vendredi 7 septembre 2012

Moral laïque.


Dans l’intention de  Vincent Peillon de restaurer la morale à l’école, nous avons bien compris la volonté de réhabiliter des instituteurs, jadis placés plus bas que prêtre quand il s’agissait de transmettre des valeurs, selon Buisson Patrick derrière le micro.
Quand le débat politique est alimenté par Luc Chatel ancien casseur de l’éducation nationale dont la  dernière production tient en 140 caractères, le niveau n’est pas à la hausse.
Le mot « morale » a été prononcé,  alors voilà  le maréchal Pétain qui déboule sur le clavier de la droite qui a fait risette à l’extrême droite. Le même maréchal était convoqué par ceux qui ont pris leur place dès qu’il s’agissait de « la terre » : décidément !
Bien sûr qu’un « redressement moral » est nécessaire après les Woerth, Jean S., Hortefeux et autres poches pleines, tapeurs de petits !
 Mais l’entreprise du philosophe désormais ministre, spécialiste de Buisson Ferdinand, bien que loin d’être nouvelle, est difficile à mettre en place quand les mots ont perdu leur triple A.
Comme à chaque mission nouvelle demandée à l’école se poser la question:
le temps imparti est pris au détriment de quelle matière ?
Si toute idée d’ « inculquer » des valeurs contredit d’emblée le projet qui doit susciter une adhésion délibérée, la distinction entre le bien et le mal pourra se dessiner lors des entretiens où est débattue la vie de la classe.
Nous avons les politiques que nous méritons quand des condamnés par la loi peuvent être réélus et je m’en voudrai d’entrer dans le kop hurlant : « tous pourris ».  
Je suggère cependant un exemple concret pour un ressaisissement moral qui redonnerait le moral aux troupes des noirs hussards.
Leçon numéro 1:
« Je respecte mes engagements »
- Recopiez monsieur Rebsamen : « Les élus ne  doivent pas cumuler les mandats ».
Alors peut être que les enfants, qui parait-il se rêvent en trader, auraient envie à nouveau d’être pompiers ou professeurs.
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La couv' de Charlie hebdo de cette semaine;

jeudi 6 septembre 2012

Les photographies d’Arles 2012.


Il y a bien des salles d’exposition où nous avons passé plus de temps à lire les intentions d’auteurs qu’à regarder leurs productions, mais cette année, même si comme d’habitude nous n’avons pu tout voir en une journée, nous avons apprécié la modestie de certains qui convient bien à des prises de positions fortes.
Pas le temps de s’attarder parmi les archives Alinari de la plus ancienne firme photographique au monde, alors l’hommage à Calvino peut  nous échapper si l’on n’est pas adepte des lames du tarot divinatoire.
L’exposition de mannequins pris par Bourdin et Newton se parcourt  distraitement comme on feuillette un magazine de mode.
Par contre, les portraits des mères violées au Rwanda à côté de leur enfant né du crime nous poursuivront un moment. Les tueurs ont décimé des familles et donné vie à des parias.
Cette année, pour moi, la couleur dominante est  celle de la pierre : météorites, mines, grottes, voire la transfiguration d’aliments en éléments minéraux.
Les photographies de Calvet qui a suivi la campagne de Hollande nous rappellent de bons moments, des photos de  salles blanches à Kourou reposent, la variété présentée par un collectionneur sud américain nous réjouit.
Beaucoup de jeunes artistes en recherche sont présentés :
lors de la naissance d’une nation au Sud Soudan    la mise en scène est pauvre pour un évènement rare,
avec de la patience à l’occasion de retours dans des paysages ardéchois au fil des saisons ou des années,
quête éternelle pour dépasser l’instant où la vérité meurt à peine née.
Ma découverte s’appelle Aude Valade : inspirée par Rilke, dans ses portraits, elle  met  l’arrière plan sur le devant, ouvre des perspectives ; nous prenons connaissance de ses modèles aux allures renaissance dans une lumière paisible.
Koudelka est beaucoup visité à l’église Saint Anne : ses images charbonneuses des gitans slovaques sont magnifiques et nous aimons l’allure de ses hommes et de ces femmes.
Les roumains qui mendient à la sortie ont moins de succès.

mercredi 5 septembre 2012

XXI. Eté 2012.


Un entretien avec Jean Paul Kauffmann, dans la revue très imitée en vente dans les librairies, recèle plus de profondeur que le portrait d’Elisabeth Badinter  où l’héritière de la quatorzième fortune de France se voit quelque peu désacralisée. 
L’ancien otage expert en vin rejoint les choix de Pico Lyer un écrivain voyageur qui nous apprend que des gens sont prêts à dépenser 2285 dollars pour passer une nuit dans un hôtel perdu, justement parce qu’il est perdu, pour être privé d’Internet, il existe d’ailleurs des logiciels pour se déconnecter - huit heures.
« L’ado américain moyen envoie ou reçoit 75 texto par jour. »
La lecture des 200 pages trimestrielles de XXI permet de ralentir.
Cette fois nous allons en Amérique latine avec un pasteur qui fut un tueur professionnel, avec les mineurs chiliens ensevelis pendant deux mois, et dans un village du Mexique étouffé par les cartels et ceux qui devraient protéger les habitants.
Ce n’est pas le documentaire dessiné consacré aux difficultés des fils de la terre dans le Lot qui nous redonnera le moral.
Parmi ces misères,  un reportage photographique sur la reconstruction d’un homme en Sierra Leone, le portrait de la première femme camionneur en France, une jolie bande dessinée consacrée à des vétérinaires pour les éléphants du Laos, constituent cependant de réconfortantes  rencontres.

mardi 4 septembre 2012

Histoire de France pour les nuls en BD. Julaud Loiselet Acunzo.


La rencontre  était obligée entre la bande dessinée et le concept à succès « pour les nuls » dont l’un des premiers titres nous enseigna l’ordinateur avec efficacité, tout en nous excusant de nos incompétences. 
La trouvaille éditoriale jouait avec notre ignorance tout en la dépassant, elle s’étira quelque peu en rencontrant un air du temps où la modestie allait avec l’autodérision.
Mettre à jour nos connaissances au moyen des dessins agréables peut être divertissant ; cependant mes à priori favorables ont été déçus.
Aucune trace, y compris dans les annexes très lisibles, des incertitudes de la recherche historique alors que sur les gaulois par exemple sont apparues des prises de distance avec l’iconographie d’Uderzo. Un clin d’œil aurait été bienvenu.
Un volume pour évoquer le haut moyen âge venant après celui consacré aux gaulois obligeait-il à accumuler des noms de personnages ? Beaucoup trop d'illustres inconnus ne font qu’une apparition furtive et délivrent souvent des paroles artificielles, nous apportant des informations qui figent le récit.
L’entreprise pédagogique est louable mais prétendre : « l’histoire de France comme vous ne l’avez jamais lue » est excessif. Dans le genre j’ai préféré « l’histoire de l’Isère en BD »  en plusieurs volumes, plus circonscrite  et plus modeste.
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La rentrée pour tous, de la part de Yordi:

lundi 3 septembre 2012

La vierge, les coptes et moi. Namir Abdel Messeh.

Ce film malin et drôle semble bricolé mais aborde rien moins que le sujet de l’image, de l’incarnation, dans la religion et au cinéma.
Il va farfouiller du côté des mystères de la foi, nous divertissant autour des  montages, des trucages cinématographiques.  
Un papillon dans un magasin de porcelaine.
Entre une mère-abusive mais dont il  ne peut se passer,  et un producteur-forcément-pingre, le jeune réalisateur, l’air de rien, maîtrise le sujet  qui s’impose à lui, embarque le village  égyptien de ses origines dans son entreprise avec toutes les apparences de l’improvisation et s’avère virtuose pour nous donner un plaisir sans mélange.
L’autodérision, l’humour, ravivent notre croyance dans ce cinéma qui rejoue Méliès au temps de la 3D.

samedi 30 juin 2012

La saison des mangues introuvables. Daniyal Mueenuddin.

«Je te prends comme épouse Lily, dans la richesse et la maladie, dans la joie et la tristesse, jusqu’à ce que la mort nous sépare » 
C’était avant la cérémonie officielle d’un mariage, ce beau serment sera respecté et parfois oublié, mais toute la vie est bien là dans ces mots qui s’opposent.
Comme dans ce roman qui ramasse des existences aux destins chaotiques ou tout tracés, là bas au Pakistan.
Je ne savais du pays que ce qu’amène la lecture des journaux : de l’oppression, de l’obscurantisme; ce livre révèle des plaisirs élémentaires, des rêves et des drames, des visages.
Dans les années 70 jusqu’en 2000 où des changements sont à l’œuvre, nonchalamment, la malice des personnages, serviteurs et maîtres, les sauve parfois de fatalités implacables.
Le style de ces nouvelles entrelacées rend agréable la lecture des 310 pages, même si parfois le dévoiement de bien des énergies agace nos occidentales mentalités.
« Ce fut un voyage qui ramena Saleema à son enfance, au travers de villes qui ressemblaient à celles autour de sa maison, cent cinquante kilomètres plus à l'est, d'innombrables rangées de vilains immeubles en béton, des bazars grouillants, des taudis, des mares d'eaux usées envahies par des nénuphars comestibles, suivis de la pleine campagne, d'orangeraies en fleur, de champs de moutarde jaunes. Mais, cette fois, elle roulait dans une belle voiture et non dans un car vétuste, empuanti par la foule. Le soir précédent, elle s'était verni les ongles : sa main reposait sur la portière, le souffle du vent lui effleurait les doigts, elle se sentait jolie. Ils traversèrent des plantations de manguiers, des champs de blé prêts pour la moisson, Rafik égrenait son chapelet en plastique usé, récitait les quatre-vingt-dix-neuf noms d'Allah, son regard voilé laissait filer le paysage sans le voir. » 
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Le blog marque une pause en juillet août,
je reprends la pose en septembre.

vendredi 29 juin 2012

La culture peut-elle donner un sens à l’Europe ?

Il y a beau avoir été fait référence à Dante, Voltaire, Garcia Lorca… Brecht, Cervantès… nous retiendrons de ce débat de haute tenue au forum de Libé, l’éloge des échanges Erasmus dont Umberto Eco dit :  
« 80% des étudiants Erasmus se marient avec des étrangers et leurs enfants deviennent bilingues ; c’est un projet d’une grande valeur sexuelle »
Le modérateur Robert Maggiori a apporté sa pierre alors que Frédéric Mitterrand se la jouait faux modeste, bien qu’il sache toujours conter à défaut de beaucoup compter.
L’écrivain italien trouve « Après deux whiskies, il existe plus d’analogie entre moi et un Suédois dans sa façon de penser qu’entre moi et un Américain ».
De l’intérêt de l’ivresse pour aller plus loin que l’impalpable. Le ministre de la culture d'alors situe une frontière de l’Europe aux dernières églises en Ukraine : « Moi qui suis agnostique et européen, je suis toujours ému quand je vois une cathédrale dans un pays éloigné». Mais il ne va pas jusqu’aux racines chrétiennes qui excluraient, il appelle à l’ouverture au monde en se montrant méfiant à l’égard des langues régionales quand elles sont repliées sur elles mêmes.
Aux Etats-Unis dans les bibliothèques universitaires, la distinction de deux philosophies est un système de classement: la continentale d’un côté, et l’insulaire empirique qui relie anglais et américains de l’autre.
Il y a 371 sens au mot culture, cela laisse de l’espace pour débattre, elle n’est pas réduite exclusivement aux livres classiques, à la langue. Elle se compose « de routes pas seulement de roots. »
C’est une attention au monde, une inquiétude, un éloignement de la nature, on ne laisse pas le cadavre de son frère aux animaux, on l’enterre.
La morale devance la coutume.
Même pendant les guerres, la germanophilie pouvait se distinguer de la collaboration, bien qu’on puisse être cultivé et tyrannique.
La culture n’est pas un linceul qui uniformise, elle n’est pas pasteurisée et le rappel de Pasolini est utile.
Il regrettait la disparition des lucioles, sous l’effet des lumières aveuglantes de l’industrie du divertissement.
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Le dessin du Canard de cette semaine: