Après la guerre, l’art devint difficile en Allemagne et les répliques de ce retournement de civilisation ne sont toujours pas dissipées : en témoigne la polémique lors d’une exposition récente « De l’Allemagne » au Louvre : de Friedrich à Beckmann.
En ces années plombées, l’art devint conceptuel, sa
production était tellement problématique.
Polke est reconnu très tôt : Lion d’or à la biennale de
Venise où le tableau représentant des personnages qui se bouchent les yeux était
accroché en 86 à l’extérieur du pavillon allemand.
Il accueille les spectateurs de l’exposition grenobloise
jusqu’au 2 février
2014, accompagné de photographies de paysages minéraux aux cadrages
serrés qui évoquent « l’origine du monde » de Courbet.
Par contre de grands formats citent les américains Pollock
et Warhol.
Les grandes tailles sont-elles destinées aux institutions,
les petites aux particuliers ? La valeur se mesure-t- elle à la surface
occupée ? Interroge plus loin un assemblage
de torchons où sont tissés des Marks.
« Une image ne
doit pas être plus grande qu’un lit » proclame un autre tableau.
Une reprise de visions touristiques d’une Australie qui
inspira Polke, fait dialoguer les clichés en nous invitant à ne pas nous
enfermer dans une vision unique, quand il s’agit d’interpréter les accidents, les
lapsus, éprouver notre liberté.
L’art doit transformer le spectateur et si des substances
contenues dans les pigments nous empoisonnent, ce serait le prix à payer pour
une initiation ! Nous avons tant à nous défaire des illusions, nous qui
croyions que c’était vrai parce que c’était sur la photo, qui pouvons confondre
un essai, une recherche et une œuvre
achevée.
« On voit bien ce que c’est » représente une arrestation, mais ce n’est qu’une mise en scène d’une séquence d’un film de série B. La couleur sépia propre aux photographies anciennes teinte le mirador solarisé derrière des mains agrippées aux barreaux et d’un laisser passer.
L'histoire de l'art est convoquée: quand un mécène lui commande un tableau, il cite Matisse et Bosch et sa représentation du péché d’envie.
« On voit bien ce que c’est » représente une arrestation, mais ce n’est qu’une mise en scène d’une séquence d’un film de série B. La couleur sépia propre aux photographies anciennes teinte le mirador solarisé derrière des mains agrippées aux barreaux et d’un laisser passer.
L'histoire de l'art est convoquée: quand un mécène lui commande un tableau, il cite Matisse et Bosch et sa représentation du péché d’envie.
Les supports sont variés: les toiles - à matelas - ou plus soyeuses sont parfois
transparentes, cousues entre elles, ou épaisses comme des rideaux de théâtre,
ouvertes afin que l’artiste y passe la tête pour ceux qui ont le privilège
d’entrer dans son atelier.
Qu’est ce qui est précieux, le sujet ou le pigment à base de lapis lazulli ?
Un encadrement des plus modestes, en sapin, entoure des bois
exotiques.
Celui qui est passé de l’Allemagne de l’Est en Ouest, cite aussi
bien Hollywood qu’Hermès Trismégiste, il nous livre ses recherches autour des
planètes de Platon, des carrés magiques, commémore la révolution française,
fait d’une anecdote un sujet, mais toujours interroge le passage de
l’abstraction au réel et souligne chaque fois les marges pour bien nous
signifier que nous n’avons affaire qu’à des images. Tout en essayant comme
Mahler et d’autres de réconcilier culture populaire et savante.
Je n’ai retenu de notre visite de
l’exposition de Grenoble sous la conduite d’Etienne Brunet que des éléments qui
ne figurent pas dans un de mes articles déjà publié, accessible en
tapant : « Polke » dans la fenêtre du moteur de recherche de ce
blog, en haut de la colonne de droite.
Il s’agissait du compte rendu, à ma
manière, de la conférence du directeur du musée Guy Tossatto qui entretint des
liens privilégié avec l’artiste disparu en 2010.