mercredi 23 novembre 2016

Equateur J 5. Pas de train train d’Otavalo à Salinas.

Les aboiements de la nuit précédente ont été remplacés par de la musique au loin, jusqu’à 2 h et plus du matin. Les coqs ont pris la relève à 4 h. La sonnerie du smartphone nous réveille à 6 h 30.
Au petit déjeuner : tisane à la citronnelle et jus de papaye, riz au lait, galettes de maïs tartinées de confiture et fruits : taxo (fruit vert de forme allongée avec une chair translucide surchargée de pépins) ananas, bananes.
Comme je complimente Maria pour ses chemises brodées, elle me montre son ouvrage sur tambour et effectue quelques points avec une grande sûreté de geste.
A Otavalo, nous  passons de notre bus à un petit train touristique rutilant. Nous nous installons dans le premier wagon derrière la locomotive  L’hôtesse nous précise l’interdiction de se positionner sur les plates-formes pour prendre des photos. Nous nous ébranlons à petite vitesse entre les maisons puis dans la campagne. Deux motards aux couleurs de la compagnie nous devancent et nous surveillent, ils sécurisent les passages à niveau, ici sans barrière, en faisant stopper les voitures à notre passage.
A peine 10 minutes après notre départ nous atteignons la première étape : San Roque (2498 m) où l’on nous offre une boisson chaude. Quelques étalages d’artisanat local discrets contrastent avec la modernité des lieux.
A la deuxième étape Andrade Marin nous sommes invités à visiter la « Fábrica Imbabura » une ancienne usine qui après son abandon en 1997 a été réhabilitée en musée par l’état.
Tout est reconstitué avec les machines d’époque pour le lavage du coton, le cardage, le filage, le tissage, et la coloration nécessitant de grosse chaudières à bois pour chauffer les bains de teinture durant 4h.
Mais plus de bruit, de poussière et plus de risque de doigts coupés.
Construite en 1924, les machines provenant d’Europe avaient été acheminées à dos de mules et remontées à l’usine. 1200 personnes y travaillaient en 3X8. Pour 8h de travail, une seule pause était acceptée, des enfants de 8 à 12 ans étaient embauchés. Les balles de coton dures comme du béton, pesaient, à la sortie des chaines, plus de 800 kg.
A l’extérieur, une immense statue moderne symbolisant l’esclavagisme industriel, réutilise des pièces des machines. 
Avant la fermeture, due à la concurrence et aux nouvelles technologies, les ouvriers ont tué le patron les salaires n’étaient plus payés.
A la troisième étape : San Antonio di Ibarra (2379m) nous visitons un atelier de sculptures religieuses, artisanat spécifique de ce village où un homme est en train de dégrossir une statue dans un bois de cèdre entouré de statues plus avancées mais pas toutes poncées.
Le guide nous montre comment donner leurs formes aux yeux en verre en les chauffant dans des casiers incurvés de tailles différentes. Pour les fixer ensuite, le sculpteur doit couper la tête qui sera ressoudée plus tard, le verre ayant été peint auparavant. Une sculpture est rarement taillée dans une seule pièce, les différentes parties notamment mains et pieds méritent plus de minutie, parfois un travail à la loupe.

Certaine parties des statues sont recouvertes de feuilles d’or, elles vont être peintes ou grattées pour laisser apparaître la couleur posée auparavant.
Nous passons dans la salle d’exposition avec les statues réputées expédiées dans le monde entier, atteignant des prix élevés, mais justifiés. Nous regarderons d’un autre œil ce genre artistique que nous avions peut être dédaigné et mal estimé.
A la troisième étape Ibarra (2209m) le chemin de fer passe dans une ville très animée comme si c’était un simple tram.
La halte de 10 minutes nous permet à peine de nous mouvoir dans la foule qui déambule devant les devantures des magasins ouverts bien que ce soit dimanche en pays catholique.

mardi 22 novembre 2016

Hyperbole. Allie Brosh.

Les 300 pages constituent plus qu'un récit en dessins.
Un bandeau annonce «  Le roman graphique de l’année » et 72 millions de visites pour le blog de l'auteure. 
La jeune fille étrange, d'une sincérité clinique nous fait passer du sourire au malaise, de l’empathie à la perplexité.
Le récit de « situations fâcheuses, insatisfactions chroniques  et toutes autres choses qui me sont arrivées» est servi par un dessin inquiétant aux traits originels qui rend les réflexions élémentaires comme on dit de quelque chose d’évident et de fondamental. 
La recherche de soi est menée avec légèreté et profondeur même quand la procrastination mine la narratrice jusqu’à se traîner par terre, à rire d’un grain de maïs et à pleurer.
Folle de notre folie, elle fait preuve d’une patience extraordinaire avec un de ses chiens fou ou celui qui est débile. 
La jeune femme est surdouée, c’est marqué en quatrième de couv’.
En tous cas  douée pour l’acuité du regard, et l' authenticité.
La force de l’introspection, l’auto dérision donnent un livre limpide, original et en même temps familier.
« La réalité devrait se conformer à mes attentes »

lundi 21 novembre 2016

La Chasse au lion à l'arc. Jean Rouch.


Il y avait en ce mois de novembre : « Le mois du film documentaire », « Alimenterre », « Le tympan dans l’œil », « Les Rencontres du Cinéma italien », « Les Rencontres Ciné Montagne » le dernier Depardieu, « La grande course au fromage » mais aucun film avec Isabelle Huppert…et les « Rencontres autour du cinéma ethnographique » à Grenoble - enfin surtout sur le campus - en leur vingtième édition.
C’est grâce à ces rencontres, et un lecteur vigilant, que nous avons pu voir ce film majeur dans l’histoire du cinéma documentaire.
L’universitaire présentant ce témoignage du « cinéma direct », le place entre le « néo réalisme italien » et la « Nouvelle Vague ».
Nous accompagnons  pendant 1h 20, une confrérie de chasseurs de lions au Niger, pour un tournage commencé en 1958 et terminé en 1965.
Peu importe les querelles de puristes, pour savoir si la caméra à l’épaule et la voix off sont ethnographiquement correctes, nous sommes dans un beau moment de cinéma, en empathie avec ces hommes qui ont le droit de tuer le lion, car celui-ci « a tué pour le plaisir ».
Seuls habilités à chasser, il leur faut du courage et une patience au-delà de notre perception commune du temps. Le coup fatal est porté après que les bêtes soient prises à des pièges placés avec minutie et un sens aiguisé des mœurs de la brousse.
Un des fauves, nommé « l’Américain », échappe à cette traque et sera tué plus tard au fusil.
Tant de pages poétiques ont été écrites concernant le respect de la nature par les africains et autres indiens. En version cinéma, nous assistons là à des rituels maintenant disparus où les chasseurs du même pays que leur proie, n’attaquent pas la bête quand elle est en colère. Ils l’apaisent avant de lui envoyer quelques flèches paraissant bien fragiles mais qui apportent une mort foudroyante.
La préparation patiente du poison suit aussi des règles sophistiquées qui concourent à son efficacité : la femme qui apporte l’eau de la préparation doit être la plus méchante du village. Chaque geste est connoté, chaque péripétie expliquée, les forces surnaturelles naturellement derrière chaque arbuste ; la transmission était assurée alors.
Qu’en est-il en ce siècle?

dimanche 20 novembre 2016

Pindorama. Lia Rodrigues.

"Spectacle debout" précisaient les billets destinés aux spectateurs invités à quitter vestes et portables à l’entrée du spectacle.
Les danseurs dépouillés de tous leurs habits sont à terre, malmenés, d’abord en solo puis à plusieurs, par une bâche en plastique transparent agitée parfois violemment par des comparses, pour évoquer magnifiquement des flots en fureur et leur souffle.
Des lumières subtiles font briller la vague et veloutent les peaux, mais le recouvrement incessant des humains impuissants par un élément  furieux, bruyant, implacable, qui  par ailleurs envahit les océans, est oppressant.
Venir de la ville où l’hiver se pointe et se retrouver avec ces beaux corps nus d’hommes et de femmes au milieu de nos poitrines recouvertes de pulls en polaire ne laisse pas indifférent, tout en nous épargnant l’impression d’être des voyeurs libidineux.
La nudité qui depuis quelques plateaux surplombants a pu paraître parfois un « truc » racoleur, est ici justifiée sans être univoque : innocence ou pauvreté.
Le dispositif dans la salle Rizzardo est efficace avec la grande pièce noire coupée en deux par la scène glissante avec dans le troisième acte, les acteurs rampant à nos pieds, faisant éclater de jolies perles, des préservatifs remplis d’eau: nous voilà dérangés.
Selon nos humeurs, les interprétations peuvent varier entre ceux qui ont vu plutôt une naissance au bout d’une quête de l’élément vital ou d’autres l’expression d’une catastrophe qui s’avance.
Vénus de Botticelli ou le radeau de la Méduse.  
« Né de la vague » ou « le niveau des océans monte » et ne nous épargne pas.
« Pindorama » est le nom du Brésil en langueTupi avant l’arrivée des Portugais.
Si je n’ai pas retrouvé toutes les intentions de la créatrice qui travaille dans une favela de Rio, j’ai apprécié la beauté qui éclaire cette heure de spectacle et les procédés inventifs dont on se souviendra.
Quelques chants d’oiseaux ténus, des cris, des respirations, pas de musique.
Alors que les danseurs tentaient jadis de s’élever, de bondir au dessus des pesanteurs, à présent je les vois souvent, fragiles, se débattre face à des forces effrayantes et fatales.

samedi 19 novembre 2016

Ma part de gaulois. Magyd Cherfi.

J’aime le chanteur, j’ai aimé l’écrivain à l’écriture originale en accord avec son récit et son être chaleureux trouvant sa voie entre deux cultures qu’il fait bon de voir aimer.
J’ai pensé au « Gône de Chaaba »  d'Azouz Begag plus tourné vers l’enfance mais également enchanteur et aussi aux « Ritals » de Cavana pour l’amour de la langue et des « gens de peu » En évoquant sa réussite au bac qui avait alors dans les années 80 une valeur, démultipliée pour lui, premier lauréat des quartiers nord de Toulouse, je me demande quelle serait la tonalité d’un témoignage qui dirait les années 2010 depuis la Villeneuve par exemple avec une sincérité et une force égale ? Je ne sais si la France se montre aujourd’hui aussi désirable, aussi sûre de ses valeurs et ce n’est pas qu’une affaire de politiques que certains à l’occasion de la sortie de ce livre ont mécaniquement mis en cause, comme d’habitude. L’école n’était pas écrasée tous les quatre matins, elle ne s’écrasait pas.
Le « guéri imaginaire » comme il se nomme,  a subi la violence qu’il me coûte de qualifier de « classique » de la part de ses pairs du quartier à l’encontre des élèves qui travaillent.
L’amour de sa mère et son exigence l’ont protégé, « élevé » ; ce mot trop rare est si beau.
La scène où il s’approche d’elle après sa réussite m’a bouleversé, comme me fait chavirer, à chaque fois, le père, dans « La gloire de mon père », lorsqu'il s’aperçoit  que son fils sait lire.
« Enfin après ce marathon de sueur de quelques deux cents cinquante mètres, je m’enfonçais sous les aisselles de l’amour. C’est là bien au chaud que je l’ai entendue pour la première fois me dire en français :
- Mon chéri (avec son r roulé) »
Les critiques systématiques des pères alors moustachus vis-à-vis de leur pays d’origine vers lequel ils retournent chaque été prêtent à sourire : ils sont bien du même bois râleur que ceux de la tribu gauloise d’à côté.   
A l’injonction impossible : « Sois français, mais ne le deviens pas... » il répond par ces 260 pages drôles, brassant toutes les contradictions, entrant dans la complexité, sans renier la Kabylie de ses parents, ni refuser les mots de la langue française venus de chez Léo Ferré ou Maupassant sur  fond de musiques de Claude François.

vendredi 18 novembre 2016

Petit manuel de survie à l’intention d’un socialiste dans un dîner avec des gens de gauche. Bruno Gaccio.

Jadis, je ne manquais pas  « Les Guignols de l’info » dont le furtif amant de Ségolène Royal, était une des meilleures plumes, puis j’ai vu Gaccio le stéphanois, en chroniqueur pompeux, imbu de lui-même et donc méfiant avec ce petit livre au long titre.
Mais là je n’ai pas été déçu : un festin.
Enfin de la politique pour ceux qui comme moi en sont à éviter les sujets politiques à table, alors que ce fut ma vie.
Il ne s’agit pas bien sûr d’un traité savant , mais il ne  prend pas le lecteur pour un simplet.
Il va au-delà du pamphlet  rigolo : une critique charpentée, sensible et féroce qui n’épargne pas Hollande d’avant le lamentable « «Un président ne devrait pas dire ça», ni les gens de gauche dans une galerie de portraits plus vraie que nature.
Il inventorie des moyens de masquer les débats, entre l’invective dandy et le raisonnement absurde : « Sarkosiser le dîner », « Faire peur », « L’Allemagne ne veut pas », « Dire qu’on connaît un grec », « Oser le point Godwin »… pour citer quelques têtes de chapitres vivement troussés qui tiennent en 125 pages.
Pour l’énigmatique  paragraphe intitulé « Queue du rat », il part d’une réflexion de personnes connaissant bien Mitterrand :
«  Même si la queue du rat lui sort de la bouche, il nie l’avoir avalé, c’est là sa force. »  
Pas de nostalgie donc, mais des bons mots : le PS serait « la droite complexée ».
Et il fait partager son goût pour l’économie avec des graphiques parlants provenant du « Collectif Roosevelt » où l’auteur milite désormais.
Il était aux dernières nouvelles en première ligne dans « Nouvelle Donne » parti inventif, moins péremptoire que le Parti de Gauche, mais le groupuscule a éclaté, ils ont viré Larroutourou leur fondateur : misère des alternatives.
En annexe une hilarante batterie de tests pour récupérer  des points sur son permis socialiste :
«  Vous revenez de l’île de Jersey où vous avez constaté qu’un immeuble de 3 étages abritait 10 000 sièges sociaux de société, vous pensez que…
 Réponse 1 : …  la crise du logement est un problème pour les insulaires.
 Réponse 2 : … c’est pas possible quand même sur trois étages si, parce que sinon le concierge il doit avoir beaucoup de travail rien que pour distribuer la courrier quand même déjà, non ? En même temps pour ses étrennes, ça doit être avantageux. Vous êtes sûrs de vos chiffres ?
Réponse 3 : … la lutte contre les paradis fiscaux est indispensable si on veut remettre la finance à sa place, il faut s’y mettre vraiment.
Réponse 4 : … personne n’est content de payer des impôts… donne dix briques à un ouvrier tu vas voir qu’il va devenir un excellent exilé fiscal… »
Ce n’est pas toujours aussi facile et je me suis fait flasher plusieurs fois.
…………
Cette semaine un extrait d’un dessin de Joep Bertrams pour Courrier international :

jeudi 17 novembre 2016

Du maniérisme au baroque.

Jean Serroy avait sous titré sa conférence devant les amis du musée de Grenoble : « Des cous et des couleurs » ; il a parfaitement illustré le jeu de mots, passant des gracieuses encolures allongées du XVI° siècle aux représentations de décapitations qui se multiplièrent au XVII°.
Julia Kristeva au moment de l’exposition du Louvre « Visions capitales » (1998) avait proposé une vision philosophique, psychanalytique, anthropologique de ce phénomène qui a tellement marqué les consciences, réinterrogé ce soir sur le plan esthétique.
Le « Maniérisme » fut un courant artistique du temps où les peintres se sont rapprochés des maîtres de la Renaissance, à leur manière.
C’est l’époque où la « Terribilità »  de Michel Ange, héroïque, athlétique, côtoie  la grâce raffinée des vierges de Raphaël, où tout est harmonie.
L’enfant tenu par « La Madone de Saint Sixte » est en sécurité et d’espiègles chérubins peuvent figurer en toute décontraction sous une composition où la raison classique renvoie à l’équilibre d’une église qui alors ne doute pas de ses valeurs.
La  « Vierge au long cou » du Parmigianino est inscrite dans des lignes serpentines, l’enfant démesurément long semble échapper à la belle au cou de cygne.
Bronzino avait déjà magnifié les visages ovales de beautés effilées aux longs doigts, son « Allégorie du triomphe de Vénus » destinée à François 1° où l’érotisme affronte la mort
entremêle les personnages et recèle d’innombrables énigmes tel que « le Plaisir » faisant mine de distribuer des pétales au moment où il va se blesser au pied…
 « Moïse défendant les filles de Jethro » de Rosso Fiorentino, est grandiose, la gracieuse bergère au buste menu, hanches et bras puissants, répond aux canons du genre de l’époque.
Alors que dans son angoissante « Sainte Famille » peinte précédemment, toute en grisaille, la mort est annoncée, l’Enfant terrorisé.
De l’école de Fontainebleau nous connaissons peut être les tétons  de « Gabrielle d’Estrées et sa sœur » mais tout aussi charmante, idéale et sensuelle, est la « Dame à sa toilette » dont la blanche nudité s’habille seulement de quelques bijoux. Derrière le jeu des mains où l’une cache le médaillon de l’être aimé et l’autre s’arrête au choix de l’alliance, un personnage à l’arrière-plan rappelle les différents étages de la société.
Le Caravage va trancher avec le maniérisme, art de cour.
« Le baroque réinvestit la réalité pour s’engager dans la voie d’un naturalisme bouillonnant. »
« La Madone des palefreniers »  ou « La Madone au serpent »  résout habilement un dilemme théologique : la vierge pour les protestants ne pouvant écraser le mal, elle aide ici son fils. Son décolleté bien garni va troubler quelques moines.
«  Sainte Catherine d'Alexandrie » a subi plusieurs supplices après que la roue fût brisée par Dieu, sa décapitation n’est que suggérée, l’ombre lui cisaille le cou.
Artemisia Gentileschi a rendu toute l’horreur de la scène de « Judith décapitant Holopherne » pour sauver son peuple, avec une détermination des femmes impressionnante.  Les experts n’ont toujours pas rendu leur verdict concernant une version de plus de cette scène peinte peut être par l’incontournable Michelangelo Merisi da Caravaggio, trouvée récemment dans un grenier toulousain.
Par contre, il a signé avec le sang de son saint bien aimé lors de « La Décollation de saint Jean Baptiste »
Lors de l’opération suivante, « Salomé avec la tête de saint Jean Baptiste » prend moins d’importance que le bourreau tout à sa commisération.
Bien sûr David peut brandir la tête de Goliath de diverses façons et Isaac maintes fois échapper au sacrifice par son père Abraham, la Méduse continuer à pétrifier ceux qui la regardent, la tache lumineuse du cou de Sainte Cécile décapitée à trois reprises semble appeler la lame comme elle a conclu le propos du conférencier avec le mot un peu raccourci de Guillaume Apollinaire, «Soleil cou coupé  », qui venait après ces quelques vers :
« Et tu bois cet alcool brûlant comme ta vie
Ta vie que tu bois comme une eau-de-vie
Tu marches vers Auteuil tu veux aller chez toi à pied
Dormir parmi tes fétiches d’Océanie et de Guinée
Ils sont des Christ d’une autre forme et d’une autre croyance
Ce sont les Christ inférieurs des obscures espérances
Adieu Adieu 
Soleil cou coupé »