mardi 4 avril 2017

M’as-tu vu en cadavre ? Tardi. Léo Malet.

A défaut de lire un polard de temps en temps, ces 60 pages sont suffisantes pour suivre une intrigue bien ficelée dans le milieu du music hall, depuis les bistrots et les passages du X° arrondissement d’un Paris nocturne de préférence et pluvieux à souhait.
Un « panouillard courant le cacheton » qui ne « cherchait plus les soixante ans mais les avait trouvés » comme il est dit dans la version originale, vient se présenter chez Nestor Burma de l’agence « Fiat lux, enquêtes privées, recherches, filatures », il veut voir la secrétaire…
Tardi qui a consacré plusieurs albums à la commune de Paris et à la dénonciation des guerres
convient bien pour mettre en images le « père du roman noir français » qui d’anarchiste vira à droite. Le trait un peu raide s’accorde bien au flegme du personnage principal et à l’atmosphère aux nuances de gris très années 50 reconstituées aux petits oignons.
«Tiens un premier cadavre »

lundi 3 avril 2017

La fille inconnue. Luc Dardenne et Jean-Pierre Dardenne.

Parce qu’elle n’avait pas laissé entrer une jeune femme, une heure après la fermeture de son cabinet de médecin, sous caméra de surveillance, la jeune médecin généraliste se sent tellement coupable qu’elle va perdre toute prudence pour aller à la recherche du nom de cette personne retrouvée morte au bord de la Meuse. 
Alors qu’elle venait de conseiller à un interne stagiaire de ne pas se laisser envahir par ses émotions, afin d’établir des diagnostics plus justes, elle va se consacrer corps et âme à une investigation sur cette disparition.
Une réalité sociale désespérante se révèle tout au long du film.
Le label "Dardenne" a conquis depuis longtemps le public et les jurys, mais cette fois des scènes inutiles, pataudes, banalisent un produit  qui aurait pu être diffusé en feuilleton du temps de l’ORTF sous le titre : «  Le bon docteur mène l’enquête »

dimanche 2 avril 2017

Rain. Anne Teresa De Keersmaeker.

Je suis resté une heure dix en apnée, émerveillé par l’intensité, la beauté, l’inventivité, l’harmonie de cette chorégraphie qui une fois de plus prolonge, à la virgule près, la musique de Steve Reich, la sublime.
Lassé par quelques spectacles récents trop explicites, j’avais besoin de passer entre les gouttes didactiques et simplement m’émerveiller. Dans la rareté des propositions de danse à la MC 2, la maîtresse de l’ « art of falling and rising » est la meilleure :
A chaque seconde, on a envie d’opérer un arrêt sur image, tant chaque geste est sublime, mais un autre arrive, surprenant, celui d’un individu seul qui s’entortille avec le groupe et aussitôt s’éloigne, dans un déchaînement millimétré.
Trois hommes, et sept femmes magnifiques accomplissent un exploit sportif remarquable, ils forment un groupe léger, fluide, excellent.
Ils évoluent devant un immense rideau en perles comme ceux qui ouvrent sur l’été, ici  c’est celui de la pluie, répétitive et jamais la même. J’aime décidément la pluie.
« Averse averse averse averse averse averse
ô pluie ô pluie ô pluie ô pluie ô pluie ô pluie!
gouttes d'eau gouttes d'eau gouttes d'eau gouttes d'eau» Raymond Queneau
Il n’y a rien de dégoulinant, seulement un rythme obsédant vous transportant, où chaque perle suit un diamant, chaque goutte, une larme.
La souplesse de la jeunesse, ses courses, les disparitions, les effusions si furtives, si brèves et par-dessus, les bruits des machines implacables qui vous vrillent et vous tiennent éveillés.
Les couleurs des costumes des danseurs évoluent imperceptiblement dans un balancement « qui vous met le cœur à l’heure » comme disait Ferré qui parlait du balancement « maudit » de la mer, là j’ai aimé la symétrie et la justesse, la vitesse, la subtilité qui pointe sous les grincements. C’est le printemps. 
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Une lectrice de cet avis avant publication m’a donné son accord pour publier ses impressions et quand je lui ai dit que j’enlèverais volontiers quelques points d’exclamation, elle a protesté pour m’indiquer qu’il s’agissait d’un clin d’œil typographique à la pluie:« Moi ce qui m'a tant plu c'est la richesse des mouvements, l'étude précise des gestes où que l'on regarde....le toucher vif et léger sans la bousculade, mais toujours la surprise dans ce foisonnement: où que l'on porte son regard! Mais il faut se faire à l'idée, on ne peut pas tout voir!
J'ai aimé le rideau de pluie, en cordes pendues.... voir(e) "il pleut des cordes"! le coup de soleil, tellement lumineux qu'il nous ferme les yeux, les habits transparents qui simulent les corps sous la pluie, la vitalité, la joie de ces ébats..... Un ensemble inénarrable, mais pétillant et joyeux...à nous faire rêver de chanter sous la pluie !!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!

samedi 1 avril 2017

Dictionnaire amoureux du journalisme. Serge July.

920 pages : j’étais plutôt réticent.
Et puis j’ai mis le nez dedans et je n’ai plus lâché le cadeau qui m’avait été fait en connaissance de mes goûts pour la presse que j’ai ravivés prestement.
C’est la magie de la formule de cette collection « Dictionnaire amoureux » qui par ses articles classés par ordre alphabétique donnent l’impression de faire un tour complet du sujet, en les rendant passionnants par la subjectivité de l’auteur.
De A comme « A bas les journalistes » :
 «  Pour recueillir les biens inestimables qu’assure la liberté de la presse, il faut savoir se soumettre aux maux inévitables qu’elle fait naître » Tocqueville
à Z comme Zola.
J’ai révisé mes années Libé avec l’ancien patron, « passé des cols mao au Rotary », j’ai vieilli en même temps que lui. Il chronique désormais sur Europe 1.
Nous pouvons apprendre que parmi les figures tutélaires de la profession: Théophraste Renaudot qui fonda la première gazette était employé par Richelieu et Albert Londres était agent secret. Mais celui qui fut tête de gondole chez « Les Guignols » de Canal, reste fidèle à la discrétion d’un journalisme à l’ancienne tout en revenant sur des moments problématiques de la vie de son « Libération » à Bruay en Artois ou sur les bords de la Vologne.
Sous la formule de son professeur Bernard Voyenne:
« Aucun journal n'est objectif, la presse l'est. »
Je ne sais s’il a fait des impasses en recensant de grands noms de la littérature :
Hemingway, Camus, Sartre, Simenon, Wilde, Defoe, Malaparte…
ou des reporters Reed en Russie, Hersey à Hiroshima, Capa … .
Ses entrées critiques : « blablabla », « bourrage de crâne », « ménages », ne contredisent pas une passion, communicative, forcément.
Les incontournables chapitres : marronnier, Leica, marbre…
et le retour vers les maîtres enrichissent l’énoncé des enjeux actuels avec les chapitres : « Communication », « réseaux », « immédiateté »…
Si la nostalgie d’un âge d’or peut se cultiver quant aux tirages plantureux de jadis, quand est rappelée l’attitude des journaux pendant la première guerre mondiale ou sous l’occupation, la presse d’aujourd’hui peut se voir plutôt belle en son miroir.

vendredi 31 mars 2017

Avec Marine, c’est du sérieux.

On fait comme si le danger n’était pas là ou comme si cela allait de soi : incroyable !
Alors je reprends l’expression déplacée et ridicule du compagnon d’une certaine Carla pour jouer de la dérision et faire un petit tour autour d’un effarement.  
Ce n’est pas la peine de peser la saillie la plus plaisante, l’embarras le plus manifeste, à l’issue du premier débat concernant la présidentielle sur TF 1 : la seule gagnante est la candidate de l’extrême droite, légitimée parmi les légitimes.
Ce qui saute aux yeux, au-delà de ce moment, c’est la banalisation de cette idéologie qui a perfusé bien au-delà de son périmètre encarté.
La seule question qui vaille est de savoir qui elle affrontera au second tour parce que fatalement, elle, y sera, elle.
Toutes ces années de citoyenneté, de civilités face aux incivilités, avec renvoyées aux équevilles, ces lumières blafardes du désuet XVIII° siècle, pour aboutir au degré zéro de la politique !
Nourri de jeux de mots, de caricatures du Canard enchaîné et de transgressions tranquilles à la Charlie, je regarde souvent la politique avec quelque distance pour ne pas céder à la désespérance.
« La jeunesse croit beaucoup de choses qui sont fausses, la vieillesse doute de beaucoup de choses qui sont vraies »
Mais il me faut récupérer mon esprit au bas de l’escalier : n’est ce pas incroyable que cet évènement ne paraisse pas plus ahurissant ?
J’ai trop usé de l’expression «  à force de crier au loup », et je sursaute à l’idée que notre pays  puisse tomber aussi bas dans la surenchère amère et sans nuance, les solutions les plus sommaires, les haines les plus recuites, les analyses les plus mensongères.
Le printemps est là avec ses souvenirs de douceurs de jadis quand mai était à l’espérance. Aujourd’hui le temps est à la crainte des excès du thermomètre et des explosions fanatiques. 
Face aux violences qui interpellent notre courage et notre lucidité, l’école s’abîme dans l’insignifiance gnangnan quand un 12/20 écrit à l’encre rouge passe pour de la maltraitance !
Burn out pour tous ! Et les radios de rigoler, les réseaux sociaux de ricaner, le papier de pomper.
J’ai regardé dans le dictionnaire à « irénique » quand Le Monde a qualifié ainsi  Hamon :
« Attitude d'esprit condamnée par l'encyclique « Humani Generis » selon laquelle on tolère de façon tranquille des erreurs graves, inacceptables, par désir exagéré de paix et de conciliation. »
Et si je suis issu de la culture rhétorique de Mélenchon, sa posture « indignée » ne convient plus à mon arthrose (le poing et l’arthrose). Les indulgences envers les casseurs en tous genres de la part de ceux qui sont contre tout, toujours, me dérangent dans mon conservatisme quand je trouve que notre société doit être d’avantage protégée que minée par les éternelles taupes aux poils lisses. Nous sommes dans un beau pays et la République me parait d’autant plus bonne qu’elle est sans cesse vilipendée, injuriée, offensée, moquée.
« C'est celui dont tu as soigné l'impuissance qui te prend ta femme » Proverbe africain
Cette rage qui s’autoalimente dans tous les extrémismes, maquille en rouge, bleu ou noir les profiteurs se dispensant de tout devoir.
Si jadis chaque geste était politique, aujourd’hui la politique a déserté jusqu’à son pré carré : le positionnement de Vals n’a été lu principalement que sous l’angle d’une loyauté bafouée, alors que la mécanique des primaires broyant les partis a été déterminante : effacement des débats à l’intérieur des collectifs et surenchères partisanes.
L’impuissance à réduire les injustices a été tellement intériorisée que les seules réponses résident dans les envolées les plus délirantes, les projets les plus charmants mais non financés,  ou les renoncements.
« Le plus farouche orgueil naît surtout à l'occasion d'une impuissance. » Paul Valéry
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Les illustrations sont copiées dans « Courrier international » et « Le Canard enchaîné » :

jeudi 30 mars 2017

Deux miracles dans la bible. Pierre-Emmanuel Guibal.

Le conférencier devant les amis du musée de Grenoble était cette fois un théologien qui a appris le grec et l’hébreu pour étudier la bible. Il nous a fait partager sa lecture de deux tableaux.
« Les noces de Cana » de Véronèse mesurant 70 m2 étaient destinées au grand réfectoire des bénédictins de San Georgio Maggiore à Venise. La toile, maintenant au Louvre, comporte 132 personnages pouvant donner à voir aux moines astreints au silence pendant les repas.  
« Ceux qui cherchent Dieu peuvent le trouver où on ne l’attend pas. »
Le récit de la transformation de l’eau en vin n’est présent que dans l’évangile le plus récent (90), celui de Jean, le plus singulier.
De réforme en contre-réforme, après cent ans de guerre, l’art sacré se distingue de l’art profane, Véronèse devra comparaître devant l’Inquisition, nous sommes au XVI° siècle :
« Nous, les peintres, prenons des libertés tout comme les poètes et les fous ».
« L’art permet de voir Dieu qui voit les humains », et la parole divine peut rapprocher tout le monde.
Dans le bleu d’un ciel habité, une trinité d’oiseaux représente le Père qui a donné son fils, et le Saint Esprit l’a fait savoir. Si le chiffre six pour l’autre vol correspond au vendredi jour de la Passion, c’est au sixième jour que Dieu créa les hommes. Le campanile rappelle la prière qui est l’acte de se mettre devant Dieu pour être regardé par lui, après avoir fermé la porte.
Dans l’orchestre qui mène le bal seraient représentés : Véronèse, Bassano, le Tintoret, et le Titien.
Le rouge dit l’amour, le blanc la pureté, c’est un mariage.
« L'homme quittera son père et sa mère, et s'attachera à sa femme, et les deux deviendront une seule chair. »
Derrière la balustrade, les pauvres viennent chercher les surplus à la fin du repas comme il était réglementaire dans la cité des doges où les fêtes étaient nombreuses.
En plein centre, un serviteur coupe l’agneau et Marie en deuil a pressenti le sort de son fils. Elle peut être reliée, elle la servante de Dieu, à une servante plus modeste dont le sein nourricier est mis en évidence.
Les six jarres pleines de l’eau de purification des juifs sont désormais remplies de vin et les convives à bonne trogne s’étonnent que leurs verres ne soient plus vides.
Le fou avec son perroquet sur l’épaule peut rappeler quelques vérités, quand richesse et pauvreté se côtoient, comme la joie et la tristesse, l’amour et la division, la lumière et l’ombre, l’eau et le vin , les « c’est fini ! » avec « encore ! ». Un chat, être ambivalent, pose sa patte sur la sculpture d’un satyre, divinité antique plus guère en odeur de sainteté.
Le maître de Sienne permet à chacun d’entendre sa musique dans la cacophonie du monde.
Le tableau de Rembrandt « Les Pèlerins d'Emmaüs » est bien plus petit (43 cm X 44 cm) dans cette version parmi dix du peintre de 23 ans au musée Jacquemart André.
« Le troisième jour après la mort de Jésus, deux disciples faisaient route vers un village appelé Emmaüs, à deux heures de marche de Jérusalem, et ils parlaient ensemble de tout ce qui s’était passé. Or, tandis qu’ils parlaient et discutaient, Jésus lui-même s’approcha, et il marchait avec eux. » Evangile de Luc.
Ils s’aperçoivent qu’il est « le ressuscité », à l’auberge, quand il rompt le pain.
« Alors leurs yeux s’ouvrirent, et ils le reconnurent, mais il disparut à leurs regards. »
De la difficulté de voir qui marche avec nous, et celle de croire quand le maître n’est pas là. L’un se déplace tout à son étonnement, l’autre s’agenouille dans l’humilité, sa chaise est tombée. Des ténèbres jaillit la lumière, Dieu se manifeste dans la détresse.
C’est la représentation de l’Eucharistie( détail du Rembrandt de Jaquemart André), « ceci est mon corps », une théophanie : apparition d’un message divin. L’homme n’est plus seul. Ils reprendront la besace pour aller dire la bonne nouvelle.  La silhouette de la servante donne de la profondeur au tableau et sur le mur la lumière révèle nos failles.
Les couleurs sont calvinistes et le clair obscur plus obscur encore que celui du maître Le Caravage.
Quand vint le temps des questions, un spectateur fit allusion à la « métaphore vive » de  Paul Ricoeur, mais si le terme m’a intrigué, les explications que j’ai pu trouver m’ont parues bien obscures. Par contre, j’ai appris en cours de soirée qu’Emmanuel signifiait : « Dieu est avec nous », un christique candidat a travaillé avec le philosophe.

mercredi 29 mars 2017

Equateur J 16 # 2. Puerto Lopez.

Depuis Guayaquil, la route est bonne, les paysages changent totalement, plutôt plats avec des maisons en bois sur pilotis et une végétation d’épineux et d’arbustes dénudés.
Nous nous assoupissons à tour de rôle.

M. me parle à mon réveil de forêts de cactus, de kapokiers que j’ai loupés.
Et puis au bout de la route : l’Océan Pacifique !
Nous suivons le bord de mer, jalonné de petits restaurants tous vides et qui nous font des signes d’invitation.
De villages de pêcheurs, nous passons à des secteurs qui se rapprochent plus de nos stations balnéaires voire de ghettos de petits immeubles nouveaux enceints de barbelés ou des villages d’hôtels touristiques plus modestes avec des jardins verdoyants.
Nous faisons une pause repas à la Punta Ayangue, jolie anse où nous nous régalons de crevettes à l’ail, poissons grillés, ou poulpe gratiné, à côté d’équatoriens moins frileux que nous et qui n’ont pas hésité à se baigner malgré le manque de soleil dans une eau assez clémente.
En week end cet endroit perd de sa tranquillité, envahi par les guayaquiliens qui viennent profiter des plaisirs de l’océan.
Rassasiés nous poursuivons vers Puerto Lopez, il reste encore plus de 60 km.
Nous traversons encore des villages dont l’économie semble tournée vers le tourisme, des pubs témoignent de la pratique du surf.
Un peu avant Olón, nous stoppons au pied d’une construction massive en pierre chapeauté d’un toit en tôle. Il s’agit d’une curieuse église indécelable de la route, ouverte aux quatre vents qui surplombe la mer, en forme de bateau, avec en contrebas une chapelle entourée de gradins semi circulaires moins exposée.
Comme le dit notre guide, l’orante est plus tourné vers la nature et son créateur, vers la méditation face à l’océan que vers la passion et la douleur du christ.
La halte suivante nous permet une vue plongeante sur Puerto Lopez, sur sa flotte de petits bateaux tous bleus et le vol de frégates, pélicans et urubus. Nous descendons sur le bord et sacrifions au rituel habituel : tours et demi-tours pour trouver l’hôtel. Sixter, le chauffeur écoute plus "Elisabeth" le GPS que José le guide qui s’efface puis prend les choses en main.
En fait la route de bord de mer est tronçonnée par des travaux de dallage qui promettent une fort jolie promenade, mais pour l’instant l’accès à l’Hostéria Nantu est compliqué.

Nous sommes encore hébergés dans un joli endroit constitué de plusieurs bâtiments de taille réduite et d’un bâtiment à étages. Nous bénéficions de chambres spacieuses, de salles de bains pratiques et bien agencées et d’une petite terrasse dotée de hamacs. Il y a aussi près de la réception une piscine mitoyenne à un bateau presque aussi grand qu’elle.
Les bagages à peine posés, nous partons profiter de la lumière restante sur la plage, observer les frégates et les cormorans en vol groupé, viser celui qui plongera et remontera avec un poisson frétillant au bout du bec.
Des bars proposent des cocktails aux noms évocateurs : « sex on the beach », « orgasme », et « pisco sour» péruvien.
Plus loin des barques de pêcheurs dans un état plus ou moins neuf, ont été tirées sur le sable, certaines aux peintures qui s’écaillent sont très photogéniques.
C’est l’heure où les enfants jouent au foot, courent sur la plage à côté des adultes qui éviscèrent leurs derniers poissons sur des étals. Un bateau accoste et le pêcheur qui en sort avec un poulpe on ne peut plus frais à la main est vite appréhendé par un marchand arrivé en voiture sur la plage qui sort une balance et achète en 30 secondes l’animal. Une équipe d’hommes s’arqueboute pour pousser avec difficultés une barque à l’eau tandis qu’à l’intérieur un pêcheur enfonce sa rame pour aider à désensabler le bateau.
La nuit est tombée, nous rejoignons les autres sur la jetée éclairée qui avance dans la mer. Nous récupérons José et Sixter pour le repas.
Le restau prévu est plein, gage de qualité, il y a de la place dans les autres, mais J. nous conduit à l’extrémité du village dans un établissement tout neuf Sabor espagnol où nous consommons de la pælla. Là nous rencontrons Hannibal qui doit nous conduire à l’île de la Plata demain.