vendredi 16 septembre 2011

Primaires: entre déprise et reprise.

Est-ce qu’une soirée par écran interposé relancera chez moi quelque ardeur militante ?
Celle-ci a été fatiguée par des pratiques locales de candidats à la notabilité sans courage, sans vision, agissant à l’envers de la plus élémentaire des démocraties. 
Plus d'un a été découragé, parmi ceux qui croient encore à la gauche.
A la façon d’un Scaron de chez Macé, je réactualise un de mes écrits antérieur au spectacle donné chez Pujadas.
La volonté de M. Aubry de réduire le cumul des mandats me semble de nature à améliorer l’exercice de la politique. Sa promesse d’augmenter de 50% le budget de la culture quelque peu aventureuse dans la période n’apparaît plus présentement.
L’indépendance de S. Royal était un atout, mais elle semble bien seule aujourd’hui. Sa persistance à fustiger l’impôt ou les augmentations du prix de l’essence lui attiraient des faveurs populaires mais ne participaient pas à une pédagogie nécessaire concernant la solidarité ou la sobriété face au tarissement des énergies fossiles. Elle a appliqué pour elle le non cumul, se montre ferme à l’égard des banques et parle désormais d’une justice fiscale plus présente que jadis dans les fondamentaux socialistes.  
A. Montebourg a certes des discours plus en rupture que ceux de F. Hollande, ce n’est pas difficile, et s’il a eu le mérite de souligner les dysfonctionnements graves de la fédération PS des Bouches du Rhône, ses positionnements antérieurs variables devraient l’entrainer à plus de modestie.  
E. Vals nous éviterait l’hémiplégie qui s’empare de bien des politiques quand flambent les banlieues mais il pousse la distinction à tomber chaque fois à droite.
Oui, il y a bien un problème de crise des valeurs morales et pas seulement chez les pauvres, et un problème social de répartition des richesses et donc d’espérance.
Son insistance à vouloir éviter la rupture de confiance semble partagée par ses concurrents.  
J.M. Baylet préconise la vente du haschich en pharmacie, les journalistes adorent le sujet, Arnaud et Manu les plus jeunes, y sont le plus clairement opposés.
J’ai repris quelque goût au débat même si celui ci fut un peu empesé; la volonté de chacun de tourner la page du sarkozisme est décidément un bon moteur.
Mais combien avaient trouvé que C. Lagarde au FMI ce n’était pas si mal puisqu’elle est française ?
Ce n’est pas une faute qu’avait commise J.L. Mélenchon qui trouve souvent le mot juste en parlant par exemple des pièces jaunes pour caractériser la part des riches dans le plan d’austérité du gouvernement, mais faute de bras il est condamné à la posture tribunicienne.
Et il faut que ce soit F. Bayrou le plus convaincant dans sa dénonciation du scandale Tapie. Les compromissions avaient été entamées par L. Fabius et poursuivies par DSK.
La pépite avait quelques pailles qui l’ont amené si loin des roses en fête*. Et nous avec.
* Allusion à une réflexion ancienne d’Anne Sinclair où elle disait préférer sa vie à Washington sans
« circonscriptions à visiter ni fêtes de la rose à Trifouillis-les-Oies ». ……………………………………………….
« Strauss c’est trop » dans le Canard de la semaine dernière :

jeudi 15 septembre 2011

Abelardo Morell.

Le photographe d’origine cubaine propose des images en noir et blanc qui arrivent à nous étonner encore, par une présence puissante des objets tel un toboggan vu sous un angle insolite, ou régénérant une vision chaleureuse de la famille : ainsi sa femme et son fils derrière une porte vitrée.
Professeur d’université, il a aussi expérimenté avec une camera obscura de Manhattan à Florence.
J’ai beaucoup aimé des photographies de livres que car je m’étonne encore d’innovations encore possibles effectuées en repensant les travaux d’autres artistes comme Le Caravage dans un livre ouvert dont on devine un portrait seulement dans le reflet des encres d’imprimerie. La lumière tombant sur un livre ancien en dégage les mystères et les jeux avec les gravures d’ « Alice au pays des merveilles » sont inventifs et subtils. Un vase sur le rebord d’une table prend des allures métaphysiques, son alphabet d’eau est magnifique et sa manifestation de crayons inoubliable.

mercredi 14 septembre 2011

Touristes en chine 2007. # J 24 et 25. Derniers marchés, Hong Kong et retour.


A nouveau un ciel plombé à Kunming, mais pas de pluie. Nous retournons dans les quartiers d’hier, à la recherche du marché aux oiseaux, où l’on vend aussi des hamsters, des écureuils, des lapins, des tortues de toutes tailles, des poissons de toutes sortes, colorés de tous les rouges, de la nourriture pour animaux : vers, coléoptères, petits crabes rouges et noirs. Un marchand d’instruments à vent, après démonstration, incite ma prof de musique à acheter une flûte, un hulusi composé d'une calebasse et de tubes de bambou. Les marchands de cuir font affaire aussi avec nous, au marché couvert où nous achetons encore quelques babioles. Yuizhou passe nous prendre à 12h30 et nous accompagne à l’aéroport. Nous nous apprêtons à attendre 4h avant d’enregistrer nos bagages sur le vol de 21h10. Petit somme pour certains dans le grand vide de l’aérogare après le départ du vol KA 761, où même les policiers désertent. 2h après, c’est un déferlement de voyageurs à destination de Bangkok. Une bonne occasion de réviser toute la diversité du peuple chinois. Dans l’avion, je discute avec mon voisin un américain d’origine chinoise étudiant en cinéma venu avec son « église qui est sa famille».
Arrivée à 23h30 à Hong Kong, nous prenons un petit métro pour rejoindre les guichets de la douane. Il faut changer nos euros en dollars de Hong-Kong ; dans la foulée, la caissière nous vend un billet aller-retour pour l’ Air Express Train. A nouveau, nous montons dans un compartiment pour nous rendre en centre ville où des taxis bien organisés attendent leur tour pour charger les clients dans une discipline qui nous était devenue inhabituelle. Ascenseur évidemment pour rejoindre notre chambre au Central Park hôtel, 283 Hollywood Street au milieu d’une forêt de buildings. Un peu de foot à la TV et dodo après avoir baissé la clim’ programmée sur 18°. Pour ce dernier jour en Asie, café et croissants dans un fast food chinois. Nous passons un long moment dans un magasin d’antiquités avec des statuettes en terre sans doute trouvées dans une tombe, représentant des chevaux, des coquettes en habit de cour, des meubles, des porcelaines. Petit marché dans les rues bien appétissant.Une passerelle au dessus des routes et traversant parmi les buildings de la ville qui compte plus de 6000 habitants au km2 nous conduit rapidement à l’Air express Train. Dernier coup d’œil sur une ville particulière que nous n’avons fait qu’effleurer avant notre retour en France.

mardi 13 septembre 2011

Pachyderme. Frederik Peeters.

L’image de couverture de cette bande dessinée représentant une femme en bottines suspendue dans sa chute juste avant de percuter le sol, peut résumer le propos des 80 planches.
Le temps est arrêté dans les années 50 en Suisse, l’élégance et le mystère se mêlent mais ne mènent nulle part. Le surréalisme est un peu suranné, et un certain onirisme décourage la lecture,
heureusement la conclusion recolle quelques morceaux d’un magasin de porcelaine qui aurait ouvert ses portes à l’animal anecdotique.

Mandala à la Casamaures. 
 Les premiers grains  ont été déposés ce lundi;
l’œuvre éphémère aux motifs décoratifs symboles de la Casamaures sera dispersée
samedi 17 septembre à 17h, début des journées du patrimoine.

lundi 12 septembre 2011

This must be the place. Paolo Sorrentino.

Sean Penn souffle sur une mèche de cheveux, dernière trace rebelle chez le vieil ado déprimé en son manoir. Il traine sa sciatique, sa petite valise à roulettes, tout au long d’un film surprenant, donc intéressant, où le sujet de l’holocauste est évoqué au bout d’une belle balade en pick up.
Le gothique cramé va arriver à secouer l’ennui qui le paralyse non avec un vélo d’appartement resté dans sa housse, mais en mettant ses semelles compensées dans les pas de son père qui vient de mourir.
Des séquences musicales sympathiques se mêlent à des formules drôles, à des sentences fortes. Le récit est parfois loufoque quand un vieil indien vient par exemple s’asseoir à côté du rocker arthritique qui a déposé sa guitare depuis quelques années, mais l’intérêt est maintenu dans un genre tellement parcouru : le road movie aux paysages magnifiques.

dimanche 11 septembre 2011

Benda Bilili : la musique.

Pour prolonger le plaisir d’un des films les plus forts que j’ai pu voir depuis deux ans, le CD du groupe de Kinshasa nous accompagne de sa musique aigrelette qui mixte reggae et blues dans la tradition des « yéyés congolais ».
J’ai déjà écrit sur ce groupe musical kinois dont certains sont atteint de poliomyélite, avec son énergie communicative, quand du fin fond de la misère nous viennent des échos de résilience inoubliables.
A Kinshasa, surnommée « Kin la poubelle », un adulte sur cinq est séropositif et les deux tiers de la population souffrent de malnutrition. Des femmes en particulier ont essayé de survivre en reprenant des usages qui avaient lieu au village dans cette agglomération de huit millions d’habitants : le manioc pousse sur les terre- pleins d’autoroute. Mais les conflits armés ont encore accéléré l’exode rural et ce sont les enfants les plus pauvres qui souffrent le plus : les « enfants sorciers » vivent un calvaire.
En lingala, Benda bilili signifie « au-delà des apparences » et leur CD intitulé « trop trop fort » n’usurpe pas son nom avec ce qu’il faut d’humour :  
« Je dormais sur des cartons Bingo ! 
Je me paye un matelas 
Ça peut toujours t’arriver A toi, à lui, à eux 
Un homme n’est jamais fini 
La chance arrive sans prévenir 
Il n’est jamais trop tard dans la vie 
Un jour, c’est sûr on réussira »
Ils ont réussi.

samedi 10 septembre 2011

Le dépaysement. Voyages en France. Jean Christophe Bailly.

Il est question de chez nous. En introduction : « Si un pays, ce pays, est tellement lui-même, au fond nous ne le savons pas. Ce qui s’impose dès lors c’est d’aller y voir, c’est de comprendre quelle peut être la texture de ce qui lui donne une existence, c’est-à-dire des propriétés, des singularités, et de sonder ce qui l’a formé, informé, déformé. C’est justement parce que certains croient que cela existe comme une entité fixe ou une essence, et se permettent en conséquence de décerner des certificats ou d’exclure (dans le temps d’écriture de ce livre sera apparu un « ministère de l’Identité nationale », aberration qui entraînerait, on allait le voir, tout un train de mesures strictement xénophobes), qu’il est nécessaire d’aller par les chemins et de vérifier sur place ce qu’il en est »
J’ai tellement apprécié ce livre que j’en ai dégusté jusqu’aux remerciements qui illustrent les scrupules de l’auteur, sa minutie, pour continuer d’accompagner les mouvements d’une pensée dont l’honnêteté est à mes yeux le trait principal.
Malgré les multiples références qui appartiennent à l’histoire, à la littérature, à l’architecture, aux sciences de la terre, nous le suivons avec plaisir sur le bord des rivières, dans les rimes d’une comptine : « Beaugency, Notre dame de Cléry, Vendôme, Vendôme… », sur les escaliers de Fontainebleau, aux alentours de la gare de Culoz, comparant Tarascon et Beaucaire, sillonnant la France en tous sens. Les vaches dans le paysage, les publicités pour la Suze (anagramme de Zeus), les arbres ;
si bien qu’aucun lieu ne peut se réduire à « nulle part » dès qu’une main écarte un rideau, entrainant les réflexions de l’ancien collaborateur de Lavaudant dont l’écriture poétique n’est pas un ornement gratuit mais accoucheuse de sens, d’inventions.
Est-ce que des séquoias ont été plantés dans un quartier de Bourges comme le suggérait un ingénieur du paysage de ses élèves, pariant sur l’avenir en proposant la construction d’un lieu aussi remarquable que la cathédrale du centre de la ville ?
A l’heure où la gauche n’a pas le courage - c’est là son défaut premier- d’affronter l’idée d’identité nationale, cet ouvrage est une mine d’observations, de réflexions qui ne se résume pas seulement dans le joli mot qu’il invente : « bariol ». Il ne méprise pas les nostalgiques, sait reconnaître les énergies qui existent dans les banlieues, tout en se gardant de l’angélisme : la coexistence serait déjà un beau projet avant de tartiner de mots creux qui à force d’être mis en ondes n’articulent que du vent.
Au bout des 400 pages : « Ainsi d’un bord à l’autre du pays, les fils décousus d’une trame irrégulière où parfois les fils conducteurs s’interrompent tandis que de petites pelotes finissent par former des nœuds, réseau de synapses semblable à celui d’une carte que la mémoire parcourrait du doigt, comme un enfant suivant les lignes d’un livre ou un aveugle le fin grenage de l’écriture braille » Débats d’aujourd’hui et révisions avec nos yeux d’avant : quand l’histoire rejoint la géo s’envisagent des perspectives à long terme, du sentiment intime d’appartenance à une approche humaniste des autres en leurs lieux. Le paysage est éminemment politique.