Pendant que nous petit déjeunons, nos sacs sont
chargés dans le minibus stationné dans la rue d’à côté à cause des travaux du
tram qui passe devant l’hôtel. Nous quittons Cuenca la ville culturelle avec
des retours imprévus dus à des barrages que n’indique aucune déviation.
Aujourd’hui nous aurons l’impression de voyager en Ecosse, en Suisse, en
Norvège, dans les Alpes, puis en Afrique et en Asie.
Nous nous élevons peu à peu dans la montagne à
travers une lumière grise et des nuages bas, avec un habitat en bois style
chalet et des élevages de truites qui approvisionnent tout l'Equateur. Nous
poursuivons notre montée jusqu’au lac
Cajas à 4800 et quelques mètres d’altitude. Le froid est vif, lorsque nous sortons du véhicule, tout le monde superpose les couches même les moins frileux.
Nous dominons le lac du Toréador, l’un des 235 du secteur et empruntons l’escalier glissant qui y conduit pour observer la flore rase mais extrêmement variée composée de lichens, de mousse, petites fleurs, champignons, un tapis vert et spongieux gavé d’humidité. Le gardien du parc nous demande de remonter, si nous voulons visiter, nous devons nous acquitter d’un droit d’entrée et payer un guide afin de ne pas nous égarer dans le brouillard. José négocie le fait que nous ne faisons qu’observer la végétation mais le garde est comme le temps : maussade. Nous nous engageons à nouveau dans des sentiers balisés du parc où nez et yeux au sol nous nous émerveillons de la variété et de la richesse des plantes et de leurs couleurs, lorsqu’un coup de sifflet du garde nous rappelle à l’ordre. Nous remontons sagement dans le minibus jusqu’au panorama, le point culminant où nous ne voyons rien, trop de brouillard aux « Très crocce ».
Nous entamons alors la descente vers la région de la côte, la végétation se modifie, nous retrouvons les polylepis ou arbres à papier que nous avons rencontrés à plusieurs reprises depuis notre montée en téléphérique à Quito. La végétation se fait de plus en plus luxuriante. Les bananiers apparaissent. Sans les nuages nous apprécions mieux les paysages et la température.
Nous atteignons la plaine.
Les maisons en bois souvent sur pilotis nous évoquent d’autres pays, ainsi que les motos surchargées de 2 à 5 personnes. Les enfants en uniforme sortent de l’école. Nous bifurquons au panneau indicateur « 51 ». A peine descendus nous nous bombardons de « 5 sur 5 » à la vue des insectes voletant autour de nous avec voracité. Un petit homme souriant vêtu d’une chemise bleue et d’un pantalon sombre rentré dans ses bottes de caoutchouc jaunes et armé d’une machette s’avance, c’est le patron de la plantation qui répond au nom de Staline.
Il nous présente les différentes cultures de sa propriété en commençant par des fleurs de jasmin odorantes. Avant de nous parler des cacaoyers, il nous fait découvrir l’achiote : le fruit contient des graines qui une fois écrasées donnent une pâte rouge orangée qu’on utilise pour le rouge à lèvres. Il en maquille les filles, trace une croix sur le front de garçons pour en chasser le démon.
D’un côté une rizière vient d’êtres semée à la volée, méthode plus rapide que de repiquer plan par plan. De l’autre les cacaoyers supportent un grand nombre de cabosses ainsi que de minuscules fleurs. Plus la cabosse est orange, plus elle est mûre. D’un coup de machette, Staline en coupe une en deux, et nous fait déguster la chair qui entoure les fèves. Dans un sac, le contenu de plusieurs cabosses fermente en attendant d’être mis à sécher.
D’autres arbres fruitiers s’épanouissent un peu plus loin : plantation de fruits du dragon, arbre à pain, un groseillier dont les fruits ont l’aspect du raisin, des jacquiers, des citronniers.
Staline propose à deux d’entre nous de goûter des petites graines qu’ils recrachent aussitôt : elles sont issue d’un poivrier, arbre que nous connaissons pourtant !
S. a planté des œillets d’inde que parait-il les hollandais appellent petit africain. Sous une bâche abritée, il nous montre des plans greffés associant le cacaoyer de Trinitad et Tobago avec le cacaoyer national.
Un fois planté, le cacaoyer hybride obtenu sera plus productif que le natif et aura une durée de vie d’environ 15 à 20 ans mais la qualité sera moins goûteuse. Après nous avoir montré les fèves exposées au soleil et prêtes à l’expédition, il nous prépare du chocolat selon la technique déjà montrée en Amazonie.
Nous prenons place ensuite sous une grande paillote
au bord d’un plan d’eau avec canards, où les moustiques nous laissent un peu
tranquilles pour un repas avec guacamole, riz avec achiote (pour la couleur) et
poulet en sauce tomate, gingembre et fruit de la passion. Au dessert bananes à
la crème nappées de chocolat. Le ciel a changé de couleur et le soleil chauffe.
Nous reprenons la piste en sens inverse et
apercevons des moissonneuses dans les rizières. A côté une montagne de riz récolté, des hommes en remplissent de gros
sacs qu’ils pèsent puis avec efficacité
et légèreté les soulèvent, les portent sur leur dos pour les entasser dans un
camion. Nous les saluons et reprenons notre voyage, assoupis par la digestion ou à l’écoute des informations et discussions avec José.
Nous arrivons à Guayaquil à 17h 30, grande ville de 3 millions d’habitants, le centre économique du pays, avec de la circulation où cohabitent riches et pauvres.
L’hôtel « Villa 64 » se cache derrière une porte blindée et surveille les gens avec une caméra. Il faut montrer « patte blanche ».
Notre guide craint la délinquance dans la ville, certains quartiers qui n’ont rien à envier aux favelas, sont à éviter. Pour les autres : barbelés électriques, caméras, vigiles tentent de dissuader toute effraction.
Nous quittons cet hôtel tout neuf pour une petite balade dans le quartier du Malecón, guidés par José qui a peut être peur de notre témérité ou de notre inconscience et nous recommande encore la prudence.
Il nous conduit au confluent de deux rivières dans une partie moderne où l’on trouve les enseignes américaines de fast food et un parc d’attraction.
En chemin il nous montre le tennis club et sa fresque en carreaux de faïence célébrant Andréas Gomez vainqueur à Roland Garros (1990).
Nous dînons d’une pizza Hut et rentrons.