Pas toujours facile, Régis Debray, pourtant j’ai lu son dernier livre soulevé par un style qui me ravit, comme je serais porté par une musique d’un morceau dont je ne saisirais pas toutes les paroles.
J’ai recopié des phrases pour nos débats contemporains avec mes camarades, même si j’ai mis du temps à considérer que la place faite à l’armée et à la religion, dans cette affaire de fraternité datant de 1848, était démesurée. Je suis bien trop englouti par les nouvelles du jour où un pape vire tellement au ridicule que j’en viens à négliger nos besoins de sacré.
« A l’enseigne de l’Histoire nos Michelet enflammaient les députés, sous le signe de l’actu, les rédac chef donnent des sueurs froides aux ministres »
J’aime le XIX°. L’ancien prisonnier n’est pas dans l’air du temps, il redéfinit les conditions du passage du « on » au « nous », avec ce qu’il faut de frontières, de marches pour s’élever, de rite, de combat.
L’économie seule ne fait pas une société « Chaque pays fait comme il peut, avec les moyens du bord, ce qu’il a dans son sous-sol et sa mémoire »
Quelque peu enivré par sa prose, j’aime retrouver le plaisir de jouer avec le mot « livre », grâce à cet ouvrage qui ouvre, où il se livre dans quelques récits de sa vie.
De l’incarnation, une érudition épatante, fécond jusque dans ses parenthèses :« le parisianisme c’est ce qui reste quand on a tout oublié du jacobinisme »
Fraternité: « Le président de la République se garde de l’utiliser, même dans ses vœux de nouvel an, lui préférant les droits de l’homme. Et quand un préfet plus audacieux le fait résonner le 14 Juillet dans ses pièces de réception, il ne tient pas trop à le voir se concrétiser le lendemain sous ses fenêtres. »
Dans la banalité des jours qui braillent d’individualisme, un air parfumé d’humanité.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire