La journée commence par un moment exceptionnel : les chutes d’eau de Dray Sap, époustouflantes ! Nous nous approchons, brumisés par les projections, assourdis par le tonnerre de l’eau, alors qu’un arc en ciel se dessine. Tin, notre nouveau guide local, discute un moment avec deux « braconniers » s’évertuant à déraciner un arbre. On a l’impression d’assister au matin du monde. Lorsque nous passons des nuées de papillons s’échappent des buissons, petite ribambelle délicate dans le décor sauvage. Pourtant nous voyons quelques champs brûlés indiquant une activité humaine à côté d’arbres majestueux à lianes et de bambous mangoustes. A Hanoï nous avions été frappé par la profusion anarchique des fils électriques, et c’est dans cet endroit où nous pouvions nous la jouer Indiana Jones, en passant sur les ponts suspendus, que nous somme intrigués par des bornes en ciment. Elles marquent des lignes électriques enterrées.
Nous visitons une maison traditionnelle à laquelle on accède par une échelle sculptée terminée par deux seins de femme.
Dans le village des Ede : Buan Tuor (Buan : village) les chiens nous reçoivent en aboyant.Ce village catholique est équipé de sa petite église en bois, assortie aux longues maisons sur pilotis dans lesquelles patalent bruyamment des enfants qui jouent à cache-cache avec nous. Le nombre de fenêtres correspond au nombre de couples, « une petite famille ». Autrefois on agrandissait la maison pour de nouveaux mariés. Aux abords du village, les champs de café attendent que les grains rougissent pour être récoltés.
De retour à Buon Me Thuot, nous regardons de près le monument à la gloire des soldats du Nord avec tank en béton, et sculptures monumentales qui rappellent la bataille décisive qui fit fuir l’armée sudiste, ce fut le début de la débandade.
Nous revisitons le marché, puis le marché couvert plus calme. Sur les étals des objets en papier à brûler pour les morts : dinettes, vêtements jaunes d’empereur, faux billets de banque, ou des graines de toutes sortes.
Nous déjeunons dans le restaurant d’hier faute de trouver une nourriture différente dans cette rue spécialisée dans les « nems vietnamiennes ». Mais nous nous offrons un café noir et fort dans un établissement près de la poste qui nous sert aussi en bienvenue du thé.
Nous prenons la route du lac Lak à travers des paysages très mignons où nous renouons avec des petites rizières déjà jaunies. D’ailleurs les paysans ont placé une machine sur la route et y enfournent les tiges de riz pour séparer la paille du grain. Nous stoppons dans le village M’nong de Jun dans lequel un couple d’éléphants de 45 ans munis d’une nacelle en métal nous attend pour une promenade d’environ une heure. Une estrade en hauteur a été construite pour que les touristes puisent accéder au siège sécurisé par un garde-fou. Un pied sur le dos de l’éléphant et hop on s’assoit !
Le cornac, pauvrement vêtu, titille l’oreille gauche de l’animal à l’aide d’une pique recourbée pour se faire obéir et place son pied derrière cette oreille rose pour le diriger. Nous traversons le village au rythme chaloupé de nos vivants véhicules qui rend aléatoires les cadrages photos. Les pachydermes n’hésitent pas à arracher les branches des arbres des maisons, il leur faut 200 kg de verdure par jour, qu’ils trouvent en principe dans la forêt où ils sont parqués. Ils quittent la route et descendent un sentier mal commode vers le lac et d’un pas lent traversent jusqu’à l'autre rive. Notre mâle en profite pour se soulager et expulse des balles de bouse herbeuses impressionnantes. Pratiquement pas de touristes, pas d’autres éléphants, nous goutons notre plaisir sous le soleil qui fait vibrer la surface de l’eau.Les maisons sont construites en bois ou avec des bambous tressés, les nouvelles utilisent le béton moins cher car le bois de bonne qualité interdit à l’abattage, devient rare. Nous profitons de belles lumières de fin d’après midi pour monter à l’une des anciennes demeures de Bao Daï. Une grosse villa en hauteur dominant le lac et transformée par l’état en hôtel dans les années 90. Malheureusement l’entretien n’est pas suffisant et le service doit manquer de diligence, mais le magnifique point de vue porte loin.
Il est temps de gagner l’hôtel, le « Lak Resort », loin du village, dans un cadre paisible, près du lac. Il est constitué de bungalows autour d’une piscine, de deux maisons communes et d’un restaurant. Nous explorons le lieu, une musique émane d’une maison commune où se déroule un spectacle de danses. Les instruments diffèrent de ceux entendus jusqu’à présent, avec une majorité de sons de bois. Nous nous retrouvons dans la piscine doucement chaude, plus chaude que la brise qui nous attend à l’extérieur.
Nous nous rendons à la salle à manger à la lampe de poche pour un festin de noodles +vegetables+porc, arrosés de Saigon beer. A côté, des jeunes viets et occidentaux ont éclusé sans modération de la bière et braillent par intermittence, nous rigolons aussi.
Les bêtes de la nuit tropicale lancent leur chant exotique : crapaud buffle (?), insectes en tous genres. Nous branchons les prises anti moustiques et aspergeons les draps de répulsif au cas où…
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