mercredi 17 janvier 2018

Nancy, la ville ancienne.

Notre logeuse RB&B Isabelle nous trouve dès notre arrivée, une agence dite «  La Madeleine » pour assurer une visite nocturne de la capitale de la Lorraine.
Les gâteaux moulés comme dans des coquilles Saint Jacques sont originaires de Commercy dans la Meuse (endormeuse).
Nous avons rendez-vous porte d’Héré du nom de l’architecte de la Place Stanislas à la jonction de la ville-vieille et de la ville-neuve, loin de notre Villeneuve de Grenoble.
La  célèbre place témoigne de l’importance de la province qui n’est pas sans raison adjointe désormais à l’Alsace, mais cultive toujours une certaine indépendance.
L’hôtel de ville, en majesté, particulièrement sous les lumières d’un somptueux son et lumière, ferme la perspective constituée par l’hôtel de la Reine, l’opéra, le musée des beaux arts dans une symétrie parfaite.
Six grilles dorées ponctuent l’ensemble de style classique animé par deux fontaines rococo de chaque côté d’un arc de triomphe.
Au centre de la place se trouve la statue de Stanislas Leszczynski  qui avait remplacé celle de Louis XV, son gendre, il pointe avec son doigt le médaillon où figure le Bien Aimé, mal aimé. C’est à cette époque que le duché devint français. On dit qu’il désignerait aussi le quartier des amours tarifiés que le duc connaissait bien.
Les places sont nombreuses et vastes, les parcs sont immenses, celui de La Pépinière, impressionnant par le tohu-bohu nocturne de ses corbeaux, parait classique aujourd’hui,
alors qu’une statue de Rodin représentant Claude Gellée, dit « le Lorrain » fit scandale au moment de son érection.
Les sculptures contemporaines dispersées ça et là sont plus consensuelles comme les affiches de Julien de Casablanca apposées judicieusement dans ces lieux historiques et reprenant des personnages présents dans le musée voisin des Beaux Arts.
La réfection du Palais des Ducs porte les traces des rivalités de deux architectes, accolant par exemple deux gargouilles ou ne donnant pas la même hauteur, ni le même encadrement aux ouvertures…
Ceux qui seraient appelés aux responsabilités se formaient en fréquentant diverses cours princières : une statue équestre au dessus de la porte est inspirée de celle du château de Blois.
Le chardon Lorrain, « Qui s’y frotte s’y pique », y figure aussi et pas seulement sur le maillot de l’équipe où Platini fit ses débuts alors que la croix de Lorraine est floquée sur les poitrines du FC Metz et plus guère ailleurs, mon général.    
Faut-il que le foot soit devenu un des derniers porteurs de mémoire ? 
Parmi les symboles de la région : trois alérions, petits aigles sans bec ni serre traversent sur fond rouge, blasons et drapeaux.
Une petite porte attenante, « porte Masco»,  est baptisée du nom d’un ours, attraction du palais qui épargna un petit ramoneur tombé entre ses pattes. C’était pendant l’hiver 1709,  particulièrement rigoureux. Alors quand au matin les gardes virent le petit endormi dans la cage, celui-ci fut bien vite retiré de là. Mais lavé, parfumé, l’ours ne le reconnut plus, le miracle de la complicité entre le plantigrade et l’enfant ne put se reproduire. Séparés, ils se laissèrent mourir l’un et l’autre.
Sur l’épaisse porte médiévale de la Graffe à l’extrémité des fortifications, figure René II qui vainquit Charles le Téméraire dont le cadavre ne fut reconnu que quelques jours après la bataille à ses ongles longs et à un de ses anneaux.
« Gentil duc de Lorraine
Prince de grand renom
Tu as la renommée
Jusque delà les monts
Et toi et tes gendarmes
Et tous tes compagnons
Du premier coup qu'il frappe
Abattit les donjons
Tirez tirez bombardes
Serpentines et canons. »
Il est toujours bon pour le touriste d’un week-end d’être renseigné par un guide qui sait mêler anecdotes et enjeux historiques. Ainsi la dénomination « Rue du Maure qui trompe » n’a aucune connotation péjorative, elle rappelle qu’ici un étranger soufflait dans sa trompette.
 Nous  savons désormais y repérer d’anciennes maisons closes à un cœur figurant sur une fenêtre ou une porte. Nous n‘aurions pas su que La Basilique Saint-Epvre reconstruite dans le style néo gothique genre Violet Le duc comportait quelques innovations gênantes pour les traditionalistes avec la présence sur la façade à quatre reprises des quatre évangélistes dont l’aigle représentant Jean qui pouvait prêter à confusion avec l’aigle impérial de Napoléon. De surcroît le Saint Esprit est représenté au dessus de Dieu lui-même !

mardi 16 janvier 2018

Les damnés de la commune. Raphaël Meyssan.

Comment faire du neuf avec du vieux?Entreprise totalement réussie pour un premier album d’une série qui en comportera trois. Nous suivons un jeune graphiste d’aujourd’hui qui s’est mis à la recherche de Lavalette, un communard qui a vécu dans son immeuble à Belleville.
Les 140 pages sont constituées uniquement de gravures de la fin du XIX° siècle à la minutie caractéristique dont l’austérité du noir et blanc est revigorée par une mise en page dynamique  et sans esbroufe.
Les recherches sont passionnantes qui nous relient à cette période cruelle en suivant les tâtonnements, les impasses, les découvertes de l’auteur nous faisant partager sa passion.
Cet épisode révolutionnaire dont on suit les prémisses, longtemps occulté, avait retrouvé vigueur au moment du centenaire, et bien que la BD ait tenu une place importante quand j’étais chargé de transmission  http://blog-de-guy.blogspot.fr/2009/02/histoire-faire-classe-21.html j’en avais encore à apprendre. Ainsi Jules Ferry maire de paris quittant l’hôtel de ville en passant par une fenêtre envisageait de mitrailler la foule. Le rappel des conditions affreuses dans lesquelles vivaient certains à partir du témoignage de Victorine,  « Souvenir d’une morte vivante » réédité par Maspero, est poignant :
« Le cher petit ne parla plus, mais il prit avec ses deux petites mains les deux montants de son lit. Il s’y cramponna avec une telle volonté qu’il put résister ainsi jusqu’à l’arrivée de son père. Lorsqu’il vit son père, de grosses larmes coulèrent de ses beaux yeux, ses mains lâchèrent prise, il soupira et tout fut fini. » 

lundi 15 janvier 2018

Le rire de madame Lin. Zang Tao.

Une vieille dame promise à l’hospice passe quelques jours chez ses différents enfants.
« Le dernier sourire » était à Cannes le titre de ce film et pouvait se lire de plusieurs façons : 
celui qui viendrait d’une grande sagesse en quittant la vie, 
ou lorsqu’il est inextinguible, pas loin du sanglot, et vaut à la grand-mère d’être reléguée à l’étable, ou bien encore celui qui serait requis au moment d’un spectacle donné au moment de la conclusion des obsèques, nous semblant obscène vu depuis notre côté du monde.
Le devenir des vieux est une préoccupation universelle et ce voyage dans la Chine rurale contemporaine nous concerne intimement. Parce que nous aurions pu avoir affaire à un film culpabilisant, nous avons apprécié l’humanisme du réalisateur qui ne nous épargne pas des moments de grande violence ponctués de quelques intervalles de  tendresse et de bonne volonté. L’enfant du pays cadre agréablement des acteurs amateurs remarquables.

dimanche 14 janvier 2018

2147, et si l’Afrique disparaissait ? Moïse Touré Jean Claude Galotta.

Nous disparaîtrions.
La question est stimulante pour les artistes qui essayent de répondre, alors que la politique n’a plus raison. Pourtant quelques gouttelettes poétiques risquent de s’évaporer instantanément au contact des feux climatiques.
2147 : c’est la date à partir de laquelle la pauvreté de l’Afrique diminuerait de moitié, selon un rapport de l’ONU. Les prévisions économiques sont poétiques.
Par des textes, des danses, des chants, de justes images projetées, nous passons près de deux heures agréables, bien que comme lors du spectacle précédent du villeneuvien Moïse Touré, je ne sais en même temps voir de la danse et comprendre un texte fluviatile
Les problèmes des réfugiés qu’on avait mis en mode avion quand les lumières se sont éteintes dans la salle, reviennent sous les spots, là sur la scène de la MC2 : un candidat au départ vers l’Europe ne voulait pas rater la saison du ski, disait-il à l’employée de l’ambassade.
Un brin d’humour permet de souffler un peu sous l’abondance des métaphores, l’évocation d’une histoire accablante, la litanie des martyrs et le partage des douleurs. Une citation de quelques tribus peut avoir un effet comique mais le tribalisme est, entre tellement d’autres, un des problèmes du continent. Oui l’histoire-est-écrite-par-les-vainqueurs mais les auteurs ne se sont pas cantonnés au ressassement anti-colonial, leurs propositions imagées retiennent l’attention et donnent envie de prendre le temps de lire tranquillement quelques textes qui font tapisserie derrière les corps et les musiques.
L’évaluation bureaucratique datée avec une précision ridicule expliquant le titre ignore les enjeux démographiques ou écologiques, elle  a donné quand même son élan à une représentation qui aurait pu fouetter plus efficacement la réflexion.
Ainsi l’évocation de la charmante utopie avec trois milliards d’humains dont des « Inuits du Burkina » regroupés en tour de 40 étages dans la moitié sud de la France laisserait une planète intacte tout autour. Prévoir quelques problèmes d’ascenseur.
Papillon cultureux, je me colle aux belles lumières, aux chorégraphies bienvenues, aux mélopées berçantes, aux chiffons chatoyants tombés des cintres et ne sais retenir de cette soirée que l’orbe d’un geste en forme de point d’interrogation, qui désignerait la trajectoire de notre frêle embarcation commune. 

samedi 13 janvier 2018

Petits livres. Michon. Ramuz.

En bon consommateur qui saute sur les friandises habilement exposées à leur gourmandise, j’ai acquis ces deux petits livres posés à côté des caisses de ma librairie préférée.
Me mettant depuis peu aux romans au long cours,  par contraste je me suis peut être un peu trop précipité sur ces élégants livrets peu épais.
La tablée. Pierre Michon.
Un des exemplaires des carnets de l’Herne comptant 68 pages se déguste certes comme une liqueur mais étant donné que le deuxième texte est une ébauche de « Les onze »
Il y avait intérêt à que ce soit du bon. D’autant plus que deux préfaces bavardes et tartinant leur érudition tout en imitant le sensible écrivain ne me semblaient pas indispensables.
Une reproduction de qualité des peintures décrites aurait été plus appropriée pour mieux saisir les deux tableaux  de Manet analysés dans l’opuscule qui à l’origine n'en faisaient qu’un.
Michon a donné la place principale à la table et a écrit un texte riche :    
« Qu'est-ce qu'une table ? C'est un opérateur spatial et un médiateur social merveilleux, une césure entre les corps, qui espace les corps les uns des autres et les distribue, qui fait des corps des antagonistes pacifiés. La table semble prendre de la place aux hommes ; mais non, en réalité elle en donne. »
D’un côté un artiste en haut de forme et une belle, de l’autre un prolétaire. Nous sommes quelques années après le Commune. Manet a tranché la toile en deux tableaux retravaillés : l’un « Le coin de Café concert » est exposé  à la National Gallery de Londres, l’autre « Au café » en Suisse.
Conformisme. Charles Ferdinand Ramuz.
Dans sa préface, Jacques Chesex a beau annoncer :  
« Ce qui est gênant dans ce texte de soixante-cinq ans, c'est qu'il n'a pas du tout vieilli. C'est même, à être relu, qu'il trouve une virulence habile à venir dans nos oreilles avec son reproche à la Suisse et aux Vaudois : nos torts, oui, nos lâchetés. »
Tout ce qu’il y a de nouveau dans cette jolie brochure tient au plaisir antédiluvien de trancher les quarante pages des éditions La Guépine à l’Opinel, sinon le texte concernant les vaudois part à vau l’eau : juste un jeu de mot palichon pour dire la fadeur de ces surplombantes lignes conformistes. 

vendredi 12 janvier 2018

Essentialisation.

"Essentialisation",  le mot emprunté à la sociologie, est devenu usuel pour dénoncer les amalgames du type : « tous les musulmans sont des assassins parce que des individus en égorgent d’autres au nom d’Hallah ». 
Mais ce terme qui revient dans tout discours anti-raciste, signifiant : « il ne faut pas généraliser » devrait s’appliquer aussi à ceux qui voient un islamophobe derrière tout objecteur qui tourne ses regards vers La Mecque.
D’ailleurs la tendance à transformer en substantif tant d’adjectifs relève à mes yeux de l’essentialisation. Ces pauvres adjectifs souvent dépendants, transformables, politiques,  fragiles, sont moins surplombants que les noms, fussent-ils communs. La grammaire n'est pas seulement destinée  à mettre des « e » partout.
Cette expression  arrive parmi un méli-mélo de repères arrachés du sol parmi de nouvelles pousses, ainsi « millénial »  qui désigne la « génération Y » née entre les années 80 et 2000. Un peu de neuf est mis dans la forme quand le sens est émoussé.
Je viens d’attraper sur France Culture cette phrase qui m’a semblé tout à fait juste et valable pour tous : « on ne reçoit plus l’information, on se la fabrique ».
Tout ça pour finir par revenir, en amoureux éploré, une nouvelle fois sur ma séparation avec le journal « Libération », ma religion pendant des décennies. Hegel parlait du temps de la Révolution Française : « la lecture des journaux quotidiens avait remplacé la prière du matin ». Mais je me suis senti excommunié parce qu’en désaccord sur la réforme du collège d’une incertaine Najat Vallaud-Belkacem : indigne du lectorat toujours en phase avec la dernière parution. Je me trouvais carrément au côté du Front, renvoyé vers l’infâme alors que le but final d’une scolarité se soldant par un tirage au sort, fut, au-delà d’un scandale ponctuel, l’aboutissement ridicule d’une logique insensée emballée sous les fleurs artificielles de la bienveillance.
L’écriture ne favorise pas la modestie : me voilà forçant le trait, dans le même panier que ceux que je dénonce : une poutre enfoncée au centre d’un œil qui ne manque pas la paille chez d’autres.
De n’être pas le seul dans les embrouilles est un argument de cours de récréation ayant atteint la date de péremption. 
Cependant quand la confusion frappe même des éminences comme Télérama, je me vote quelque indulgence. Plus personne n’affuble l’hebdomadaire du titre « Sa Sainteté  Télérama» comme il était d’usage jadis dans … Libération, mais lorsque Charline Vanhoenacker, talentueuse comique, est élevée en modèle de journaliste par le journal de programmes de télé, c’est que la carte de presse doit être attribuée comme le bac.
Caricatures, dramatisation : suivant les cadrans, les écrans, les aiguilles s'affolent. Agressions, vols, incendies, accidents apparaissent chaque jour dans le colonnes de la presse régionale : ce sont des faits. Et si en moyenne dans le monde, les meurtres ont diminué de 29%, les mexicains n’ont pas vraiment été tous informés de la statistique. Les adeptes de la nuance «  sentiment d’insécurité » quand il est question d’insécurité, n’ont pas tant de prudences quand il s’agit d’inégalités. 
« Aucune généralisation n'est totalement vraie, même pas celle-ci.» Oliver Wendell Holmes
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La photo de l’ampoule est de Joël Bressand, artiste riverain, celle-là de mon fiston. 

jeudi 11 janvier 2018

Daniel Dezeuze. Etienne Brunet.

Il fallait bien un prof pour profs comme guide pour aborder la rétrospective de l’œuvre d’un artiste qui m’était jusque là complètement inconnu. Et j’ai pu dépasser une anecdote insistante depuis que j’avais vu l’affiche avec une barrière barbouillée qui me rappelait mon père ayant affublé un de ses collègues agriculteurs du sobriquet de « Picasso », depuis que celui-ci avait repeint une herse de façon approximative.
Une des rares toiles sur châssis : Le tambour major, vigoureux et généreusement brossé dans les années 60, ouvre l’exposition se tenant jusqu’au 28 janvier 2018.
Le jeune homme né en 1942 à Alès va voyager au Mexique et aux Etats-Unis où il apprécie l’art minimaliste. Ses productions variées s’apparentent également à l’ Arte povera.
Châssis avec feuille de plastique tendue fait passer le support rigide des peintres pour une sculpture souple. Il participa au groupe support/surface (67/ 71) dont le musée de Saint Etienne est une place forte et que Claude Viallat résumait ainsi : « Dezeuze peignait des châssis sans toile, moi je peignais des toiles sans châssis et Saytour l'image du châssis sur la toile. » http://blog-de-guy.blogspot.fr/2014/11/claude-viallat-et-confreres-montpellier.html . Ils vont plus loin que Cézanne qui laissait parfois apparaître la toile. Ils cassent aussi les modes de présentation classique, exposant par exemple dans des villages et produisant leur propre critique.
Dès la quatrième salle, les triangulations qui déconstruisent les perspectives habituelles, mènent parfois vers l’extérieur de ces productions. Sans titre.
La peinture imprègne les tissus : la Gaze, plus précisément la tarlatane, découpée, soulignée de ruban adhésif, attire notre regard dans des coins où la rêverie peut se réfugier.
En poursuivant le circuit, des portes adossées aux murs sont plutôt des barrières que des lieux de passage devant lesquelles sont rassemblées des Armes de poing, réalisations enfantines genre art brut.
Les Palans familiers à l’artiste sétois évoquent des jeux avec les tensions présentes dans plusieurs œuvres.
Comme ces Arbalètes et arcs venus de l’imaginaire indien ou du moyen âge, vers qui pointent-ils ?
Vide et plein, mouvement et  stabilité s’opposent,
Par une forêt obscure II fait référence à l’enfer de Dante.
Comme autant de perches à selfie qui se seraient égarées dans des vergers,
ces Objets de cueillette bricolés sont des prolongements poétiques de la main.
Grille, tissage, moucharabieh, croisillons, claustras : la Peinture sur panneau extensible inspire et expire. Des mâchoires tiennent les supports, « la peinture est coincée » disait un enfant.
Les Réceptacles sont des pièges de fortune, des nasses construites avec des riens comme font des gens de peu.
Occasion de rappeler que Picasso avait fondu en bronze des voitures en plastique pour La Guenon et son petit, révolutionnant une fois de plus le vocabulaire artistique.
Le cœur de la Forêt obscure III est bien impénétrable sous ses 28 couches. Morellet le voisin est plus léger.
Nous sommes bien dans un musée, des dessins sont là, qu’il n’a jamais abandonnés : La vie amoureuse des plantes saisissent les soubresauts de la nature.
Trois diptyques inspirés par la philosophie chinoise font face à des tissages issus de jardineries qui veulent évoquer des Pavillons,
des voiles et poursuivent les propositions visant à tordre le rectiligne en courbe, passer du carré au cylindre, décoller du mur.
Des perles surgissent dans l’espace : Les peintures qui perlent me parlent ; alors quand on dit qu’elles sont décoratives, serait-ce péjoratif ?
Lions, bateaux, remparts et aigles se rencontrent en général sur les blasons ; Dezeuze les parodie sur du papier peint. Ses Boucliers ne protègeraient même pas du vent mais ils vont bien pour une parade métaphorique.
Papillons et  Tableaux valises voisinent pour une invitation au voyage en imaginant comment  remplir ces bagages vivement colorés, prêts à partir, surélevés par des cales dynamisantes.
La visite se termine avec un labyrinthe version1 de La forêt obscure où les formes géométriques se combinent, devant une série de baguettes collées vibrantes de couleurs qui se souviennent de recherches aux confins de la non-peinture … pour mieux y revenir. « Les lignes ont bougé ». 
   

mercredi 10 janvier 2018

Saint Agrève et alentours.

A  la jonction du train « le Mastrou » de Lamastre qui n’arrive pourtant plus jusque là et celui du Puy-en-Velay, au point de rencontre de deux géographies, vallée et plateau, de deux climats, de deux religions, à 1000 m d’altitude, le marché de Saint Agrève en Vivarais est réputé.
Nous sommes en Ardèche pas loin de la Haute Loire.
Le bon air du bourg en avait fait un lieu de cure ; aujourd’hui un tourisme plus familial vient augmenter la population qui avoisine les 3000 habitants en hiver. Nous ne sommes pas loin du Chambon-sur-Lignon qui accueillit  de nombreux juifs pendant la seconde guerre.
Au moment où j’échappais à la canicule sévissant autour de bitumes plus fréquentés, se dressait le chapiteau du « plus grand rodéo de France » accompagné vers le 15 août d’un festival country.
Les villages des alentours gardent les traces de l’accueil des cyclistes du critérium du Dauphiné Libéré, du Tour de France et de "l’Ardéchoise" et ses 14 000 adeptes de « la petite reine ».
Des éoliennes se dressent depuis les forêts denses d’où émergent ça et là des fermes  consacrées à l’élevage de chèvres familières des trayeuses modernes les soulageant en deux minutes, mais conservant leur air pour toujours, effronté.
Des lacs comme celui du Devesset peuvent permettre de varier les plaisirs de ceux qui ne se condamneraient point à la randonnée à forte déclivité.
Ne pas se laisser impressionner par la dénomination Saint Bonnet-Le-Froid  que l’on traverse en venant d’Annonay ; certains convives viennent s’y faire déposer en hélicoptère pour déguster les champignons de chez Marcon, chef étoilé.
Plus habituels, mais non moins excellents, les saucissons et jambons des Salaisons Teyssier dont les ateliers sont dans les parages, peuvent convenir à un casse-croûte de qualité.

mardi 9 janvier 2018

Les vieux fourneaux. 4. Lupano Cauuet.

Je dois évoquer, pour ceux qui me font des cadeaux, quelques traits des héros de cette BD puisqu’elle m’a été offerte de toutes parts.
A s’en tenir au titre : si la vieillesse nous est commune, chez moi les rouges braises contestataires sont tombées en cendre, alors que les papis de la série sont des anticonformistes toujours très verts, des anars maintenus, la tête près du bonnet, qui malgré les chairs flasques ont gardé la fibre révolutionnaire.
Peut être avons-nous de ressemblant ce côté grincheux, qu’à quatre lignes d’ici je vous fais savoir.
Alors que j’avais apprécié les précédents
celui - ci m’a paru entrer dans un logique marchande, exploitant un filon, tirant à la ligne, en contradiction avec un éloge de la marginalité joyeuse, une constante pourtant chez ces auteurs collant à l’actualité.
Cette fois une ZAD s’est installée près d’une usine amenée à s’agrandir en empiétant sur le territoire d’une sauterelle dite «  la magicienne dentelée » qui donne son titre à cette quatrième livraison de 56 pages. Le dessin est vigoureux, les personnages hauts en couleur comme on dit quand on ne veut pas dire caricaturaux, mais c’est le lot de bien des BD et de celle là va être tiré un film avec Pierre Richard et Eddy Mitchell qui seront très bien dans le genre rigolo sur fond social.  
Merci mes jeunes cadeauteurs.

lundi 8 janvier 2018

Le crime de l’Orient express. Kenneth Branagh.

Film pour les fêtes : rassurant rendez vous classique à partir du livre culte d’Agatha Christie, belles images et acteurs célèbres que je connais surtout de nom : Johnny Depp, Penélope Cruz, Michelle Pfeiffer, Willem Dafoe …Un jeu plutôt qu'un drame.
Dans une intrigue policière la recherche du coupable constitue évidemment la partie essentielle du jeu, comme l’omniscience du détective Hercule Poirot joué par le réalisateur lui-même omniprésent sous sa moustache extravagante.
La construction est tellement virtuose, qu'elle en devient abstraite, mais je ne sais s’il est utile de tout montrer. La façon de traiter de la culpabilité est stimulante alors que d’autres thèmes tels que le deuil, la justice s’invitent également pendant les deux heures. Cette plongée dans l’ambiance du train mythique n’est pas désagréable au moment où s’arrête son exploitation ; cette fois, il est immobilisé dans les neiges.

dimanche 7 janvier 2018

Morituri. Murat.

J’avais tellement aimé le CD précédent
que je n’ai pas hésité quand celui là s’est présenté.
Moins centré sur son  central massif aux échos qui portent pourtant loin, il est question de Tarn et Garonne et de Haute Savoie cette fois, mais peu importe. Ces onze titres nous parlent.
Je n’avais pas entendu les allusions aux attentats parisiens que ces textes avaient précédés mais nous pouvons saisir des pressentiments  funestes à moins que ce ne soient des impressions élémentaires tant nous sommes désormais entre deux bains de sang.
« Aux Dardanelles
A Mayerling
Attends le
Prochain Sarajevo
Pour chialer dans la cuisine »
Quand on entend le mot terrasse :
« Sur la terrasse
Sous les cimes
Après la bidoche
Et le sublime
Sur la terrasse
Sous les cimes
Satan est heureux
Il a une nouvelle famille »
Depuis sa « haute tour » il délivre quelques mots de jadis où vont « tétin » et « fard » :
« Il s’afflige », « sont ce bien là raisons ma mie ? »
Il connait son « french » et a le chic pour choper les mots de tous les jours:
« Mais qu’est ce qui nous a fait ça ? »
«  Ça fait des semaines que la chose traîne »,
 « Que n’aurai-je pas fait ? »
à relever dans les déserts présents où sonnent dans le vide ses bougonneries excessives.
«  Comment va la lyre
Et le tambourin
Farder le langage
Oui l’épervier vient »
Les mots sont rares et précieux, griffés dans la pierre ; il est une seule question qui vaille :
« Le garde chasse s’est pendu
Vers Chambourguet
On l’a retrouvé nu
Bien amoché
Ça va pas là-dessus
Mais quel temps de malade
V’là que le garde chasse
Est mouru »
L’élégance désespérée de ceux qui saluent avant de mourir.

jeudi 4 janvier 2018

Essais 2017.

Pas facile de prendre du recul, tant l’actualité a détrompé :
Alors des revues : Charles, le Un, France football : trois publications en un article.
XXI: Fidélité
Civilisations : Parce que c’est lui
Dictionnaire amoureux du journalisme : nous nous sommes tant aimé.
Et l’initiative d’un collège pour inviter à lire : la mère de toutes les batailles