jeudi 4 janvier 2018

Essais 2017.

Pas facile de prendre du recul, tant l’actualité a détrompé :
Alors des revues : Charles, le Un, France football : trois publications en un article.
XXI: Fidélité
Civilisations : Parce que c’est lui
Dictionnaire amoureux du journalisme : nous nous sommes tant aimé.
Et l’initiative d’un collège pour inviter à lire : la mère de toutes les batailles

samedi 30 décembre 2017

L’almanach dauphinois 2018.

Il fait bon parfois cultiver les rites pour faire semblant de ne pas voir que l’ancien monde a passé « l’arme à gauche » et pour 6,40 € feuilleter le numéro 52 de la publication annuelle jusqu’à la publicité en dernière page pour les cloches Paccard, fondeurs depuis 7 générations.
Revue de détail comme il est désormais d’usage sur ce blog :
Une place non imprimée est toujours réservée parmi les 136 pages pour noter les évènements personnels et la date du premier chant du merle.
- Les quatre temps existent aux quatre saisons : au printemps les 21, 22, 23 février.
- Se rappeler en janvier de « mettre à la portée des abeilles de l’eau légèrement salée dans une petite auge remplie de pierres et placée au soleil. Lors d’une journée ensoleillée et calme, alimenter en candi les colonies nécessiteuses. »
- Les dictons se renouvellent:
« On ne peut voir les étoiles que lorsqu’il fait suffisamment sombre »
- Le rappel des évènements dans l’Isère entre les médaillés sportifs et les lauréats d’émissions culinaires est scandé par les disparitions : Yvrai, Gozzi… et les incidents climatiques.
- Il est question bien sûr de commémorations : 68 qui dura jusqu’en 71 quand Match titrait «  Grenoble, le campus de la peur ». Ce fut le premier campus construit en France dans la ville qui passa de 100 000 habitants en 1945 à 160 000 au moment des JO dont on va fêter également les 50 ans.
 - L’indestructible Fafois interroge le maire de sa commune :
-        Je n’ai donc pas le droit de vivre avec deux femmes ?
-        Bien sûr que non.
-        Eh bien tu vois, dit Fafois à sa femme : ta mère ne peut pas venir habiter chez nous !
- Rencontre des donatiens à Saint Donat-sur- L’herbasse dans la Drôme des collines dont les maisons anciennes sont construites en molasse extraite des coteaux environnants, formant des cavités nommées « balmes » ou « baumes ». A cette occasion les déclinaisons autour de « Merdaret » pour désigner des ruisseaux, signifient bien qu’il s’agissait d’égouts à ciel ouvert. Le village de 4000 habitants a connu des marchés aux bestiaux florissants et l’industrie de la chaussure de la ville de Romans y avait implanté des usines ; les asperges furent réputées mais aujourd’hui ce sont les trufficulteurs qui aspirent à une notoriété égale à celle du Tricastin. Les connaisseurs savent que « la donatienne », une variété de pogne, en vente chez Ronjat vaut le détour. Certains clients y apportent leurs ingrédients, beurre, sucre et œufs et ne payent que la façon.
- Petite chanson :
« L’air des monts est si frais,
Tout là haut sur l’alpage
Que sans le faire exprès,
On se met à l’ouvrage, »
- Une fleur est décrite : la pervenche, dont la résistance lui a valu son nom dérivé de vincere(vaincre), l’animal de cette année est le cygne, le fruit : la quetsche.
D’avantage de place est consacrée au dernier connétable de France, Lesdiguières, qu’à Henri de Bellesciste natif de Satolas qui mit au point la modulation de fréquence, mais il est toujours plaisant de découvrir des personnages ou des événements comme ces courses de chevaux se déroulant en pleine ville à Romans en 1887.
Les mots du patois varient : « les bésous » à Chabeuil forment « ina père » dans les Terres Froides : des jumeaux. Arrivés à Paris les natifs du Goubet ont trouvé :
«  Tou la gin couran , couran, sa pas où arravan tou. Ben me siou pinsa, si couran coume aco toulo jô, y davan pas ben fare de trava. »
« Tous les gens couraient, couraient, je ne sais pas où ils allaient tous. J’ai pensé  que s’ils couraient comme ça tous les jours, ils ne devaient pas beaucoup travailler. »
Le conte «  Le moineau du docteur » est quelque peu naïf, mais je le préfère de loin à une histoire pour les petits d’Eléna Ferrante recommandée par Télérama qui cultive tellement les peurs enfantines que je ne suis pas allé au bout de ce livre édité chez Gallimard jeunesse : « La Plage dans la nuit ».   

vendredi 29 décembre 2017

Pouvoirs.

Comment se débrouiller du mot « pouvoir », tellement repoussant qu’il fut nié, dans les années lointaines quand déjà un vieux monde courait derrière nous?
Nous avions toutes les ambitions: la santé c’était l’affaire de tous, et l’éducation et la planète.
Les traitements furent pris à dose homéopathique, l’enfant devint roi, et chacun cultiva son jardin sur une planète foutue. Tout ça a viré « corporate », les  fraternités ont fini en carnets d’adresses.
Tempêter contre Trump à chaque fois ne fera pas frémir la moindre aile de papillon alors que le plus restreint tweet du dément nous impacte : la nuisance a du pouvoir.
Le grotesque Donald-l’embrouille n'a rien d'un chef d'orchestre surtout pas clandestin. Alors qu’il y a encore peu, les politiques ne cachaient plus leur impuissance, on peut s'interroger si  c'est parce qu’il va dans le sens du capitalisme le plus arrogant qu’il est, lui, si puissant.
Pour revenir à des niveaux plus tangibles où les choix s’opèreraient : le maire à qui l’on touche la main peut faire croire qu’il a du pouvoir, alors que tout se passe dans les intercommunalités.
Le président de la république française, lui, a bien saisi que c’est au niveau européen que se joue notre avenir à défaut d’un présent brouillé par des médias pressés.
Plutôt que de gémir contre des décisions prises soit disant ailleurs, il assume et tient son rang.
Un Ruffin député se dispense de travailler en commissions mais pas d’élaborer des gags quand les caméras attendent un bout de chemise qui dépasse. Les réseaux asociaux se repaissent.
Quand toutes ces images s’éteignent, notre schizophrénie se retrouve à poil : le réel  devient introuvable.
Pour avoir cru tellement à la démocratie participative, version abâtardie de l’autogestion, je suis devenu extrêmement réservé sur bien des formes de concertations qui reprennent les mots de la citoyenneté et au bout n’en font qu’à leur tête. Le déchaînement des égoïsmes les plus étroits quand s’élève le moindre des bâtiments ne contribue guère à persister à croire à l’expertise des riverains. Si ce n’avait été décidé au niveau des technocrates européens, quel financement auraient pu obtenir les astronomes qui observent le ciel depuis le désert de l’Atacama ?
Les vigilants veilleurs de nuit jamais couchés, si bienveillants, imaginent-ils que parfois certaines personnes s’autorisent à ne pas penser comme elles ? Au moment des choix décisifs, ils se sont abstenus et depuis rouspètent. Ils avaient eu du mal à reconnaître qu’il y avait trois candidats qui avaient obtenu plus de voix au premier tour de la présidentielle que leur conducator.
Pour ce qui est du pouvoir sur nos propres actes, je me suis bricolé une philosophie portative dont un condensé pourrait figurer sur quelque assiette, au dessus des portemanteaux de l’entrée de ma maison : « Nous avons conjoints, enfants, parents, présidents que nous méritons ».
La décantation serait longue qui permettrait de repérer les fils qui immanquablement me mènent à revenir sans cesse à l’école et aux paysans.
Mes origines en milieu terreux, taiseux, je les exorcise et les excite , « en même temps », comme toute vérité.
« Le paysan meurt de faim, et son maître de gourmandise. » Proverbe polonais.
Jadis parmi les idées reçues, on précisait après bon sens : « paysan ». Les pagus sont devenus exploitants, mais ils savent bien eux que la forêt dont la diminution est dramatique au niveau de la planète est le marqueur d’une déprise agricole dans nos contrées montagneuses. Petits acrobranchés, les arbres du parc Paul Mistral n’étaient pas ceux de l’Amazonie.
« Le lettré précède le paysan, mais que le riz vienne à manquer, et c'est le paysan qui précède le lettré. » Proverbe vietnamien.
Face à l’accablante répétition des études pointant l’aggravation de la performance de nos élèves en lecture, il y aurait simplement à multiplier les occasions de lecture - c’est en lisant qu’on devient lecteur- avant même de revenir à dictées et grammaire pourtant utilement rappelés. Là est une racine du pouvoir, celui de choisir pour soi, voire plus si affinités.  
« Chaque lecture est un acte de résistance. Une lecture bien menée sauve de tout, y compris de soi-même. » Daniel Pennac
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 Les dessins sont découpés dans « Le Point » et « Le Canard ».