samedi 18 décembre 2010

Une âme perdue. Giovanni Arpino.

Du temps perdu. Roman oppressant de l’auteur de « Parfum de femme », où j’ai pu reconnaître une belle écriture, au service de la révélation de secrets de famille auxquels je suis resté étranger. J’ai dû insister pour aller au bout de ce court roman de 135 pages. Certaines scènes semblent interminables comme celle du jeu. Le personnage principal passe de l’angoisse à l’indifférence, en décalage avec ce qu’il décrit. Pourtant il y avait de quoi être inspiré par Leopardi dont une phrase est à commenter par le jeune narrateur qui passe son bac :
« ce lieu commun que la vie est une pièce de théâtre se vérifie surtout en ceci que les hommes s’évertuent sans cesse à parler d’une façon et agir d’une autre… »

vendredi 17 décembre 2010

Journaux : des piles neuves ?

La Sarkosie étend un peu plus son emprise sur les médias : le directeur du Nouvel Obs passe à la direction des journaux Lagardère : fin d’un faux semblant.
Mais le bal ne fait que commencer : Fottorino révoqué ne suscite pas sur le site Le Monde.fr, d’interrogations majeures de la part de lecteurs qu’on pourrait voir plus mobilisés au-delà des nostalgies et des réflexes attendus.
Même si l’on n’est pas contraint à s’user les nerfs avec les laquais de France télévision, la petite musique de l’illégitimité à gouverner de la gauche-DSK mis à part-revient aux oreilles avec des airs d’avant 81 qui ne nous rajeunissent pas.
Si par ailleurs vous avez vu une analyse de l’échec de la mobilisation sur les retraites, faites en profiter les copains ou si vous avez lu à ce propos, juste le mot « échec » ; la gauche autruche.
Marianne traite le président de voyou une semaine, et peut mettre à la une, tape à l’œil, peu de temps après : « pourquoi il peut être réélu ? ». Mais les protestations contre la rigueur qui étreint l’Europe passent dans la rubrique faits divers et nos appareils politiques moulinent pour eux mêmes : les paroles de Besset, Rocard, Yade se mélangent dans le tourbillon.
Même Schneidermann qui chaque matin réveille notre esprit critique connaît, il me semble, un coup de mou, Libé doublé sur WeakiLeaks patine.
Conseillé par un camarade Grève Générale, je suis allé voir chez Bakchich, que j’ai trouvé bien falot, surpris d’y retrouver Dominique Jamet dans « L’éternel retour », et si je me suis régalé pour une fois des indiscrétions de Paul Wermus j’aurais pu les lire dans France Soir ; je ne m’attendais pas non plus à tomber sur Jean François Probst ancien conseiller de Jacques Chirac. J’ai bien voté une fois pour son patron, mais je ne vais guère m’enrichir de ses réflexions concernant Sarkoko, sobriquet quelque peu insignifiant.
L’article qui m’a le plus accroché concerne Augustin Legrand des Enfants de Don Quichotte sous la rubrique tristement significative : « Le pipole de la semaine ». Mais le récit de sa banalisation générée par son passage au conseil régional dans les rangs d’Europe Ecologie peut décourager plus qu’un jeunot qui s’engagerait en politique pour défendre un idéal.
Comme je n’ai même pas trouvé dans mon Canard de la semaine un dessin à retenir, je soumets celui-ci, d’Aurel dans un numéro spécial de Politis : « 2010 horribilis » qui n’est pas mal du tout pour 5.50€.

jeudi 16 décembre 2010

Fête des lumières à Lyon.

Peindre avec la lumière. Les rues sont plus sombres que d’habitude pour que les couleurs dans la nuit soient plus éclatantes. Je n’ai pas tout vu, car nous sommes dans une métropole et les lieux de créations sont très nombreux (75).
J’ai beaucoup apprécié la mise en évidence de l’architecture du théâtre des Célestins et l’allégresse de l’éclairage en musique qui faisait s’animer la façade au son de la voix de personnes du public qui se succédaient au micro. De grandes lampes d’architecte mettent une touche d’humour rue de la République. Sur le fronton de l’église Saint Nizier, poussent des racines et la fontaine de la place des Terreaux prend des airs de souvenir de vacances coloré. Mais ce que j’ai préféré, c’est dans le parc de la Tête d’or, les installations de la compagnie Carabosse qui redonnent de la magie à la nuit avec une multitude de pot de fleurs où brûlent des flammes élémentaires. Une barque passe sur le plan d’eau trainant une myriade de points lumineux. De la fumée a envahi les frondaisons des arbres si urbains le jour, quelque peu mystérieux la nuit. Des braséros bien utiles en ces heures glaciales ponctuent le parcours. Des « marcels » enveloppant des bougies prennent des airs poétiques. Pas facile d’étonner le badaud de 2010, eh bien, ici, l’originalité alliée à l’évocation d’une histoire des profondeurs emporte les suffrages !
Lyon se doit d’être exemplaire dans le domaine de l’éclairage urbain au-delà de la créativité qui s’exprime pendant ces nuits. La notoriété mondiale de cette fête l’oblige. Même pendant ces journées, la consommation d’électricité est bien moindre qu’auparavant. Et Paul Ariès, un des chantres de la décroissance n’avait rien à en redire l’autre jour à France Inter où à travers les façons de danser, il décrivait d’une façon convaincante l’évolution de nos mœurs, passant de la participation collective, au couple jusqu’à l’expression solitaire de maintenant.

mercredi 15 décembre 2010

The king of New York. A. Ferrara

Heureusement que sur la boite du DVD - le film est sorti en 90 - ils précisent que « l’impitoyable Franck White nourrit aussi le rêve de construire un hôpital pour les plus démunis » parce que les préoccupations humanitaires ne semblent pas au premier rang des priorités du gangster passant de la prison à une suite au Plazza ; et ses sbires ne ressemblent vraiment pas à des fonctionnaires appointés par des mutuelles agissant dans le social. Leur carburant est poudreux et leurs moyens de convaincre expéditifs. « Le brouillage des frontières entre le bien et le mal » revient comme une expression convenue et le film noir pour décrire New York a fini par devenir conformiste. La nuit, le métro, les ponts métalliques et leurs dessous, autos tamponneuses, flaques, et sang sur les murs. Christopher Walken a le regard hagard et sa coiffure n’est pas la seule à être en pétard. Les nanas sont là pour la décoration et les flics démunis sont amenés à user des mêmes méthodes que leurs compagnons de pan pan doum doum !

mardi 14 décembre 2010

Le Roi Banal.

Finalement c’est loin d’être insolite de faire naître la fantaisie depuis un pavillon de banlieue.
Le contraste peut ouvrir des facilités dans lesquelles ne sombre pas ce un papy inventant un royaume intitulé Georgetta en souvenir de sa défunte épouse. Le trait soigné de Kyung-Eun se rapproche de Lapointe, très intelligible, il contribue au charme de cette B.D.
Ce qui est original c’est que les personnages ne sont pas linéaires et la famille de sa fille qui vivote sur des bases un peu dépressives ne va pas virer au noir. Le scénario clair de Ozanam qui joue entre fantasme et réalité ne tombe pas dans le délire, juste de la poésie, de la gentillesse. Les personnages se cherchent et nous trouvent ravis.

lundi 13 décembre 2010

Mardi, après Noël. Radu Montean

Une première scène où les deux amants s’abandonnent à leur plaisir ne constitue pas une situation vraiment originale, comme l’histoire d’une séparation entre un homme et une femme dans un milieu aisé en Roumanie; et pourtant la sympathie du réalisateur pour ses personnages, l’authenticité des portraits participent à la grâce de ce film. Je me suis laissé porter par les longs plans séquence que j’aurais encore volontiers étirés tant chaque personnage est vrai dans ses culpabilités, ses maladresses, ses audaces, ses tendresses.
Un film délicat et juste, grave et léger, à cœur.

dimanche 12 décembre 2010

Un tramway.

Eh oui ! D’ « après » « Un tramway nommé désir », ce grand rendez-vous de la saison à la MC2 a eu pour moi un léger air de déception malgré la prestation d’Isabelle Huppert « incandescente », à la hauteur des attentes vis-à-vis d’une star. Je n’avais pas choisi ce spectacle, au moment de la prise des abonnements, échaudé par « La nuit de l’iguane » de l’an dernier avec Tchéky Karyo qui me faisait douter des vedettes; un billet offert m’a permis d’assister à la représentation de 2h1/2 qui s’évertue à compliquer une intrigue se suffisant pourtant à elle-même. J’ai peut être trop coutume de penser surtout en politique : « on nous prend pour des billes » pour regretter que sur ce coup, on nous prend pour des profs de lettres ayant réussi leur thèse sur Tennessee Williams, familier de culture grecque et par ailleurs anglophones maitrisant l’espagnol. Comme dans beaucoup de reprises de grandes œuvres, les concepteurs d’une nouvelle version se défendent de penser à l’original, alors que nombre de spectateurs viendront parce qu’ils en ont au moins entendu parler. Sur Internet, les critiques sont souvent féroces. J’ai apprécié le décor, le bowling, la passerelle, Blanche derrière la vitre, la musique, les acteurs, la chanteuse, les costumes, la mise en scène où la vidéo convient bien et offre de belles images, les micros HF, mais pas l’intertextualité. « Remodelant le texte de Tennessee Williams, il (Warlikowski) y rajoute des extraits qui vont de la Correspondance de Flaubert à Œdipe à Colone, de Sophocle, en passant par la Dame aux camélias, un sketch de Coluche, un extrait du Banquet de Platon ou le combat de Tancrède et de Clorinde tel que raconté dans la Jérusalem délivrée de Torquato Tasso. » Merci Libé de m’avoir renseigné mais à trop me consacrer jadis à San Antonio, c’est Branlon Mado qui me vient sous la langue avant même le sex symbol qui fit face à Vivien Leigh. Là, Blanche tient toute la place.