mercredi 3 juin 2020

La Roumanie. André Paléologue.

Pendant une heure et demie le conférencier devant les amis du musée de Grenoble a présenté la Roumanie grande comme la moitié de La France, au bout de l’arc Alpin prolongé jusqu’aux Carpates, où le Danube vient se déployer en son delta, le plus grand d’Europe.
Son histoire remonte à 20 000 ans avant Jésus Christ, sans rupture dans la continuité de l’expression artistique. « Les penseurs de Hamangia » datent du néolithique,
comme cette « Céramique de Cucuteni »
« Le Glycon », ancien oracle, venait d’Egypte. 
Aux limites, aux limes, de l’empire romain dont le droit s’impose et les routes se tracent, la Dacie recèle des mines d’or. Ce « casque » devait protéger le défunt des mauvais esprits.
« La colonne Trajane » en décrit la conquête qui pourvoit Rome en esclaves réputés.
Comme d’autres irréductibles celtes, ils adoptent la langue latine « redevable aussi au lexique gréco-slave des Balkans, ainsi qu’à celui de l’Orthodoxie byzantine », après deux siècles romains qui virent le poète « Ovide » relégué par Auguste à Constanța au bord de la Mer noire.
L’image de ce sobre « banquet » retrouvée récemment  dans un caveau de l’ancienne Scythie est-elle une représentation d’une cène paléochrétienne ?
L’histoire des religions constitue encore aujourd’hui un enjeu, bien que les orthodoxes soient devenus majoritaires, mais le carrefour des civilisations est encombré entre les Yougoslaves détachés des Slaves du nord, les Goths qui étaient plutôt tournés vers l’arianisme, séparés entre Ostrogoths partis vers l’Ouest alors que les Wisigoths restaient à l’Est, les Valaques entourés de slaves et de magyars auxquels s’ajoutent des populations allemandes en Transylvanie qui défrichent et exploitent les mines.
 « Château d’ Hunedoara (XV°) »
Les églises transmettent leurs messages déployés en fresques magnifiquement conservées depuis 5 siècles au «  Monastère de Moldovița ».
François 1° combat les Habsbourg et s’allie à Soliman le magnifique qui atteint Vienne en 1529, alors que le voïvode Vlad III Basarab, Drăculea (« fils du dragon »), méritera d’être surnommé « l’Empaleur » pour les fantassins ottomans qu’il avait torturés par milliers.
« Michel le brave », dont tant de places et de rues portent le nom, réunit brièvement Transylvanie, Moldavie et Valachie, à la fin du XVI° siècle.
L’influence de la « Sublime porte » ottomane décline au siècle suivant. Le prince Brancovan laisse son nom à un style architectural inspiré de la renaissance italienne et du baroque.  « Monastère de Hurezu ».
A la suite du « printemps des peuples » de 1848, Napoléon III va permettre la création de la Roumanie moderne. « Carol 1° » prince Hohenzollern proclamé roi en 1885 inaugure le règne d’une dynastie qui durera jusqu'à la proclamation de la république en 1947 par le gouvernement communiste. Il a hésité jusqu’en 1916 entre ses alliances pour finalement se retrouver dans le camp des vainqueurs.
De cette période subsiste  l’« Arc de triomphe »
et aussi le « Château de Peles ».
Après « Le pacte Staline-Ribbentrop », la grande Roumanie est amputée de la moitié de son territoire alors que « La garde de fer » met en place un gouvernement engagé du côté d’Hitler jusqu'à son renversement en 1944. Puis 500 000 combattants s'opposeront aux puissances de l’axe. Le pays devient un satellite de Moscou. En 1989, tombe le mur.
Le palais de Ceausescu au bout de l’ex-avenue de la Victoire-du-Socialisme, grand comme sept fois Versailles, est devenu « Palais du parlement »
En 2004, la Roumanie rejoint l’OTAN et en 2007, l’Union européenne.
Dans ce pays s’essayant à la démocratie, la lutte contre la corruption avait bien commencé, mais elle patine actuellement. Les richesses en pétrole, gaz, uranium sont des atouts, et la jonction de la mer du Nord à la mer noire par le Rhin, le Main et le Danube peut concrétiser la place centrale de l’ « Espace danubien ».
Les salaires ont augmenté dans un des pays les plus pauvres de l’Union, mais depuis trente ans, 4 millions de Roumains sont partis vivre à l’étranger, soit 20 % de la population.

mardi 2 juin 2020

La revue dessinée N° 27. Printemps 2020.

Toujours aussi efficace le trimestriel en bandes dessinées.
L’omniprésence des notations dans tous les domaines de la vie sociale va au-delà d’un simple regard anecdotique sur une méthode de management qui se développe alors que l’évaluation bienveillante à l’école est venue remplacer les 15/20 et autres « bulles ». Tiens à propos on ne parle plus guère des agences de notation qui jugeaient de l'état des finances des états.
Mon appréciation concernant les lobbies sera désormais moins désinvolte quand leur invocation par des interlocuteurs pas toujours imperméables aux discours complotistes me semblait une facilité, c’est que c’est tout un système extrêmement puissant qui est illustré pendant 40 pages. Les digues réglementaires posées témoignent de la nécessité de combattre ce phénomène, ainsi Jean Louis Nadal lorsqu’il passait le relais de la direction de  la Haute Autorité pour la Transparence de la Vie Publique à Didier Migaud : « C’est un défi majeur, une idée centrale pour restaurer le lien de confiance sérieusement altéré dans notre société. Les citoyens ont le droit de savoir comment se fabrique la loi et quelles interactions il y a entre les lobbyistes et les responsables publics, afin de savoir d’où viennent les décisions publiques et qui influence la loi.  [ …] Trois domaines particulièrement sensibles nécessitent un contrôle sans faille : L’agriculture, l’environnement et la finance».
Interpol n’est pas à l’abri de tous soupçons quand des régimes autoritaires abusent de ses fichiers.
L’histoire de l’homéopathie est intéressante alors que les pages consacrées à Bure retracent  essentiellement la lutte des opposants à l’enfouissement des déchets nucléaires. Ils sont là, qu’en faire ?
En matière d’environnement justement, le titre de la séquence «  ça sent le sapin » dit tout à propos de l’état de la forêt en France. Et la rubrique habituelle «  la sémantique c’est élastique » est toujours aussi jubilatoire : je ne connaissais pas l’expression avoir un « physique de radio »  parmi tant d'autres, pour illustrer diverses figures de rhétorique où le pauvre euphémisme a du mal à se défendre face à litote et antiphrase. « Down by Law » est analysé dans le cadre d’un chapitre de la revue des cinés et le water polo testé par un dessinateur.

lundi 1 juin 2020

3 DVD.

L’armée des douze singes. Terry Gilliam( 1995)
Un prisonnier, Bruce Willis, est envoyé dans le passé pour découvrir l’origine d’un virus qui a décimé la planète. Après des erreurs de date d’envoi, être passé pour fou, dans le fatras d’une planète mal en point, les confusions ne manquent pas où les souvenirs percutent les anticipations.  
D’habitude je tiens d’avantage compte des réalisateurs que des acteurs, mais alors que l’auteur de l’inoubliable « Brazil » garde des décors forts, il complique trop l’histoire,  et c’est des acteurs que vient la lumière, avec un Brad Pitt remarquable.
Tourné en 1995 d’après « La jetée » (1962), film mythique de Kris Marker, le rapprochement avec nos préoccupations actuelles concernant les virus, les groupes activistes autour de la cause animale, voire le chaos écologique rendent facultatif le terme fiction dans la catégorie science-fiction où se range cette œuvre originale.
The Truman Show. Peter Weir (1998)
Au début du film je trouvais Jim Carrey insupportable et inintéressantes les situations : c’est qu’il s’agissait d’une téléréalité tournée à l’insu du personnage vivant dans un décor de télévision  depuis sa naissance. Et quand il commence à se douter de quelque chose avec ceux qui ont regardé le pitch distraitement, nous nous mettons à nous interroger face au réalisateur démiurge dont Truman est le jouet,  à propos de l’omniprésence des caméras, des impératifs du public, de la liberté … Une comédie dramatique, vraiment.
Mélinda et Mélinda. Woody Allen (2005)
L’exercice de style qui avait tout pour réussir au réalisateur newyorkais tourne au pathétique. Pourtant mener en parallèle une comédie et une tragédie autour d’une trame semblable constitue la quintessence d’une œuvre qui a pu tant nous émouvoir et nous faire sourire. Le temps esquinte.

samedi 30 mai 2020

L’effet papillon. Jussi Adler Olsen.

Je récidive dans le polar avec délices. Il était temps.
Celui là est Danois mais commence au Cameroun et met en action, un clan de gitans qui ne le sont pas vraiment, un trio de flics poussifs quoique pittoresques, des enfants soldats impitoyables, des habitués des paradis fiscaux… Et flambent bateau et maison.
 « Ce garçon était le battement d’aile du papillon en Amérique du sud qui pouvait provoquer une tornade au Japon. Il était celui qui renverse le premier domino et provoque la chute de tous les autres. »
730 pages avec ce qu’il faut d’allusion aux problèmes contemporains, une trame dramatique bien menée où quelques coupables sont connus d’avance, mais pas tous, et de l’humour :
« celui qui pique le cul d’un dromadaire doit accepter de prendre un coup de sabot dans les couilles. C’est la loi. » Les métaphores chamelières ne manquent pas.
Quelques séquences de traque sont vraiment angoissantes, car au départ ce fut un vrai carnage chez les personnages qui nous sont présentés, avant de devenir quelque peu répétitives.
« Quand Rose déboula au sous-sol, son visage était écrevisse. Avec son maquillage charbonneux, ses cheveux noirs hirsutes et son foulard jaune, la ressemblance avec un drapeau allemand en plein vent était saisissante. »
La virtuosité du narrateur l’entraine à prêter son regard décapant à chacun de ses personnages, ce qui leur enlève de leur singularité tout en permettant une lecture agréable qui va au-delà des coups de pelle, cet accessoire polyvalent se montrant très utile.
« La dernière descente de police avait fait un peu de ménage, mais comme chacun sait, les mauvaises herbes poussent deux fois mieux quand on vient de nettoyer les plates-bandes. »

vendredi 29 mai 2020

Mon vieux.

Depuis sa naissance, je dis « ma grande » à ma petite fille et chaque jour offre l’occasion de m’émerveiller de cette vie qui pousse. Dans la ronde des adjectifs, je m’amusais aussi lorsque je disais sans y penser «  ma vieille » à une copine et qu’elle s’en offusquait. Je croyais prolonger encore longtemps cette familière indifférence envers le temps qui passe, quand un virus couronné est venu plomber l’atmosphère en surlignant le fait que la vieillesse conduisait à la mort : quelle nouvelle !
Dans l’échéancier des risques, une place nous est assignée qu’aucune distanciation ne pourrait abolir. Mes jeunes voisins plus insouciants des barrières, moins nés confits, accusent mon âge.
J’ai beau rire à répéter cette scénette vécue devant une supérette, je crains d’avoir été dans le même panier que la vieille. Une espèce de Tatie Danielle qui n’arrivait pas à se dépêtrer de son Caddie, rembarra la dame venue obligeamment l’aider : «  je vous ai rien demandé ! » 
Et quand elle se mit à poursuivre ses rouspétances dans la file d’attente à l’extérieur, un monsieur amusé a recueilli quelques sourires complices, quoique sous cape, lorsqu’il remarquait : « madame vous pourriez au moins être polie, c’est pour les gens de votre âge que l’on prend toutes ces précautions ».
C’est vrai : je suis de ces personnes à risques et pas toujours commode de surcroit.  Essayant de me désengluer du sentimentalisme qui envahit les antennes, me prend l’envie de raccourcir : nous avons mis mémé loin de chez nous, nous prendrons la suite. Qui alimente les EHPAD sur lesquels on se lamente ?
Dans la période, des bébés aux pépés qui ne savent plus compter après septante, tout le monde a eu le temps de calculer, de s’ennuyer, voire de se reposer.     
Dans les catégories sportives on était sénior à 19 ans et depuis belle lurette  j’ai doublé le cap des vétérans qui fut à 35 ans. Les dénominations concernant l’âge m’indiffèrent et je mets dans le même sac à hystéries les palinodies à cet égard et les pétages de plomb lors d’un confinement qui se passa essentiellement sur canapé loin du Chemin des Dames. Si je fais le mariole à ce sujet c'est que  le cacochyme n'est pas complètement valétudinaire.
Pivot et Comte Sponville ont beau bougonner ou faire les beaux, refusant le terme «  vieux »  ou le valorisant, ils font du feston autour du napperon qui supporte la « vanité », comme on disait du crâne figurant sur des « natures mortes » (« still life » en anglais).
Rares sont aujourd’hui les ancêtres à vivre sous le même toit que leurs petits enfants. Au XIX° siècle, cachés dans l’âtre, ils aidaient la maîtresse de maison à équeuter les haricots. Les deux parents ne reviennent plus à midi, l’école garde les petits, et les EHPAD les impétrants de « l’âge d’or ». L’asile où l’on meurt n’est pas forcément indigne à l’écart des actifs ardents, des laborieux affairés, la vie dure. 
Pour l’heure : cédant à la facilité on peut dire que ça a fait Boum chez les boomers et les masques tombés ont laissé des marques. Les contraintes budgétaires se sont desserrées, des prisonniers ont été élargis, et même pas un merci. Chaque jour qui passe, des oubliés de l’open bar budgétaire se signalent : les restaurateurs corses après les restaurateurs, les écrivains et les professionnelles du foot, et dans les lucarnes : les porteurs sains et les faux négatifs, les asymptomatiques et les râleurs automatiques… Les inspecteurs des travaux finis, les faut qu’on, tous ceux qui ne risquaient pas leur peau ne mettent pas de gants pour taper sur ceux qui ont pris leurs responsabilités.   
Si l’on n’a pas vu tant que ça d’écoles en détresse, c’est que le passage du présentiel à la présence ne s’est pas mal passé, alors personne n’en parle. 500 milliards lâchés par l’Europe avaient fait 19 secondes au JT, depuis c’est 750, mais une amende abusive à Trifouilli a occupé des millions de gazouilleurs. Et toujours les jamais contents ont priorité au crachoir contre un système qui a payé 35 millions de français pendant deux mois. Nous sommes empêchés de voir les inégalités, les plus criantes, mais qui ne sont pas celles qui gueulent le plus : le cheminot n’est plus le chemineau.
« Comme le disait un vieux fakir de mes amis : place au jeûne. » Frédéric Dard 
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Le dessin d'un cubain est pris dans "Courrier international"
Le tableau à la fondation Calderara à Vacciago 
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Bonus: Le film d'animation de mes petits enfants réalisé avec leur papa pendant le confinement: https://youtu.be/gQO8ljNJYjE


jeudi 28 mai 2020

Lacs italiens 2019 # 15 : Orta. Miasimo. Ameno

Pas de précipitation ce matin, nous avons prévu d’aller à pied à la fondation Calderara tout à côté de notre Airbnb. Mais contrairement à ce qui est affiché sur la porte, nous apprenons via une communication au téléphone que le musée n’ouvre ses portes que l’après-midi.
Nous modifions donc notre programme et consacrons la fin de matinée  à quelques emplettes pour les amis à Orta.   
Nous apprécions toujours autant la vielle ville aux toits de lauze et ses rues pavées, ses fresques passées, il ne manque que le soleil. 
Par amusement nous vérifions la présence du boulanger dans son magasin, qu’il avait déserté le laissant grand ouvert dimanche dernier.
Nous remontons vers l’église, attirés par une exposition de peintures sans grand intérêt si ce n’est  la possibilité de pénétrer dans le Palazzo Penotti Ubertini : nous pouvons y admirer les belles pièces en enfilade aux couleurs pastels, leurs planchers constitués de carrés d’une jolie teinte miel/rouge, et les plafonds à caissons peints dans un état de conservation variable.
Les fenêtres,  grandes, laissent bien pénétrer la lumière  pourtant chiche aujourd’hui, et donnent sur la rue, en vis-à-vis  d’autres belles demeures anciennes.
Nous regagnons la voiture  utile pour rejoindre le restaurant  « La genzianella » recommandé par Lucas. (via per Armeno 10 28010 Miasino).
C’est une albergo en plein champ fréquentée par des travailleurs. La serveuse nous installe à une table ronde recouverte d’une nappe blanche assortie aux serviettes en tissu. Au menu  nous avons droit à des ravioli avec de la truite, du poisson pané aux haricots verts ou du poulet aux pommes de terre au four. D. se laisse séduire par la tarte Tatin à la pêche et boule de glace. Avec les boissons eau minérale et un ½ litre de vin rouge, le café,  nous nous en sortons pour 60 € tout compris et pour quatre. Le personnel est agréable, quant à la patronne, elle entame une petite discussion bon enfant.
Il est encore un peu trop tôt pour la fondation Calderara ouvrant à 15 h. En tapotant sur mon smartphone, je tombe sur la photo du Palazzo Nigra,  commune de Miasino. Pourquoi pas ? Le GPS nous dirige vers une petite place à l’arrière du palais, dotée de trois ou quatre places de stationnement et d’où l’on peut voir :
- une petite église assez modeste à l’intérieur en comparaison à toutes celles visitées logeant une petite tribune de bois peint adorable au-dessus de la porte d’entrée
- un coiffeur exposant d’antiques fauteuils, blaireaux, fer à friser, sèche- cheveux  qui voisinent avec des livres à vendre
- et le dos du palais Nigra
Nous déambulons, faisons le tour des  hauts murs du palazzo  qui  ne possède qu’une lourde porte fermée côté place. Nous finissons par trouver son entrée  par le parc aujourd’hui municipal, c’est un monument accolé à un restaurant assez discret. Nous sommes seuls face à ce bâtiment du XVI°  fait de deux corps en angle couvert de fresques, de balcons en fer forgé et comprenant une loggia à colonnes dont les voûtes se remarquent par la couleur bleue, inexistante sur la façade. L’intérieur ne se visite pas et par les fenêtres, aucune richesse  décoration ou meuble particuliers n’apparaissent.
A côté, un 2ème palais aux façades moins riches sert de Municipio et aurait bien besoin d’entretien  voire de restauration. De même dans le quartier, beaucoup de belles vieilles portes  dissimulent d’ancestrales demeures au regard des passants.
Nous montons vers la cathédrale San Rocco écrasante et surdimensionnée,  affichant une façade XVII° sans surprise. Elle est fermée. Un vieil homme nous aborde  en français et nous renseigne sur la ville autrefois moins boisée aux alentours car très exploitée avec les cultures de maïs, seigle, pommes de terre. Il nous désigne un bâtiment qui s’effondre et nous raconte son histoire : cet ancien séminaire qu’il a connu en tant que tel petit garçon, procurait de l’instruction à quelques  quatre-vingt-dix élèves parmi lesquels seulement trois ou quatre finissaient prêtres ; puis le séminaire devint maison de retraite avant d’être revendu à une entreprise qui ne parvint jamais à transformer l’édifice pour des raisons de protection du patrimoine. Résultat, la maison s’effondre.  Le vieil homme de 86 ans  parle des jeunes de son époque  partis travailler dans l’hôtellerie en Angleterre ou à Genève. Mais aujourd’hui l’usine de robinetterie donne de l’emploi, il n’est plus nécessaire de s’exiler. Il connait Grenoble où vivent des cousins qui ont réussi dans la lunetterie et ont pignon sur rue, la famille Tassera vous connaissez ?
Pendant notre discussion, des ados encadrés par des adultes se défoncent sur un parcours athlétique, bicyclette à l’épaule dans la montée de San Rocco en escalier.
Nous reprenons puis déposons la voiture et J. via Bardelli derrière le portail automatique qui fonctionne à peu près. L’entrée de la fondation Calderara, implantée dans une maison traditionnelle,  n’incite guère à pénétrer à l’intérieur et à franchir  la grille fermée qui sonne dès qu’on la pousse. Nous poursuivons le chemin dans un couloir sombre,  nous  montons l’escalier et  débouchons dans la cour /jardin. Là enfin,  un homme nous apostrophe. Il  nous donne les renseignements nécessaires à la visite gratuite bien qu’un don soit le bienvenu. Il nous montre les interrupteurs pour que nous allumions et éteignons nous-mêmes  la lumière au fur et à mesure de notre progression dans les différentes pièces.
La façade de la maison donnant sur la cour/jardin  présente  trois galeries couvertes  superposées badigeonnées de blanc et le patio recueille quelques sculptures.
Nous apprécions  tous les trois les peintures de la 1ère époque de Calderara, simples et figuratives.  Des œuvres d’artistes de renom couvrent les murs de petites pièces modestes ainsi on peut y voir du Fontana, un Vasarely, quelques Delaunay, des avant-gardistes des années 50/60, du style abstrait géométrique ou de l’art cinétique ;  les quelques sculptures ne soulèvent pas notre enthousiasme. Seuls dans la maison, nous manipulons les interrupteurs comme demandé, comme chez nous.
Il n’est que 17h lorsque nous sortons. Nous récupérons J. et la voiture pour une petite virée en voisins à Ameno. Le parc néogothique doit son nom au trompe l’œil d’une cathédrale reproduite sur les murs de l’enceinte et au bâtiment reposant sur des voûtes moyenâgeuses.
Plus loin la villa Pastori ne semble plus exister, du moins nous ne la trouvons  pas une fois passée la lourde grille ouverte menant à d’autres habitations certaines anciennes avec jardins et serres derrière des hauts murs, d’autres plus récentes et courantes. Nous aurons au moins profité  d’une petite promenade dans un cadre tranquille.
Il est temps de rentrer, de nous soucier du repas, de nos bagages et de notre retour  de demain.