jeudi 19 septembre 2013

Passage à l’art.



Le réseau Mémorha qui regroupe des responsables de lieux consacrés à la Seconde Guerre mondiale et des universitaires de la région Rhône Alpes avait organisé à Pont-en-Royans, une table ronde où étaient examinés les liens entre artistes et intellectuels. Lorsque l’art s’intéresse à l’histoire.
Le sous titre « l’impossible transmission du vide » a été, à mon avis, illustré  par  des participants au-delà de leurs intentions.
L’enseignement de la Shoa est  paraît-il empêché dans certains collèges, est ce encore vrai ? Ce problème n’était pas à l’ordre du jour.
La discussion venait après une « lecture- performance » de plus de 500 questions par Annie Zadek  adressées à ses fantômes, accompagnées des photographies  d’Arno Gisinger.
Cette introduction roborative aurait mérité une explication pour les non-initiés.
Malheureusement l’art contemporain souvent si bavard aime parfois les ellipses qui participent à un éloignement décourageant, alors que souvent les intentions sont pédagogiques.
Pourtant les deux historiennes Sylvie Lindeperg et Annette Wieviorka n’ont pas besoin de grands mots pour charpenter leurs discours lors de leurs interventions dans un débat un peu vague, sans contradicteur.
Le photographe fut clair lui aussi pour nous rappeler que la nature de son travail est justement de rendre présent le passé et que la notion de point de vue, si féconde, vient du vocabulaire des photographes.
La discussion  a été utile pour saisir l’apport de la poétesse qui regrette que les mots soient toujours entre parenthèses depuis la Shoa, mais les intervenants ne sont pas allés vers un point de vue plus général et n’ont guère apporté d’exemples variés pour approfondir le sujet.
Le noir installé furtivement entre deux diapos, claquait comme jadis  au patronage.
Nous avons pu après coup apprendre comment  se nouent les mots et les objets photographiés frontalement sur fond gris : ce sont les meubles en voie de restitution pris chez les juifs autrichiens partis on sait où.
Cette représentation de l’inventaire de biens spoliés est justement à la charnière d’un travail d’historien chargé ici de la « collation* » d’objets et de celui de l’artiste qui « met en présence » afin de rendre le passé intelligible. Ce passé qui s’infiltre dans le présent, se métamorphose.
L’émotion peut permettre d’accéder à une mémoire raisonnée et dépasser le pathos mais dans ces recherches la « babelisation » de la langue, évoquée au cours du débat, permettra-elle d’aller plus loin dans l’investigation du passé et sa transmission ?
Je crains que les mots traversant les frontières soient plus ceux des traders que des professeurs d’histoire.

*J’ai appris un  sens nouveau pour ce mot, j’en étais resté à « l’en cas » ou comme dit celui qui m’a permis d’assister à cet après midi studieuse « 2-3 tranches de poitrine roulée et une tomme poussées au Côtes »: « Confrontation de textes manuscrits ou imprimés pour s'assurer de leur conformité. » ou « Ensemble des caractéristiques physiques d'un ouvrage (nombre de volumes, format, etc.), permettant son classement. »

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