vendredi 24 janvier 2014

Islam, phobie, culpabilité. Daniel Sibony.


« Ne tuez pas l’homme que Dieu a sacré » ainsi dit le Coran, donc ceux qui tuent au nom d’Allah n’auraient rien à voir avec la parole divine, quoique il est précisé : sauf « pour une cause juste », alors ?
Il y a place pour le débat. La parole vient enrichir l’écrit, depuis Moïse qui entendait ce qui se disait dans une école où s’étudiait la Torah et ne reconnaissait pas ses  propres paroles. L’humour est vital.
 A la villa Gillet, Daniel Sibony présentait son 37° livre « Islam, phobie, culpabilité » à l’invitation du cercle de la pensée juive libérale de Lyon. Le philosophe généraliste complète agréablement le psychanalyste, qu’il est par ailleurs, apportant des témoignages vécus, ainsi  avec ce patient : « maintenant que vous m’avez débarrassé de mes peurs, j’ai drôlement peur ».
 A la fois poète et mathématicien, parlant plusieurs langues,  il me charme quand il rapproche « texture » de « texte », ainsi j’ai aimé le tricotage de paradoxes, de contradictions qui font la richesse de nos démocraties.
La concurrence entre religions existe depuis toujours mais il se trouve à présent que même l’ordre de leur apparition chronologique est contesté. 
« M’dame, Jésus est musulman ». Des professeurs ont du mal à faire comprendre la différence entre vérité historique et croyance. Et combien culpabilisent ? Dans la relation sado/maso, c’est le maso qui a le pouvoir, comment sortir de la perversité ?
Sommes-nous condamnés à l’enfermement narcissique qui nous installe en surplomb ? « L’autre peut-il être détenteur de ma vérité ? »
Quelques éléments ont  été apportés lors de l’entretien, une lecture attentive du livre de Sibony sera nécessaire.
Le silence finit par crier, mais les non-dits ont fait du mal.
Les premiers de la classe (juifs) que « Dieu aime tellement qu’il leur donne des coups », se retrouvent face à ceux qui ne peuvent admettre de contradictions puisque la parole est celle d’un Dieu, incontestable. La religion musulmane globalisante, sans ambivalence, dénonce les mécréants avec fureur. Les convertis les plus récents qui ont trouvé un cadre identitaire solide sont les plus virulents. Cette force née de l’indiscutable est aussi sa faiblesse parce qu’elle exclut tout débat.
Même si les fidèles ne sont pas responsables du texte originaire, pourquoi faut-il remonter trop souvent à Averroès et Avicenne au moyen âge pour citer des paroles libérées, comme elles ont pu se manifester lors des printemps arabes ?
L’occident, où  vivent seulement 5% du milliard et demi de musulmans, est gêné. Il n'y a pas de quoi  se sentir menacé, assiégé, ni d'un côté ni de l'autre.
Un Marocain sur son chemin pourra dire à son âne : « avance espèce de juif », sur Seine cela devient problématique.
La violence est dans toutes les religions, et les colonisations se sont succédées dans ces régions où tant d’huile est versée sur le feu depuis si longtemps.
La charité est inopérante pour ces enfants aux ambitions  de martyrs, dont tous ne sont pas des cas sociaux, mais payent pour le silence des parents.
Le mot censure est censuré, le déni devient facteur de violence et alimente des identités qui rencontrent « leur manque à être ». 
Le récit de trajectoires individuelles et celui de nos sociétés est fécond : un malade bardé de symptômes ne les effacera pas simplement par la parole, mais il peut arriver à s’identifier différemment que par son traumatisme. Un homme avec des scarifications mentales peut au moins changer son rapport à ses blessures.
Reconnaissant qu’on ne peut rien changer aux textes, on peut se dégager de leur emprise en parlant. La parole déborde avec le désir de vivre.
Nabuchodonosor avait oublié  son rêve. Daniel le lui retrouva, qui parlait de colosse aux pieds de fer et d’argile : « ainsi en va-t-il des royaumes des hommes ».
…..
 « Le Canard » est en forme de cette semaine avec le pape qui demande à Hollande : 
« mon fils es-tu social libéral ou social libertin ? » et ces deux dessins :

jeudi 23 janvier 2014

Polke à Grenoble # 2.


Après la guerre, l’art devint difficile en Allemagne et les répliques de ce retournement de civilisation ne sont  toujours pas dissipées : en témoigne la polémique lors d’une exposition récente « De l’Allemagne » au Louvre : de Friedrich à Beckmann.
En ces années plombées, l’art devint conceptuel, sa production était tellement problématique.
Polke est reconnu très tôt : Lion d’or à la biennale de Venise où le tableau représentant des personnages qui se bouchent les yeux était accroché en 86 à l’extérieur du pavillon allemand.
Il accueille les spectateurs de l’exposition grenobloise jusqu’au 2 février 2014, accompagné de photographies de paysages minéraux aux cadrages serrés qui évoquent « l’origine du monde » de Courbet. 
Par contre de grands formats citent les américains Pollock et Warhol.
Les grandes tailles sont-elles destinées aux institutions, les petites aux particuliers ? La valeur se mesure-t- elle à la surface occupée ?  Interroge plus loin un assemblage de torchons où sont tissés des Marks.
« Une image ne doit pas être plus grande qu’un lit » proclame un autre tableau.
Une reprise de visions touristiques d’une Australie qui inspira Polke, fait dialoguer les clichés en nous invitant à ne pas nous enfermer dans une vision unique, quand il s’agit d’interpréter les accidents, les lapsus, éprouver notre liberté.
L’art doit transformer le spectateur et si des substances contenues dans les pigments nous empoisonnent, ce serait le prix à payer pour une initiation ! Nous avons tant à nous défaire des illusions, nous qui croyions que c’était vrai parce que c’était sur la photo, qui pouvons confondre un essai, une recherche  et une œuvre achevée.
 « On voit bien ce que c’est » représente une arrestation, mais ce n’est qu’une mise en scène d’une séquence d’un film de série B. La couleur sépia propre aux photographies anciennes teinte le mirador solarisé derrière des mains agrippées aux barreaux et d’un laisser passer. 
L'histoire de l'art est convoquée: quand un mécène lui commande un tableau, il cite Matisse et Bosch et sa représentation du péché d’envie.
Les supports sont variés: les toiles - à matelas - ou plus soyeuses sont parfois transparentes, cousues entre elles, ou  épaisses comme des rideaux de théâtre, ouvertes afin que l’artiste y passe la tête pour ceux qui ont le privilège d’entrer dans son atelier.

Qu’est ce qui est précieux, le sujet ou le pigment à base de lapis lazulli  ?
Un encadrement des plus modestes, en sapin, entoure des bois exotiques.
Celui qui est passé de l’Allemagne de l’Est en Ouest, cite aussi bien Hollywood qu’Hermès Trismégiste, il nous livre ses recherches autour des planètes de Platon, des carrés magiques, commémore la révolution française, fait d’une anecdote un sujet, mais toujours interroge le passage de l’abstraction au réel et souligne chaque fois les marges pour bien nous signifier que nous n’avons affaire qu’à des images. Tout en essayant comme Mahler et d’autres de réconcilier culture populaire et savante.

Je n’ai retenu de notre visite de l’exposition de Grenoble sous la conduite d’Etienne Brunet que des éléments qui ne figurent pas dans un de mes articles déjà publié, accessible en tapant : « Polke » dans la fenêtre du moteur de recherche de ce blog, en haut de la colonne de droite.
Il s’agissait du compte rendu, à ma manière, de la conférence du directeur du musée Guy Tossatto qui entretint des liens privilégié avec l’artiste disparu en 2010.

mercredi 22 janvier 2014

Ethiopie J 17. Harar.


La route goudronnée est chargée de camions et de grands travaux d’amélioration rendent la circulation encore plus dense. Un arrêt nous permet de bien voir une nouvelle catégorie de babouins sur le bord de la route, des mâles barbus à la fourrure longue et épaisse, sont affublés d’un jabot. La circulation diminue après la bifurcation pour Djibouti, nous sommes sur les terres des Afars. Les cases ont le toit en pointe, parmi des enfilades d’agaves et des champs d’opuntias chargés de fruits. Dans un village, un marché très coloré et important déborde dans l’oued à sec. C’est ici, à 25 km du village de Girmay, que nous avions repéré de loin à Francfort comme devant être notre guide, qu’on lui demande s’il est… Chinois. Depuis un moment nous longeons la voie de chemin de fer aujourd’hui à l’abandon. Après une halte thé/café dans un restau orné des drapeaux de la région, de l’Ethiopie et du Canada qui sert de résidence à des tisserins affairés à construire leurs nids, nous entamons la route de montagne.
Dany remarque les branches d’acacia arrimées à l’arrière des camions : elles dissuadent les gamins de s’y accrocher. Nous nous élevons régulièrement, rencontrons les arbustes de khat en boules régulières sur les pentes. 
Nous suivons la ligne de crête, plongeant de chaque côté sur une vue grandiose quasi aérienne .
De nombreux contrôles policiers ralentissent notre progression mais presque tout le temps, il ne s’agit que d’un simple arrêt pour notre mini bus de touristes, sauf une fois, où un policier « sous influence » vérifie les papiers et invente une nouvelle loi qui imposerait un uniforme aux chauffeurs. Un deuxième complice, tout aussi peu à jeun, nous libère d’un grand coup de sifflet et d’un geste ample.
Nous mangeons local dans le village de Kulubi dont le marché est vivement coloré avec des camions chargés de dromadaires. Il accueille deux fois par an de grands pèlerinages. Directement du boucher mitoyen au restaurant : bœuf grillé ou en sauce, chèvre en sauce, sur galette de tef à la main.
Nous arrivons à Harar vers 17h et déposons nos bagages au Rwenda Hôtel. Nous y accédons par la cour arrière, grimpons l’escalier au milieu des gravats. L’hôtel est en rénovation et s’agrandit. L’une d’entre nous est perplexe est ce que sa chambre va être rénovée ou  a été rénovée ?
Nous sortons à la découverte de la ville classée au patrimoine mondial de l’UNESCO, quatrième ville sainte de l’islam. Les quartiers anciens sont éloignés de 2 km ; un toctoc nous contient à 5 plus un jeune qui nous parle de Nicolas Hulot venu faire un reportage sur le repas des hyènes. Pour 30 birrs il nous laisse à la porte de la ville grouillante de monde. Nous découvrons une ville au caractère arabe avec ses murailles blanches crénelées, ses mendiants estropiés, ses échoppes et des tenues vestimentaires musulmanes dominantes.
Pourtant au bout de la rue principale, nous tombons sur une église pendant un office religieux : les hommes passent par la porte de gauche, les femmes celle de droite, tous suivent l’office parlé et chanté au micro par le prêtre et au bout d’un moment chacun entre après avoir embrassé le chambranle de la porte, et va s’asseoir sur les côtés.
Nous trouvons des ruelles calmes dont les murs d’enceinte des maisons ont des couleurs inattendues qui chantent dans la lumière de fin d’après midi. Une dame nous invite à pénétrer dans sa cour intérieure et présente la Mama, son jeune mari de 24 ans qui a maintenant deux épouses (25 et 28 ans) et deux enfants, lui n’en parait que 16. D’un côté de la cour s’élève une belle maison avec des inscriptions calligraphiées autour de la porte, elle est bien arrangée, de l’autre des pièces s’ouvrent sur la cour, habitations sans doute de certains membres de la famille.
Nous rentrons à l’hôtel dans une des Peugeot 404 bleues qui servent de taxi, rafistolées dont il faut s’extraire en passant la main par la fenêtre. Il ne reste que le strict minimum des fragiles enveloppes roulant depuis 1960 ! Dommage que les publicités ne parlent plus de robustesse : ici l’obsolescence est reportée à plus tard.
Nous retrouvons à l’hôtel un noble personnage avec écharpe blanche, calot et cane qui nous a interpelé et reconnu dans notre visite d’Harar. C’est notre guide local et la première visite nocturne a pour but d’assister au repas des hyènes.
Près des murailles, un homme assis tend au bout d’un bâton un morceau de viande devant deux hyènes très tentées mais très peureuses, une troisième rentre carrément dans une maison. L’homme les appelle en sifflant, nous les voyons bien, car une ampoule électrique de la rue reste allumée en raison du ramadan, l’obscurité n’est donc pas complète. Les autres bêtes n’approchent pas, craintives et certainement empêchées par leur chef. L’homme propose aux visiteurs de nourrir à leur tour les animaux soit en tenant le bâton à la bouche. Les plus courageux essayent, impressionnés de voir si près les dents du carnassier. Les hyènes pénètrent la nuit dans les ruelles de la ville et font le nettoyage. Dans certaines ruelles étroites si l’on croise une de ces bêtes, elle ne recule pas mais effrayée elle fonce et force le passage. BRRR ! Lorsque nous retrouvons la vieille ville, les rues débordent de vendeurs des gâteaux : samossas, zlabias, de personnes qui mangent, ou vont dans une des 99 mosquées prier.
Nous déposons notre guide et finissons la soirée au restaurant sur des tables basses avec pizzas, soupe ou pâtes.

mardi 21 janvier 2014

Ma mère était une très belle femme. Karlien De Villiers.


La vie quotidienne d’une famille blanche en Afrique du Sud des années 70 à 2000 racontée par une petite fille qui grandit.
Dans ces contrées nous nous étonnons qu’il y ait une vie avant et après des évènements  exceptionnels qui ont occulté l’existence de tous les jours.
Je me souviens de m’être étonné d’entendre des palestiniens s’exprimer sur d’autres sujets que l’injustice qui leur est faite ou de voir des Iraniennes affrontées à des problèmes de couple.
Ici les afrikaners ont des enfants qui sont des enfants qui aiment les glaces et détestent les rognons, pourtant cette autobiographie pudique nous emmène au cœur des drames. 
A énumérer quelques thématiques : les nounous noires, le poids de la religion, du racisme d’état, les blessures intimes et celles de l’apartheid, je ne rends pas compte entièrement de la complexité, de la subtilité du récit.
Sous des couleurs franches, une ligne claire, des rapports humains impitoyables :
 « S'il arrivait quelque chose à votre père, vous iriez à l'orphelinat. Ne comptez pas sur moi pour m'occuper de vous.
Je n'ai jamais voulu d'enfants. Ce n'est pas ma faute si votre mère est morte. »
Mais il n’y pas de règlement de compte, ces souvenirs intimes tiennent une distance rendant les péripéties intéressantes pour chaque lecteur, tout en étant assurés que cet album a été salutaire pour l’auteur qui attire notre sympathie.

lundi 20 janvier 2014

L’amour est un crime parfait. Arnaud et Jean-Marie Larrieu.

Je n’étais pas resté jusqu’à la fin d’un film précédent « Voyage dans les Pyrénées » tellement il sonnait faux, cette fois j’ai suivi les frères Larrieu dans les Alpes et j’ai apprécié leur comédie noire dans la neige, qui souffle le chaud et le froid.
De glauques relations frère/sœur, prof/élèves… se multiplient, s’inventent dans des décors magnifiques.
Nous passons du confort des chalets, à l’éblouissement du dehors, de l’évidence des grands espaces à leurs failles, de la transparence architecturale d’un établissement d’enseignement où la littérature se cherche au dévoilement de secrets vénéneux.
Amalric est parfait dans l’ambigüité, Sara Forestier à baffer, Maïwwen à découvrir, Viard à soigner.
Cocasse, d’un humour ouaté, le thriller légèrement frapadingue n’est pas frileux, nous nous laissons balader avec de belles images dans un univers familier aux alpins, traité avec originalité.
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Ce blog a dépassé cette nuit les 200 000 visites. Merci aux fidèles. 
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dimanche 19 janvier 2014

Panorama. Philippe Decouflé.


La notoriété de celui qui émerveilla la public à l’ouverture des jeux d’Alberville se justifie dans cette rétrospective ludique de séquences de ses spectacles précédents.
L’intitulé de sa compagnie « DCA » signifie Diversité, Camaraderie, Agilité : c’est ça, avec particulièrement l’humour pour régaler le public qui se pressait à la MC2.
Le genre appelait la variété, nous entrons d’emblée dans des univers différents : du fond de la mer jusqu’aux aux étoiles, avec des musiques concrètes, slaves ou de boite de nuit, des images de lanterne magique ou de BD, utilisant des techniques spectaculaires du cirque et des mouvements de mains discrets, des costumes gais, inventifs et des dépouillements émouvants.
Une bonne introduction pour des jeunes qui en seraient à leur initiation à la danse, une agréable redécouverte pour ceux qui connaissent déjà un des maîtres du spectacle vivant et apprécient sa malice, son inventivité, sa précision.

samedi 18 janvier 2014

Balzac et la petite tailleuse chinoise. Dai Sije.


J’ai lu ce roman magnifique dans une édition destinée à des collégiens et cette intention est vraiment adaptée, bien que le vocabulaire des commentaires, « le schéma actanciel », eut tendance à dévitaliser un texte limpide.
Par contre en conclusion, je ne peux qu’approuver l’accompagnatrice de lecture qui évoque l’écriture:
« lyrique, comique, pathétique, polémique, ironique, héroï-comique… » sensuelle, poétique.
Livre d’initiation, d’amour, d’amitié, un hymne bref, léger et profond, aux conteurs et aux livres, déclencheur de réflexions et source d’un plaisir renouvelé de bouquiner.
«  Elle a fini par mettre ta foutue veste, ça ne lui allait pas mal d’ailleurs »
J’avais commencé en appréciant la liberté, l’audace, de deux jeunes gens en rééducation dans la campagne chinoise dans les années 70, par la suite l’histoire devient plus âpre : l’autre face de la liberté. Le dénouement inattendu accentue la force de cet ouvrage paru chez nous en 2000.
 « Nous nous approchâmes de la valise. Elle était ficelée par une grosse corde de paille tressée, nouée en croix. Nous la débarrassâmes de ses liens, et l'ouvrîmes silencieusement. À l'intérieur, des piles de livres s'illuminèrent sous notre torche électrique; les grands écrivains occidentaux nous accueillirent à bras ouverts: à leur tête, se tenait notre vieil ami Balzac, avec cinq ou six romans, suivi de Victor Hugo, Stendhal, Dumas, Flaubert, Baudelaire, Romain Rolland, Rousseau, Tolstoï, Gogol, Dostoïevski, et quelques Anglais : Dickens, Kipling, Emily Brontë... - Quel éblouissement! - Il referma la valise et, posant une main dessus, comme un chrétien prêtant serment, il me déclara : Avec ces livres, je vais transformer la Petite Tailleuse. Elle ne sera plus jamais une simple montagnarde. »