mercredi 21 septembre 2016

Equateur # J2, suite. Quito.

Notre visite suivante nous conduit dans la chapelle El Sagrario. qui jouxte la cathédrale
Une nouvelle porte protège l’ancienne en bois sculptée rehaussée d’or et envahie d’anges ailés, de séraphins, de putti, je ne sais plus la différence.
Une odeur d’encaustique émane de larges planches au sol et des bancs. Durant notre visite, un groupe de pratiquants prie dans un style responsorial. Les solistes, un homme et une femme, sont placés à l’arrière de l’assemblée. Nous regardons les riches retables et puis nous abordons à quelques pas une deuxième église.
L’église des Jésuites est protégée par une grille. Ici la visite est payante. En façade, le symbole de la compagnie IHS ( Iesus Hominum Salvator), et les colonnes torsadées comme à Saint Pierre de Rome. Mais  l’intérieur nous coupe le souffle : c’est une débauche d’or, 50 kg de feuilles d’or recouvrent le reliefs du plafond et des colonnes. Les retables, autels et portes brillent, mais nombre d’objets de l’époque glorieuse ont disparu, volés. C’est la raison invoquée pour interdire toute photo. Une série de confessionnaux du XVIII° attirent nos attentions : conçus autour du fauteuil du prêtre, ils sont de bois sombre avec de naïves têtes d’angelots au nez écaillé. Deux tableaux à l’entrée ont été remplacés par des copies, l’un d’entre eux étant exposé au British Muséum.
Restons dans le religieux et approchons nous du couvent et églises de San Francisco. Malheureusement elle a fermé 20 minutes avant l’heure prévue, nous nous heurtons à une porte close. La place est actuellement défigurée par de travaux en vue de la construction d’un métro.
Nous allons alors manger dans un restau contre l’église et dégustons quelques spécialités locales: soupe pommes de terre avec avocat et fromage, cochon grillé (fritada) accompagné de maïs grillé ou bouilli de bananes frites et d’avocat. Un régal avec des portions plus que conséquentes, faire moit’ /moit’ aurait été largement suffisant. Moins d’enthousiasme autour de bières locales aux couleurs surprenantes. 12 $ 50 par personne tout de même.
L’après midi devait être consacré à des visites de fabriques artisanales de chapeaux, glaces, chocolats et jouets en bois Calle de la Ronda. La plupart sont fermés ou inexistants. L’artisanat de jouets se limite à de jolies toupies et deux Pinocchio esseulés. Nous sommes déconcertés, rien d’autre n’est prévu  pour la journée et il est 15h !
Edgar ne fait pas de proposition, nous soumettons l‘idée de monter au téléphérique. Notre camionnette nous récupère place San Francisco et nous traversons de nouveaux quartiers jusqu’au pied de cabines. Nous nous retrouvons en compagnie d’un couple équatorien / belge qui nous décrit leur périple à travers le pays.
Nous sortons à 4000 m d’altitude, nous nous couvrons rapidement sous les quelques gouttes et l’air frisquet.
Un chemin bien dessiné poursuit la montée jusqu’au cratère du volcan Ruccu Pinchicha à 5h de là.
Le souffle est court, la vue est splendide sur la ville  qui mesure 54 km de long.
Notre parisienne résiste au froid dans ses sandales sans chaussettes.
Je redescends vers la gare du téléphérique avec Guy un peu palot. Nous regardons le départ des parapentes tandis que nos compagnons prolongent la balade. Notre « guide » nous a abandonné depuis longtemps gelé dans son costard à carreaux.
Nous descendons dans les télécabines à la nuit presque tombante face à la ville qui s’éclaire timidement, apercevant à nos pieds des agaves résistant au climat et à l’altitude avec au dessus de nous des nuages aux couleurs variées et variables.
Retour à l’hôtel pour une bonne douche chaude et nous ressortons une heure et demie plus tard dans le quartier animé d’une vie nocturne moderne voire « branchée », sous l’œil d’un nombre impressionnant de policiers et de personnels de sécurité.  Ce n’est pas la faim qui nous tenaille ; après avoir longuement hésité sur le choix du restau, nous dînons d’un minestrone délicieux ou de pizzas quelconques avant de regagner notre lit.

mardi 20 septembre 2016

Sempé, le rêve dessiné. Bernard Pascuito Mathieu de Muizon.


Disposé à côté de la caisse de la librairie, je ne pouvais éviter le petit livre de 48 pages dédié à mon auteur préféré, mais 7, 50€ :« il ne faut pas pousser », même si le nom de l’éditeur est lui aussi charmant : « A dos d’âne ».
Les fans n’apprendront rien dans cette brève biographie, vite écrite bien qu’illustrée gentiment, si loin du modèle ou d’autres publications à son égard
Le dessinateur qui connut le succès avec le « Petit Nicolas », vendu à plusieurs dizaines de millions d’exemplaires se réfugiait derrière la radio pour éloigner les cris des disputes de ses parents. Duke Ellington et Ray Ventura furent les sauveurs du rêveur.
Vivement un nouvel album pour Noël de l’octogénaire. 

lundi 19 septembre 2016

Victoria. Justine Triet.

Je ne me lasse pas des dispositifs de la metteure en scène qui en reproduit quelques uns de son précédent film vitaminé, « La bataille de Solferino » : mère affairée, problème de garde d’enfants,  personnages hystériques, névrosés et bavards se bousculant à la porte d’un appartement en désordre.
Les vies affolées de nos jeunes contemporains font sourire par le brillant déluge verbal qui les cerne mais de leurs cocons ne sortent guère de papillons.
Cette comédie décrit avec plus de pertinence notre époque que bien des éminents favoris de la critique qui en sont à mimer Truffaut sempiternellement.
Et pourtant c’est parisien en diable, speedé. Avocat peut être aujourd’hui un métier précaire et les baby-sitters n’ont pas que des petites filles accrochées à leur tablette à prendre en charge. La sexualité a beau être désinhibée, les solitudes n’en paraissent que plus pathétiques et les détresses plus criantes.

dimanche 18 septembre 2016

Biolay chante Trenet.

Attiré par une version du « Grand Café » qui redonnait une couleur nouvelle à un auteur dont la légèreté peut sembler lointaine, j’ai acheté le CD.
« Au Grand Café vous entrez par hasard
Tout ébloui par les lumières du boul'vard
Bien installé devant la grande table
Vous avez bu, quelle soif indomptable
De beaux visages fardés vous disaient bonsoir
Et la caissière se levait pour mieux vous voir
Vous étiez beau vous étiez bien coiffé
Vous avez fait beaucoup d'effet
Beaucoup d'effet au Grand Café. »
Mais ce qui constitue une heureuse surprise en exemplaire unique, peut lasser quand elle devient systématique.
De surcroît, comme s’il n’y avait pas suffisamment de variété chez l’amoureux du music hall, la présence du « Temps des cerises » parmi les 13 titres renvoie l’ensemble à une image patrimoniale tirant vers le XIX°.
J’ai pourtant aimé la création de Biolay «  La chanson du faussaire »
« La suite du programme
On la connait, la fin on la devine
On ferme les volets, la salle et la cuisine
Puis on replie les chaises et les ombrelles
On coupe la glycine »
La connotation essentiellement nostalgique de cette production qui m’a parue finalement paresseuse, est assez soporifique. La musique jazzie aurait pu rendre plus évidente l’originalité du « fou chantant » qui avait un peu vieilli sous les roulades des « r » de « Je t’attendrai à la porte du garage ».
Par contre ce salé / sucré, quel charme :
« Le vieux piano d'la plage ne joue qu'en fa qu'en fatigué
Le vieux piano d'la plage possède un la qui n'est pas gai
Un si cassé qui se désole
Un mi fané qui le console
Un do brûlé par le grand soleil du mois de juillet
Mais quand il joue pour moi les airs anciens que je préfère
Un frisson d'autrefois
M'emporte alors dans l'atmosphère
D'un grand bonheur dans une petite chambre
Mon joli cœur du mois de septembre
Je pense encore encore à toi
Do mi si la. »
Le poète auteur-compositeur-interprète mêlait subtilement la gravité sous des vers primesautiers, et je ne connais pas de version nouvelle qui soit à la hauteur de l’original.
« Que reste-t-il des billets doux
Des mois d'avril des rendez-vous
Un souvenirs qui me poursuit sans cesse
Bonheur fané cheveux au vent
Baisers volés
Rêves mouvants
Que reste-t-il de tout cela
Dites-le-moi
Un petit village
Un vieux clocher
Un paysage
Si bien caché 
Et dans un nuage
Le cher visage
De mon passé. »

samedi 17 septembre 2016

Football de légendes. Desports.

Ce hors série de la revue de sport qui « se lit avec un marque-pages », dont j’avais été curieux dès le numéro 1 : http://blog-de-guy.blogspot.fr/2013/05/desports-numero-1.html
préfacé par F. Hollande et A.Hidalgo était un objet de commande à l’occasion de cet l’Euro 2016, le bien nommé.
Bien que sans surprise, il mérite de connaître un sort plus durable que l’emballement du jour ou l’emballage du poisson de la veille, d’autant plus que la couverture est cartonnée.
30 footballeurs sont présentés par 30 écrivains avec un large éventail des nations :
de l’Italie avec Roberto  Baggio par Roberto Saviano, à l’Ukraine d’Oleg Blokhine par Andreï Kourkov.
Les images sont mythiques: Beckenbauer l’épaule en écharpe, Yachine faisant rebondir le ballon contre les parois d’un tunnel menant au terrain.
Mon préféré pour toujours : Kopa, l’ancien galibot Kopaszewski de Noeux- Les- Mines; Delerm lui convient pour dire la légende aux couleurs de l’enfance.
Cet enfant que nous rejouons devant chaque match auquel les tristes redonnent finalement du prix.
Ces misanthropes ont-ils besoin de mépriser les foules émues par l’injustice, aimant la virtuosité, l’insouciance, partagées aux quatre coins du monde ?
Jean Paul Dubois était mal parti : 
« Je fais partie de ce petit peuple invisible qui évite les stades, redoute les hymnes, craint les patriotes, conchie les mercatos et s’emmerde géométriquement devant un 4-3-3 en losange… »
Mais il sait célèbrer Andrès Iniesta :
« … dans tous les stades protéiformes emplis d’égos luminescents et truqueurs, chacun n’eut plus d’yeux que pour l’essentiel : les courses soyeuses du petit moine, livide, certes, mais divin aussi. »

vendredi 16 septembre 2016

Pause positive.

Quand l’amateur en écriture s’essaye à donner son avis sur la marche du monde, se dessine vite la silhouette du mateur bavardant en retrait du chemin, loin des poussières et du souffle des acteurs. J’éviterai de mêler le mot réformateur à cette affaire même pour l’assonance.
Mais peut être de mettre noir sur blanc ses propres doutes peut les éclaircir, en essayant de  sélectionner quelques contradictions partageables.
Chaque jour amène son lot de pierres dans nos poubelles à tri sélectif estampillées: 
« morale », « économique », « social », « écologique »…  mais c’est avec raison que je suis rappelé à me montrer plus positif et ne pas me vautrer dans la suie.
Depuis  mon siège confortable, quand ma toute petite fille trouve sa maîtresse « belle et gentille » : le soleil est là. Je devine qu’elle est dans de bonnes dispositions pour apprendre.
Né du bon côté de la frontière, j’ai une bonne vie.
Nous ne célébrons pas assez notre pays où la République est  souvent bonne fille avec des systèmes de solidarité sophistiqués certes améliorables, mais enviables aux yeux de tant d’hommes, de femmes et d’enfants dans le monde.
Par rapport à de proches voisins, la qualité des soins en France est bien meilleure qu’en Angleterre,  avec la possibilité d’accéder à des études universitaires sans s’endetter à vie comme aux Etats-Unis et de jouir d’une retraite dans des délais décents : demandez aux allemands.
Quant à la liberté d’expression : demandez à qui vous voulez.
Je n’escorte pas ceux qui toujours dénigrent, pas plus que les béats aux  souriants rictus.
Dans bien des domaines mon cœur balance.
J’admire Merkel qui ne cède pas aux populistes, pourtant dans le même temps, je comprends les inquiétudes de plus fragiles qui craignent d’être doublés par plus démunis qu’eux.
Je suis plutôt CFDT quand il s’agit de « la Loi travail » mais contre eux avec la réforme du collège alors que la « modernisation » constitue l’emballage de toutes ces  réformes.
Je me retrouve ainsi dans la position tellement répandue de ceux qui sont d’accord avec les changements pour les autres, mais pas pour leur profession. Par contre je reste révulsé par les oppositions tapageuses à de nouvelles constructions dans mon quartier.
J’ai cheminé, été réconforté, j’ai admiré des amis imprégnés de culture catholique pourtant j’aime revenir à l’image des hussards noirs de la III° république et me sentir farouchement laïque, bouffeur de curés et autres rétrogrades aux sombres robes, pourtant je juge vaine l’interdiction du burkini.

……………. Une citation :
 « Le courage, c'est de chercher la vérité et de la dire; c'est de ne pas subir la loi du mensonge triomphant qui passe, et de ne pas faire écho, de notre âme, de notre bouche et de nos mains aux applaudissements imbéciles et aux huées fanatiques »  
Jean Jaurès
…………….. Un extrait de journal :
« La technicité du soin et des missions d’accompagnement semble dans bien des circonstances primer sur leur humanité » J’ai pensé à l’école aussi.
…………….. Un dessin de Politis :

jeudi 15 septembre 2016

Autoportraits, de Rembrandt au selfie.

Sur l’affiche de l’exposition qui s’est terminée fin juin, Louis Janmot,  se représentant palette au poing nous regarde ardemment.
En ces temps où la mise en scène de l’image de soi devient un phénomène de société, le musée des Beaux-Arts de Lyon a eu la bonne idée, de présenter des peintres et graveurs qui se choisissaient comme modèle.
La collaboration avec les musées de Karlsruhe et Edimbourg a permis de découvrir des artistes inconnus qui nous emmènent au-delà des miroirs.
Impitoyable Ken Currie dans son « Unfamiliar Reflection ».
Leur regard à travers 130 œuvres révèle les personnalités avec une acuité certaine, mais aussi leur rapport au siècle : seuls, au travail, en famille.
Sans exprimer tous la force à la façon des expressionnistes, l’élégance de certaines toiles, les atmosphères singulières d’autres,
 tel « l’auto portrait dans l’atelier » de Wilhem Schnarrenberger confrontent les styles divers depuis le XVIe siècle jusqu’aux corps photographiés du XXIe qui nous sautent aux yeux.
Les classiques et les contemporains s’enrichissent de leur proximité.
Le tendre « portrait des frères Winterhalter » n’est pas que l’affaire de Narcisse.
Par contre, « La halte des artistes lyonnais » à l’île Barbe d’ Antoine-Jean Duclaux et son animation parfaitement mise en scène peut paraître trompeuse dans sa quiétude. 
 L’ « autoportrait » de l’écossais David Wilkie est d’une intensité qui le dispense de faire les gros yeux.
Et celui de Simon Vouet dans ses murs est d’une présence remarquable.
Ayant commencé avec Rembrandt qui s’était beaucoup multiplié, déguisé, passant de l’ombre à la lumière, nous avions, en fin de parcours parmi plusieurs dispositifs participatifs, la possibilité de construire notre propre image à partir de celles de nos semblables.