dimanche 23 septembre 2012

William Forsythe. Ballet de l’Opéra Lyon.



Avec le document distribué à l’entrée pour accompagner  ce spectacle à la MC2, nous savons que nous allons rencontrer une figure majeure de la danse, beaucoup copié dans les années 2000, comme Pina Bausch le fut dans les années 90, Cunningham dans les années 80 et Béjart dans les années 70.
Les figures sont classiques et la mise en scène contemporaine ; beaux mouvements, beaux danseurs et belles danseuses, mais leur énergie ne déborde pas du plateau dans la première partie avec une musique de Berio difficile.
Par contre  le morceau «  quintett » de la deuxième partie avec la voix lancinante « Jesus Blood Never failed me » (le sang de Jésus jamais ne m'a trahi) est émouvant tout en gardant la rigueur, la vitalité qui traversent toute la représentation vivement applaudie.
La chute est inévitable, l’intensité, l’élégance n’y pourront rien changer.

samedi 22 septembre 2012

Anquetil tout seul. Paul Fournel.

Ce n’est pas  seulement une biographie de plus à propos d’un champion qui demeure un mythe pour toute une génération. « Facile à admirer et si difficile à aimer »
Mais tout est dit : Bordeaux- Paris  gagné juste après le critérium du Dauphiné, les grands prix de Lugano, les équipiers, les femmes, le champagne, les stimulants, l’argent, ses souffrances, son mystère… bien écrit.
Cet exercice d’admiration sans flafla parle du Grand Jacques et bien sûr de l’auteur lui-même avec intensité et finesse.
En vue de la ligne d’arrivée de ces 150 pages, un joli tour littéraire mérite le bouquet.
Je fus un partisan de Poulidor le besogneux et j’ai aimé ce livre dont la photo de couverture souligne l’inquiétude de l’élégant rouleur. 
« Je me souviens avoir pleuré le jour où Anquetil a décidé d’abandonner dans le Tour de France- d’abandonner le Tour et le vélo. Je l’imaginais faire cela avec hauteur, perché sur le toit du monde, comme Bobet au sommet de l’Iseran. Point du tout : Anquetil a fini dans un obscur trou de pluie. Il s’est arrêté là, en pleine peur, pour abandonner au milieu d’une descente, sous un orage froid. Ce froid glacé, je l’ai partagé un moment. Quelque chose s’est gelé en moi qui était peut être ma jeunesse, tout simplement, où l’envie forcenée d’être un autre. »

vendredi 21 septembre 2012

« Ça mange du bon Dieu, ça chie le diable » (bis)



Décidément semaine après semaine, ce titre s’impose : voir une semaine en arrière sur ce blog quand il était question des évadés fiscaux.
Cette fois  ce sera sur le mode tragique et au premier degré tant les  pieux démons se sont déchainés récemment.  
Et ce n’est pas de la rigolade; l’humour n’est pas la qualité première des provocateurs de tous bords, des preneurs au pied de la lettre, des frustrés déchainés.
 « Qui veut faire l’ange fait la bête », sous les arcades sublimes que de conneries !
Certes les fondamentalistes religieux n’ont pas le monopole de la haine démonstrative, des individus agrégés appartenant à d‘autres sages civilisations peuvent perdre tout discernement et remettre en cause le caractère sacré d’une ambassade, d’une école, d’une vie.
Tant de foyers de haine sont attisés par les dévots que nous les laïcards sommes pressés de ressortir les couverts qui accompagnèrent nos festins de bouffeurs de soutane, nous qui aimons tant les chevelures  offertes au vent, la liberté.  
Aujourd’hui cette impatience  je la modère car la  réponse de Charlie hebdo à l’emprise des excités crispe nos sourires, les réactions délirantes dépasseront encore le prévisible.
La provoc ajoutée à la provoc ne conduit pas les excités à la modération, à la compréhension.
Est ce que la sagesse s’approche parfois de la lâcheté ?
Si la foi a porté l’homme au dessus de lui-même, depuis des millénaires les routes du paradis dégoulinent de sang.
La religion musulmane serait celle des mâles, la catholique celle de vieilles femmes, mais l’une comme l’autre, si elles capitonnent nos cercueils, gâchent bien des vies ici et de plus en plus.
Qu’elles nous foutent la paix !  
Que les imans admettent que d’autres puissent apprécier le saucisson, et les curés qu’ils laissent tranquilles les homos, les derniers à vouloir se marier avec les curés défroqués. 



jeudi 20 septembre 2012

Trainspotting. Danny Boyle.



Je ne me souvenais que de la scène des chiottes les plus infâmes d’Ecosse et de l’écho lointain du succès qu’il connut à sa sortie en 1996. Je pensais que ce film aux allures d’ « Orange mécanique » un brin plus déglingué encore aurait vieilli… eh bien non !
C’est que l’époque a fini par ressembler à cette tragi comédie ambiguë, rythmée où la drogue est présentée comme un orgasme multiplié par mille, une alternative à une vie conformiste où tout de même les bébés abandonnés peuvent en tourmenter certains. 
La bande son séduisante ajoute au charme vénéneux où de surcroit l’humour vient au secours de personnages qui se comportent comme des caricatures depuis la pensionnaire délurée sous son uniforme d’une public scholl jusqu’au psychopathe dangereux dont la dénomination est désormais banale dans les cours de récréation.
Le sordide avec une bonne musique devient pittoresque.
Ne sommes nous pas devenus, comme ceux qu’évoquent le terme « trainspotting », des maniaques des chemins de fer, semblables à ceux qui se focalisent sur des collections insignifiantes pour éviter d’être engloutis par les tourments, l'absurdité du monde ?

mercredi 19 septembre 2012

JR 28mm



JR : c’est un jeune photographe qui colle ses photographies très agrandies dans les rues.
28mm : c’est le calibre du grand angle avec lequel il prend des portraits de très près ce qui occasionne une déformation accentuée souvent par les grimaces des personnages mis en scène.
Dans un recueil  de 250 pages, trois séries de travaux sont présentées et nous pouvons approfondir les démarches, nous régaler des mises en situation et mesurer l’ampleur prise par des installations sur toute la façade d’un immeuble, sur le toit de trains. 
Le surgissement de portraits en noir et blanc au milieu des tôles ondulées est saisissant.
Les projets mis en lumière ont une haute teneur politique.
« Women are héroes »  est la  production la plus récente où depuis les favelas jusqu’aux toits kenyans, la dignité des femmes est magnifiée. 
Le récit de leur souffrance rend « Portraits d’une génération » images des banlieusards français plus fades bien que l’énergie de leur regard nous transperce souvent.
Les affiches  du projet « Face2face » ont été collées essentiellement sur le mur qui sépare Israël de la Palestine, deux visages accolés de deux personnes qui exercent le même métier : bien malin qui saurait qui est l’israélien, qui est le Palestinien ? Imparable.
Un prof à Haïfa :
« Nous on ne connaît pas les arabes ? En ce moment en Israël, le ministre de la culture et le président sont des arabes. Ce n’est pas en France que ça arriverait ça… »

mardi 18 septembre 2012

Titeuf, la loi du préau. Zep.



Cet album d’un phénomène éditorial majeur dans la BD de ces dernières années est le neuvième d’une série qui en est à son treizième numéro. 
La naïveté  du personnage  principal favorise sourires et petites leçons.  
Même si la représentation de la maîtresse n’est pas flatteuse bien des enseignants apprécient la fraicheur du garçon à la mèche rebelle qui peut encourager les élèves les plus éloignés des livres à suivre un récit.
 - Là tu vas être mal. J’ai eu le chevalier à trois têtes ! Fais tes prières !
- Héé non ! Je te le prends ! Car j’ai le grand sorcier Pixelius qui lui fait fusionner ses têtes dans le grand brasier noir.
Cet album paru en 2002, cultive les clichés habituels: la soupe n’est pas bonne, ni les épinards et la fréquentation d’un parc d’attractions à Megafunland facilite les redites vomitoires au sein de la bande de  joyeux copains.
La violence sous la forme d’un racketteur  avachi est présente mais ne remet pas en cause l’atmosphère bon enfant qui est la marque de fabrique du dessinateur suisse.
Bien sûr, éducateur incorrigible, j’ai apprécié la planche concernant une petite fille atteinte de leucémie où Zep est au mieux de sa délicatesse et de son humour.
Les effets comiques sont  certes garantis en prêtant des mots d’adultes aux enfants, même si c’est  parfois facile.
Alors que le plus souvent les traits sont justes : dans les rêves de l’écolier, ses enthousiasmes, ses indignations, ses changements d’humeur, son regard sur les adultes.
Le père se voit privé de ses bouteilles de Bordeaux après avoir conseillé à son fils de construire son Action man avec des bouchons et les grands parents sont bienveillants jusqu’à l’aveuglement et ça c’est pas exagéré.

lundi 17 septembre 2012

The we and the I. Michel Gondry.



Le cinéaste inventif abandonne sa légèreté dans cette immersion à l’intérieur d’un groupe de lycéens du Bronx, le temps d’un trajet en autobus.
Film violent, désespérant ; la vigueur des dialogues ne rachète pas de la régression des rapports sociaux où la loi du plus fort est la loi.
Il y a bien quelques séquences de fantasmes bricolées qui permettent de respirer un peu mais l’ambiance est tellement électrique, insupportable tout au long du trajet que la conclusion qui recèlerait un éclair de tendresse parait peu crédible.