vendredi 12 mai 2017

Le grand chambardement.

Nous vivons des temps passionnants. Au bout d’un trajet fulgurant, depuis une société sur ses gardes, notre vieux pays ronchon permet à un jeune président de présenter au monde une France utile à l’Europe.
Le mot du dimanche : « ouf ! » ne tient pas jusqu’au mardi, alors la livraison du vendredi s’alourdit pour le bloggeur sexavéner.  
Qui n’a pas entendu que le vote qui vient d’avoir lieu séparait la France urbaine de ses périphéries ? Les réflexes de classe se sont inversés : les pauvres gros ont choisi leurs guides parmi les plus féroces envers eux, alors que les riches remis en forme savent bien quel est le défenseur de leurs privilèges. La caricature inversée est toujours une caricature. Les Oui Oui étaient finalement plus nombreux que les Non Non.
Si nous, frenchies, nous nous plaisons à déprécier notre pays, nous aimons bien nous juger sophistiqués dans le débat politique, bien que des arguments sommaires assommants apparaissent chez des intellectuels avec Onfray côtoyant Ruffin : haïe haïe haïe !
« Si vous élisez ces trois-là, vous allez cracher du sang » Mélenchon.
Je me gausse alors de voir le rose qui montait aux joues de ses abstentionnistes devenus timides comme des violettes, eux qui avaient goûté ce sang dans quelque discours lillois. Tout ça c’est cinoche et hologramme, Hugo revu par la com’, tellement appuyé que bien de leurs avis deviennent inaudibles.   
Avec de tels effets de tribune, JLM reprend, amplifie les anathèmes anciens de chez Stal’ quand les vipères étaient lubriques et voilà le PC réduit à sa portion municipale.
Il joue sur les mêmes ressorts agressifs que celle dont il se dit l’opposé, mais à laquelle il dispute un électorat aux façons viriles. Cette violence qui a vu bien des amis se fâcher, des familles se froisser, puise aussi dans les frustrations de ceux pour qui tout est un dû et dont tous les problèmes viennent de la société, des autres : étranger ou banquier. Des réflexes d’enfants gâtés au nom de ceux qui n’ont pas été gâtés par la vie.
Les rois du billard à trois bandes et ceux qui sont partis en débandade entre deux tours ont répété que le FN était le produit sécrété par le « système » affectant de s’y opposer pour mieux rester au pouvoir et poursuivre ses noirs desseins. Ce sont surtout ceux qui ont refusé de donner leur voix dimanche dernier qui donnent de la voix pour interpréter les votes des autres.
Parmi les responsables de la dédiabolisation du FN, se trouvent ceux qui ont mis le signe égal entre Macron et La Pen. Heureusement celle-ci s’est appliquée à amplifier une trouille générale face aux risques de son « irrésistible » ascension.
Tous participent au « Système » depuis les dévots suivant leur anciennement plus jeune sénateur, jusqu'aux cagoulés passant leurs nuits à courir devant les Compagnies Républicaines de Sécurité, alliés des plus efficaces de ceux qui  de tous côtés, font commerce des peurs et des haines.
Pour avoir eu pourtant l’occasion de faire connaissance de quelques turpitudes humaines, je ne peux me résoudre à voir derrière tout politique qui émerge, un cynique, et derrière toute action des intentions perverses. Oui il y a eu un « frondeur frondé » et si le sous-commandant Indignados a ménagé ses effets- pervers- les excès de vocabulaire guerrier, les excommunications lancées par ses zélateurs éloignent les modérés. De la même façon que Macron fut une cible privilégiée sur la toile, c'est bien parce qu'il a posé aussi de bonnes questions que JLM est le premier à agacer, ses excès ayant compromis ses succès.
Oui « résister » est héroïque, contre la démagogie, les conservatismes, les injustices. Mais en ce qui me concerne, le mot « Résistance » a trop de prestige, ne s’appliquant qu’à une poignée de personnes qui se sont opposés au nazisme. Ils n’avaient pas besoin de « se la jouer », ils agissaient. Une fois encore, à trop employer les grands mots, on les amoindrit au détriment de ceux à qui fut attribué le titre pour leur courage, eux n’ont pas eu besoin de se décorer d’un pins’ au revers de leur veste.
Nous avons bien du mal, le nez collé aux écrans, à mesurer les convulsions d’un vieux monde que beaucoup souhaitaient néanmoins. L’image est floue. Ce qui se déroule n’affecte pas seulement les autres partis mais chacun de nous : plus que jamais les positions intangibles sont démenties dès le lendemain, les certitudes sont mises à bas. 
« La seule certitude que j’ai c’est d’être dans le doute » Pierre Desproges.
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Les illustrations sont extraites de "Courrier International"

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