mardi 4 septembre 2012

Histoire de France pour les nuls en BD. Julaud Loiselet Acunzo.


La rencontre  était obligée entre la bande dessinée et le concept à succès « pour les nuls » dont l’un des premiers titres nous enseigna l’ordinateur avec efficacité, tout en nous excusant de nos incompétences. 
La trouvaille éditoriale jouait avec notre ignorance tout en la dépassant, elle s’étira quelque peu en rencontrant un air du temps où la modestie allait avec l’autodérision.
Mettre à jour nos connaissances au moyen des dessins agréables peut être divertissant ; cependant mes à priori favorables ont été déçus.
Aucune trace, y compris dans les annexes très lisibles, des incertitudes de la recherche historique alors que sur les gaulois par exemple sont apparues des prises de distance avec l’iconographie d’Uderzo. Un clin d’œil aurait été bienvenu.
Un volume pour évoquer le haut moyen âge venant après celui consacré aux gaulois obligeait-il à accumuler des noms de personnages ? Beaucoup trop d'illustres inconnus ne font qu’une apparition furtive et délivrent souvent des paroles artificielles, nous apportant des informations qui figent le récit.
L’entreprise pédagogique est louable mais prétendre : « l’histoire de France comme vous ne l’avez jamais lue » est excessif. Dans le genre j’ai préféré « l’histoire de l’Isère en BD »  en plusieurs volumes, plus circonscrite  et plus modeste.
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La rentrée pour tous, de la part de Yordi:

lundi 3 septembre 2012

La vierge, les coptes et moi. Namir Abdel Messeh.

Ce film malin et drôle semble bricolé mais aborde rien moins que le sujet de l’image, de l’incarnation, dans la religion et au cinéma.
Il va farfouiller du côté des mystères de la foi, nous divertissant autour des  montages, des trucages cinématographiques.  
Un papillon dans un magasin de porcelaine.
Entre une mère-abusive mais dont il  ne peut se passer,  et un producteur-forcément-pingre, le jeune réalisateur, l’air de rien, maîtrise le sujet  qui s’impose à lui, embarque le village  égyptien de ses origines dans son entreprise avec toutes les apparences de l’improvisation et s’avère virtuose pour nous donner un plaisir sans mélange.
L’autodérision, l’humour, ravivent notre croyance dans ce cinéma qui rejoue Méliès au temps de la 3D.

samedi 30 juin 2012

La saison des mangues introuvables. Daniyal Mueenuddin.

«Je te prends comme épouse Lily, dans la richesse et la maladie, dans la joie et la tristesse, jusqu’à ce que la mort nous sépare » 
C’était avant la cérémonie officielle d’un mariage, ce beau serment sera respecté et parfois oublié, mais toute la vie est bien là dans ces mots qui s’opposent.
Comme dans ce roman qui ramasse des existences aux destins chaotiques ou tout tracés, là bas au Pakistan.
Je ne savais du pays que ce qu’amène la lecture des journaux : de l’oppression, de l’obscurantisme; ce livre révèle des plaisirs élémentaires, des rêves et des drames, des visages.
Dans les années 70 jusqu’en 2000 où des changements sont à l’œuvre, nonchalamment, la malice des personnages, serviteurs et maîtres, les sauve parfois de fatalités implacables.
Le style de ces nouvelles entrelacées rend agréable la lecture des 310 pages, même si parfois le dévoiement de bien des énergies agace nos occidentales mentalités.
« Ce fut un voyage qui ramena Saleema à son enfance, au travers de villes qui ressemblaient à celles autour de sa maison, cent cinquante kilomètres plus à l'est, d'innombrables rangées de vilains immeubles en béton, des bazars grouillants, des taudis, des mares d'eaux usées envahies par des nénuphars comestibles, suivis de la pleine campagne, d'orangeraies en fleur, de champs de moutarde jaunes. Mais, cette fois, elle roulait dans une belle voiture et non dans un car vétuste, empuanti par la foule. Le soir précédent, elle s'était verni les ongles : sa main reposait sur la portière, le souffle du vent lui effleurait les doigts, elle se sentait jolie. Ils traversèrent des plantations de manguiers, des champs de blé prêts pour la moisson, Rafik égrenait son chapelet en plastique usé, récitait les quatre-vingt-dix-neuf noms d'Allah, son regard voilé laissait filer le paysage sans le voir. » 
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Le blog marque une pause en juillet août,
je reprends la pose en septembre.

vendredi 29 juin 2012

La culture peut-elle donner un sens à l’Europe ?

Il y a beau avoir été fait référence à Dante, Voltaire, Garcia Lorca… Brecht, Cervantès… nous retiendrons de ce débat de haute tenue au forum de Libé, l’éloge des échanges Erasmus dont Umberto Eco dit :  
« 80% des étudiants Erasmus se marient avec des étrangers et leurs enfants deviennent bilingues ; c’est un projet d’une grande valeur sexuelle »
Le modérateur Robert Maggiori a apporté sa pierre alors que Frédéric Mitterrand se la jouait faux modeste, bien qu’il sache toujours conter à défaut de beaucoup compter.
L’écrivain italien trouve « Après deux whiskies, il existe plus d’analogie entre moi et un Suédois dans sa façon de penser qu’entre moi et un Américain ».
De l’intérêt de l’ivresse pour aller plus loin que l’impalpable. Le ministre de la culture d'alors situe une frontière de l’Europe aux dernières églises en Ukraine : « Moi qui suis agnostique et européen, je suis toujours ému quand je vois une cathédrale dans un pays éloigné». Mais il ne va pas jusqu’aux racines chrétiennes qui excluraient, il appelle à l’ouverture au monde en se montrant méfiant à l’égard des langues régionales quand elles sont repliées sur elles mêmes.
Aux Etats-Unis dans les bibliothèques universitaires, la distinction de deux philosophies est un système de classement: la continentale d’un côté, et l’insulaire empirique qui relie anglais et américains de l’autre.
Il y a 371 sens au mot culture, cela laisse de l’espace pour débattre, elle n’est pas réduite exclusivement aux livres classiques, à la langue. Elle se compose « de routes pas seulement de roots. »
C’est une attention au monde, une inquiétude, un éloignement de la nature, on ne laisse pas le cadavre de son frère aux animaux, on l’enterre.
La morale devance la coutume.
Même pendant les guerres, la germanophilie pouvait se distinguer de la collaboration, bien qu’on puisse être cultivé et tyrannique.
La culture n’est pas un linceul qui uniformise, elle n’est pas pasteurisée et le rappel de Pasolini est utile.
Il regrettait la disparition des lucioles, sous l’effet des lumières aveuglantes de l’industrie du divertissement.
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Le dessin du Canard de cette semaine:

jeudi 28 juin 2012

Histoires des peintures. Daniel Arasse.

25 émissions de France Culture sont rassemblées dans ce livre de 2003.
« Il faut donc savoir voir, mais aussi avoir l’outil permettant aujourd’hui de théoriser ce qu’on voit »
Voilà l’objet même de cet ouvrage qui comporte quelques passages difficiles malgré l’humour et les qualités pédagogiques du passeur.
Notre regard sur la peinture est un regard sur le temps : avec toutes les précautions pour repérer les anachronismes, nous sommes amenés à enrichir notre vision du monde en général. Nous examinons les perspectives, découvrons dans un détail des vérités cachées. En puisant encore dans le vocabulaire de l’esthétique, quand les projecteurs sont braqués sur les conditions d’une exposition, les péripéties d’une restauration, notre regard sur la politique, sur les médias en devient plus critique.
Retrouver des œuvres familières, et par l’intelligence de celui qui aimait monter sur les échafaudages des restaurateurs de fresques, les approfondir, constitue une expérience enrichissante.
De Michel Ange à la disparition de l’objet nous entrons dans la chaîne où « le propre du créateur est de s’approprier le passé pour le transformer, le digérer et en donner un autre résultat… »
Des espaces s’ouvrent quand on envisage par exemple le maniérisme comme une réponse aux crises religieuses, économiques, politiques du XVI° siècle, « au sentiment d’incertitude, d’instabilité, de fragilité du monde »
Montaigne : « Le monde est une branloire pérenne, je ne peins pas l’être, je peins le passage »

mercredi 27 juin 2012

Mots d’enfants # 3

Merci à la grand-mère de Titouan et Lilou d’avoir transmis ces mots :

« Ça me fait des guilis sur mes cuisses, les étoiles d'araignée sous ta table. »

 « - Mamie j'ai faim 
- Déjà? Tu viens de prendre un bon goûter! 
- Oui, mais ça va vite, mon corps, il est en pente! » 

Titouan découvre que dieu n'existe pas.
"Un jour j'ai voulu le prier, eh ben il a même pas répondu....alors....." 

 Devant une petite souris au pied d'une énorme citrouille:
« - Oh, qu’est-ce qu'elle voit, la souris?
 - Un potiron 
- Non! Un gros rond » 

Un jour devant une image de vaches:
 « - C'est quoi ce veau? 
- Son nouveau - né. 
- Ah, et l'ancien, il est où? »

« Les militaires, ils doivent se mettre en garde à vue ». 

Lilou, a eu quatre ans, elle est en vacances à Niort.
Au bord de la Sèvre elle observe les canards: ils vont souvent par deux.
« Ah oui, le canard et sa canaille! » 

Quand Lilou n'est pas contente elle boude, elle se cache la tête dans les coussins du canapé.
 « - Alors Lilou, tu boudes? 
- Non, je regarde le coussin de près. »

mardi 26 juin 2012

L’appel des origines. Nairobi. Callède Séjourné Vernet.

A la recherche de son père, une belle métisse revient en Afrique.
Nous sommes dans les années 20, sur un beau paquebot entre deux prises de vues d'un truculent réalisateur, elle file le parfait amour avec un bel anthropologue à la recherche du premier homme de l’humanité.
Destins parallèles : « un même souffle résonne au fond de leur cœur ».Too much.
Le chef de l’expédition, plein de sagesse, a la tête d’Einstein.
Les dessins, les couleurs sont bien jolis mais les personnages sont vraiment trop simplistes même si nous croisons Karen Blixen et son beau chasseur, nous sommes loin du charme d’ « Out of Africa ».
L’intérêt de cette B.D. trop lisse est limité.
 A retenir seulement : Roosevelt vint faire un safari de plusieurs mois en Afrique au cours duquel 3000 animaux furent abattus.