mercredi 14 mars 2012

« On refait le voyage » : Saint Petersburg 2004 # 2

L’hôtel nous corne comme demandé à 7h.
Il nous faut nous équiper pour affronter la journée.
A 9h nous quittons l’hôtel « Octobre ».
Nous prenons la Nevski Prospekt jusqu’à la rivière / canal Fontanka que nous longeons ; nous nous extasions sur les bâtisses monumentales jaunes, ocres, pistaches voire rouges. Elles possèdent toutes d’énormes gouttières repliées obstruées et dégueulant la glace. La Fontanka ne laisse percevoir l’eau que sous les ponts sinon, elle se montre figée sous la glace et la neige. Des employés municipaux dégagent les trottoirs glissants à petits coups de pique. Des femmes ramassent les détritus peu nombreux. St Pet' offre la vue d’une ville propre sans trop de pubs, de tags et de déchets sans doute à cause du nettoyage entrepris pour le tricentenaire de la ville en 2003. Le soleil nous accompagne, campé dans le ciel bleu, mais quoi qu’en dise notre compère tête nue, il ne fait pas tellement moins froid qu’hier. En évitant de s’étaler sur la glace, nous repartons par la Moskovski Prospekt, traversons le canal et tirons vers la cathédrale Saint Isaac. Nous découvrons sur notre chemin un marché, qui permet l’achat de quelques oranges et d’une chapka pour celui qui était le plus réchauffé du groupe. Les marchands ont le teint plus foncé et leur sourire s’ouvre sur une dentition parée d’or, chez les jeunes comme chez les vieux.
Nous pénétrons dans la Cathédrale Saint Isaac, œuvre du français Auguste de Montferrand. Si l’extérieur est imposant, l’intérieur est époustouflant par sa taille, sa hauteur ainsi que par la richesse de ses matériaux : grande porte en or protégeant l’autel et les objets du culte, colonnes recouvertes de malachite ou de lapis-lazuli, statues dorées dans le tambour de la coupole, marbres polychromes du pavage. Quelques babouchkas grises jouent du chiffon et veillent au respect du lieu, pas un grain de poussière. En regardant vers le haut de la coupole, nous nous interrogeons sur la réalisation de la colombe : est-ce un trompe l’œil, une peinture, une sculpture ? Mais saint Isaac, c’est aussi la « colonnade », la plus belle vue de toute la ville. Il suffit pour la modique somme de 100R par personne de grimper les 250 marches en colimaçon de plus en plus étroites pour se retrouver sur les toits autour de la coupole encadrée par des colonnes érigées là Dieu sait comment ! Une vieille dame postée en surveillance brave le froid dans sa guérite. Elle tente de nous expliquer qu’il aurait fallu s’acquitter d’une taxe pour photographier aux guichets 250 marches plus bas. Devant notre simili incompréhension, elle abdique, surtout que nous sommes français, comme Auguste de Monferrand ! Des haut-parleurs diffusent de la musique. La vue est fantastique et nous permet de nous repérer côté Neva, côté Baltique, de situer les bâtiments d’après leur couleur et leurs dimensions. Vraiment un bon plan, avec en fond de grandes cheminées fumantes ! Nous optons pour l’un des premiers restaurants croisés. A l’étage, la lumière est parcimonieuse, mais le repas, nourrissant et bon : borchtch et poulet Stoganoff avec légumes frits (poivrons entre autres) Dommage que l’habitude soit ici de servir tiède, presque froid. Nous refaisons nos forces cependant et reprenons notre route vers l’Amirauté. Plus de soleil, mais quelques flocons épars commencent à tomber. Nous apercevons le palais d’hiver, la place immense tout comme l’édifice de l’état major avec l’arc de triomphe en l’honneur des armées russes et passons sur l’île Vassilievski. Nous assistons là à visiblement une coutume locale : devant une statue au pied de l’une des colonnes rostrales, des couples de mariés posent pour la photo. Après l’offrande d’un bouquet de fleurs à la statue, face au photographe, ils boivent une coupe de champagne ou de la vodka et repartent en luxueuses limousines ou voitures plus modestes. Trois couples se succèdent ainsi en peu de temps.
Nous poursuivons notre chemin le long de la Neva vers la forteresse Pierre et Paul. Nous la contournons en suivant les remparts puis la traversons en flânant sans visiter les bâtiments. Nous rentrons tranquillement ; Il fait froid sur le pont Troïtski most (pont de la trinité), mais la balustrade en fer forgée est bien jolie. Après notre passage dans les Champs de Mars, domaine des corneilles mantelées grises et noires, bien rondes, nous nous orientons vers l’Eglise Saint Sauveur du sang versé ou Eglise de la Résurrection du Sauveur. Une magnifique grille en fer forgé aux motifs végétaux sépare les jardins de cette église totalement russe avec ses bulbes et ses couleurs impensables qui lui donnent un aspect tarte à la crème vue de près. L’entrée, comme à Saint Isaac, est payante ; il nous manque quelques roubles, dont nous fait cadeau la guichetière en nous refilant un billet étudiant à demi tarif. Là aussi, comme à St Isaac, l’intérieur surprend, mais dans un tout autre style (début 20ème ) La mosaïque recouvre tout, et représente des scènes religieuses ou des décors floraux, assez « modern style ». Le bleu presque turquoise domine ; nous déambulons selon un trajet délimité par des tapis, de manière à ne pas endommager le pavage magnifique en marguerite. Nous remarquons les formes orientales disposées au-dessus des portes ; elles imitent les fameuses coiffes des femmes russes, ces sortes de diadèmes nommés kokochnika. Les lustres en laiton semblent eux aussi s’inspirer de l’orient. Lorsque nous sortons vers 18h, la nuit enveloppe la ville. Nous retrouvons facilement le chemin de la maison, et après change et commissions (vodka , lait et pain) nous regagnons notre asile avec plaisir. Dans un restau nous sommes accueillis par un jeune marocain étudiant natif de Fez avec lequel nous avons une connivence de latins (il nous apprend la température d’hier soir = - 20°.. )

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