Même si l’idée des paysans « jardiniers de
l’espace » apparait plusieurs fois:
« le paysan
sera-t-il le lynx du siècle prochain qu’il faudra réintroduire dans les
campagnes pour y rétablir un équilibre ? L’avancée de la friche agricole est
pour beaucoup le fruit d’une friche des idées »
Je connais ce monde paysan, même si quelques soubresauts
récents soulignent la distance entre « connaître » et
« comprendre ». Si mon père fut pour moi à un moment « un homme qui transpire beaucoup pour
faire de son fils un monsieur qui rougira de lui plus tard » selon la
formule de Julien Decourcelle, j’en rougis encore, de confusion.
Les photos de Depardon
ont joué pour moi dans l’appel à une lecture de ces
dernières décennies du XX° siècle expliquant les racines d’une situation
présente qui pose des problèmes allant bien au-delà d’une profession.
Le mot dérivé du latin « pagu », qui fut une insulte, est désuet : « paysan »
signifie un état alors qu’ « agriculteur » désigne un métier.
Le maïs hybride a remplacé le « grand roux
basque » malgré sa « mauvaise mine comme les gens des
villes ». Ce milieu routinier comme les saisons est entré dans les
rendements à coups d’intrans au bruit des moteurs, avec un sens de l’adaptation
insoupçonné.
Et bien que l’on sache la diversité des situations, le
rappel de la cour des comptes de 1987 notant qu’un producteur de moutons du Limousin
touchait 11 000 F
d’aides pendant qu’un céréalier recevait 195 000
F, est utile.
Bien des commentateurs s’extasient devant la cogestion
syndicale allemande ; celle qui existe en France pour les agriculteurs est
jugée néfaste par ces mêmes éditorialistes.
« Combien de
volets se ferment pour ne plus s’ouvrir, chaque année, dans les villages du Sud
de la France pas seulement dans la
Lozère ou dans la Corrèze ? Les quotas laitiers, les limitations de
productions céréalières, les importations massives de produits de substitution aux
céréales, la course à la concentration des élevages ont, au fil du temps, donné
à l’agriculture un visage nouveau, moderne, mais effrayant, une agriculture
hyperproductive qui produit plus sur moins d’espace, rétrécit ses bases au
risque de se dénaturer »
Si le mot crise figure souvent dans les titres des courts
chapitres, nous révisons quelques paroles de ministres qui ne furent pas tous
des « Lalonde de choc », François Guillaume syndicaliste devenu ministre, Raymond
Lacombe resté paysan, Nallet, Cresson, Rocard et je ne m’en souvenais
pas : Mermaz.
L’auteur, rédacteur aujourd’hui de la revue « 1 »,
est aussi un écrivain
Au delà des problèmes de l'agriculture industrielle qui est en place depuis la fin de la deuxième guerre mondiale, pour des raisons que Galbraith 1 a éclairci, avec la hantise autour du blocus alimentaire de l'Angleterre à cette époque, il y a aussi des problèmes de transmission des élevages, et des terres à des moments où le relève n'est souvent pas familial.
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