs de CD « made by him self », ou de petites structures en fil de fer, artisans peintres et graffeurs sur supports de récupération. Nous achetons un dessin accompagné d’une citation traduite en anglais d’Albert Camus inscrite au feutre sur une feuille de papier journal. L’artiste édenté, ne manque pas d’humour. Sur notre chemin, nous nous arrêtons dans une galerie proposant des lithographies de Dali, Picasso, Chagall. Malgré les prix affichés qui dépassent de loin nos moindres prétentions, l’accueil est chaleureux, « welcome » sans mépris ni froideur. Ce n’est pas la première fois que nous remarquons cette gentillesse, ce manque de distance sociale. Nous nous promenons encore dans ce quartier entre Soho et Tribeca, avant de prendre le métro. Nous nous renseignons pour trouver la bouche du métro, ou plutôt un homme propose de nous aider, alors que nous sommes plongés dans les plans, et nous conduit le plus loin possible pour lui dans les sous terrains pour nous mettre dans la bonne direction « Enjoy » « Thank you Isidore ».
Notre dernière destination de la journée est l’Empire State Building. A cette heure, peu après 19h, plus de queue pour accéder au contrôle de sécurité, mais le cheminement compliqué délimité par des cordons rouges laisse imaginer le monde qu’il peut y avoir à d’autres heures. Nous prenons un premier ascenseur, un express qui franchit les 80 premiers étages affichés électroniquement 20 par 20. Nos oreilles réagissent comme dans un avion. Un deuxième nous hisse 6 étages plus haut à la plate forme panoramique. La nuit s’installe inégalement dans le ciel, mais uniformément sur la ville. C’est époustouflant. Nous dominons le monde, la statue de la liberté apparaît toute petite et lance timidement la lumière depuis son flambeau. Les buildings s’éclairent et on en identifie certains comme le Chrysler. La rumeur de la ville gronde en continu, renforcée par les moteurs d’hélicoptères et les sirènes de police et d’ambulance en contrepoint. Il n’y a pas de bousculade ou d’individu s’imposant pour s’approcher des grilles protectrices. Nous prenons notre temps, nous délectant de cette vue où la configuration des îles et des rivières se lit facilement.
Nous renonçons à une balade nocturne dans les rues de Manhattan.
Nous partons avec une température idéale pour une promenade à Chelsea. Nous suivons le trajet proposé par le guide « Evasion », balade agréable dans un quartier calme. Visite d’une petite galerie d’art aux murs rouillés où sont exposées de petites statues sympathiques. L’international Poster center (601W26th ST) est situé au 13° étage d’un bâtiment en rénovation à l’extérieur comme à l’intérieur semblable à un parking en sous sol avec tuyauteries apparentes, murs peints grossièrement par-dessus les briquettes avec poubelles sur le palier. Derrière des portes fermées à clef se cachent des entreprises annoncées sobrement. Nous sommes accueillis en français, l’expo permet de voir des affiches datant du début de l’autre siècle destinées à une vente aux enchères au mois de mai. Nous pouvons circuler librement au milieu d’œuvres de Mucha, d’annonces de spectacles de Mistinguett, Maurice Chevalier ou Buffalo Bill, de réclames pour des automobiles. Nous avons à notre disposition des catalogues de vente où nous pouvons prendre connaissance des prix allant de 5000 à 30 000$ de quoi n’avoir aucun regret de ne pouvoir assister aux enchères. Nous bénéficions par ailleurs d’un point de vue superbe par les fenêtres d’une des salles d’archivage.
Nous nous arrêtons au « Don Giovanni restaurant » assez cher avec des salades plutôt fades mais cette halte au milieu des photos vieillies de Caruso nous repose avant d’attaquer un autre quartier. La serveuse roule sacrément les « r », son parler ne reproduit pas l’accent nasillard américain ou plus select des british. Nous pénétrons après dans le hall de l’hôtel Chelsea où bien des notes étaient payées en œuvre d’art. Le générique d’ « ex fan des sixties » défile: il abrita Janis Joplin, Jane Fonda, Hendrix, Dylan, Nabokov, Monroe, Warhol… le poète Dylan Thomas y tomba dans le coma après 18 whiskies.
Nous partons en direction de Soho d’un coup de métro. Les commerces de luxe s’affichent comme Vuitton, Chanel, Mimi de Montparnasse, au rez-de-chaussée d’immeubles en fonte bien entretenus où les échelles de secours rythment les façades. Souvent de couleur blanche, où tranchent le rouge et le vert comme le « Little Singer Building » conçu pour le fabricant de machines à coudre. Dans la rue de ce bâtiment de 1905 s’est installé un marché de petits vendeurs de CD « made by him self », ou de petites structures en fil de fer, artisans peintres et graffeurs sur supports de récupération. Nous achetons un dessin accompagné d’une citation traduite en anglais d’Albert Camus inscrite au feutre sur une feuille de papier journal. L’artiste édenté, ne manque pas d’humour. Sur notre chemin, nous nous arrêtons dans une galerie proposant des lithographies de Dali, Picasso, Chagall. Malgré les prix affichés qui dépassent de loin nos moindres prétentions, l’accueil est chaleureux, « welcome » sans mépris ni froideur. Ce n’est pas la première fois que nous remarquons cette gentillesse, ce manque de distance sociale. Nous nous promenons encore dans ce quartier entre Soho et Tribeca, avant de prendre le métro. Nous nous renseignons pour trouver la bouche du métro, ou plutôt un homme propose de nous aider, alors que nous sommes plongés dans les plans, et nous conduit le plus loin possible pour lui dans les sous terrains pour nous mettre dans la bonne direction « Enjoy » « Thank you Isidore ».
Notre dernière destination de la journée est l’Empire State Building. A cette heure, peu après 19h, plus de queue pour accéder au contrôle de sécurité, mais le cheminement compliqué délimité par des cordons rouges laisse imaginer le monde qu’il peut y avoir à d’autres heures. Nous prenons un premier ascenseur, un express qui franchit les 80 premiers étages affichés électroniquement 20 par 20. Nos oreilles réagissent comme dans un avion. Un deuxième nous hisse 6 étages plus haut à la plate forme panoramique. La nuit s’installe inégalement dans le ciel, mais uniformément sur la ville. C’est époustouflant. Nous dominons le monde, la statue de la liberté apparaît toute petite et lance timidement la lumière depuis son flambeau. Les buildings s’éclairent et on en identifie certains comme le Chrysler. La rumeur de la ville gronde en continu, renforcée par les moteurs d’hélicoptères et les sirènes de police et d’ambulance en contrepoint. Il n’y a pas de bousculade ou d’individu s’imposant pour s’approcher des grilles protectrices. Nous prenons notre temps, nous délectant de cette vue où la configuration des îles et des rivières se lit facilement.
Nous renonçons à une balade nocturne dans les rues de Manhattan.
mardi 19 octobre 2010
Comment je suis devenu stupide. M. Page. N. Witko.
Vaste programme qui correspond au passage à l’âge adulte d’un être trop lucide. L’humour est noir dans les éditions « Six pieds sous terre ». Et bien que cet album soit issu d’un livre, on peut déceler un travers de certains auteurs de BD, complexés par rapport à la littérature plus conventionnelle, de " se la jouer un peu trop", en rajouter dans la complication ou le clin d’œil élitiste.
« La lucidité est la blessure la plus proche du soleil » disait René Char dont la formule figure à la préfecture de Grenoble lieu d’un discours tristement célèbre du triste sire qui nous gouverne. Pauvre poète résistant.
Accéder à la stupidité est un chemin difficile qu’emprunte le héros mais il ne supporte pas l’alcool et les tentatives de suicide sont éreintantes, parole de momie. Il lui reste à devenir trader. Le récit de ce destin nauséeux dissuadera-t-il les candidats à ce métier qui sont parait-il très nombreux ?
« La lucidité est la blessure la plus proche du soleil » disait René Char dont la formule figure à la préfecture de Grenoble lieu d’un discours tristement célèbre du triste sire qui nous gouverne. Pauvre poète résistant.
Accéder à la stupidité est un chemin difficile qu’emprunte le héros mais il ne supporte pas l’alcool et les tentatives de suicide sont éreintantes, parole de momie. Il lui reste à devenir trader. Le récit de ce destin nauséeux dissuadera-t-il les candidats à ce métier qui sont parait-il très nombreux ?
lundi 18 octobre 2010
Bébés
Pour une fois que le tour de la planète ne nous déprime pas, ne boudons pas notre plaisir. Ce documentaire de Thomas Balmès est élémentaire en accord avec son objet. La première année dans la vie d’un bébé en Namibie, à San Francisco, au Japon et dans la plaine mongole, filmée à la hauteur des petits est émouvante. De leur venue au monde au premier pas. Au-delà des environnements entre surabondance et dépouillement extrêmes, retrouver les mêmes codes qui fondent notre humanité nous touche: les grands frères sont jaloux pareillement sous la yourte où dans les pavillons de chez nous et le sourire de maman également indispensable dans l’ascenseur qui surplombe la ville illuminée que dans la poussière près de la case. Télérama a trouvé le film trop gentillet : raison de plus de savoir que vous êtes dans la bonne file d’attente. Le jour où tout le monde aura perdu sa capacité à s’attendrir, la planète sera devenue un désert. Et je n’ai pas trouvé ce film gnangnan : le chat est magnanime sous toutes les latitudes même quand il est trituré vigoureusement, la présence des animaux est intéressante dans ces histoires tendres qui nous redonnent le sourire.
dimanche 17 octobre 2010
Le roi s’amuse.
"Quand on n'a plus d'honneur, on n'a plus de famille."
Une citation de la pièce de Hugo qui fut interdite très vite par la monarchie de juillet, pour dire que du temps a passé : le mot honneur qu’on vient de connaître en légion a perdu de sa grandeur. Rancillac le metteur en scène a pourtant bien souligné l’actualité d’une représentation du pouvoir au temps de François premier où le bouffon a le rôle premier. J’ai apprécié les boules à facettes, le décor en miroir, de cette cour bing bling, mais Denis Lavant du haut de ses talonnettes ne m’a pas atteint dans les séquences dramatiques. Il est convainquant en fou du roi mais ses relations avec sa fille qui est bien nunuche, m’ont parues factices, et sa douleur proche du grand guignol.
« Entre la morale nostalgique d’un Saint Vallier, l’absence totale de limites de la cour de François 1° et le tout sécuritaire paranoïaque de Triboulet, il doit pourtant exister une autre éthique » note le metteur en scène. On a bien envie de suivre son regard, mais je ne suis pas sûr que les lycéennes qui garnissaient l’Hexagone ce soir là, n’aient pas subi quelque brouillage spatio temporel quand dans ce décor de boîte de nuit, il est question du « guet », elles n’en aient pas compris un autre. Les vers d’Hugo n’avaient pas forcément besoin de photo au portable pour nous évoquer le présent. Ils en paraissent même parfois un peu longuets, quand Triboulet pérore devant un sac à viande. Pourtant quelle force dans le manifeste que le jeune Victor rédigea après l’interdiction de sa pièce :
« Le poète parlera lui-même pour l'indépendance de son art. Il plaidera son droit fermement, avec gravité et simplicité … Il réussira, il n'en doute pas. Quand cela sera fait, quand il aura rapporté chez lui intacte et inviolable sa liberté de poète et de citoyen, il se remettra à l'œuvre de sa vie. Il a sa besogne à faire, il le sait et rien ne l'en distraira … Le pouvoir qui s'attaque à nous n'aura pas gagné grand chose à ce que nous, hommes d'art, quittions notre tâche consciencieuse, tranquille, sincère, profonde, notre tâche du passé et de l'avenir, pour aller nous mêler offensés, indignés, sévères, à cet auditoire irrévérent et railleur qui, depuis quinze ans, regarde passer, avec des huées et des sifflets, quelques pauvres diables de gâcheurs politiques, lesquels s'imaginent qu'ils construisent un édifice social parce qu'ils vont tous les jours à grand peine, suant et soufflant, brouetter des tas de projets de loi des Tuileries au Palais Bourbon et du Palais Bourbon au Luxembourg ! »
Une citation de la pièce de Hugo qui fut interdite très vite par la monarchie de juillet, pour dire que du temps a passé : le mot honneur qu’on vient de connaître en légion a perdu de sa grandeur. Rancillac le metteur en scène a pourtant bien souligné l’actualité d’une représentation du pouvoir au temps de François premier où le bouffon a le rôle premier. J’ai apprécié les boules à facettes, le décor en miroir, de cette cour bing bling, mais Denis Lavant du haut de ses talonnettes ne m’a pas atteint dans les séquences dramatiques. Il est convainquant en fou du roi mais ses relations avec sa fille qui est bien nunuche, m’ont parues factices, et sa douleur proche du grand guignol.
« Entre la morale nostalgique d’un Saint Vallier, l’absence totale de limites de la cour de François 1° et le tout sécuritaire paranoïaque de Triboulet, il doit pourtant exister une autre éthique » note le metteur en scène. On a bien envie de suivre son regard, mais je ne suis pas sûr que les lycéennes qui garnissaient l’Hexagone ce soir là, n’aient pas subi quelque brouillage spatio temporel quand dans ce décor de boîte de nuit, il est question du « guet », elles n’en aient pas compris un autre. Les vers d’Hugo n’avaient pas forcément besoin de photo au portable pour nous évoquer le présent. Ils en paraissent même parfois un peu longuets, quand Triboulet pérore devant un sac à viande. Pourtant quelle force dans le manifeste que le jeune Victor rédigea après l’interdiction de sa pièce :
« Le poète parlera lui-même pour l'indépendance de son art. Il plaidera son droit fermement, avec gravité et simplicité … Il réussira, il n'en doute pas. Quand cela sera fait, quand il aura rapporté chez lui intacte et inviolable sa liberté de poète et de citoyen, il se remettra à l'œuvre de sa vie. Il a sa besogne à faire, il le sait et rien ne l'en distraira … Le pouvoir qui s'attaque à nous n'aura pas gagné grand chose à ce que nous, hommes d'art, quittions notre tâche consciencieuse, tranquille, sincère, profonde, notre tâche du passé et de l'avenir, pour aller nous mêler offensés, indignés, sévères, à cet auditoire irrévérent et railleur qui, depuis quinze ans, regarde passer, avec des huées et des sifflets, quelques pauvres diables de gâcheurs politiques, lesquels s'imaginent qu'ils construisent un édifice social parce qu'ils vont tous les jours à grand peine, suant et soufflant, brouetter des tas de projets de loi des Tuileries au Palais Bourbon et du Palais Bourbon au Luxembourg ! »
samedi 16 octobre 2010
Les dix femmes de l’industriel Rauno Rämekorpi
Quelle santé !
Depuis « Le lièvre de Vatanen », il y a plus de vingt ans, j’ai eu quelques rendez-vous avec Arto Paasilinna, le truculent auteur finnois, dont j’ai beaucoup aimé « Petits suicides entre amis » et « La douce empoisonneuse ». Cette fois la tournée d’un entrepreneur bon vivant chez ses maîtresses, qu’il honore vivement mais sans vulgarité aucune, a forcément un côté répétitif puisqu’elles sont neufs à la queue leu leu à recevoir des fleurs dont il vient d’être couvert pour son soixantième anniversaire. Il faut ajouter sa femme mais celle-ci est allergique au pollen.
Abandonnant sa queue de pie, le généreux bonhomme rejouera un deuxième tour, cette fois en père Noël. Sautillante galerie de portraits, coups de pattes à cette société finlandaise citée constamment en exemple, situations cocasses.
Une de ses partenaires, journaliste est tellement alcoolique qu’avec ce qu’elle a éclusé « elle aurait pu acheter un grand magasin, plus douze kilomètres de route ou, au choix, trois petits lacs. »
De l’humour revigorant.
« Pour se rafraichir en sortant de l’étuve, Rauno resta un moment nu sur le balcon du premier étage, à regarder d’un air songeur la mer glacée. Son corps encore fumant était propre, sa conscience un peu moins, mais un heureux sentiment emplissait malgré tout son âme. »
Conseillé à tous ceux qui entrent en sexagénaire attitude.
Depuis « Le lièvre de Vatanen », il y a plus de vingt ans, j’ai eu quelques rendez-vous avec Arto Paasilinna, le truculent auteur finnois, dont j’ai beaucoup aimé « Petits suicides entre amis » et « La douce empoisonneuse ». Cette fois la tournée d’un entrepreneur bon vivant chez ses maîtresses, qu’il honore vivement mais sans vulgarité aucune, a forcément un côté répétitif puisqu’elles sont neufs à la queue leu leu à recevoir des fleurs dont il vient d’être couvert pour son soixantième anniversaire. Il faut ajouter sa femme mais celle-ci est allergique au pollen.
Abandonnant sa queue de pie, le généreux bonhomme rejouera un deuxième tour, cette fois en père Noël. Sautillante galerie de portraits, coups de pattes à cette société finlandaise citée constamment en exemple, situations cocasses.
Une de ses partenaires, journaliste est tellement alcoolique qu’avec ce qu’elle a éclusé « elle aurait pu acheter un grand magasin, plus douze kilomètres de route ou, au choix, trois petits lacs. »
De l’humour revigorant.
« Pour se rafraichir en sortant de l’étuve, Rauno resta un moment nu sur le balcon du premier étage, à regarder d’un air songeur la mer glacée. Son corps encore fumant était propre, sa conscience un peu moins, mais un heureux sentiment emplissait malgré tout son âme. »
Conseillé à tous ceux qui entrent en sexagénaire attitude.
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