Nous quittons les lieux silencieux après une nuit musicale vers 9h15, à pieds dans les rues traîtres car très pentues, dont la déclivité n’apparaît pas sur le cartoville. Nous hésitons entre marcher sur la route ou sur les trottoirs toujours recouverts de petits pavés inégaux. A la sortie de la casa, Michèle tombe sur un billet de 5 euros : hier elle avait ramassé déjà une piécette de quelques centimes. Bons augures…
Nous nous acheminons vers le Jardim da Estrela (jardin de l’étoile) par la rue Amaro. Celle-ci découragerait le plus aventureux des cyclistes à cause du pourcentage impressionnant de la pente. Le jardin est agréable, il a son aire de jeux pour les enfants, sa mare avec cygne noir et canards et des installations sportives pour lutter contre l’ostéoporose, vélo, poignets pour étirement, moulinet pour les muscles des bras….
Nous visitons la Basilica Estrela, très mexicaine de l’extérieur mais sans grand intérêt à l’intérieur. Une vieille dame nous indique le musée Fernando Pessoa. Mais la dernière demeure du poète dont la façade affiche quelques uns des vers n’ouvre pas le dimanche. Nous nous replions sur le cimetière anglais, que nous contournons avant d’en trouver l’entrée. Des croix celtes, des tombes de différentes époques s’amassent autour d’une église anglicane, dans le respect du panneau « sans fleur artificielle ». Le lieu appartient visiblement à une multitude de chats qui en ont fait leur royaume.
Nous remontons l’avenue Alvares Cabral afin de prendre le métro à la station Rato. Nous bataillons un moment devant les machines tactiles pour obtenir pass et billets ; plusieurs personnes nous aident à parvenir à nos fins (17€80 les 4 pass pour la journée dont 0,50€ pour chaque carte valable un an et à recharger quand elle est épuisée). Le métro est flambant neuf, ses lignes se repèrent à leur couleur. Nous empruntons d’abord la bleue (Azul) puis la verte pour la correspondance et ressortons à la station Martin Moniz. Nous repérons rapidement devant l’hôtel Mondial l’arrêt du tram n°28, recommandé par le routard pour son trajet pittoresque à travers l’Alfama et Graça. Nous prenons notre tour dans la queue calme et disciplinée et apprécions la réputation des portugais qui détestent la resquille.
Nous nous installons dans la vieille voiture en bois bringuebalante pleine de charme désuet, côté gauche pour profiter au mieux de la vue. Les fenêtres ouvertes laissent pénétrer l’air léger. Nous grimpons péniblement des rues, en descendons d’autres juste assez larges pour le passage du tram, piétons plaqués contre les murs. Des à coups, des avertissements sonores entre cloche et scie sauteuse rythment le voyage cahotant jusqu’au terminus, au Cemiterio dos Prazeres. Nous remontons illico dans le tram 28 à contre sens pour chercher un restaurant vers le belvédère de santa Luzia. Nous nous repérons plutôt bien pendant le trajet mais pas besoin d’appuyer sur le bouton « parar » pour stopper l’antique voiture, car beaucoup de monde descend à cet endroit. Le point de vue panoramique sur le Tage (Teja) et sur la ville vaut la peine malgré le mendiant éclopé qui nous sollicite et le sénégalais décidé à nous « donner » un cadeau et « vexé » de notre refus. Nous cherchons un restaurant à l’adresse « beco (passage) Esperito Santo » en descendant dans un quartier de petites maisons blanches serrées. Des décorations, des guirlandes et autres ornements en papiers colorés témoignent de fêtes de quartier sur les placettes populaires. Les façades supportent des objets insolites, comme cette jambe de mannequin servant de pot de fleur ou ce baigneur faisant un doigt voisinant avec des représentations de Saint Antoine (= moine qui porte une enfant).
Arrivés à la bonne adresse, le restau signalé par le routard est bondé. Les gens se régalent à de longues tables communes dressées à l’extérieur, assis et serrés sur des bancs. Nous nous rabattons un peu plus haut et nous installons sous des parasols Praça Sao Miguel où nous nous restaurons de bacalhau, calamar, daurade, arrosés de deux bières chacun. Un sénégalais italien, frère francophone, parvient à nous vendre deux bracelets. Le temps pris pour la cuisson de cette cuisine familiale dépasse celui des plats décongelés et réchauffés au micro ondes, et il est presque 16h à la fin du repas.
Nous remontons vers la route principale et grimpons vers le Castelo de Sao Jorge (7 € l’entrée). Il nous offre une belle vue surplombant la ville et le Tage. Nous flânons sur les remparts restaurés, au son d’une guitare habile et amplifiée juste comme il faut. Dans l’enceinte, un paon à la queue aussi encombrante qu’une traîne de mariée exhibe ses couleurs et sa crête de bonne grâce et surveille ses femelles et sa progéniture. Nous retournons une dernière fois au point de vue près de Santa Luzia derrière l’église, au lieu dit « Portas del sol », profiter dans un petit jardin du soleil déclinant sur le Tage. Nous retrouvons le chemin de la maison sans risque de nous tromper de rue, bruit et musique nous guident depuis la place aux fleurs. Mais des fenêtres du gite, nos gestes de sioux sont bien compris et les décibels diminuent.
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