mercredi 21 décembre 2016

Equateur J 8. Quilatoa. Zumbahua. Tigua Lasso. Pujili. Banos.

Bonne nuit et très copieux petit déjeuner, nous voilà bien armés pour aborder cette journée. Après avoir acheté de l’eau en bouteilles et salué le sympathique patron, nous prenons la route pour rejoindre le cratère de Quilatoa.
Notre chauffeur nous arrête pour qu’on puisse photographier, dans des allures hiératiques, nos premiers lamas. En peu de temps nous atteignons le site de Quilatoa géré par une communauté indienne.
Nous sommes à 3900 m, dehors un vent violent nous attend, nous superposons les couches, malgré le soleil.
La balade part d’un point de vue sur le cratère aux eaux tantôt argentées tantôt émeraude. Il faut 45 minutes pour descendre le chemin muletier recouvert d’une terre fine où parfois nous nous enfonçons, parfois nous dérapons, quand affleure la pierre .

L’eau change continuellement de couleurs et frisonne sous l’effet du vent, plus discret qu’au départ. En bas il y a des installations en bordure d’eau : un hôtel très sommaire et des toilettes plus que convenables (où il est demandé comme ailleurs de jeter le papier hygiénique usagé dans une poubelle), un ponton battu par les remous de l’eau et une location de canoë-kayak. Un peu plus en haut sur un promontoire, une balançoire devait permettre de s’élancer dans les airs et au dessus des eaux : sans doute très impressionnant mais aussi dangereux, ce qui explique le cadenas qui en interdit l’usage. 
Des mules s’abreuvent dans le lac, sous l’œil de ses maîtres et des chiens.  Elles attendent d’être louées par des touristes trop essoufflés pour monter les 420 m de dénivelé. Ce que nous attaquons, chacun à sa vitesse  et avec des objectifs différents. Notre bon docteur a très envie d’entamer au moins une partie du chemin de crête qui prend 4h, et attaque la montée à toute pompe suivi de peu par les deux plus vaillants puis E/E. Avec Guy nous les laissons partir car nous n’avons pas l’intention de chevaucher les crêtes, nous négocions tranquillement l’ascension, nous nous arrêtons et buvons un coup quand le souffle se fait trop court, en croisant mules à vide et dévalant la pente en courant, un père et son fils ramassant les détritus laissés par les touristes, de jeunes montagnards ralentis par d’énormes sacs à dos. Les bourrasques de vent nous accueillent une fois revenus en haut.
En attendant le rendez-vous fixé à 12h 30 au minibus avec le reste du groupe, nous fouinons dans la galerie artisanale.
Nous y achetons deux peintures naïves et un masque. Nos compagnons nous rejoignent. Comme nous ne voulons pas perdre de temps à manger au restau et encore bien calés par le petit déj’, nous achetons de quoi nous sustenter à Zumbahua : pain fromage, chips et brioches que nous consommons à l’abri sur les bancs d’un bar fermé. Les chiens de races différentes pas quémandeurs s’installent devant nous et reçoivent des bouts de brioche à la volée.

Nous ne sommes pas loin de Tigua. Le village est réputé pour ses peintres exécutant des scènes naïves.
Quatre maisons  dont une coopérative exposent leurs œuvres. Les prix diffèrent en fonction du support en peau, de la peinture utilisée et de la notoriété des créateurs.
Nous faisons affaire. Il nous reste de la route à faire pour atteindre Banos. Les paysages et les lumières n’égalent pas ceux d’hier peut être à cause du temps mais les failles restent impressionnantes. Les forces sismiques ont modelé les plateaux d’une manière inédite.
Nous passons par Pujili : des statues de musiciens quichuas dans un parc méritent notre attention ainsi qu’une statue religieuse sous verre encadrée de fleurs fraîches (lys des incas) en pots.
Pas besoin de demander, le chauffeur résigné s’arrête. A quelques pas de là, se déroule le marché que nous avions fini par rayer du programme à cause d’un détour trop long il y a deux jours et pour des problèmes de dates. La chance est avec nous !
C’est un beau marché de fruits et légumes, de poissons, de viande, on y trouve même du chocolat. Edgar nous fait découvrir de bananes rouges, nous offre du sucre de canne joliment emballé dans des feuilles végétales.
A cette heure les cuisiniers font plutôt la vaisselle et plient bagage, il ne reste plus rien pour nourrir le chaland ou le chaland n’est plus tenté par les odeurs des bons petits plats.
Nous prenons le chemin de Banos, retrouvons une fois encore la Panaméricaine en direction de Latacunga. Nous apercevons et reconnaissons le Cotopaxi avec ses neiges et sa coiffe de nuages. 
La route est bonne même quand nous quittons la Panaméricaine.
Bientôt la pluie s’invite et ne nous quitte pas tandis que nous redescendons à 1800 m, la nuit s’installe plus vite. Arrivés à Banos, Edgar demande le chemin de l’hôtel à la réception d’un concurrent : pas de problème ! Une jeune femme monte carrément avec nous et nous guide jusqu’au Santa Clara hôtel, plutôt bon standing et agréable.
Nous suivons l’avis et l’intuition du chauffeur pour le dîner ce soir, au lieu du conseil de l’hôtel et nous en sommes ravis : nous mangeons pour 7$ par personne (+les boissons) un plat de grillades diverses et saucisses avec du riz et des pommes de terre qui aurait suffi pour deux personnes. Nous rentrons sous une pluie dense à l’Hôtel profiter de la salle de bain et se jeter au lit.

mardi 20 décembre 2016

Souris et tais-toi ! Plantu.

J’ai entretenu avec Plantu des rapports fluctuants, estimant du temps où Le Monde était le journal de référence que chacun de ses dessins, chaque après-midi, était le dessin du jour, puis je me suis lassé et  je me suis placé plutôt du côté des ricaneurs qui le trouvaient mièvre, conventionnel, souhaitant que ses colombes aillent nicher dans des « pigeonniers contraceptifs » tels que notre ville, apaisée… pour les oiseaux, va en introduire.
Au moment où je me suis remis au Monde après des années d’abonnement à Libé, ma commentatrice la plus fidèle m’a offert un recueil de 190 pages sous titré « Petit lexique de l’autocensure » .
Nous sommes en 17, deux ans après les morts de Charlie ; une innocente souris apparaît bâillonnée sur la couverture.
En ce qui concerne la liberté d’expression en France : pas de doute, c’était mieux avant !
La mignonne petite bête, quand elle est dans son coin, permet le contrepoint, la fugue, le surlignage, l’ajout de quelques nuances à un premier degré devenu bien envahissant.
La  récurrente bestiole est mise dans les pattes de Hollande ou de Vals dans ce qui constitue pour l’essentiel un rappel de dessins de l’année 2015.
Un lexique en désordre alphabétique précède une récapitulation dramatique qui se supporte un peu mieux avec les oreilles rondes de la rongeuse.
Les paragraphes qui commencent par « Tignous », sont titrés :
«Doigts brisés », « Politiquement correct et raie des fesses », « Forcing en banlieue » « Corse »…
« Un dessin critiquant le Syndicat du livre (il a écrit « syndicat de l’imprimerie ») est inimaginable dans un quotidien français ».
Le caricaturiste est un gentil : il a toujours représenté Martine Aubry comme elle était à trente ans et il choisit pour illustrer un entretien avec Leïla Shahid, une photographie de l’ancienne porte-parole de la Palestine à Paris datant de quelques années.
Le dessinateur qui causa à l’oreille d’Arafat reconnaît l’emprunt de son personnage intercesseur auprès de Géo Trouvetout et sa lampe qui s’animait quand il avait une idée dans Le Journal de Mickey, moi j’avais pensé à l’impertinente et flegmatique coccinelle de Gotlib.

lundi 19 décembre 2016

Le voyage au Groenland. Sébastien Betbeder.

Nous n’étions pas mécontents de notre titre : « Voyage au bout de l’inuit » pour être raccord avec le côté potache de ce film ethno-rigolo, même si le calembour ne rend pas compte de la modestie du projet. Il ne prétend pas à l’exhaustivité à propos d’un peuple en évolution rapide. Deux jeunes intermittents du spectacle débarquent dans un village isolé où le père de l’un d’eux est installé depuis longtemps.
A travers leur ingénuité, leur fraîcheur enfantine, nous les suivons dans la chasse au phoque avec dégustation de foie cru et gobage d’œil, une butte témoin du passé, et dans d’autres activités touristiques.
Les incompréhensions sont source de rires parfois un peu insistantes comme l’explication du statut d’intermittent à un chasseur d’ours.
La bonne volonté de la fraternité des peuples n’entre-t-elle pas en conflit avec le remord d’une perte irrémédiable de la diversité linguistique, culturelle, humaine ?

dimanche 18 décembre 2016

Les algériens au café. Abdou Elaïdi.

Il s’agit plutôt de «l’» algérien au café pour sa solitude ou « un » algérien pour essayer de les raconter tous, d’ici ou de là bas, « Les zmigras de Labachinou » pour reprendre le titre de la nouvelle de Mohamed Kacimi parmi les nouvelles qui ont inspiré le spectacle, avec «  Le temps des dominos » d’Azouz Begag et  « Le bistrot des brumes » de Jamel-Eddine Benscheick.
Chacun de ces titres est illustré par l’acteur Christian Taponard, tour à tour chaleureux, nostalgique, drôle, véhément au milieu des ses trois tables. Le conteur met plutôt bien en valeur les textes avec la pluie comme lien, trop présente ou trop absente lorsque les enfants avalent le sable où sont tombées les premières gouttes tellement attendues. Comme le sucre qui reste au fond de la tasse. Où est le beau temps ?
Le dispositif est modeste, la musique une ponctuation,  et suivant ses origines le public ne sourit pas forcément aux mêmes moments. Les tranches de vie relatées pourraient être plus tranchantes parfois, la dernière partie poétique et sombre, avait-elle besoin d’être si exaltée même si le rappel à la liberté s’impose, comme si elle n’allait pas de soi…ben non !
Pas de soi, pas de soif.

samedi 17 décembre 2016

L’éléphant. Numéro 15.

Il n’y a pas tromperie avec la revue de culture générale qui met à la portée de tous des éléments d’information dans des domaines variés avec une démarche clairement pédagogique.
De quoi réviser ou apprendre à propos des fleurs, du fonctionnement de la mémoire, du rire comme menace des certitudes, et de la mythologie pour alimenter l’imagination et le langage.
Si une citation d’Hugo est toujours utile :
«  La forme c’est le fond qui remonte à la surface » 
ou d’Agatha Christie :
«  L’assassin est probablement le vieil ami de quelqu’un. »
Je ne vois pas dans l’interview de Teddy Riner des paroles notables.
Par contre, les portraits de dix explorateurs qui ne proviennent pas seulement d'Europe sont intéressants, et le rappel de la personnalité de Gaudi suivi de quelques pages concernant  architecture gothique et romane ne sont pas de refus.
J’avais déjà consacré un article à la publication trimestrielle de 160 pages valant 15 €
parfois un peu conventionnelle pour des sujets que je connais un peu, telle leur « histoire des intellectuels » ou « l’histoire de quelques sports » et sage comme sa maquette classique dans un ensemble nourrissant qui ne refuse pas les anecdotes curieuses.
« Un ingénieur espagnol a publié l’œuvre de Cervantès en 17 000 tweets. »

vendredi 16 décembre 2016

L'état de la presse française: réalités et enjeux.

Le club de la presse de Grenoble et  le CLAME (Club Alpin des Lecteurs de Mediapart) avaient invité Laurent Mauduit à présenter son livre : « Main basse sur l’information ».
Aude Lancelin qui vient d’être licenciée de « l’Obs » n’a pas pu être là comme prévu.
Le grandiose cadre historique est posé, avec en face de Robespierre :
«Pas de liberté pour les ennemis de la liberté »,
Thomas Jefferson, ambassadeur en France avant de devenir Président des EU :
« Notre liberté dépend de la liberté de la presse ».
La loi de 1881 qui consacre le principe de la liberté d’informer est rappelée ainsi que les recommandations du Conseil National de la Résistance invitant à tourner la page de la presse affairiste de la III° République : rétablir l’honneur et l’indépendance des journaux par rapport au puissant Comité des forges. D’actualité.
 Mais du coup, l’éditorial de Camus dans le journal Combat paraît bien ambitieux :   
 «… libérer les journaux de l’argent et  leur donner un ton et une vérité qui mettent le public à̀ la hauteur de ce qu’il y a de meilleur en lui. Nous pensions alors qu’un pays vaut souvent ce que vaut la presse. Et s’il est vrai que les journaux sont la voix d’une nation, nous étions décidés, à notre place et pour notre faible part, à élever ce pays en élevant son langage ».
Voilà encore un prof !
Le Dauphiné Libéré qui porte toujours sur son fronton, « Un journal libre pour des hommes libres », était  alors une coopérative ouvrière. Aujourd’hui, il appartient au Crédit Mutuel avec le Progrès et tant de journaux de l’Est de la France. La Banque avait aidé Bolloré, patron de Canal +, si bien que la chaîne cryptée n’a pu diffuser un reportage faisant part du système d’évasion fiscale organisé par des dirigeants du Mutuel Crédit.
Bolloré qui a constitué sa fortune sur les décombres de l’empire colonial, censure sans vergogne et met en place à  iTélé le petit-fils d’André Zeller, l’un des généraux du putsch d’Alger en 1961, défenseur de la mémoire du général Aussaresse qui eut recours à la torture.
La grève des journalistes pour leur dignité s’est éternisée, le gouvernement est resté passif, comme si les fréquences attribuées aux chaînes n’étaient pas un bien public, alors que pour l‘attribution des droits télévision du foot, Hollande était intervenu.
Le journaliste,  fondateur de Mediapart qui n’aime pas voir préciser « journaliste d’investigation » car cela lui semble un pléonasme comme s’il y avait « des journalistes de connivence, de salon… » en est presque à regretter Hersant, le papivore, qui au moins était de la maison, alors qu’aujourd’hui ce sont les opérateurs téléphoniques (Niel), les acteurs du capitalisme financier (Drahi), les patrons du luxe ( Arnaud, Pinault, Berger) qui possèdent les journaux. Sans insister sur Tapie et « La Provence », les oligarques décomplexés peuvent compter sur l’autocensure de rédacteurs, mais il n’était pas utile de revenir à Jean Marc Sylvestre pour mettre en évidence les conformismes éditoriaux qui accompagnent les normalisations économiques. Alors que les conflits d’intérêt se conjuguent, la presse discréditée ne vaut plus grand-chose : sur le plan moral, elle se situe au niveau le plus bas avec les politiques. Les sociétés de journalistes sont parait-il déliquescentes, si bien que l’appel à un sursaut citoyen pour intervenir dans un domaine qui ne concerne pas qu’une corporation, paraît comme un vœu pieux. 
Quand l’atonie démocratique a été soulignée tout au long de la présentation, la croyance dans le discernement de la jeunesse pour profiter du foisonnement des infos sur le web s’avère également artificielle.
L’avenir semble appartenir aux « pure player » mais que ceux qui les animent aient la délicatesse de ne pas nommer «  vieille presse » la presse papier : la vieille boulette se sent froissée et les procureurs accusent également un certain âge.
Entre média tristes donneurs de leçons, fouillant sans cesse dans le noir des sociétés et les ricanements perpétuels qui minent tous débats, la tentation d’aller vers les romans aux pages à corner devient plus pressante.
……….
Le dessin du haut de Tjeerd découpé dans Courrier international vient des Pays Bas.
Ci-dessous celui du « Canard enchaîné » de cette semaine :

jeudi 15 décembre 2016

Le siècle d’or flamand. Daniel Soulié.

Après les maisons et beffrois vus par des peintres qui inscrivent pour la première fois des paysages dans des tableaux religieux,
le conférencier revenu devant les amis du musée de Grenoble a choisi quelques artistes remarquables du XV° siècle pour leurs chefs d’oeuvres destinés aux églises, et aux riches croyants en voyage, avec en prime, en leur avènement, des portraits saisissants.
Charles le Téméraire qui apparaît dans le « Retable de Sainte Colombe » de Van der Weyden, meurt en 1477 sans héritier mâle, sa fille Marie épouse Maximilien de Habsbourg, empereur germanique qui laissera à son petit fils Charles Quint la moitié de l’Europe.
Les possessions Bourguignonnes sont morcelées. Les canaux s’ensablent, les villes d’Ypres, Bruges et Gand déclinent, alors qu’Anvers devient un centre économique important où travaillent les orfèvres. La brillante cour ducale de Bruxelles attire peintres, sculpteurs, enlumineurs, tapissiers.
Van Eyck, s’il n’est pas l’inventeur de la peinture à l’huile, a bien utilisé ce produit nouveau pour  sa fluidité, son brillant, peignant une foule de détails somptueux. L’utilisation de la toile qui remplace petit à petit le bois permet également des œuvres monumentales. Jan, frère d’Hubert Van Eyck, a réalisé des missions diplomatiques pour Philippe le Bon pour lequel il était plus qu’un valet de chambre.
Son retable de « LAdoration de l'Agneau mystique » composé de 24 panneaux a été volé treize fois en six siècles. Pour situer sa place centrale dans notre civilisation, le traité de Versailles en 1918 a contraint l’Allemagne à restituer les panneaux volés et même ceux qui furent achetés.Adam et Eve y sont en majesté, tellement humains.
L’engouement pour les peintres flamands, qu’il ne convient plus m’a-t-il semblé de traiter de « primitifs », est toujours fort du côté de Berlin, de Madrid ou dans l’aire  de la ligue hanséatique qui avait transporté des centaines de retables dans ses bateaux.
« Le portrait des époux Arnolfini »  dont chaque détail peut être examiné avec soin et admiration, est une prouesse technique : rien que sur le miroir entouré de scènes de l’ancien et du nouveau testament figure un autoportrait du peintre.
 « La Vierge du chancelier Rolin » où le donateur « est à la hauteur » ne comporterait pas moins de 130 références au Cantique des cantiques : jardin clos, rose sans épine, carrelage avec des étoiles à huit branches : l’étoile du matin...

Les « Portraits du cardinal Niccolò Albergati» permettent de voir le passage du dessin à la peinture et la virtuosité des deux manières.
Si l’influence de Van Eyck  par ses prototypes stylistiques aux rendus méticuleux venait du Nord, celle du « maître de Flémalle » Robert Campin, est plus au sud.
Réaliste et symbolique, sacré et profane le « Triptyque de Mérode », représente l'Annonciation dans toute la richesse des étoffes et des couleurs.
Parmi la vingtaine d’œuvres qui lui sont attribuées, « La Trinité affligée » en grisaille est d’une présence étonnante.
L’individu s’annonce dans « Portrait d'une femme », son visage de trois quarts  a dépassé les profils italiens, ses mains sont là, magnifiques.
Le « portrait d’une jeune fille », habillée à la française, de Petrus Christus est charmant, la « Joconde des musées berlinois » figurait dans la collection des Médicis.
« Saint Eloi à l’étude », le patron des orfèvres s’apprête à recevoir d’autres clients qui se reflètent dans le miroir alors qu’un couple achète une bague de fiançailles.
La vierge s’évanouissant au moment de « La Descente de Croix » porte toute la douleur du monde. Rogier van der Weyden dans des compositions majestueuses anime intensément ses personnages à la psychologie affinée.
Hugo van der Goes participe aussi au passage des temps médiévaux vers la Renaissance, sa « Mort de la Vierge » est intensément dramatique.
Allez ! Un dernier pour la route : « Le jugement dernier » de Hans Memling.
De ces temps de guerre et de famine, nous est parvenue, sous les loupes, une poésie puissante née de la spiritualité. Et l’art du portrait annonce un humanisme qui nous paraît d’autant plus chaleureux qu’à mesure où notre planète se réchauffe, se glacent nos rapports sociaux, s’hystérisent nos débats.