mercredi 8 mars 2017

Equateur J 14 # 2. Cuenca.

L’accueil est sympa au  musée des cultures aborigènes.
On nous offre le café avant la visite dans un patio couvert bien décoré. 
José fonctionne comme s’il était chez lui dans ce musée créé par un ancien ministre prof et collectionneur. Muséologie très simple mais agréable.
Nous pouvons faire tinter un magnifique lithophone au son extraordinairement clair.
Suivant l’exemple de notre guide nous n’hésitons pas à soulever quelques protections en verre pour éviter les reflets.
Le fonds de ce musée est constitué de pièces datant de 3000 ans avant notre ère à travers des céramiques, de petites vénus, des statues (sœurs siamoises),
des pots dont le col représente une tête et deux bras tenant un bol, un crâne aux dents incrustées de 3 points de métal… une jarre servant de cercueil pour les moins riches, des couteaux de sacrifice…
impossible de tout énumérer de ce musée d’un grande richesse.
Nous faisons quelques emplettes emballées avec beaucoup de précautions au magasin du musée.
En marchant nous faisons encore quelques courses.
Il est temps d’une petite halte pour nous restaurer. 
Nous découvrons le restaurant Austria, décoré avec les effigies de Goethe, Mozart et Beethoven. Nous nous attablons à côté de deux bonnes soeurs habillées de blanc et mangeons bien dans un cadre agréable.
José découvre en même temps que nous le musée d’art contemporain installé dans un édifice de 1876 destiné au départ à la désintoxication des alcooliques alors nombreux. Ce qui explique la configuration des lieux, une succession de patios dans des bâtiments en longueur percés de portes assez rapprochées comme des cellules monacales.
Nous sommes séduits par l’originalité des œuvres : formes blanches suspendues au plafond sur fond noir, plumes positionnées en forme de buisson plantées dans le sable, ailes de papillons prisonnières du plexiglass, bréchets de poulets assemblés, vertèbres de poissons, peintures de jeunes enfants montrant déjà de la maturité et une maîtrise impressionnante,
des faux seins aux couleur vives recouverts de sucre…
Je retiendrai un art imaginatif et poétique, loin du conceptuel malheureusement trop souvent présent dans ce genre d’expo.
 Puisque nous sommes dans le moderne, nous faisons le détour vers le lieu de la biennale d’art contemporain.
Il n’y a pas d’expo avant octobre mais l’endroit vaut un allongement du circuit. La casa est entièrement rénovée dans une couleur vert amande avec des encadrements de portes en métal repoussé et des fresques un peu grossières. L’intérieur s’organise sur plusieurs étages autour d’un patio recouvert d’une verrière.
Nous nous promenons jusqu’à la terrasse et apercevons les locaux administratifs sans être refoulés une seule fois. En bas quelques photos d’enfants des années 30 en noir et blanc rappellent le passé bourgeois de la demeure. Là aussi, c’est une surprise de découvrir ce lieu invraisemblable insoupçonné depuis la rue. En attendant  le repas du soir, les photographes ressortent saisir la lumière tombante dans la ville photogénique. Nous dînons au Raymipana sur la place. Sixter nous rejoint. Mes compagnons sont déçus par leur assiette certes copieuse comme il est d’usage ici où une assiette est suffisante pour deux,  mais aux saveurs inhabituelles à leur palais (saucisse au sang de cochon). La soirée se termine par une glace dégustée dans le parc Calderon ce qui finit d’en frigorifier plus d’un. Retour au bercail et je m’attable dans l’un des salons pour écrire tandis que deux américaines gloussent dans leur chambre. 

mardi 7 mars 2017

Le Caravage. Milo Manara.

Je n’avais vu que le titre, j’ai foncé, parce qu’il est tellement fameux, le peintre de l’obscurité aux lumières superbes, que le dessinateur de BD qui aime tant les femmes devait le rencontrer.
Les romanciers se sont inspirés de la vie aventureuse du peintre de référence, et cette fois Manara insère parfaitement les œuvres de Mérisi dans ses planches lumineuses et dynamiques.
Ce premier album intitulé : « La palette et l’épée », consacré aux débuts romains du jeune Michelangelo sera suivi d’un second qui traitera de la fin de sa vie.
Un des modèles qui servit pour « La dormition de la vierge » était une prostituée, elle tient un rôle important dans ces 60 pages agrémentées de silhouettes érotiques.
Rubens, pour le duc de Mantoue, acheta le tableau, refusé par les moines commanditaires, car la vierge semblait trop morte.
Les décors ont de l’ampleur et l’atmosphère de la renaissance est agréablement évoquée sous une trame où ne manquent ni le bruit ni la fureur.

lundi 6 mars 2017

20 th century women. Mike Mills.

A la fin des années 70, Carter, le président  des Etats Unis- « The times they are a changing »-  déclare dans le discours dit du « malaise » :
 « Je souhaite maintenant vous parler d'une menace fondamentale qui pèse sur la démocratie de notre pays… Cette menace est à peine perceptible par des moyens ordinaires. Il s'agit d'une crise de confiance. Il s'agit d'une crise qui frappe la volonté de notre nation en son sein même, en son âme et en son esprit. Nous percevons cette crise à cause du doute croissant que l'on porte sur la signification de nos propres vies et de la perte d'un objectif unique pour notre nation…. Nous nous rendons compte que la propriété et la consommation ne satisfont pas notre quête de sens. »
Ces paroles que tous les protagonistes écoutent à l’issue des deux heures de film donnent tout son sens au titre ambitieux.
Une mère implique deux autres femmes dans l’éducation de son fils adolescent ; il s’avère que ce jeune est moins déboussolé que l’ingénue ingénieure, en voie de perdre elle aussi son innocence. Les acteurs sont excellents et le traitement des difficultés de l’éducation par trois générations de femmes féministes est original, drôle sans caricature, tendre, indulgent.
La forme de cohabitation dans laquelle vivent les protagonistes dont on remarque aujourd’hui la clope constamment collée au bec, peut évoquer un autre film récent : « La communauté ».
Mais dans la chronique américaine, les personnages ont bien plus de profondeur et de mystère que ceux décrits par l’auteur de Festen
Les dialogues sont riches et sans lourdeur. Musique et danse loin d’être décoratives, tiennent une place centrale dans la narration.
Comme l’écrit Jean Serroy dans le Dauphiné Libéré :  
« Tout cela donne une comédie douce- amère, où passent la solitude, les peurs, les traumatismes, la douleur et la joie de vivre, et où s’écrit, de façon très américaine, la vie d’une femme – superbe Annette Bening – se frayant sa voie de femme libre. » Essayant de se frayer.

dimanche 5 mars 2017

Volver. J.C. Gallotta, O. Ruiz


Volver = revenir .
Gallotta, le régional de l’étape, était de retour dans ses murs, attendu par une salle de la MC2 archi pleine, ce qui me semble assez rare ces derniers temps, pour être signalé. 
Mais moi l’inconditionnel, je n’ai pas été emballé par ce spectacle venant après plus d’une soixantaine de créations  
Je me serais volontiers contenté de la danse et de la musique, car Olivia Ruiz n’est pas Bashung, pourtant son tour de chant très professionnel mené en dansant sans un essoufflement tient de la performance, mais c’est peut être aussi ce côté trop lisse qui a éloigné pour moi toute émotion.
Le grenoblois s’est trop effacé face à la dynamique carcassonnaise, pour livrer un tour de chant chorégraphié plutôt que la comédie musicale annoncée, malgré des musiques sympathiques.
La chorégraphie où je retrouve les gestes familiers de l’immigré italien, ses petites cavalcades, accompagne harmonieusement «  La femme chocolat », mais je n’ai pas vu l’intérêt d’une voix off qui tire vers la mythologie le destin de la grand-mère venue d’Espagne, rebaptisée Joséphine Blanc.
L’ambition d’exposer le sort qui fut fait à 500 000 réfugiés républicains, rapporté au sort tragique des exilés d’aujourd’hui en Méditerranée est lourde à assumer quand sont parsemées par ci par là quelques chansons d’amour avec  de surcroît la mort de l’amoureux qui voulait commettre un attentat contre un ministre de l’intérieur.
Il y a 50 millions d’apatrides dans le monde en 2017.
Vidéos, chansons, récit en voix off auraient pu produire avec neuf brillants danseurs, un spectacle total ; ce soir, j’avais besoin de plus de simplicité et de moins d’explicite car la poésie peut être plus volontiers au rendez vous des mouvements accordés des corps quand confiance est faite au spectateur. Déjà que la danse me semble se raréfier à la MC2, si les éclaireurs s’assagissent, faudra-t-il aller à Lyon pour s’étonner ? Il est vrai que ça prendra à peine plus de temps que pour traverser la capitale de la particule fine et de la noix.
  

samedi 4 mars 2017

Sous le compost. Nicolas Maleski.

Pour une citation, je suis allé vers ce livre aux vertes fragrances :
« L’amitié ça va quand on est jeune ; après on se traîne les vieux copains comme des témoins gênants de ce qu’on était jadis »
C’était l’assurance de ne pas s’endormir si tout était de ce tonneau pendant 280 pages : promesse tenue.
Et l’on monte en gamme. J’ai pensé à Older pour les voisinages à la campagne, en plus trash, à Djian jeune pour la vigueur du style.
La vive chronique villageoise passe d’histoires de coucheries à un malaise habillement préparé alors que les incertitudes vacillent.
« Le café avait une odeur fantastique dans le froid de ce petit matin sauvage, au sortir d’une nuit blanche. Le soleil ne tarderait pas à avoir la main lourde. Les tournesols dans la pente, allaient ouvrir leurs gueules béantes. Nous étions comme à l’aube d’un truc nouveau. Mais il restait encore une place pour la libération d’une vraie parole. »  
Le narrateur est misanthrope, cynique et drôle, il s’occupe de ses filles et de son jardin, il peut  être également bienveillant, lucide et aveuglé, séduisant et bourru, original et sans façons, comme l’écriture nerveuse qui révèle les êtres sans en avoir l’air.
L’humour (noir) peut préserver, les adultères en milieu rural être distrayantes, la patience attendue de la part d’un jardinier peut valoir en toutes circonstances.
 A la fois paisible et nerveux, surprenant et familier, ce premier roman m’a bien plu.

vendredi 3 mars 2017

Secousses privées/ Frousse publique.

Les temps numériques sont déconcertants et le grotesque déborde au delà de Carnaval :
- Un petit enfant regarde un album photos et s’évertue à essayer d’agrandir l’image avec des mouvements de doigts adaptés aux écrans des appareils numériques.  
- Une dame filmée par l’enfant à qui elle demandait de faire moins de bruit sous les fenêtres de l’appartement où dormait son mari, voit débouler la mère n’acceptant pas de remarques envers son cinéaste en herbe.
- Je viens de refaire l’instit’, en demandant à des enfants frôlant à tous coups le danger, de ne pas faire de luge dans la pente verglacée d’un remonte pente. La perchiste prenait le soleil et la la mère qui faisait confiance au rembourrage des poteaux m’a désapprouvé ; la veille il y avait eu un mort à Corrençon.
Dans « Elle », puisque chez ma coiffeuse, il n’y a pas « Lui » :
« Que feriez-vous si vous n’aviez pas peur ? »  Mark Zuckerberg
Je pose ces petites anecdotes privées avant d’essayer de peser quelques enjeux électoraux.
Ne disions nous pas que tout était politique dans le temps, alors qu’aujourd’hui à côté des ferveurs hystérisées, tout s’attache à ne pas apparaître comme engagé politiquement ?
Où sommes nous tombés, pour accepter l’irrésistible installation du Front National, quand il faut préciser que les casseurs nantais ou d’ailleurs ne font que la renforcer ?
La candidate de l’ordre appelle le désordre.
Redonnez nous encore de la droite comme elle est en ce moment ; on en oublierait les faiblesses de la gauche et le conformisme des médias.
Ainsi malgré quelques exceptions notoires, des siècles de tenue un peu raide mais digne à la sortie de l’église s’aboliraient dans des critiques systématiques de la justice alors que « Grippeminaud, le bon apôtre », ne cessait d’appeler à la sévérité des tribunaux.
Pour un président garant des institutions, la position est intenable. 
Les ministres de Hollande, comme leur papa, http://blog-de-guy.blogspot.fr/2017/02/fictifs.html sont plutôt de bons commentateurs à défaut d’être des ministres notoires, comme Mélenchon qui fut un honorable ministre délégué à l’enseignement professionnel, et Vals un bon ministre de l’intérieur, ou Hollande qui avait tous les talents pour tenir le PS. Mais ils ont tous dépassé leur niveau de compétences :
« Nous avons le choix entre un candidat qui est un type bien mais avec un programme dingue, ou un dingue avec un programme plutôt bien ! »
J’approuve le raisonnement du camarade Cohn-Bendit qui le mène à préférer Macron, devant les dangers d’un second tour se jouant entre la droite extrême et la revancharde d’autant plus agressive qu’elle s’est blessée. D’autres personnes engagées par exemple pour l’accueil des réfugiés ont fait ce choix, et bien que des mots excessifs ou des habiletés trop visibles ne m’enthousiasment guère, la présence auprès de lui d’un sage Béarnais me rassure.
Je me refuse à la politique du pire, retouillant dans les vieilles marmites les frustrations du passé tout en faisant semblant de croire à la création de 3 millions et demi d’emplois rien qu’en le disant. Les révoltés fâchés cultivant prioritairement l’indignation irascible, envisagent-ils d’accéder aux responsabilités? Il faudrait faire des compromis… des compromis : vendus ! 
Il est plus question d’hologramme que d’un programme à négocier avec d’autres peuplades.
Son peuple rien qu'à lui aime sous les chapiteaux colorés, le bateleur offusqué et sans concession qui appelle un éternel été avec ours reprenant pied sur la banquise et réfugiés rouvrant épiceries fraternelles et écoles égalitaires dans nos campagnes libérées du libéralisme. Images d' Epinal pour You tube.
Mon vote est un vote contre, mais je préfère n’attendre rien de transcendant que de permettre l’arrivée de l’inconcevable. Et pour s’en tenir à des caprices enfantins, si le choix se situait entre endives et épinards, il ne conviendrait plus de réclamer du Nutella : «  ça a pris fin », comme on dit en Martinique. Et l’endive est de toutes façons meilleure pour la santé.
……….
Dessin du « Canard » de cette semaine :

jeudi 2 mars 2017

Le monde de Toulouse Lautrec # 2. Gilles Genty.

Avant de mettre en place une exposition Toulouse Lautrec à Martigny, le conférencier qui va poursuivre sa carrière au Canada, intervenait pour la dernière fois devant les amis du musée de Grenoble. Ce deuxième exposé autour de Montmartre de 1875 à 1905 intitulé «  Paris trottine » va traiter de « la rue qui flirte, qui rit, qui pleure, qui gronde ».
La rue, lieu de commémoration.
Paris effondré, éventré, vingt ans après 1870, porte encore les stigmates de l’empire mis à bas et de la Commune écrasée, dont on ne sait toujours pas le nombre exact de morts. Exposé au musée d’art et d’histoire de Saint Denis,  « Plaisanteries devant le cadavre d’un communard » d’un anonyme, réunit, prêtre, bourgeois et élégants devant le « partageux » gisant parmi les ruines.
L’exposition universelle de1878 et la multiplication des statues dédiées aux grands hommes qui ont fait la France doivent célébrer la renaissance du pays.
Le 30 juin est consacré à « la paix et au travail » et vise à conforter le régime républicain encore fragile. « La rue Montorgueil » de Monet, célèbre cette journée et non pas le 14 juillet qui deviendra fête nationale en 1880,
comme en témoigne Alfred Roll : « Le 14 juillet 1880, inauguration du monument à la République »
Sur « La Place Clichy » par Edmond Grandjean, le monument du maréchal de Moncey qui a résisté aux cosaques vient d’être érigé à l’emplacement  d’une ancienne barrière des fermiers généraux.
La rue, lieu de festivités. 
Des fêtes foraines décorées par des artistes s’implantent provisoirement où s’élevaient les  enceintes de la capitale désormais arasées. 
Signac faisait partie du groupe du « Petit Boulevard », il peint : « Le boulevard de Clichy, la neige »
Paul Chocarne-Moreau multiplie les scénettes comme celle  « Des bons amis ».
La rue, lieu d’investissement artistique.
Pour la publicité des affiches Verneau, « La Rue », où sont réunies quelques « trottins », la lithographie de Steinlen est composée de 6 lés tant la dimension est importante ( 2,38 m X 3,04 m). La fragilité des supports a amené des transpositions en carreaux de céramique, la rue devenant alors un musée en plein air.
La rue, lieu de transgression. 
La « Mascarade descendant les Champs-Elysées »  de Georges-Antoine Rochegrosse,  regroupe vivement et poétiquement des représentations de courants artistiques divers.
Toulouse Lautrec avait placé « Le père la pudeur » en fâcheuse posture devant « La vache enragée » qui est aussi le titre d’un journal, lors d’une « valchacade » comme on dit « cavalcade ». http://blog-de-guy.blogspot.fr/2017/01/le-monde-de-toulouse-lautrec-gilles.html
La rue, lieu de revendications.
« La grève au Creusot » des ouvriers de Schneider est la plus célèbre des toiles de Jules Adler, le peintre des humbles. Aristide Bruant chantait à cette époque:
« Pour gouverner, il faut avoir
Manteaux ou rubans en sautoir
Nous en tissons pour vous grands de la terre
Et nous, pauvres canuts, sans drap on nous enterre »
La rue, lieu de désirs, de regards, de transactions (illicites).
Toulouse Lautrec fréquente les maisons closes au moment de leur déclin, mais ses représentations ne sont jamais avilissantes.
« Le spectateur n’est pas un voyeur, mais un témoin ». « Au salon de la rue des moulins » l’attente est ennuyeuse.
Jean-Louis Forain est plus direct : « Le client » fait son marché. Degas dit de ce concurrent qu’ « il peint la main dans la poche » pour signifier qu’il emprunte volontiers aux autres.
L’exode rural a jeté sur le pavé bien des « grisettes » travaillant dans la mode et se prostituant occasionnellement. « Prostituer » signifie au départ  « mettre en avant, exposer au public » avant de tourner au péjoratif : « avilir ». Les artistes ont rencontré fatalement ce monde dont ils reflètent quelques facettes :
De « Madame Valtesse de la Bigne », aux airs printaniers, une grande horizontale, peinte par Henri Gervex qui aurait inspiré la Nana de Zola
à « La cocotte » de Van Dongen qui disait pourtant « la femme est le plus beau des paysages », on ne peut plus morbide.
Quand Félicien Rops y va carrément : «  À vendre »
la « Femme aux Champs-Élysées la nuit » de Louis Anquetin, apparaissait quand s’allumaient les becs de gaz, on disait « Belle de nuit ».