dimanche 10 juin 2012

Louis Armstrong. Antoine Hervé&Michel Delakian.


Comme d’habitude, Antoine Hervé évoque avec talent tous les instruments de l’orchestre, mais cette fois il est venu avec un complice trompettiste plus convainquant d’ailleurs avec son instrument qu’avec sa voix, pour une évocation de « Satchmo » (satchelmouth, « bouche en forme de besace »).
Sont mis en évidence, les suraigus et les vibratos de celui dont le premier conservatoire fut une maison de correction.
Depuis les orchestres sur les bateaux à aube du Mississipi à ses formations « hot » five ou seven :
« ce que nous jouons c’est la vie » disait il.
De la Nouvelle Orléans à NewYork en passant par Chicago, des racines afro Caraïbes jusqu’à la consécration mondiale, la figure tutélaire du jazz a donné au soliste toute sa place et popularisé le scat, aussi inventif avec sa voix qu’avec sa trompette.
« Je viens d’une ville où tout le monde rit, chante, danse et tape du pied » 
Sa personnalité généreuse a contribué à sa popularité
« Pourquoi souriez- vous toujours ? » 
« Parce que je suis payé pour ça » 
Pour donner une leçon à un de ses batteurs qui était venu à un concert diminué par une consommation excessive d’alcool, il l’invita à un plantureux repas bien arrosé et à la fin de la fête, en claquant la porte il lui dit :« ça, pas avant un concert ! ».
Les batteurs, nous dit Hervé, sont comme les capotes :
 « c’est plus sûr avec, mais sans c’est quand même meilleur ». 
Le conférencier qui sera dans le off à Avignon, considère que
« le jazz est comme une gambas, à décortiquer » 
et Roland Yvanez ajoute qu’ « Antoine Hervé le débarrasse d’une enveloppe pédante indigeste pour retrouver sa pleine saveur originelle ; en particulier dans sa relation au corps, au rythme, à la danse. Sa métaphore culinaire affiche d’emblée les tonalités principales de ses leçons : simplicité et humour… en contrepoids d’une érudition encyclopédique. »
J’avais trop confiance en Internet pour me redonner la citation qu’il fit de Gerber qui a si bien écrit sur Louie mais je ne l’ai pas retrouvée. Nous avons eu droit à « Hello dolly » à « When the saints » mais pas de « Wonderful world » mais rien que dans l’introduction de « West End Blues » deux phrases permettent à Gunther Schuller d’écrire « à elles seules, résument presque entièrement le style de Louis Armstrong et son apport au langage du jazz. La première est saisissante, en raison de la force, du dynamisme de ses quatre premières notes (sol, mi bémol, ut, fa dièse). Nous sommes immédiatement sensibles au swing terrifiant qu’elles expriment, bien qu’elles soient jouées sur le temps, non syncopées, et qu’aucune référence rythmique ne nous soit fournie, puisque Louis Armstrong joue sans accompagnement. »

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