Tout le monde avait voté l’écotaxe et plus personne n’en
veut.
Tout le monde était contre la semaine de 4 jours et plus grand monde n'est content de sa réforme.
On n’a jamais tant parlé de la fatigue des enfants et elle
s’est accrue avec les nouvelles dispositions qui entrent dans une logique
d’animation qui s’avère être souvent de l’agitation.
Le surmenage des enfants n’est pas du à l’école mais aux
écrans et à ceux qui les leur tendent.
Ce n’est pas qu’une question d’horaires de classe mais d’une
fatigue de la société dans son ensemble où nous nous supportons de moins en
moins facilement où l’énervement est au coin de chaque rue embouteillée.
L’école a été virée du samedi matin pour cause de couples recomposés, de papas
ensommeillés et de week-end à encombrer. Nous manquons de sommeil.
N’ayant ni les compétences ni l’appétit pour amorcer
quelques réflexions sur « l’école 2.0 », je reviens sur ce qui était
permis dans nos heures que je trouvai fécondes, il y a dix ans, dans ma ville,
quand pas grand monde pensait qu‘apprendre était fatigant.
Je ne voyais pas les parents comme des consommateurs et l’instruction
et l’éducation dispensées pendant 27 h hebdomadaires n’apparaissaient pas comme des
concurrentes ravageant la vie familiale. Nous appréciions notre chance de
bénéficier de locaux adaptés qui permettaient la liberté et la responsabilité
en sécurité.
Les samedis matins en classe étaient des moments légers et
riches. Je parle du primaire et dans les débats actuels, il serait sage de
distinguer les âges : réveiller des bambins de la sieste pour leur
proposer des activités est vraiment aberrant.
Nous travaillions
alors 6 h : un instit’ accompagné
de moniteurs formés en éducation physique, en musique, en arts plastiques avec
des possibilités d’intervenants en
théâtre, contes, sorties cinéma et temps à la bibliothèque du quartier, en anglais, en informatique ...
avec de surcroit une heure sup'
hebdomadaire avec une enseignante spécialisée (RASED) pour quelques élèves en
difficulté.
Ces enfants que j’ai suivis, précédés parfois, n’ont pas
tous fini à l’ENA, mais lorsque l’un d’eux a été réveillé de sa sieste, il n’a été
exposé au 20 h.
Une fois Anthony, assoupi, est tombé de sa chaise, peu
sensible alors à la prose d’Hugo ou de Pennac. Il est devenu boulanger et il se
lève de bonne heure.
Nous débutions tranquillement chaque journée par des débats
autour des préoccupations des enfants et aussi des nouvelles du monde, sans non
plus « prendre les têtes » avec des problèmes submergeant les mômes. Personne n’ignorait
mes engagements mais je tenais comme principe les recommandations de Ferry
Jules :
"Si parfois vous
étiez embarrassés pour savoir jusqu'où il vous est permis d'aller dans votre enseignement moral,
voici une règle pratique à laquelle vous pourrez vous tenir : avant de proposer
à vos élèves un précepte, une maxime quelconque, demandez-vous s'il se trouve,
à votre connaissance, un seul honnête homme qui puisse être froissé de ce que
vous allez dire. Demandez-vous si un père de famille, je dis un seul, présent à
votre classe et vous écoutant, pourrait de bonne foi refuser son assentiment à
ce qu'il vous entendrait dire. Si oui, abstenez -vous de le dire ;
sinon, parlez hardiment, car ce que vous allez communiquer à l'enfant, ce n'est pas votre
propre sagesse, c'est la sagesse du genre humain, c'est une de ces idées
d'ordre universel que plusieurs siècles de civilisation ont fait entrer dans le
patrimoine de l'humanité. "
La petite qui proposait une banane à Taubira nous a choqués
mais de plus en plus d’enfants sont utilisés dans des combats partisans,
manipulés, et pas seulement par la droite. Tout le contraire du respect de leur
parole, trop sacralisée par ailleurs. Prendre la parole, faire en sorte qu’elle
soit vraiment mienne et non celle de tous nos papas : il s’agit d’un
apprentissage qui peut durer une vie. Pour
avoir essayé de favoriser l’expression des gônes, j’ai toujours été frappé des
timidités des éducateurs à dessiner ou écrire. J’en mesure la difficulté chaque
fois que j’ai bouclé sur ce blog un article pour ne pas être qu’un perroquet de
mon Libé, de ma télé, de mon Canard.
…………
Tiens « Le Canard » reprend lui-même « Le Monde »
dans cette information :
« En Corée du
Sud : 650 000 lycéens
ont passé le « Sunum » pour intégrer l’une des universités du
pays : une épreuve de près de 9h,
sanction d’une scolarité au rythme fou d’au mois 15h
d’études quotidiennes. Ce jour là, les mères de famille prient en pleine rue
pour le succès de leur enfant. »
…………
Comme je n’ai pas trouvé de dessin qui me parle cette
semaine, il y a toujours un Sempé :